Le préfet du Culte Divin, le card.
Canizares, explique le renouveau souhaité par Benoît XVI |
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Le 28 décembre 2010
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(E.S.M.)
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La liturgie catholique vit "une certaine crise", et Benoît XVI veut donner
naissance à un nouveau mouvement liturgique, qui montre davantage de sacré
et de silence dans la messe, et une plus grande attention à la beauté, dans
le chant, la musique et l'art sacré.
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Le pape Benoît XVI et
le cardinal Antonio Canizares Llovera -
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Le préfet du Culte Divin, le card.
Canizares, explique le renouveau souhaité par Benoît XVI
"Dans la liturgie, plus de place pour le culte, et une musique appropriée".
"La réforme de Vatican II a été appliquée trop vite".
Le 28 décembre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-Le Cardinal Antonio Cañizares Llovera, 65 ans, Préfet de la Congrégation du
Culte Divin (ndt: depuis décembre 2008, il a succédé à Mgr Arinze;
ex-archevêque de Tolède, c'est Benoît XVI qui l'a créé cardinal lors du
Consistoire de mars 2006), qui, lorsqu'il était évêque en Espagne était
appelé "le petit Ratzinger", est l'homme à qui le pape a confié cette tâche.
Dans cette interview avec il Giornale, le "ministre" de la liturgie de
Benoît XVI révèle et explique programmes et projets.
- Comme cardinal, Joseph Ratzinger s'était plaint d'une certaine hâte dans
la réforme liturgique post-conciliaire. Quelle est votre opinion?
" La réforme liturgique a été mise en oeuvre très rapidement. Il y avait
d'excellentes intentions et une volonté d'appliquer Vatican II. Mais il y a
eu de la précipitation. On ne s'est pas donné assez de temps et d'espace
pour accueillir et intérioriser les leçons du Concile; tout d'un coup, on a
changé la façon de célébrer. Je me souviens bien de la mentalité très
répandue alors: il fallait changer, créer quelque chose de nouveau (cf. Une
lettre d'un prêtre espagnol de 83 ans). Ce que nous avions reçu de la
tradition, était considéré comme un obstacle. La réforme a été entendue
comme une opération humaine, beaucoup pensaient que l'Eglise était l'œuvre
de nos mains, au lieu de celle de Dieu. Le renouveau liturgique a été vu
comme un laboratoire de recherche, fruit de l'imagination et de la
créativité, le mot magique d'alors".
- Comme cardinal, Joseph Ratzinger avait appelé à une "réforme de la
réforme" liturgique, mots aujourd'hui imprononçables, même au Vatican.
Cependant, il semble clair que Benoît XVI la désire. Pouvez-vous nous en
parler?
" Je ne sais pas si on peut, ou s'il est approprié de parler de "réformer la
réforme". Ce que je vois comme absolument nécessaire et urgent, selon ce que
que veut le pape, c'est de donner naissance à un nouveau mouvement
liturgique, clair et vigoureux, dans l'Église tout entière. Parce que, comme
l'explique Benoît XVI dans le premier volume de son Opera Omnia, dans le
rapport avec la liturgie se décide le sort de la foi et de l'Eglise. Le
Christ est présent dans l'Église à travers les sacrements. Dieu est le sujet
de la liturgie, pas nous. La liturgie n'est pas une action un homme, mais
l'action de Dieu. "
- Le pape, plus qu'avec les décisions tombant d'en haut, parle avec
l'exemple: comment lire les modifications introduites par lui dans les
célébrations papales?
" Tout d'abord il doit n'y avoir aucun doute sur la bonté du renouveau
liturgique conciliaire qui a apporté de grands bénéfices dans la vie de
l'Église, comme la participation plus consciente et plus active des fidèles,
et une présence enrichie de la Sainte Écriture. Mais en dehors de ceux-ci et
d'autres avantages, il y a eu des ombres, qui ont émergé dans les années
après le concile Vatican II: la liturgie, c'est un fait, a été "blessée" par
des déformations arbitraires, causées aussi par la sécularisation qui frappe
malheureusement à l'intérieur de l'Église. Par conséquent, dans de
nombreuses célébrations, ce n'est plus Dieu qui est au centre, mais l'homme,
son action créatrice, le rôle principal donné à l'assemblée. Le renouveau
conciliaire a été conçu comme une rupture et non comme un développement
organique de la tradition. Nous devons renouer avec l'esprit de la liturgie
et c'est pourquoi les gestes introduits dans la liturgie du Pape sont
significatifs : l'orientation de l'action liturgique, la croix au centre de
l'autel, la communion à genoux, le chant grégorien, la place pour le
silence, la beauté dans l'art sacré. Il est également urgent de promouvoir
l'adoration eucharistique: face à la présence réelle du Seigneur, nous ne
pouvons qu'adorer".
- Quand on parle de retrouver la dimension sacrée, il y en a toujours qui
présentent cela comme un simple retour au passé, fruit de la nostalgie.
Comment réagissez-vous?
" La perte du sens du sacré, du Mystère, de Dieu, est l'une des pertes les
plus graves de conséquences pour un véritable humanisme. Ceux qui pensent
que faire revivre, rétablir et renforcer l'esprit de la liturgie, et la
vérité de la célébration, est un simple retour à un passé obsolète, ignorent
la vérité des choses. Placer la liturgie au centre de la vie de l'Eglise
n'est pas du tout nostalgique, mais est plutôt la garantie d'être en chemin
vers l'avenir".
- Comment jugez-vous l'état de la liturgie catholique dans le monde?
" Face au risque de la routine, face à une certaine confusion, à la pauvreté
et à la banalité du chant et de la musique sacrée, on peut dire qu'il y a
une crise.
Il y a donc urgence d'un nouveau mouvement liturgique. Benoît XVI, en
montrant l'exemple de saint François d'Assise, qui témoignait une grande
dévotion au Saint-Sacrement, a expliqué que le vrai réformateur est
quelqu'un qui obéit à la foi: il n'avance pas de manière arbitraire, et ne
s'arroge pas de pouvoir discrétionnaire sur le rite. Il n'est pas le maître,
mais le gardien du trésor institué par le Seigneur et confié à nous. Le pape
demande donc à notre congrégation de promouvoir le renouveau en conformité
avec Vatican II, en accord avec la tradition liturgique de l'Eglise, sans
oublier la règle conciliaire qui prescrit de ne pas introduire d'innovations
sauf quand elles sont justifiées par une utilité réelle et avérée pour
l'Eglise, avec la mise en garde que les nouvelles formes, doivent jaillir
dans tous les cas de façon organique des formes déjà existantes. "
- Que voulez-vous faire comme Congrégation?
" Nous devons considérer le renouveau liturgique selon l'herméneutique de la
continuité dans la réforme indiquée par Benoît XVI pour la lecture du
Concile.
Et pour ce faire nous devons surmonter la tendance à «geler» l'état actuel
de la réforme post-conciliaire, d'une manière qui ne rende pas justice au
développement organique de la liturgie de l'Église. Nous essayons de
poursuivre un engagement fort dans la formation des prêtres, séminaristes,
religieux et fidèles laïcs, afin de faciliter la compréhension de la
véritable signification des célébrations dans l'Église.
Cela nécessite une instruction adéquate et ample, vigilance et fidélité dans
les rites et une authentique éducation, afin de les vivre pleinement. Cet
engagement sera accompagné par la révision et l'actualisation des textes
d'introduction aux différentes célébrations (prenotanda - préfaces?). Nous
sommes également conscients que donner une impulsion à ce mouvement ne sera
pas possible sans un renouveau de la pastorale de l'initiation chrétienne".
- Une perspective qui devrait être appliqué à l'art et la musique ...
" Le nouveau mouvement liturgique devra faire découvrir la beauté de la
liturgie. Pour cela, nous allons ouvrir une nouvelle section de notre
congrégation dédiée à "L'art et la musique sacrée" au service de la
liturgie. Cela permettra d'offrir dès que possible des critères et des
lignes directrices pour l'art, le chant et la musique sacrés. De même, nous
souhaitons offrir dès que possible des critères et des lignes directrices
pour la prédication. "
- Dans les églises, les agenouilloirs ont disparu , parfois la messe est
encore un espace ouvert à la créativité, on a même supprimé les parties les
plus sacrés du canon: comment inverser cette tendance?
" La vigilance de l'Eglise est fondamentale et ne devrait pas être
considérée comme quelque chose d'inquisitoire ou de répressif, mais comme un
service. Dans tous les cas, il faut que chacun prenne conscience de la
nécessité, non seulement des droits des fidèles, mais aussi du "Droit de
Dieu."
- Il y a aussi le risque inverse, c'est-à-dire croire que le caractère sacré
de la liturgie dépend de la richesse des ornements: une attitude fruit de
l'esthétisme, qui semble ignorer le cœur de la liturgie ...
" La beauté est fondamentale, mais c'est quelque chose de bien différent
d'un esthétisme vide, formel et stérile, dans lequel elle tombe parfois. Il
y a un risque de croire que la beauté et la sacralité de la liturgie
dépendent de la richesse des ornements, ou de l'ancienneté des parements. Il
faut une bonne formation et une bonne catéchèse fondée sur le Catéchisme de
l'Église catholique, évitant aussi le risque inverse, celui de la
banalisation, et agissant avec décision et énergie lors de l'utilisation de
coutumes qui ont eu leur signification dans le passé mais ne l'ont plus
aujourd'hui, ou n'aident en aucune façon la vérité de la célébration".
- Pouvez-vous donner quelques indications concrètes sur ce qui pourrait
changer dans la liturgie?
" Plutôt que de penser au changement, nous devons nous consacrer à raviver
et à promouvoir un nouveau mouvement liturgique, en suivant l'enseignement
de Benoît XVI, et à raviver le sens du sacré et de mystère, mettant Dieu au
centre de tout. Nous devons donner une impulsion à l'adoration
eucharistique, renouveler et améliorer le chant liturgique, cultiver le
silence, donner plus de place à la méditation. De là viendront les
changements ..." .
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.12.2010 -
T/Liturgie
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