L'
Eglise, rencontre entre l’homme et la présence divine
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ROME, 29 MARS 2006 - Projeter et construire le temple de Dieu. Une contribution de la Commission Pontificale pour les Biens Culturels de l’Eglise catholique sous la direction de Son Exc. Mgr Mauro Piacenza. Les espaces pour la liturgie
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Jésus dit à ses disciples chargés de
préparer le dernier dîner pascal : “[Un homme] vous montrera à l’étage une
grande pièce garnie de coussins, toute prête ; faites-y pour nous les
préparatifs” (Mc 14, 15). Pour instituer l’Eucharistie Jésus choisit la belle
pièce d’une maison riche. Même les pièces qui accueillent le culte des premières
communautés chrétiennes mises à disposition par les frères plus aisés étaient
élevées, spacieuses et illuminées comme en témoignent les Actes des Apôtres (1,
13s; 5, 42 ! e 20, 7s) et les monuments archéologiques (domus ecclesiae du Celio
à Roma).
Après la paix constantinienne, les édifices pour le culte chrétien qui se sont
succédés dans le temps ont été le miroir de l’auto conscience de l’Eglise à
l’égard du monde extérieur (cathédrales comme coeurs citadins, ermitages au
milieu du désert, paroisses comme lieux d’agrégation des campagnes, etc.); de la
même manière, la disposition interne des espaces a été imaginé par son
auto compréhension théologiques et spirituelle, en ordre au rapport entre
liturgie et dévotion, entre ministres ordonnés et peuple de Dieu, à l’interrelation
entre les pôles sacramentels, spécialement ceux pour la célébration de
l’eucharistie, du baptême et de la pénitence.
Avant tout la disposition de l’espace liturgique a été
pensée en fonction de la centralité de l’eucharistie et de l’habitabilité de l’assemblée. Puisque dans
l’Eglise a lieu la rencontre entre l’homme et la présence divine, chaque élément
peut être connoté symboliquement jusqu’à devenir “mystique”, capable toutefois
d’introduire à la compréhension du Mystère : l’autel, le tabernacle, l’ambon, le
baptistère, le siège, le confessionnal, grâce au matériel utilisé, à leur forme
et disposition, peuvent déjà être porteurs d’une signification qui les
transcende (célébration du sacrifice et du sacrifice eucharistique convaincu,
présence réelle permanente du Seigneur, annonce de la Parole, immersion dans la
mort et la résurrection du Christ, etc.) et il est en de même pour l’espace dans
son rapport avec la lumière et l’assemblée qui l’habite. De tels éléments se
configurent comme “lieu”, c’est-à-dire lieux “habitables” et en lien entre eux,
comme le sont les sacrements ou les actions liturgiques qui y sont célébrées.
Dans cette optique, les images présentes aussi dans l’église catholique, sur les
murs ou sur le mobilier n’ont pas une valeur purement décorative mais une
fonction liturgique. Pourtant on pourra parler d’images mystiques pour le chœur,
capables de présenter synthétiquement le mystère du Christ (incarnation,
passion, résurrection, parousie); d’images didactiques pour la nef, de sujet
biblique, et finalement d’images de dévotions (via crucis, images du Christ, de
la Vierge et des saints).
D’après l’ecclésiologie de Vatican II, l’Eglise est une assemblée qui naît de
l’écoute de la Parole de Dieu, est édifiée par l’Esprit-Saint qui conforme les
croyants au Christ au moyen des sacrements et permet la communion, s’alimente
dans la prière et se présente au monde comme signe du salut du Christ. Par
conséquent l’église doit être modelée d’après ces principes.
En premier lieu, l’Eglise étant un corps avec divers membres, l’église doit en
rendre visible soit l’articulation soit l’unité. L’articulation du peuple de
Dieu, constitué par le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel s’explique
au moyen d’une distinction opportune du choeur à nef, destinée non à séparer
mais à exprimer les différentes richesses de l’unique sacerdoce du Christ ;
l’unité se souligne la connexion médiatrice du chœur - presbytère à la
abside - salle, où les laïcs peuvent accéder aussi.
En second lieu, la liturgie étant action de tout le peuple de Dieu, la
disposition de l’espace doit en consentir la participation, en permettant
d’entrer et sortir, voir et entendre, se déplacer à l’intérieur, surtout en
procession ou dans les autres modes prévus par la liturgie. De telles exigences
influeront pourtant sur la conformation de la porte et du hall, sur le plan de
la nef et la disposition des sièges pour l’assemblée etc. Il est pourtant
nécessaire de prévoir des espaces congrus pour les processions et pour plusieurs
moments de la célébration de sacrements et sacramentels en place en dehors du
chœur (baptême, mariage, enterrement etc.) ; Mauro Piacenza, Président de la
Commission Pontificale pour les Biens Culturels de l’Eglise, Président de la
Commission Pontificale d’Archéologie sacrée. Agenzia Fides.
L’évêque Mauro Piacenza, 61 ans,
Gênois doc, est président de la Commission pontificale du Patrimoine
culturel de l’Église depuis octobre 2003. Le “ministre du patrimoine culturel”
du Saint-Siège, ordonné prêtre en 1969, nommé chanoine de la cathédrale de Gênes
par le cardinal Giuseppe Siri en 1986, a accompli depuis 1990 sa mission dans la
Congrégation pour le Clergé. Il a été nommé chef d’Office puis sous-secrétaire
de cette congrégation respectivement en 1997 et 2000. Il est aussi depuis 2004
président de la Commission d’archéologie sacrée.
Eucharistie, Sacrement de la Miséricorde.
29.03.2006 - LITURGIE
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