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La parole est au synode. Mais c’est François qui prendra les
décisions
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Le 29 septembre 2015 -
(E.S.M.)
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Derniers échanges de coups avant l’ouverture des travaux. L'inconnue
que constituent les procédures. Les appels au pape. Parce que, en
fin de compte, c’est lui seul qui tirera les conclusions.
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La parole est au synode. Mais c’est François qui prendra les décisions
par Sandro Magister
Le 29 septembre 2015 - E.
S. M. -
De retour à Rome après son voyage à Cuba et aux États-Unis, dont le
couronnement a été la rencontre mondiale des familles qui a eu lieu à
Philadelphie, le pape François est maintenant confronté à un événement
beaucoup plus important : le synode. Celui-ci va s’ouvrir le 4 octobre, qui
sera le dimanche de l'année liturgique où – comme s’il s’agissait d’un jeu
de la providence – on entendra dans les églises catholiques du monde entier
cette phrase de Jésus : "Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a
joint".
Le synode va durer trois semaines et il n’y a pas encore eu d’informations à
propos des procédures qui y seront utilisées, alors même que celles-ci vont
avoir une très forte influence sur le résultat des travaux synodaux.
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de message final, étant donné qu’il
n’a été constitué aucune commission chargée d’en rédiger un.
Une autre information certaine, donnée de manière anticipée par le pape
François, est que "l’on discutera chaque semaine d’un chapitre" sur les
trois qui constituent le document préparatoire
►Instrumentum
laboris
Par conséquent il n’y aura pas, cette fois-ci, de "Relatio post
disceptationem" à mi-parcours des travaux synodaux, après une première phase
de libre discussion à propos de tous les sujets, comme cela avait été le cas
lors du synode du mois d’octobre 2014. La discussion sera immédiatement
répartie entre des groupes linguistiques restreints et chacun d’eux résumera
ses propres orientations dans des rapports qui sont destinés à rester
confidentiels. Au terme des trois semaines, une "Relatio" finale sera votée
et le pape prononcera le discours de conclusion.
Il n’est pas davantage prévu que, comme par le passé, une exhortation
apostolique post-synodale vienne, quelques mois plus tard, mettre un point
final à l’ensemble de la session. La discussion restera ouverte à des
développements futurs. Ce qui servira de texte de référence quant aux
conclusions provisoires, ce sera simplement le discours prononcé par le pape
au terme des travaux, qui, dans les faits, dominera et empêchera d’entendre
toutes les autres voix.
En dépit de la valorisation proclamée de la collégialité, la prochaine
session du synode verra en effet François se livrer de nouveau à un exercice
monocratique de l'autorité papale, comme à la fin de la session de l’année
dernière, lorsque le pape avait ordonné que soient maintenues en vie même
les propositions qui n’avaient pas obtenu le nombre de voix nécessaire pour
qu’elles soient approuvées. Et ces propositions étaient justement celles qui
portaient sur les points les plus controversés, c’est-à-dire le divorce et
l’homosexualité.
*
Une manifestation indiscutable de cet exercice monocratique de l'autorité
papale a été la publication, le 8 septembre dernier, des deux motu proprio
par lesquels François a réformé les procédures en matière de nullité du
mariage
►Défense
de l’appeler divorce. Mais comme cela y ressemble!
Une réforme des procès en nullité du mariage était attendue depuis
longtemps. Mais François l’a réalisée en tenant à l’écart le synode réuni
justement pour discuter de la famille, synode qu’il savait peu enclin à
approuver ce qu’il avait en tête. Il a constitué la commission préparatoire
au mois d’août 2014, avant que la première session du synode ne soit
convoquée. Et il a signé les motu proprio le 15 août dernier, avant la
seconde session synodale, en fixant leur entrée en vigueur au 8 décembre
prochain.
La nouveauté la plus significative de ces nouvelles procédures est que
désormais, pour l’obtention de la déclaration de nullité, la simple parole
du requérant aura "pleine valeur de preuve", sans que d’autres validations
soient nécessaires, et le "manque de foi" présumé va servir de passe-partout
universel non plus pour des milliers, mais pour des millions de mariages
décrétés nuls, selon une procédure ultra-rapide et dans laquelle l’évêque du
lieu sera l’unique juge.
Sur ce point, les pères synodaux sont donc placés devant un fait accompli.
Mais il est difficilement concevable qu’ils n’en discutent pas. L’historien
de l’Église Roberto de Mattei a été jusqu’à imaginer qu’un certain nombre de
pères synodaux pourrait demander l’abrogation de cet acte de gouvernement du
pape François, "le plus révolutionnaire qu’il ait accompli jusqu’à présent".
Et il a cité le précédent historique, remontant à 1813, de la rétractation
par Pie VII – retenu prisonnier par Napoléon Bonaparte – de l’acte par
lequel il avait reconnu la soumission du Saint-Siège à la souveraineté de
l’empereur : rétractation qui avait été demandée publiquement par le
cardinal Bartolomeo Pacca, pro-secrétaire d’état, par d’autres cardinaux "zelanti",
mais également par un grand maître spirituel tel que Pio Brunone Lanteri,
qui fut par la suite proclamé vénérable
►Si
possono discutere gli atti di governo del papa?
*
Entre-temps un appel a été lancé, dans la revue américaine "First Things",
par un nombre important de théologiens, de philosophes et d’universitaires
originaires de différents pays afin que les pères synodaux rejettent le
paragraphe 137 du document préparatoire, qu’ils considèrent comme contraire
au magistère de l’Église et porteur de confusion dans l’esprit des fidèles
►An
Appeal Recalling the Teaching of "Humanae Vitae"
L'appel concerne l'enseignement de l'encyclique "Humanæ vitæ" de Paul VI,
consacrée au contrôle des naissances, encyclique que le pape François
lui-même a qualifiée de "prophétique". On trouve parmi ses rédacteurs et ses
signataires un bon nombre d’enseignants de l'Institut pontifical Jean-Paul
II d'études sur le mariage et la famille : les professeurs Stephan Kampowski,
Livio Melina, Jaroslav Merecki, José Noriega, Juan José Pérez-Soba, Mary
Shivanandan, Luigi Zucaro, ainsi que des experts tels que le philosophe
allemand Robert Spaemann et le moraliste Martin Rhonheimer.
D’après les signataires de l'appel, le paragraphe 137 du document
préparatoire attribue à la conscience individuelle une primauté absolue dans
le choix des moyens de contrôle des naissances, y compris contre
l'enseignement du magistère de l’Église, à quoi s’ajoute le risque que cette
primauté soit ensuite étendue à d’autres domaines, tels que l'avortement et
l'euthanasie.
En effet, c’est précisément sur la primauté de la conscience individuelle
"au-delà de ce que, objectivement, dirait la règle" que s’appuient les
partisans de l’accès des divorcés remariés à la communion, comme l’a
expliqué l’un d’eux, le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne,
lors d’une interview à la revue "La Civiltà Cattolica" qui a été publiée le
26 septembre :
"Il y a des situations dans lesquelles le prêtre, l’accompagnateur, qui
connaît les personnes concernées, peut en arriver à leur dire : ‘Votre
situation est telle que, en conscience - dans votre conscience et dans ma
conscience de pasteur - je vois votre place dans la vie sacramentelle de
l’Église’".
La scission entre la conscience individuelle et le magistère de l’Église est
comparable à celle qui sépare la pratique pastorale et la doctrine : elle
constitue un danger qui, selon l’opinion d’un grand nombre d’observateurs,
pèse sur le synode et contre lequel le cardinal Gerhard Müller, préfet de la
congrégation pour la doctrine de la foi, a tenu des propos d’une grande
fermeté au cours d’une allocution qu’il a prononcée à Ratisbonne, le 1er
septembre, à l’occasion de la publication de l'édition allemande de
l’ouvrage du cardinal Robert Sarah "Dieu ou rien"
►Liturgy,
Grace, Marriage, and the New Danger of Schism
D’après Müller, "la séparation entre l’enseignement de la foi et sa
pratique" est précisément le facteur qui, au XVIe siècle, a conduit à un
schisme au sein de l’Église d'Occident. En recourant à la pratique trompeuse
des indulgences, l’Église de Rome s’était, dans les faits, comportée comme
si la doctrine n’existait pas et "la protestation initiale de Luther contre
la négligence des pasteurs de l’Église était justifiée, parce que l’on ne
peut pas jouer avec le salut des âmes, pas même si l'intention qui est à la
base de la tromperie est de faire du bien".
Et aujourd’hui – a ajouté le cardinal – c’est de nouveau la même question
qui est posée : "Il ne faut pas que nous trompions le peuple lorsqu’il
adhère à la sacramentalité du mariage, à son indissolubilité, à son
acceptation des enfants à venir et à la complémentarité fondamentale entre
les deux sexes. La pastorale doit avoir comme objectif le salut éternel et
elle ne doit pas chercher à être superficiellement en accord avec ce que
souhaitent les gens".
*
Comme on peut le constater, les partisans des "ouvertures" se montrent très
actifs, mais les prises de position de ceux qui s’opposent à eux sont
également nombreuses et pleines de vigueur.
Le 29 septembre, une "Supplique filiale" - demandant au pape François de
prononcer "une parole clarificatrice" contre la "désorientation générale qui
serait provoquée par l’éventuelle ouverture, au sein de l’Église, d’une
brèche qui permettrait l’adultère, à la suite de l’autorisation donnée à des
couples de personnes divorcées et remariées civilement d’accéder à
l’eucharistie, ainsi qu’une acceptation virtuelle des unions homosexuelles"-
lui sera de nouveau présentée à Rome, forte de 800 000 signatures parmi
lesquelles celles de 201 cardinaux et évêques.
Cette supplique qui est adressée au pape n’est pas très éloignée de ce que
le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, qui sera prochainement l’un
des pères synodaux, a déclaré dans une interview accordée au journal
"Corriere della Sera", qui l’a publiée le dimanche 27 septembre :
"L'urgence prioritaire, selon moi, est que le synode puisse suggérer au
Saint-Père une intervention magistérielle qui unifie, en la simplifiant, la
doctrine relative au mariage. Une intervention qui vise à montrer la
relation entre l’expérience de foi et la nature sacramentelle du mariage".
Le texte intégral de l’interview
►Scola:
"I miei timori sulla famiglia. Ci si sta pensando poco"
Le lendemain, 30 septembre, à l'université pontificale Angelicum, les
cardinaux Carlo Caffarra et Raymond Leo Burke - deux des cinq éminences qui,
à la veille du synode de 2014, avaient pris position contre leur collègue
Walter Kasper dans le livre "Demeurer dans la vérité du Christ" -
présenteront une nouvelle fois leurs opinions, ce que fera par la même
occasion l’archevêque Cyril Vasil, secrétaire de la congrégation pour les
Églises orientales, qui est lui aussi l’un des coauteurs de ce livre.
Deux autres nouveaux livres de même tendance sont sur le point d’être
publiés. Leurs auteurs sont des cardinaux, non plus cinq mais bel et bien
dix-sept, originaires d'Afrique, d'Asie, d'Europe et des Amériques ; six
d’entre eux vont prendre part au synode, soit en raison des fonctions qu’ils
exercent, comme le Guinéen Robert Sarah, soit parce qu’ils ont été désignés
personnellement par le pape, comme l'Italien Caffarra
►Les
cardinaux anti-Kasper: ils étaient cinq, maintenant ils sont dix-sept
Le synode est tout proche, la bataille bat son plein. Et c’est le pape
François qui aura le dernier mot.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 129.09.2015 -
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