Sœur Rosanna voit une continuité
indiscutable entre les pontificats de Jean Paul II et de Benoît XVI |
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Cité du Vatican, le 28 décembre 2007 -
(E.S.M.)
- Il n’y a pas beaucoup de femmes qui travaillent au Vatican,
mais il y en a. Interview du sous-secrétaire de la Congrégation pour les
Instituts de Vie consacrée, la femme qui occupe la charge la plus élevée
au Vatican Sœur Enrica Rosanna par Gianni Cardinale. "Il y a, à mon avis
- dit-elle - une continuité indiscutable entre le pontificat
de Jean Paul II et celui de Benoît XVI, la même passion pour le Christ
et pour l’humanité, le même élan œcuménique, la même proximité avec le
monde des jeunes..
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Le pape Benoît XVI avec
Sœur Enrica Rosanna et le cardinal Franc Rodé, préfet de la Congrégation
pour les Religieux
Sœur Rosanna voit une continuité indiscutable entre les pontificats de Jean
Paul II et de Benoît XVI
DES FEMMES À LA CURIE. Rencontre avec Sœur Enrica Rosanna
Interview du sous-secrétaire de la
Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée, la femme qui occupe la
charge la plus élevée au Vatican Sœur Enrica Rosanna par Gianni Cardinale
Il y a quelques semaines, le 27 octobre, l’hebdomadaire catholique anglais
The Tablet rappelait les paroles prononcées le 18 juillet dernier par
le cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone: le plus proche collaborateur
de Benoît XVI avait alors annoncé l’augmentation de la présence féminine
dans les postes de responsabilité de la Curie romaine. Le périodique d’Outre-Manche
faisait malicieusement remarquer que ces paroles n’avaient pas été suivies
d’effet. En attendant la suite des événements, 30Jours a eu
l’occasion de s’entretenir avec la femme qui occupe actuellement la charge
formellement la plus élevée dans les organismes centraux du Saint-Siège. Il
s’agit de sœur Enrica Rosanna, des Filles de Marie Auxiliatrice – la branche
féminine de la famille salésienne –, qui a été nommée par Jean Paul II, le
24 avril 2004, sous-secrétaire – au masculin – de la Congrégation pour les
Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique. Il s’est agi,
disons-le, d’une nomination extraordinaire, puisque c’était la première fois
qu’une femme était appelée à cette fonction de direction dans une
Congrégation (une autre femme, la laïque australienne Rosemary Goldie, avait
autrefois occupé la même charge, de 1966 à 1976, mais c’était dans un
Conseil pontifical, le Conseil pour les Laïcs).
Lombarde de Busto Arsizio (province de Varèse et archevêché de Milan), sœur
Rosanna a fait sa profession religieuse en 1964. Enseignante puis directrice
jusqu’en 1998 de l’unique Faculté pontificale “féminine”, l’Auxilium, elle a
pour spécialité la sociologie de la religion, et fait de la recherche en
sciences pédagogiques. Appréciée pour sa compétence, elle a fait partie des
experts de différents synodes et, depuis 1996, de la Commission des Sages
instituée par le ministre de l’Instruction publique de l’époque, Luigi
Berlinguer.
Sœur Rosanna, comment avez-vous accueilli votre nomination à la charge de
sous-secrétaire de la Congrégation pour les Religieux ?
SŒUR ENRICA ROSANNA: Avec foi et disponibilité, en mettant à disposition ce
que je suis et ce que je sais faire; et aussi en “tremblant” un peu, mais je
suis toujours prête à apprendre.
Vous attendiez-vous à recevoir cette charge?
ROSANNA: Non. J’ai participé activement au synode romain et, en tant
qu’experte, à trois synodes généraux: celui sur la vie consacrée, en 1994,
sur l’Europe, en 1999, et sur les évêques, en 2001. J’ai eu la possibilité,
dans ces occasions, d’approcher plusieurs fois Jean-Paul II. C’est moi qui
ai accueilli ce Pape lorsqu’il est venu en visite à l’Auxilium. Mais
franchement, je ne me serais jamais attendue à cet appel.
Comment vous expliquez-vous le choix d’une religieuse comme sous-secrétaire
de la Congrégation ?
ROSANNA: L’Annuario statistico della Chiesa [Annuaire statistique de
l’Église] présente les données suivantes: il y a 137 724 prêtres réguliers,
54 828 religieux non prêtres, 782 932 religieuses. Sur le plan numérique,
par rapport au nombre total de prêtres réguliers et séculiers, les
religieuses sont presque le double, et il faut ajouter à ce nombre celui des
religieuses contemplatives qui sont plus de 47.000, les vierges consacrées,
les femmes consacrées des Instituts séculiers, les femmes consacrées qui
adhèrent aux nouvelles formes de vie évangélique, et les religieuses qui
appartiennent aux Instituts de droit diocésain. Ces chiffres expliquent
bien, semble-t-il, le choix d’une religieuse comme sous-secrétaire...
Quelles sont vos compétences?
ROSANNA: J’exerce une fonction de collaboration et les tâches qui me sont
confiées sont très diversifiées: elles vont de l’examen des dossiers aux
rencontres de travail en dicastère ou à l’occasion de chapitres généraux,
d’assemblées, de congrès et de colloques. Je cherche aussi à être proche de
tous ceux qui sont dans le besoin et qui demandent une aide.
Le fait d’être la première religieuse appelée à une charge d’un niveau si
élevé vous a-t-il intimidée ?
ROSANNA: Absolument pas. Je suis un peu habituée, si je peux m’exprimer
ainsi, à briser la glace. En 1972, j’ai été la première femme à obtenir le
doctorat de l’Université pontificale grégorienne avec une thèse sur la
sécularisation, et j’ai aussi été la première femme, grâce d’ailleurs à un
salésien qui vient d’être créé cardinal, don Raffaele Farina, à avoir
enseigné dans une Université pontificale.
Quel accueil avez-vous trouvé dans le dicastère?
ROSANNA: Il y a eu une période – compréhensible – d’“étude”. Aujourd’hui, je
respire un climat de confiance et de respect. J’ai encore beaucoup à
apprendre et je compte sur l’aide et sur la collaboration de mes supérieurs
et de mes collègues. Certains de mes collègues plus âgés sont pour moi
d’authentiques “maîtres” et je les remercie de tout cœur.
Et plus généralement, comment avez-vous été accueillie dans la Curie
romaine ?
ROSANNA: J’ai reçu mille messages de félicitations. Je me souviens en
particulier de celui que m’a envoyé le cardinal vicaire Camillo Ruini, qui
m’a bien connue pendant les travaux du synode romain.
Quel a été votre premier geste lorsque vous êtes entrée dans votre nouveau
bureau?
ROSANNA: J’ai voulu donner une touche de féminité au cadre et au style de
l’accueil, et je dois dire que ce geste a été très apprécié.
Avez-vous trouvé un soutien chez les autres religieuses et les autres femmes
qui travaillent à la Curie ?
ROSANNA: Oui, chez celles qui travaillent avec moi. Avec les autres,
malheureusement, il y a peu de relations. Ce serait bien d’organiser une
rencontre pour que nous puissions nous connaître.
Quelle est, d’après vous, la contribution spécifique que peut apporter une
religieuse, une femme, au travail de la Curie romaine ?
ROSANNA: Comme je l’ai déjà laissé entendre, elle peut donner cette touche
de “génie féminin” dont on a parfois besoin lorsqu’on doit aborder certaines
questions délicates, dans lesquelles nos qualités sont particulièrement
précieuses. Elle peut également donner une contribution non négligeable
quand il s’agit d’affronter les questions concernant d’autres femmes,
consacrées ou laïques, qui vivent la réalité de l’Église.
La femme de l’ancien premier ministre anglais, Cherie Blair, qui est
catholique, a dit un jour: «Il sont peu nombreux les motifs qui empêchent
les femmes d’occuper la moitié des postes de la Curie romaine». Que
pensez-vous de cette réflexion ?
ROSANNA: Je n’aime pas ce qu’on appelle les quotas féminins, ni dans
l’Église ni ailleurs. Les femmes doivent pouvoir être protagonistes sur la
base de leurs capacités et du consensus qu’elles réussissent à créer autour
d’elles. Elles n’ont pas besoin de réserves indiennes, qui peuvent se
retourner contre elles.
Le secrétaire d’État du Vatican, qui est salésien comme vous, a annoncé une
augmentation de la présence féminine au Vatican, y compris dans des postes
de responsabilité. À quoi devons-nous nous attendre? Une femme chef ou
secrétaire d’un dicastère?
ROSANNA: J’espère que ma nomination comme sous-secrétaire sera un premier
pas pour qu’un nombre de plus en plus grand de femmes puissent offrir la
contribution de leur “génie” propre, avec générosité et sans réserve, au
service du Saint-Siège. Il reviendra au Pape Benoît XVI de décider des modalités.
Il n’est pas rare de trouver dans le monde ecclésial des gens qui souhaitent
qu’un jour, après les communautés protestantes et la Communion anglicane,
l’Église catholique puisse à son tour admettre les femmes au sacerdoce.
Pensez-vous que cela puisse arriver, fût-ce dans un avenir éloigné?
ROSANNA: Sur ce point, je m’en remets complètement et avec confiance au
jugement de l’Église.
Vous rappeliez tout à l’heure que c’est Jean Paul II qui vous a appelée à la
charge que vous occupez aujourd’hui. À votre avis, quelle est la leçon la
plus importante que nous a donnée Jean Paul II?
ROSANNA: Tout d’abord, son attention à la personne humaine et son respect
pour la dignité de cette personne, depuis sa conception et jusqu’à sa mort;
son attention à toutes les personnes, quelle que soit leur religion, leur
nationalité, leur race. Cette attention s’exprime dans toutes ses
encycliques et dans tous ses discours, qu’ils soient adressés aux chefs
d’État ou aux simples fidèles. En outre, j’ai toujours admiré
sa foi
inébranlable, sa passion pour l’unité et pour la paix, son engagement en
faveur de la vie et sa confiance dans les jeunes qu’il appelait, à très
juste titre “les sentinelles du matin”.
Quelle a été la pensée de Jean Paul II qui vous a le plus frappée à propos
de la relation entre le Christ et les femmes consacrées?
ROSANNA: Cela mériterait une longue réflexion. Je me borne à quelques
observations. Jean Paul II nous a demandé à plusieurs reprises de vivre dans
la foi et dans la joie notre choix de vocation, parce que la vie religieuse
vaut avant tout pour ce qu’elle est, plus que pour ce qu’elle réalise à
travers les œuvres; de ne pas avoir peur de nous identifier au Christ...
jusqu’à la croix. Lui-même nous a donné l’exemple de cette identification
jusqu’à la fin. Il nous a demandé de “faire voir le Christ”, de “suivre ses
traces”, d’être la lampe sur le boisseau et pas seulement le levain. Au
cours d’une rencontre avec l’Union internationale des Supérieures générales,
le 3 mai 2001, il a merveilleusement parlé de la sequela Christi, en
particulier des vœux, en nous indiquant la voie pour les vivre avec une
fidélité créative. Il a prononcé des paroles splendides à ce propos, et
celles-ci me reviennent souvent à l’esprit, elles sont pour moi un sujet de
méditation et me donnent de l’élan.
Toujours sur ce thème, quelles sont les paroles de Benoît XVI qui vous
restent particulièrement en mémoire?
ROSANNA: Je me souviens avec une gratitude particulière du
discours aux
Supérieures et aux Supérieurs généraux du 22 mai de l’année dernière. À
cette occasion, le Pape Benoît XVI, continuant et approfondissant en quelque
sorte les indications données par son prédécesseur, nous a demandé de faire
un voyage vers l’intériorité: le Seigneur regarde ce que nous sommes avant
de regarder ce que nous faisons. Cette exhortation va vraiment au cœur de
notre vocation.
L’élection de Benoît XVI a été vue par beaucoup de monde comme un signal de
continuité avec Jean Paul II, mais d’autres ne sont pas d’accord. Et vous,
comment avez-vous vu ce passage?
ROSANNA: Il y a, à mon avis, une continuité indiscutable entre le pontificat
de Jean Paul II et celui de Benoît XVI, la même passion pour le Christ et
pour l’humanité, le même élan œcuménique, la même proximité avec le monde
des jeunes... On pourrait dire que “la main n’a pas changé”, même si Benoît
XVI mène son pontificat en valorisant au maximum ses ressources
personnelles, sa formation culturelle et sa propre histoire, qui sont
différentes de celles de Jean Paul II. Tous deux sont des hommes d’une foi
profonde et d’une grande confiance en la Providence, conscients du fait que
c’est le Seigneur qui dirige son Église, et que sans Lui, le Seigneur, nous
ne pouvons rien faire.
Quel est le rôle des religieuses dans l’Église d’aujourd’hui?
ROSANNA: La présence des religieuses est très importante; elles jouent un
rôle éminent dans l’évangélisation, même si un bon nombre exercent une
mission cachée, comme le levain dans la pâte. Mais elles sont aussi la lampe
sur le boisseau, parce que les gens voient et reconnaissent en elles “des
personnes toujours disponibles à accueillir” pour résoudre des problèmes,
donner des conseils, soutenir, guider, réconforter, former. Elles mettent à
la disposition des gens non seulement leur génie féminin, mais les
différents charismes que Dieu leur a donnés: le charisme de la compassion,
le charisme de l’éducation, de l’évangélisation, du service des pauvres.
Pensons aux grandes saintes dont elles s’inspirent pour accomplir leur
service: Teresa de Calcutta, Marie Dominique Mazzarello, Angèle Merici,
Claire d’Assise, Madeleine de Canossa, Thérèse d’Avila, Catherine de
Sienne... et beaucoup d’autres encore. Ces saintes nous apprennent, à nous
autres religieuses, non seulement à servir, en valorisant nos charismes,
mais à se mettre à l’école des personnes que nous avons l’honneur de servir.
On apprend toujours quelque chose des pauvres et des nécessiteux. Nous ne
devons jamais oublier la parole du Seigneur: «Il y a plus de joie à donner
qu’à recevoir».
Dans les dernières années, le nombre des religieuses a brutalement baissé
...
ROSANNA: C’est malheureusement vrai, en particulier dans les pays
industrialisés. Il a été très justement écrit à ce propos que nous autres,
religieuses consacrées, nous avons à vivre cette “spiritualité du
crépuscule” qui nous appelle à être plus ardemment ferventes, plus engagées,
plus évangélisatrices et, par conséquent, doublement témoins. C’est
précisément parce que nous sommes un petit nombre que le Seigneur nous
appelle à être des lampes plus brillantes sur le boisseau.
Est-ce qu’une inversion de tendance des vocations est possible ?
ROSANNA: Je crois pouvoir dire, à partir de mon expérience passée, – je dis
cela avec une extrême prudence et peut-être avec un brin de perplexité –
qu’il existe actuellement une pastorale des vocations adressée aux jeunes,
mais qu’on ne voit pas clairement dans quelle mesure celle-ci tient compte
de la spécificité féminine, c’est-à-dire du lien étroit qui existe entre
l’appel au service du Royaume et le “génie féminin”, ce génie qui
caractérise chaque femme que Dieu offre au monde. Il est peut-être urgent de
faire un saut qualitatif dans cette direction en redécouvrant qu’une
pastorale des vocations au féminin ne peut se passer d’une référence au
“génie de la femme”, comme je viens de le dire. Il ne faut pas oublier non
plus qu’une pastorale des vocations ne peut se passer d’une constatation qui
est à la source de tout: c’est qu’aujourd’hui encore, la moisson est
abondante, alors comment pourrions-nous douter, nous qui croyons en Jésus,
nous qui savons que l’Évangile est toujours actuel?
Vous avez donc confiance en l’avenir?
ROSANNA: Les vocations à la vie consacrée existent, et il y a des jeunes
filles et des jeunes femmes, je le crois fermement, qui sont prêtes à
comprendre qu’il est beau de suivre le Seigneur Jésus avec un cœur sans
partage. Cette constatation remplit mon cœur d’espérance, l’espérance que le
cœur des jeunes est encore une terre fertile et qu’il vaut donc la peine de
semer, même si une partie des grains tombe dans les ronces, et une autre
dans les pierres...; l’espérance que nous, religieuses consacrées, nous
aurons la force de créer cette culture vocationnelle qui amène les jeunes
générations à découvrir le Christ, à Le rencontrer, à croire en Lui, à Le
suivre comme Pierre, Jean, André, Simon..., comme Thérèse d’Avila, Claire
d’Assise, Thérèse de l’Enfant Jésus, Teresa de Calcutta, Marie Dominique
Mazzarello...; l’espérance que le “génie féminin”, avec ses ressources, aura
quelque chose à dire à la vie consacrée; l’espérance que viendront des temps
meilleurs, même pour la vie consacrée, et que la moisson continuera à être
abondante. En effet, s’il est vrai que de nombreux instituts souffrent d’une
profonde crise de vocations, et que le pourcentage des abandons est
important, il est vrai aussi que les instituts anciennement fondés sont
toujours courageusement aux avant-postes (je pense par exemple à la mission
de la famille salésienne en Afrique), pour être avant tout un baume pour les
pauvretés anciennes et nouvelles. Il est vrai que naissent de nouvelles
formes de vie évangéliques, que les vocations fleurissent dans les jeunes
Églises, et que le témoignage de nombreuses religieuses consacrées,
courageuses jusqu’au martyre, est une réalité encore aujourd’hui: pensons à
sœur Annalena Tonelli et à sœur Leonella Sgorbati...
Vous faisiez allusion tout à l’heure à la nécessité de donner, pour ainsi
dire, une “qualité féminine” à la pastorale des vocations. En quel sens?
ROSANNA: Un premier pas pourrait être fait dans une direction, qui serait
d’aider les jeunes femmes à se redécouvrir elles-mêmes en tant que femmes, à
être contentes d’être femmes, “à se dire et à se penser au féminin” pour
donner un visage spécifique à leur propre choix de vocation. Il vaut
peut-être la peine de rappeler qu’au synode sur la vie consacrée, les
religieuses consacrées présentes ont clairement exprimé ce qui est le cœur
de la vie consacrée féminine, en mettant l’accent non pas tant sur les rôles
que celle-ci peut jouer au sein de l’Église, que sur sa valeur de
témoignage: l’amour d’un cœur sans partage pour le Christ et le témoignage
lumineux de Sa miséricorde et de Sa tendresse pour tous, avec une
prédilection pour les plus pauvres et les plus faibles. Un autre pas
pourrait concerner la valorisation d’une notion et d’une expérience de
maternité “au-delà des clichés”, une maternité affective, culturelle,
spirituelle, une maternité qui s’exprime principalement dans la “capacité de
prendre soin”. Les charismes des instituts de vie consacrée féminins, dont
l’Église est riche, nous disent à quel point est vaste cette notion de
“prendre soin”, dans laquelle il y a place pour de très nombreuses
aspirations des jeunes femmes: prendre soin des enfants et des jeunes
(pensons au charisme des instituts éducatifs), prendre soin des pauvres, des
nouvelles pauvretés (pensons au charismes des instituts caritatifs), prendre
soin de la vérité (pensons à toutes les religieuses engagées dans les écoles
de toutes les catégories et de tous les degrés), prendre soin de la paix
(pensons aux religieuses dans les pays en guerre), prendre soin de l’amour
(pensons aux monastères de clôture...).
Sœur Enrica, vous êtes contente de votre choix de vie?
ROSANNA: Je suis une fille heureuse de Marie Auxiliatrice, mais je ne suis
pas un cas isolé. Beaucoup de religieuses que je connais, de tous les âges,
sont heureuses de leur vocation et la vivent avec beaucoup d’amour, dans la
gratuité.
Combien compte l’autre moitié du ciel
Des religieuses au standard du Vatican
Il n’y a pas beaucoup de femmes qui travaillent au Vatican, mais il y en a.
Quoiqu’il en soit, rares sont celles qui exercent des charges de
responsabilité. Voici une petite carte – partielle – de la présence “rose” à
l’intérieur des Murs léonins.
Palais apostolique. La présence féminine
dans l’appartement pontifical est particulièrement importante. Il y a en
effet les quatre laïques consacrées qui appartiennent aux Memores Domini
(Carmela, Cristina, Emanuela et Loredana), qui s’occupent plus précisément
des questions dites de ménage. Leur nom ne figure pas dans l’Annuaire
pontifical, à la différence de celui de la célèbre secrétaire de Benoît XVI,
qui l’a suivi depuis l’époque du Saint Office. Il s’agit de Birgit Wansing,
de l’Institut de Schönstatt; son habileté à déchiffrer la minuscule écriture
de l’actuel Souverain Pontife est légendaire. Elle tient continuellement et
minutieusement à jour son immense bibliographie. Ingrid Stampa, très connue
également, est professeur de musique. Engagée naguère pour les tâches
domestiques dans l’appartement du cardinal Ratzinger, place de la Cité
Léonine elle est aujourd’hui dans la Section de langue allemande de la
Secrétairerie d’État.
Toujours dans l’Annuaire pontifical, on trouve le nom de la
secrétaire-dactylographe de confiance du cardinal secrétaire d’État Tarcisio
Bertone, qui travaille pour lui depuis l’époque où il était l’adjoint du
cardinal Ratzinger: il s’agit d’Eurosia “Rosi” Bertolassi, focolarine. C’est
elle qui, en juillet dernier, au cours précisément de la conférence de
presse dans laquelle a été annoncée l’augmentation de la présence féminine
au Vatican, a reçu les éloges publics de son supérieur («C’est une
collaboratrice extraordinaire, tellement indispensable que je l’ai emmenée
de la Congrégation pour la Doctrine de la foi à la Secrétairerie d’État»).
La femme qui a la plus longue ancienneté au Palais apostolique, et dont le
nom figure par conséquent au premier rang dans la liste du personnel féminin
de la Secrétairerie d’État, est Sœur Maria Sebastiana Posati qui joue un
rôle important dans le bureau qui s’occupe des délicates questions
administratives. On trouve également dans l’Annuaire le nom de María Isabel
Tellería Tapia, qui s’occupe depuis une vingtaine d’années de la Deuxième
section du desk regardant la Communauté européenne. Elle est si connue pour
ses capacités et pour son caractère qu’un de ses supérieurs l’a qualifiée
une fois, pour en faire l’éloge, de «femme qui porte la culotte...».
Dicastères. Si l’on jette un regard sur
les Congrégations et les Conseils de la Curie romaine, on peut constater que
dans tous ces dicastères – à l’exception de celui qui s’occupe du Culte
divin – il y a une présence féminine, même si elle n’est pas marquée. Il
reste que très rares sont les femmes qui ont des charges formelles de
responsabilité. Outre Sœur Enrica Rosanna, la première, et jusqu’ici la
seule “sous-secrétaire” d’une Congrégation, on trouve en effet Sœur Sharon
Holland, chef de bureau, toujours au dicastère des Religieux, et Paola
Fabrizi, “chef de bureau” au Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité
des Chrétiens. On trouve ensuite, à la Fabrique de Saint-Pierre, une autre
chef de bureau, Maria Cristina Carlo-Stella, qui avait occupé précédemment
la même charge à la Commission pontificale pour les Biens culturels.
Ailleurs. L’Académie pontificale des Sciences sociales est dirigée jusqu’ici
par Mary Ann Glendon, mais si le Sénat approuve sa nomination comme
ambassadrice des États-Unis près le Saint-Siège, poste auquel elle a été
désignée par le président George W. Bush, elle devra évidemment quitter
cette charge prestigieuse. Ensuite, deux femmes siègent à la Commission
théologique internationale: Sœur Sara Butler et Barbara Hallensleben. Il y a
encore la Faculté pontificale “Auxilium”, gérée par les salésiennes
(même si le grand chancelier n’est pas la Supérieure générale des Filles de
Marie Auxiliatrice mais le Recteur majeur des Salésiens). Restent
inaccessibles au génie féminin, non seulement les rôles pour lesquels est
prévue, en vertu du droit canonique, la figure d’un prêtre ou d’un évêque,
mais aussi les Gardes suisses, la Gendarmerie et la Chapelle musicale
pontificale. Mais le rôle et le nombre des femmes au Vatican pourra plus
facilement s’accroître dans le domaine de la communication. Il est vrai que,
jusqu’ici, la rédaction de L’Osservatore Romano est rigoureusement et
entièrement masculine, mais le nouveau directeur, Giovanni Maria Vian,
semble avoir l’intention de rompre avec cette tradition. Sans compter que,
le moment venu, ce sera une femme qui aura une charge de responsabilité à la
Salle de presse du Vatican.
Sources: Gianni Cardinale -
E.S.M.
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(E.S.M.) 28.12.2007 - BENOÎT XVI -
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