Benoît XVI et la Ve Conférence
Latino-américain et des caraïbes |
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CITÉ DU VATICAN, le 28 Mai 2007 -
(E.S.M.) -
Aujourd'hui a été rendu public le texte intégral de l'homélie du Saint-Père Benoît XVI lors de la messe d'inauguration de la V Conférence
Générale de l'Épiscopat Latino-américain et des caraïbes
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Le pape Benoît XVI -
Aparecida -
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Benoît XVI et la V Conférence Générale de l'Épiscopat Latino-américain et
des caraïbes
Voyage Apostolique du pape Benoît XVI au Brésil
L'authentique richesse de l'Amérique latine consiste en "la foi en Dieu
Amour", a assuré Benoît XVI ce dimanche lors de la Sainte Messe
d'inauguration de la Cinquième Conférence Générale de l'Épiscopat
latino-américain et des Caraïbes.
Lors de la célébration eucharistique, le Pape Benoît XVI a spirituellement
livré aux Catholiques latino-américains, qui constituent presque
la moitié des fidèles de l'Église catholique dans le monde, le document le
plus important de ces deux années de pontificat, celui de l'encyclique
"Deus Caritas est", "avec laquelle j'ai voulu indiquer à tous, ce
qui est essentiel dans le message chrétien", a dit le Saint Père.
Messe d'inauguration de la V Conférence Générale de
l'Épiscopat Latino-américain et des caraïbes
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Esplanade du Sanctuaire d'Aparecida VI
Dimanche de Pâques
Chers frères dans l'épiscopat,
chers prêtres, et vous tous, frères et sœurs dans le Seigneur!
Les mots me manquent pour exprimer la joie de me trouver avec vous pour
célébrer cette Eucharistie solennelle, à l'occasion de l'inauguration de la
Cinquième Conférence générale de l'épiscopat latino-américain et des
Caraïbes. J'adresse à chacun de vous mon salut le plus cordial, en
particulier à S.Exc. Mgr Raymundo Damasceno Assis, que je remercie des
paroles qu'il m'a adressées au nom de toute l'assemblée, et aux Cardinaux
Présidents de cette Conférence générale. Je salue avec respect les Autorités
civiles et militaires qui nous font l'honneur de leur présence. Depuis ce
sanctuaire, j'étends ma pensée pleine d'affection et de prière, à tous ceux
qui sont spirituellement unis à nous, en particulier aux communautés de vie
consacrée, aux jeunes engagés dans les associations et dans les mouvements,
aux familles, ainsi qu'aux malades et aux personnes âgées. Je dis à tous:
"Grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ"
(1 Co 1, 3).
Je considère comme un don extraordinaire de la Providence que cette Messe
soit célébrée en ce temps et en ce lieu. Le temps est le temps liturgique de
Pâques, arrivé au sixième Dimanche: la Pentecôte est désormais proche, et
l'Eglise est invitée à intensifier l'invocation à l'Esprit Saint. Le lieu
est le sanctuaire national de Notre-Dame d'Aparecida, cœur marial du Brésil:
Marie nous accueille dans ce Cénacle et, en tant que Mère et Maîtresse, elle
nous aide à élever à Dieu une prière unanime et confiante. Cette célébration
liturgique constitue le fondement le plus solide de la V Conférence, parce
qu'elle place à sa base la prière et l'Eucharistie,
Sacramentum Caritatis. En effet, seule la charité du Christ,
répandue par l'Esprit Saint, peut faire de cette réunion un authentique
événement ecclésial, un moment de grâce pour ce continent et pour le monde
entier. Cet après-midi, j'aurai l'opportunité d'aborder directement les
détails des réflexions suggérées par le thème de votre Conférence. A
présent, laissons la place à la Parole de Dieu, que nous avons la joie
d'accueillir ensemble sur le modèle de Marie, Notre-Dame de la Conception,
avec un cœur ouvert et docile afin que, par la puissance de l'Esprit Saint,
le Christ puisse à nouveau "s'incarner" dans l'aujourd'hui de notre
histoire.
La première Lecture, tirée des Actes des Apôtres, fait référence à ce que
l'on appelle le "Concile de Jérusalem", qui affronta la question de savoir
si l'on devait imposer l'observance de la loi mosaïque aux païens devenus
chrétiens. Le texte, passant sur la discussion entre "les apôtres et les
anciens" (vv. 4-21), rapporte
la décision finale qui est mise par écrit dans une lettre et confiée à deux
délégués, afin qu'ils la portent à la communauté d'Antioche
(vv. 22-29). Cette page des Actes est tout à fait appropriée pour
nous, qui sommes nous aussi rassemblés ici pour une réunion ecclésiale. Elle
nous rappelle le sens de discernement communautaire autour des grandes
problématiques que l'Eglise rencontre le long de son chemin et qui sont
éclaircies par les "apôtres" et par les "anciens" à la lumière de l'Esprit
Saint qui, comme le dit l'Évangile d'aujourd'hui, rappelle l'enseignement de
Jésus Christ (cf. Jn 14, 26) et
aide ainsi la communauté chrétienne à cheminer dans la charité vers la
pleine vérité (cf. Jn 16, 13).
Les chefs de l'Eglise discutent et se confrontent, mais toujours avec une
attitude d'écoute religieuse de la Parole du Christ, dans l'Esprit Saint.
C'est pourquoi ils peuvent à la fin affirmer: "L'Esprit Saint et nous-mêmes
avons décidé..." (Ac 15, 28).
Telle est la "méthode" avec laquelle nous travaillons dans l'Eglise, dans
les petites comme dans les grandes assemblées. Ce n'est pas seulement une
question de procédure, c'est le reflet de la nature même de l'Eglise,
mystère de communion avec le Christ dans l'Esprit Saint. Dans le cas des
Conférences générales de l'épiscopat latino-américain et des Caraïbes, la
première, celle de Rio de Janeiro, s'appuya sur une Lettre envoyée par le
Pape Pie XII, de vénérée mémoire; lors des suivantes, jusqu'à celle-ci,
l'Évêque de Rome s'est lui-même rendu au siège de la réunion continentale
pour en présider les phases initiales. Avec une pieuse reconnaissance, nous
tournons notre pensée vers les Serviteurs de Dieu Paul VI et Jean-Paul II
qui, lors des Conférences de Medellín, Puebla et Saint-Domingue, ont apporté
le témoignage de la proximité de l'Eglise universelle aux Églises qui sont
en Amérique latine et qui constituent, en proportion, la majeure partie de
la communauté catholique.
"L'Esprit Saint et nous-mêmes". Telle est l'Eglise: nous, la communauté des
croyants, le Peuple de Dieu, avec ses Pasteurs appelés à en guider le
chemin; avec l'Esprit Saint, Esprit du Père envoyé au nom du Fils Jésus,
Esprit de Celui qui est "plus grand" que tous et qui nous est donné par
l'intermédiaire du Christ, qui s'est fait "petit" pour nous. Esprit
Paraclet, Ad-vocatus, Défenseur et Consolateur. Il nous fait vivre en
présence de Dieu, dans l'écoute de sa Parole, libérés du trouble et de la
crainte, en ayant dans le cœur la paix que Jésus nous a laissée et que le
monde ne peut donner (cf. Jn 14, 26-27).
L'Esprit accompagne l'Eglise sur le long chemin qui s'étend entre la
première et la seconde venue du Christ: "Je m'en vais et je reviendrai vers
vous" (Jn 14, 28), dit Jésus
aux Apôtres. Entre l'"aller" et le "retour" du Christ, il y a son Corps; il
y a deux mille ans qui se sont déjà écoulés; il y a également ces plus de
cinq siècles au cours desquels l'Eglise est allée en pèlerinage dans les
Amériques, en diffusant parmi les croyants la vie du Christ à travers les
Sacrements et en semant dans ces terres la bonne semence de l'Évangile, qui
a parfois rendu trente, parfois soixante et parfois cent pour un. Temps de
l'Eglise, Temps de l'Esprit: c'est Lui le Maître qui forme les disciples; il
leur fait aimer Jésus; il les éduque à l'écoute de sa Parole, à la
contemplation de son Visage; il les conforme à son Humanité bienheureuse,
pauvre en esprit, affligée, douce, affamée de justice, miséricordieuse, au
cœur pur, artisan de paix, persécutée pour la justice
(cf. Mt 5, 3-10). Ainsi, grâce à
l'action de l'Esprit Saint, Jésus devient le "Chemin" sur lequel le disciple
s'achemine. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole", dit Jésus au début
du passage évangélique d'aujourd'hui. "La parole que vous entendez n'est pas
de moi mais du Père qui m'a envoyé" (Jn
14, 23-24). Comme Jésus transmet la parole du Père, de même,
l'Esprit Saint rappelle à l'Eglise les paroles du Christ
(cf. Jn 14, 26). Et comme l'amour
pour le Père conduisait Jésus à se nourrir de sa volonté, de même, notre
amour pour Jésus se démontre dans l'obéissance à ses paroles. La fidélité de
Jésus à la volonté du Père peut se communiquer aux disciples grâce à
l'Esprit Saint, qui déverse l'amour dans leurs cœurs
(cf. Rm 5, 5).
Le Nouveau Testament nous présente le Christ comme le missionnaire du Père.
Dans l'Évangile de Jean en particulier, Jésus parle très souvent de lui-même
en relation au Père, qui l'a envoyé dans le monde. Ainsi, dans le texte
d'aujourd'hui également, Jésus dit: "La parole que vous entendez n'est pas
de moi, mais du Père qui m'a envoyé" (Jn
14, 24). En ce moment, chers amis, nous sommes invités à fixer le
regard sur Lui, parce que la mission de l'Eglise ne subsiste que comme le
prolongement de celle du Christ: "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je
vous envoie" (Jn 20, 21). Et
l'évangéliste souligne, également par un geste, que ce passage de consignes
a lieu dans l'Esprit Saint: "Il souffla sur eux et leur dit: "Recevez
l'Esprit Saint..."" (Jn 20, 22).
La mission du Christ s'est accomplie dans l'amour. Il a allumé dans le monde
le feu de la charité de Dieu (cf. Lc 12,
49). C'est l'Amour qui donne la vie: c'est pourquoi l'Eglise est
envoyée pour répandre dans le monde la charité du Christ, pour que les
hommes et les peuples "aient la vie et qu'ils l'aient surabondante"
(Jn 10, 10). A vous aussi, qui représentez l'Eglise qui est en
Amérique latine, j'ai la joie de remettre aujourd'hui idéalement mon
Encyclique
Deus Caritas est, par laquelle j'ai voulu indiquer à tous
ce qui est essentiel dans le message chrétien. L'Eglise se sent disciple et
missionnaire de cet Amour: missionnaire uniquement en tant que disciple,
c'est-à-dire capable de se laisser toujours attirer avec un émerveillement
renouvelé par Dieu qui nous a aimés et nous aime le premier
(cf. 1 Jn 4, 10). L'Eglise ne fait
pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par "attraction": comme le
Christ "attire chacun à lui" par la force de son amour, qui a culminé dans
le sacrifice de la Croix, de même, l'Eglise accomplit sa mission dans la
mesure où, associée au Christ, elle accomplit chacune de ses œuvres en
conformité spirituelle et concrète avec la charité de son Seigneur.
Chers frères! Voici le trésor inestimable dont le continent latino-américain
est riche, voici son patrimoine le plus précieux: la foi dans le Dieu Amour
qui, en Jésus Christ, a révélé son visage. Vous croyez dans le Dieu Amour:
telle est votre force, qui vainc le monde, la joie que rien ni personne ne
pourra vous enlever, la paix que le Christ a conquise pour vous avec sa
Croix! C'est la foi qui a fait de l'Amérique le "Continent de l'Espérance".
Ce n'est pas une idéologie politique, ce n'est pas un mouvement social, ce
n'est pas un système économique; c'est la foi dans le Dieu Amour, incarné,
mort et ressuscité en Jésus Christ, l'authentique fondement de cette
espérance qui a porté tant de fruits magnifiques, depuis l'époque de la
première évangélisation jusqu'à aujourd'hui, comme l'atteste le grand nombre
de saints et de bienheureux que l'Esprit a suscités partout sur le
continent. Le Pape Jean-Paul II vous a appelés à une nouvelle
évangélisation, et vous avez accueilli son mandat avec la générosité et
l'engagement qui vous caractérisent. Je vous le confirme et, en reprenant
les paroles de cette Cinquième Conférence, je vous dis: soyez de fidèles
disciples, afin d'être des missionnaires courageux et efficaces.
La deuxième Lecture nous a présenté la merveilleuse vision de la Jérusalem
céleste. C'est une image d'une splendide beauté, qui n'a rien de décoratif,
mais où tout concourt à la parfaite harmonie de la Cité sainte. Jean le
voyant écrit que celle-ci "descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la
gloire de Dieu" (Ap 21, 10).
Mais la gloire de Dieu est l'Amour; la Jérusalem céleste est donc une icône
de l'Eglise tout entière sainte et glorieuse, sans tache ni ride
(cf. Ep 5, 27), où rayonne en son
centre et dans chacune de ses parties la présence de Dieu Charité. Elle est
appelée "épouse", "l'Épouse de l'Agneau" (Ap
21, 9), parce que la figure nuptiale qui traverse du début à la
fin la révélation biblique trouve son accomplissement dans celle-ci. La
Cité-Epouse est la patrie de la pleine communion de Dieu avec les hommes; en
elle, il n'y a besoin d'aucun temple ni d'aucune source extérieure de
lumière, parce que la présence de Dieu et de l'Agneau est immanente et
l'éclaire de l'intérieur.
Cette merveilleuse icône a une valeur eschatologique, explique Benoît XVI: elle exprime le
mystère de la beauté qui constitue déjà la forme de l'Eglise, même si elle
n'est pas encore parvenue à sa plénitude. C'est la destination de notre
pèlerinage, la patrie qui nous attend et à laquelle nous aspirons. La voir
avec les yeux de la foi, la contempler et la désirer, ne doit pas constituer
un motif d'évasion de la réalité historique où l'Eglise vit en partageant
les joies et les espérances, les douleurs et les angoisses de l'humanité
contemporaine, en particulier des plus pauvres et de ceux qui souffrent (cf.
Const.
Gaudium et Spes, n. 1). Si la beauté de la Jérusalem
céleste est la gloire de Dieu, c'est-à-dire son amour, c'est précisément et
uniquement dans la charité que nous pouvons nous approcher de celle-ci et,
dans une certaine mesure, déjà y habiter. Celui qui aime le Seigneur Jésus
et observe sa parole fait l'expérience déjà dans ce monde de la mystérieuse
présence de Dieu Un et Trine, comme nous l'avons entendu dans l'Évangile:
"Nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui" (Jn 14,
23). Chaque chrétien, par conséquent, est appelé à devenir une pierre
vivante de cette splendide "demeure de Dieu avec les hommes". Quelle
magnifique vocation!
Une Eglise tout entière animée et mue par la charité du Christ, Agneau
immolé par amour, est l'image historique de la Jérusalem céleste,
l'anticipation de la Cité sainte, resplendissante de la gloire de Dieu. Elle
libère une force missionnaire irrésistible, qui est la force de la sainteté.
Que la Vierge Marie obtienne pour l'Eglise qui est en Amérique latine et
dans les Caraïbes d'être revêtue en abondance de la puissance d'en-haut
(cf. Lc 24, 49) pour faire
rayonner sur le continent et sur le monde entier la sainteté du Christ.
Gloire à Lui, avec le Père et l'Esprit Saint, pour les siècles des siècles.
Amen.
Voyage de Benoît XVI
au Brésil du 9 au 14 mai
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Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
13.05.2007
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.05.2007 - BENOÎT XVI -
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