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Le geste courageux de Benoît XVI
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Mardi, le 28 novembre 2006 -
(E.S.M.) - Depuis les rives du Bosphore, c'est une main que va
tendre le Pape Benoît XVI à l'ensemble des fils de Mahomet. Un défi
aussi, lancé à la Turquie, pays charnière entre deux mondes,
candidat à l'Union européenne et officiellement laïc. Le geste n'est
pas sans risque.
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Les rives du Bosphore
Le geste courageux du pape Benoît XVI
Benoît XVI n'est pas le bienvenu en Turquie
Le pape Benoît XVI sera-t-il à l'islamisme ce que Jean-Paul II fut au
communisme ? Peut-il jouer un rôle aussi déterminant dans la lutte contre le
fanatisme religieux que son prédécesseur dans le combat contre l'empire
soviétique ? Souhaitons-le. Le voyage qu'il effectue cette semaine en
Turquie est important et audacieux.
Opposé, à titre personnel, à
l'entrée de ce pays dans l'Union européenne, le Pape est surtout honni d'une
minorité de dangereux activistes musulmans pour les propos qu'il a tenus en
septembre à l'université de Ratisbonne. Discours
honteusement déformé, détourné, diabolisé par
de nombreux médias et prétendus gardiens de la loi coranique. En
affirmant que la foi ne doit pas s'imposer par la force, en s'inquiétant du
dévoiement de l'islam par quelques dévots d'Allah, le Souverain Pontife
faisait oeuvre de sagesse. L'analyse était pertinente, elle était celle d'un
docte théologien.
À présent, le théologien réputé peut-il aussi se
révéler habile diplomate et fin politique ? La question en choquera
certains, qui estiment que là n'est pas la fonction d'un guide spirituel.
Elle est pourtant capitale à l'heure où les tensions entre les cultures et
les civilisations sont vives ; où les hommes de bonne volonté ne sont pas
légion. Le Pape n'est pas seulement l'ambassadeur de Dieu et des
catholiques, il a une vocation universelle. Son diocèse est le monde. Et il
ne peut y avoir de concorde entre les peuples sans paix entre les religions.
Infatigable paladin, Jean-Paul II avait le mot juste pour peser sur la
marche de la planète, dont il avait accompli 29 fois le tour ! «
L'homme est le sujet et non l'objet de la politique », avait-il
lancé en 1986 à Bogota. Trois ans après, le mur de Berlin tombait. Karol
Wojtyla y était pour beaucoup.
Certains commentateurs affirment que
Benoît XVI souffre, sur ce terrain, de la comparaison avec son illustre
prédécesseur. Ses origines, ses écrits, son parcours feraient de lui un pape
plus classique, davantage concentré sur les affaires intérieures de
l'Église. Observation hâtive que ce premier voyage hors du Vieux Continent
vient démentir. Et le fait qu'il soit réservé à une terre d'Islam, à un pays
où il n'est pas attendu en messie, n'est pas un hasard.
Si l'un des
objectifs de ce séjour est de resserrer les liens du Vatican avec les
chrétiens d'Orient, l'occasion de susciter le dialogue, voire le débat, avec
les musulmans apparaît manifeste. Et ce qui
pourrait passer pour de la provocation n'est que du courage.
D'autres, après la polémique de Ratisbonne, se seraient empressés d'annuler
leur déplacement. Pas Benoît XVI.
Depuis les
rives du Bosphore, c'est une main que va tendre le Pape Benoît XVI à
l'ensemble des fils de Mahomet. Un défi aussi, lancé à la
Turquie, pays charnière entre deux mondes, candidat à l'Union européenne et
officiellement laïc. Le geste n'est pas sans risque. Il devrait marquer le
début d'une longue et patiente démarche, plus difficile encore que celle
entreprise par son prédécesseur. Car, en Orient, à l'hostilité des
gouvernants s'ajoute celle, impitoyable, des foules.
Sources:
Yves Thréard
monde
nouveau.-
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.11.2006 - BENOÎT XVI |