Qu'est ce qui rend Benoît XVI si fort
devant l’adversité ? Son humilité ... |
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Le 28 décembre 2009 -
(E.S.M.)
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Voilà la clef de cette nuit qui rend Benoît XVI si fort devant l’adversité, la
violence physique d’une telle chute : il est déjà tout tourné intérieurement
vers ce qu’il appelle le « signe de l’humilité », cet Enfant qui vient nous
sauver et se laisse « toucher ». France
catholique
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Le pape Benoît XVI
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Qu'est ce qui rend Benoît XVI si fort
devant l’adversité ? Son humilité ...
De la chute à la messe de l’Aurore : la communion et le signe de l’Enfant
Le 28 décembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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« Aujourd’hui, sur nous, la lumière va resplendir, car le Seigneur nous
est né » : Benoît XVI cite la liturgie de la messe de l’Aurore au tout
début de son
message de Noël.
On a beaucoup écrit sur le fait que la messe de la nuit de Noël cette année
s’est terminée à minuit mais avait commencé à 22 heures : le pape serait «
malade », avaient suggéré avec insistance certains media.
Et nos priorités…
Mais le pape a 82 ans, est humblement raisonnable, et ne peut pas aller
dormir à 3 h du matin et ne pas le payer le lendemain et le surlendemain,
lorsqu’il s’impose de célébrer aussi la messe de l’Aurore et la messe du
jour.
Il l’a dit dans son
Homélie de la messe de la nuit, en citant la Règle de
saint Benoît : rien ne passe avant Dieu pour le moine, et donc la liturgie.
Il a interrogé l’homme et la femme modernes sur ce point : Dieu n’est-il pas
le dernier sur la liste des priorités ? C’est la clef de tout autre activité
humaine.
Or, à un monde qui exalte le pouvoir et la technique, la réponse de Dieu,
son « signe » c’est « l’humilité » d’un Enfant qui se laisse toucher et
aimer.
Une sérénité inouïe
Mais ce qui est extraordinaire dans cette messe, ce n’est pas tant la
simplicité profonde des paroles de Benoît XVI sur la Nativité, qui vous
entraîne dans le mystère de cette présence : 2000 ans n’ont pas suffi pour
que l’humanité se laisse conquérir par sa douceur pourtant invincible pour
les saints qui lui ont consacré leur vie.
Non, ce qui est simple et déroutant, c’est que le pape vient de subir un
violent «
plaquage » et manifeste une sérénité étonnante. Le marbre de
Sienne de Saint-Pierre coule « des rayons de miel » sous les pieds du
visiteur disait Frossard. La foule et le chœur venaient de chanter « Tu es
Petrus » quand, semble-t-il, les anges ont coulé leurs ailes sous les pas du
Successeur de Pierre. Car doux à l’œil ces marbres n’en sont pas moins durs
sous les chutes.
La jeune Susanna, qui est obsédée par l’idée de toucher le pape, s’est
précipitée vers lui, franchissant sportivement la barrière contenant la
foule de la nef centrale, comme l’an denier. Mais cette fois, la sécurité
l’a ceinturée alors qu’elle touchait le pape auquel elle s’est agrippée en
tombant et l’a entraîné dans sa chute. Susanna l’a déclaré aux médecins qui
l’ont examinée avant de l’hospitaliser : « Je ne voulais pas lui faire de
mal ».
C’est notre cher cardinal Roger Etchegaray qui paye l’addition au Gemelli,
avec un col du fémur qu’on a opéré demain dimanche. Nous prions pour vous et
avec vous, Eminence, nous vous confions à Notre Dame de la Garde ! Le
cardinal des « missions délicates » a peut-être eu celle de protéger le
Saint-Père. L’archevêque de Marseille, président de la conférence
épiscopale, président des conseils pontificaux Justice et Paix, Cor Unum,
président du Comité du Grand Jubilé de l’An 2000, a aussi été envoyé spécial
en Chine mais aussi en Irak, pour tenter d’éviter la guerre.
Tu es Petrus
Comme l’a confié le cardinal Paul Poupard, qui précédait le pape dans la
procession, un instant suffit, on se retourne et déjà le pape est debout, on
lui réajuste sa mitre. Une telle chute, à 82 ans ! Ceux qui, comme moi, se
trouvaient plus près de l’autel et n’ont donc rien vu, ont ressenti un
frisson en entendant des bruits sourds, des cris, la rumeur de la foule qui
gronde, en amont, et l’orgue et le chœur qui se taisent alors qu’ils
auraient dû enchaîner avec le « Dominus dixit ad me ».
Non, le « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise » que nous
venons de chanter alors que les voûtes le redisent en écho en lettres d’or,
se réalise. Un applaudissement. Ceux qui comprennent sourient : la foule a
dit sa réprobation, et maintenant elle témoigne que tout va bien.
La célébration se poursuit, dans cette sérénité extraordinaire que Benoît
XVI répand et communique lorsqu’il passe et pose sur vous son regard et son
sourire.
« Le Seigneur m’a dit : tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré
», chantent en se rassurant l’orgue et le chœur et la foule. Dans la
journée, la conférence épiscopale française, l’italienne, et les autorités
de la péninsule, la communauté juive de Rome, on adressé l’expression de
leur solidarité au pape et au cardinal Etchegaray.
La stupeur du pape
Benoît XVI introduit la célébration, avec ces légers accents sur les mots
qui vous les font pénétrer dans l’âme sans jamais forcer le ton pour
emporter la conviction. Il dit sa stupeur, avec la liturgie. Mais la stupeur
du mystère qu’il s’apprête à célébrer : « En cette sainte Eucharistie, le
Fils de Dieu s’approche de nous, et l’éternité se mêle au temps. Pleins de
stupeur pour la générosité de Dieu envers l’humanité, reconnaissons avec
humilité »…
Voilà la clef de cette nuit qui rend le pape si fort devant l’adversité, la
violence physique d’une telle chute : il est déjà tout tourné intérieurement
vers ce qu’il appelle le « signe de l’humilité », cet Enfant qui vient nous
sauver et se laisse « toucher ». Il est déjà tout imprégné de cette lumière
dont le « feu » traverse la nuit de l’humanité et donne aux bergers éveillés
de percevoir la présence. On dirait que l’espace et le temps un moment
abolis par le mystère le rend contemporain de la Nativité. N’ayez pas peur,
dit en substance Benoît XVI, c’est Lui qui a fait le chemin « le plus long »
pour venir à nous. Entrons à notre tour dans la joie des bergers.
A l’offertoire, les petits enfants de différents continents apportent les
offrandes, décidés, certains s’inclinent, d’autres hésitent, s’agenouillent
ou restent debout : une caresse du pape les encourage, les rassure, et Mgr
Marini les guide. C’est la fête de l’Enfance. Et lorsque, deux heures plus
tard, les sept mille personnes quittent la basilique pour se répandre dans
les rues de Rome sous la pluie, ils emportent en eux cette image du pape âgé
et vaillant allant, au terme de la célébration, placer l’Enfant Jésus dans
la crèche de la basilique qui déjà ravit des religieuses coréennes et les
enfants romains un peu ensommeillés.
La réconciliation et l’indulgence
Dehors, la grande crèche aussi a accueilli son Enfant Jésus, et le haut
épicéa de Wallonie illumine la nuit de la colonnade du Bernin. Recueillement
et joie. La pluie désagréable de la grande file précédant quelques heures
plus tôt l’accès aux portails détecteurs de métal est devenue amie. On
s’approche de la crèche, on s’y photographie, on s’en retourne chez soi.
Il faudra bien encore une messe de l’Aurore et une messe du jour pour
s’imprégner du mystère, et une octave même pour s’apprivoiser à la
vigoureuse douceur de Noël.
On passera, pour se mettre au diapason, par la case réconciliation. Les
confesseurs étaient de service à Saint-Pierre en cette nuit bénie. Et
l’indulgence – bonne pédagogue - que confère la bénédiction
Urbi et Orbi est
conditionnée par cette réconciliation sacramentelle.
Emerveillement et gratitude
Le pape a donné auparavant ses vœux de Noël en 65 langues, depuis la loggia
centrale de la basilique. Le soleil irradie ses bienfaits sur toute l’Urbs.
Le message du pape est centré sur la lumière la nuit et la communion dans
l’Eglise universelle. Son tour du monde lui fait souligner cette soif de
réconciliation des peuples : « Le « nous » de l’Église opère (…) comme
levain de réconciliation et de paix. »
Benoît XVI invite la Ville et le Monde à renoncer à la violence et à ne
recourir « qu’aux seules armes de la vérité et de l’amour ».
Il achève son message sur cet émerveillement : « Quel grand don de faire
partie d’une communion qui est pour tous ! C’est la communion de la Sainte
Trinité, du cœur de laquelle l’Emmanuel, Jésus, Dieu-avec-nous, est descendu
dans le monde. Comme les bergers de Bethléem, contemplons pleins
d’émerveillement et de gratitude ce mystère d’amour et de lumière ! Joyeux
Noël à tous ! »
C’est aussi le souhait que l’on peut s’offrir pendant sept jours encore !
Sources : France
catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.12.2009 -
T/Benoît XVI
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