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Message
de Benoît XVI pour
la 99è Journée mondiale des migrants et des réfugiés 2013
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Le 29 octobre 2012 -
(E.S.M.)
- Le Cardinal Antonio Maria Vegliò, Président du Conseil
pontifical pour la pastorale des migrants, et Mgr. Joseph
Kalathiparambil, Secrétaire, ont présenté ce matin à la Salle de
presse du Saint-Siège le Message du Pape Benoît XVI pour la 99è
Journée mondiale des migrants et des réfugiés (13 janvier 2013)
portant cette année sur “Migrations: pèlerinage de foi et
d’espérance”.
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Message de
Benoît XVI
pour la
99è Journée mondiale des migrants et des réfugiés 2013
Le 29 octobre 2012 - E.
S. M. -
Le Cardinal
Antonio Maria Vegliò, Président du Conseil pontifical pour la pastorale des
migrants, et Mgr. Joseph Kalathiparambil, Secrétaire, ont présenté ce matin
à la Salle de presse du Saint-Siège le Message du Pape Benoît XVI pour la
99è Journée
mondiale des migrants et des réfugiés (13 janvier 2013) portant cette année
sur “Migrations: pèlerinage de foi et d’espérance”.
Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance
Chers frères et sœurs !
Le Concile Œcuménique Vatican II, dans sa Constitution pastorale
Gaudium et
Spes, a rappelé que « l’Eglise fait route avec toute
l’humanité » (n. 40) et, par conséquent « les joies et les espoirs, les
tristesses et les angoisses des hommes d’aujourd’hui, des pauvres surtout et
de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les
tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de
vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur »
(ibid., n. 1). À cette déclaration ont précisément fait écho le
Serviteur de Dieu Paul VI, qui a qualifié l’Eglise d’« experte en
humanité » (Enc.
Populorum Progressio, n. 13), et le Bienheureux Jean-Paul II,
qui a affirmé que la personne humaine était « la première route que
l’Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission ..., route tracée par le
Christ lui-même » (Enc.
Centesimus Annus, n. 53). Dans mon Encyclique
Caritas in Veritate, j’ai voulu préciser, dans la lignée de mes
Prédécesseurs, que « toute l’Eglise, dans tout son être et tout son agir,
tend à promouvoir le développement intégral de l’homme, quand elle annonce,
célèbre et œuvre dans la charité » (n. 11),
en me référant aussi aux millions d’hommes et de femmes qui, pour diverses
raisons, vivent l'expérience de la migration. En effet, les flux migratoires
sont « un phénomène qui impressionne en raison du nombre de personnes
qu’il concerne, des problématiques sociale, économique, politique,
culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des défis dramatiques
qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale
» (ibid., n. 62), car « tout migrant est une
personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux
inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance »
(ibidem).
Dans ce contexte, j’ai voulu dédier la Journée Mondiale du Migrant et du
Réfugié 2013 au thème « Migrations : pèlerinage de foi et d’espérance
», en concomitance avec les célébrations du 50ème anniversaire de
l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II et du 60ème anniversaire de la
promulgation de la Constitution Apostolique Exsul familia, tandis que toute
l’Eglise s’efforce de vivre l'Année de la foi en tâchant de relever avec
enthousiasme le défi de la nouvelle évangélisation.
De fait, foi et espérance forment un binôme inséparable dans le cœur de très
nombreux migrants, à partir du moment où se trouve en eux le désir d’une vie
meilleure, en essayant très souvent de laisser derrière eux le « désespoir »
d’un futur impossible à construire. En même temps, les voyages de beaucoup
sont animés par la profonde confiance que Dieu n’abandonne pas ses créatures
et ce réconfort rend plus tolérables les blessures du déracinement et du
détachement, avec au fond l’espérance d’un futur retour vers leur terre
d’origine. Foi et espérance remplissent donc souvent le bagage de ceux qui
émigrent, conscients qu’avec elles « nous pouvons affronter notre présent :
le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s'il conduit
vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si
grand qu’il peut justifier les efforts du chemin » (Enc.
Spe Salvi, n. 1).
Dans le vaste domaine des migrations, la sollicitude maternelle de l’Eglise
se déploie dans diverses directions. D’une part, celle qui considère les
migrations sous l’aspect dominant de la pauvreté et de la souffrance, qui
entraine souvent des drames et des tragédies. C’est là que se concrétisent
les interventions de secours pour résoudre les nombreuses urgences, avec le
dévouement généreux d’individus et de groupes, d’associations de volontariat
et de mouvements, d’organismes paroissiaux et diocésains en collaboration
avec toutes les personnes de bonne volonté. D’autre part, cependant,
l’Eglise n’oublie pas de mettre en évidence les aspects positifs, les
potentialités bénéfiques et les ressources dont les migrations sont
porteuses. Dans cette voie prennent alors corps les interventions d’accueil
qui favorisent et accompagnent une insertion intégrale des migrants, des
demandeurs d’asile et des réfugiés dans leur nouveau contexte socioculturel,
sans négliger la dimension religieuse, essentielle pour la vie de chaque
personne. Et c’est précisément à cette dimension que l’Eglise est appelée,
en raison de la mission même que le Christ lui a confiée d’être attentive et
de prendre soin : tel est son devoir spécifique le plus important. Envers
les fidèles chrétiens provenant de différentes parties du monde l'attention
à la dimension religieuse comprend également le dialogue œcuménique et le
soin accordé aux nouvelles communautés, tandis qu’envers les fidèles
catholiques elle s’exprime notamment en réalisant de nouvelles structures
pastorales et en valorisant les différents rites, jusqu’à la pleine
participation à la vie de la communauté ecclésiale locale. La promotion
humaine va de pair avec la communion spirituelle, qui ouvre les voies « à
une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du
monde » (Lett. ap.
Porta fidei, n. 6). C’est
toujours un don précieux qu’apporte l’Eglise en menant à la rencontre avec
le Christ qui ouvre à une espérance stable et fiable.
L’Eglise et les diverses réalités qui s’inspirent d’elle sont appelées, à
l’égard des migrants et des réfugiés, à éviter le risque d’apporter une
simple assistance, pour favoriser l’intégration authentique, dans une
société où tous puissent être des membre actifs et responsables chacun du
bien-être de l'autre, généreux pour garantir des apports originaux, avec un
droit de citoyenneté à part entière et une participation aux mêmes droits et
devoirs. Ceux qui émigrent emportent avec eux des sentiments de confiance et
d’espérance qui animent et confortent la recherche de meilleures
opportunités de vie. Toutefois, ils ne cherchent pas seulement une
amélioration de leur condition économique, sociale ou politique. Il est vrai
que le voyage migratoire commence souvent par la peur, surtout quand des
persécutions et des violences contraignent à la fuite, marquée par le
traumatisme de l’abandon des membres de la famille et des biens qui, en
quelque sorte, assuraient la survie. Mais la souffrance, l'énorme perte et,
parfois, un sens d’aliénation face à l’avenir incertain ne détruisent pas le
rêve de reconstruire, avec espérance et courage, une existence dans un pays
étranger. En vérité, ceux qui migrent nourrissent l’espoir confiant de
trouver un accueil, d’obtenir une aide solidaire et d’entrer en contact avec
des personnes qui, comprenant leur malaise et la tragédie de leurs
semblables, reconnaissant aussi les valeurs et les ressources dont ils sont
porteurs, soient disposées à partager humanité et ressources matérielles
avec les nécessiteux et les déshérités. Il faut réaffirmer, de fait, que «
la solidarité universelle qui est un fait, et un bénéfice pour nous, est
aussi un devoir » (Enc. Caritas in veritate, n. 43).
Migrants et réfugiés, au milieu des difficultés, peuvent également faire
l’expérience de relations nouvelles et hospitalières, qui les encouragent à
contribuer au bien-être des pays d’arrivée, grâce à leurs compétences
professionnelles, leur patrimoine socioculturel et, souvent aussi, grâce à
leur témoignage de foi, qui donne une impulsion aux communautés de vieille
tradition chrétienne, encourage à rencontrer le Christ et invite à connaître
l’Eglise.
Certes, chaque Etat a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre
en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun,
mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne
humaine. Le droit de la personne à émigrer – comme le rappelle la
Constitution conciliaire Gaudium et spes au n. 65 - est inscrit au nombre
des droits humains fondamentaux, avec la faculté pour chacun de s’établir là
où il l’estime le plus opportun pour une meilleure réalisation de ses
capacités, de ses aspirations et de ses projets. Dans le contexte
sociopolitique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut
réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de
demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que
« le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie : droit qui ne
devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les
facteurs qui poussent à l’émigration » (Discours au IVème Congrès mondial
des Migrations, 1998). Aujourd’hui, en effet, nous voyons que de nombreuses
migrations sont la conséquence d’une précarité économique, d’un manque de
biens essentiels, de catastrophes naturelles, de guerres et de désordres
sociaux. A la place d’une pérégrination animée par la confiance, par la foi
et par l’espérance, migrer devient alors un « calvaire » pour survivre, où
des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme
des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire. Ainsi, alors
que certains migrants atteignent une bonne position et vivent de façon
digne, en s’intégrant correctement dans le milieu d’accueil, beaucoup
d’autres vivent dans des conditions de marginalité et, parfois,
d’exploitation et de privation de leurs droits humains fondamentaux, ou
encore adoptent des comportements nuisibles à la société au sein de laquelle
ils vivent. Le chemin d’intégration comprend des droits et des devoirs, une
attention et un soin envers les migrants pour qu’ils aient une vie digne,
mais aussi, de la part des migrants, une attention aux valeurs qu’offre la
société où ils s’insèrent.
À ce propos, nous ne pouvons pas oublier la question de l'immigration
clandestine, thème beaucoup plus brûlant dans les cas où celle-ci prend la
forme d’un trafic et d’une exploitation des personnes, avec plus de risques
pour les femmes et les enfants. De tels méfaits doivent être fermement
condamnés et punis, alors qu’une gestion régulée des flux migratoires, qui
ne peut se réduire à la fermeture hermétique des frontières, au renforcement
des sanctions contre les personnes en situation irrégulière et à l'adoption
de mesures visant à décourager les nouvelles entrées, pourrait au moins
limiter pour de nombreux migrants les dangers de devenir victimes des
trafics mentionnés. Des interventions organiques et multilatérales pour le
développement des pays de départ et des contre-mesures efficaces pour faire
cesser le trafic des personnes sont en effet extrêmement opportunes, de même
que des programmes organiques des flux d’entrée légale et une plus grande
disponibilité à considérer les cas individuels qui requièrent des
interventions de protection humanitaire, au-delà de l’asile politique. Aux
normes appropriées doit être associée une œuvre patiente et constante de
formation de la mentalité et des consciences. Dans tout cela, il est
important de renforcer et de développer les rapports d’entente et de
coopération entre les réalités ecclésiales et institutionnelles qui sont au
service du développement intégral de la personne humaine. Dans la vision
chrétienne, l'engagement social et humanitaire tire sa force de la fidélité
à l’Evangile, en étant conscient que « quiconque suit le Christ, homme
parfait, devient lui-même plus homme » (Gaudium et spes,
n. 41).
Chers frères et sœurs migrants, que cette Journée Mondiale vous aide à
renouveler votre confiance et votre espérance dans le Seigneur qui se tient
toujours à côté de nous ! Ne perdez pas l'occasion de le rencontrer et de
reconnaître son visage dans les gestes de bonté que vous recevez au cours de
votre pérégrination migratoire. Réjouissez-vous car le Seigneur est proche
de vous et, avec lui, vous pourrez surmonter les obstacles et les
difficultés, en conservant comme un trésor les témoignages d’ouverture et
d’accueil que beaucoup de gens vous offrent. En effet, « la vie est comme
un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un
voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les
vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la
droiture. Elles sont des lumières d'espérance. Certes, Jésus-Christ est la
lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de
l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à lui nous avons besoin aussi de
lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa
lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée »
(Enc. Spe salvi, n. 49).
Je confie chacun de vous à la Bienheureuse Vierge Marie, signe d’espérance
sûre et de consolation, « étoile du chemin », qui, par sa présence
maternelle, est proche de nous à chaque instant de notre vie, et j’accorde à
tous, avec affection, la Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, 12 octobre 2012
BENEDICTUS PP. XVI
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2012 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.10.2012- T/Benoît XVI
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