Benoît XVI préoccupé après les
meurtres de plusieurs chrétiens en Irak |
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Le 28 février 2010 -
(E.S.M.)
- Aujourd'hui, après l'Angelus, le pape Benoît XVI a fait part de
sa "vive
préoccupation"
après les
meurtres de "plusieurs
chrétiens dans
la ville de
Mossoul".
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Le Christ sur la Croix
- Velazquez (Diego de Silva)(1599 - 1660) Espagnol, Musée du Prado, Madrid -
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Benoît XVI préoccupé après les
meurtres de plusieurs chrétiens en Irak
Le 28 février 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
La chronique de la semaine précédente, peu médiatisée en France, a montré à quel point la persécution des chrétiens
n'est pas un fantasme.
Consultant la page d'accueil de Radio Vatican, nous lisons :
1. Situation critique des chrétiens du Myanmar
À l’approche des élections en Birmanie, de nombreux militants appartenant à
plusieurs minorités ethniques ont été persécutés, arrêtés, voire torturés.
2. Laos : la minorité chrétienne est victime de persécutions
Au Laos, la situation globale des droits de l’homme est plus que critique.
Depuis 1975, le pays est dirigé par un parti unique, le Parti
révolutionnaire populaire. Toutes les libertés fondamentales sont bafouées :
parmi elles, la liberté de religion. Et les chrétiens, qui ne représentent
que 3 % de la population, sont particulièrement exposés. Pourquoi les
autorités laotiennes s’acharnent-elles sur eux ?
Et une dépêche de l'AFP du 20 février:
Irak : nouveau meurtre d'un chrétien
Le meurtre d'un chrétien, le cinquième en moins d'une semaine dans la région
de Mossoul, a été rapporté aujourd'hui par la police et des proches de la
victime. Agé de 57 ans, Adnane al-Dahan, un chrétien orthodoxe originaire de
Syrie, avait été enlevé il y a une semaine devant son épicerie du quartier
d'Al-Habda, dans le nord de Mossoul. Son corps a été découvert samedi à Al-Belladiyat,
un autre secteur du nord de la ville.
Il avait été enlevé "la semaine dernière devant son épicerie mais nous
n'avions pas rendu cela public car nous essayions d'obtenir sa libération
contre une rançon", a dit un de ces proches, sous couvert d'anonymat. Selon
la source policière, le cadavre présentait des traces de balles à la tête.
Il s'agit du cinquième meurtre d'un chrétien en moins d'une semaine à
Mossoul (350 km au nord de Bagdad), où vivent
toujours 2.000 à 3.000 membres de cette minorité. Les autorités locales
craignent que les chrétiens ne soient les principales victimes d'une montée
des tensions liée à la tenue des législatives le 7 mars. Pour sa part, la
communauté chrétienne de Mossoul dénonce l'inaction des services de sécurité
face à des tueurs qui s'échappent à chaque fois.
En 2008, une vague de violences avait entraîné la mort de 40 chrétiens et
12.000 autres avaient fui Mossoul et ses environs.
***
Aujourd'hui, après l'Angelus, le pape Benoît XVI a fait part de sa "vive
préoccupation" après les meurtres de "plusieurs chrétiens dans la
ville de Mossoul".
J'ai appris avec une profonde tristesse les nouvelles tragiques du récent
meurtre de plusieurs chrétiens dans la ville de Mossoul, et ai suivi avec
beaucoup d'inquiétude les autres épisodes de violence, perpétrés dans le
pays troublé de l'Irak contre des personnes sans défense d'appartenances
religieuses différentes. En ces jours d'intense recueillement, j'ai souvent
prié pour toutes les victimes de ces attentats, et aujourd'hui, je voudrais
me joindre spirituellement à la prière pour la paix et pour le
rétablissement de la sécurité, promue par le Conseil des Evêques de Ninive.
Je suis affectueusement proche des communautés chrétiennes du pays tout
entier. Ne vous lassez pas d'être un ferment du bien pour la patrie à
laquelle, depuis des siècles, vous appartenez pleinement!
Dans la phase politique délicate que traverse l'Irak, je lance un appel aux
autorités civiles, afin qu'elles fassent tous les efforts pour rétablir la
sécurité de la population et, en particulier, des minorités religieuses les
plus vulnérables. J'espère que l'on ne cèdera pas à la tentation de faire
prévaloir des intérêt temporaires et partisans au détriment de la sécurité
et des droits fondamentaux de chaque citoyen. Enfin, tout en saluant les
Irakiens présents ici sur la place, j'exhorte la communauté internationale à
se prodiguer pour donner aux Irakiens un avenir de réconciliation et de
justice, et j'invoque avec confiance de Dieu tout-puissant le don précieux
de la paix.
Sur ce sujet, voici un texte de René Guitton, publié sur le site liberal.it
Sos christianophobie : Un français parle des
français... aux italiens.
René Guitton lance un cri d'alarme sur le site du quotidien italien
"Liberal"
Les chrétiens d'Orient ont émigré ou émigrent en masse; ils sont de moins en
moins nombreux, et il leur manque un meilleur soutien des régimes au pouvoir
(jugés par eux préférables à la montée des régimes fondamentalistes);
dans la pratique, ils n'ont plus aucun rôle politique dans les pays où ils
résident. En outre, ils doivent faire face à un cercle vicieux: ils sont
marginalisées en tant que chrétiens, et comme marginalisés, ils s'expriment
de moins en moins. Leur isolement est aggravé par le fait que les
persécutions contre les chrétiens ne sont généralement pas mentionnées parmi
les dénonciations des violations des droits de l'homme, pour une raison très
simple: au moins en Occident, les chrétiens ont du mal à associer le
christianisme avec la notion de minorité. La défense des droits de l'homme
s'est développée à partir de la lutte pour la protection des minorités
religieuses ou ethniques autrefois persécutées. Les Juifs, les Noirs ou les
musulmans en Europe et en Amérique rentrent dans ce schéma. La mobilisation
en leur faveur est encore renforcée par le sentiment de culpabilité produit
par l'implication des églises chrétiennes dans le développement de l'anti-sémitisme,
l'esclavage et le colonialisme [ndt: ??? une affirmation
contestable] - porteur d'une vision humiliante pour les musulmans. En
Occident, défendre les chrétiens équivaut à se ranger du côté de la
majorité.
L'occident de plus en plus déchristianisé a du mal à concevoir que les
chrétiens puissent être persécutés en tant que chrétiens, puisque selon un
slogan simpliste que l'on entend souvent répéter, cela revient à prendre le
parti des damnés sans appel. Au début, je pensais naïvement que la
responsabilité de cette situation devait être imputée à l'ignorance. Mais
elle ne suffit pas à tout expliquer, en fait. La lutte contre
l'antisémitisme et le racisme, à laquelle je me consacre avec force depuis
des décennies, ne nécessite pas forcément une connaissance approfondie de la
littérature rabbinique, ou de l'histoire de l'esclavage. Il n'est pas
nécessaire d'avoir une empathie particulière avec celui qui souffre à cause
de son origine, victime d'un déni de justice, pour vouloir prendre sa
défense et dénoncer haut et fort le silence et l'oubli qui entourent sa
condition. Ce qui est en jeu, ce sont la dignité et les droits de l'homme.
Une des raisons du silence et l'oubli qui entoure la minorité chrétienne se
trouve dans leur marginalisation progressive et dans la perte constante de
poids politique et démographique dont ils sont affligés
Nous devons lutter contre la grave désinformation qui empoisonne l'opinion
publique occidentale sur la situation critique des chrétiens dans le monde
et particulièrement dans les régions où ils sont minoritaires, comme dans le
Maghreb, l'Afrique sub-saharienne, le Moyen-Orient et l'Extrême-Orient.
L'existence des chrétiens d'Orient est peu connue. Ceux qui ne ne l'ignorent
pas en donnent souvent une évaluation trop réduite, qui tend à faire des
communautés chrétiennes d'Orient, une sorte d'annexe à la chrétienté
occidentale, ou le résultat de l'expansion coloniale.
En d'autres termes, les chrétiens d'Orient ne sont pas considérés comme des
autochtones, mais un produit importé.
C'est oublier que le christianisme est né en Orient où il s'est développé
bien avant que l'Europe ne devienne presque entièrement chrétienne.
Selon le point de vue occidental, la persécution à laquelle sont confrontés
les chrétiens de ces lieux éloignés n'affectera pas le christianisme en tant
que tel, mais dans sa qualité d'émanation de l'Occident. En outre, étant
donné qu'en Occident, le christianisme est majoritaire, il ne peut prétendre
au statut de minorité en Orient.
Ce raisonnement a pour effet de nier implicitement la souffrance des
minorités chrétiennes et de freiner la mobilisation en leur nom. Dans le
même temps, les initiatives en faveur des populations chrétiennes d'Orient
sont découragées, car elles pourraient être contre-productives: faire des
chrétiens d'Orient des « protégés » de l'Occident pourrait les
exposer à un risque encore plus grave. Toutefois, cette préoccupation
doit-elle nous exonérer d'intervenir, puisque c'est nous, justement, qui
parlons de "devoir d'ingérence"? Et l'indifférence n'ouvre-t-elle pas la
voie à l'obscurantisme?
Les guerres de religion ou les phénomènes religieux semblent appartenir à
une préhistoire lointaine: de là, l'incapacité radicale de la part de
l'Occident, d'aborder la question sous tous ses aspects. Par exemple, dans
notre société, la protection des chrétiens dans d'autres parties du monde
est souvent perçue comme une tentative pour encourager le retour de la
religion ou d'imposer des principes chrétiens, qui ne sont plus considérés
comme des valeurs de base; il s'ensuit que ceux qui se préoccupent du sort
des minorités chrétiennes sont considérées avec beaucoup de méfiance; au
mieux, ils sont étiquetés comme ultra-conservateurs.
Dans le silence chrétien, on doit aussi constater l'effet d'une dévaluation
implicite et systématique du christianisme, largement encouragée par un
laïcisme brutal et agressif, ce qui se manifeste souvent dans la façon dont
les médias traitent des histoires impliquant des chrétiens.
Entre la fin Novembre et le début Décembre de 2008, deux événements liés aux
tensions interreligieuses ont fait parler, suscitant l'intérêt des médias
internationaux d'une manière très inégale: nous nous référons au massacre
accompli à Mumbai par un groupe de moudjahidine ayant tué 172 personnes et
blessé environ 300, et aux émeutes anti-chrétiennes qui ont eu lieu au
Nigeria, où des groupes musulmans ont attaqué des chrétiens locaux, en tuant
plus de 300, saccageant leurs biens et détruisant leurs églises. En 2004,
des violences analogues s'étaient déchaînées, qui avait laissé sur le
terrain les cadavres de plus de 700 chrétiens. Les faits de Mumbai ont
occupé les premières pages des journaux et des nouvelles à la télévision,
tandis que l'autre épisode a été à peine mentionné, même si le nombre des
victimes était beaucoup plus élevé et des destructions bien plus graves.
Ce traitement différencié de la part de l'information est emblématique de la
difficulté à sensibiliser l'opinion publique, même la plus prévenue, sur la
persécution qui frappent les chrétiens dans de nombreuses parties du monde.
Il y a deux poids et deux mesures; si quelqu'un proteste, il est accusé
d'être en faveur de la censure, contre la liberté d'information et d'être un
fanatique et un bigot (baciapile).
J'ai eu l'occasion de vivre personnellement ce mépris à Paris en août 1997,
lors de la Journée mondiale de la Jeunesse, qui a réuni des jeunes des
quatre coins du globe. Avant la manifestation, les grands médias
internationaux ont pratiquement ignoré l'événement. Il avait occupé
seulement un petit nombre de chroniqueurs, qui avait prédit que cette
tentative "d'enrégimenter" et "manipuler" les jeunes se solderait par
un échec. Pendant la manifestation, un certain nombre de journalistes se
sont limités à insister sur la grave perturbation de la circulation urbaine
causé par le rassemblement. Personne ne s'intéressait aux motivations qui
animaient les participants, ni au sens profond de ce retour au religieux.
Face à un journaliste qui m'interviewait, me posant des questions
sarcastiques sur l'événement, j'ai esquissé une provocation, demandant à mon
tour quelle aurait été sa réaction face au pèlerinage islamique canonique à
La Mecque (hadj). Mon interlocuteur m'a regardé, stupéfait, comme si mes
paroles faisaient de moi un rival des anciens inquisiteurs. J'ai compris
alors combien il était difficile de plaider la cause des chrétiens qui
souffrent dans le monde et à quel point être chrétien, aux yeux de beaucoup,
est une insupportable absence de bon goût, pour ne pas dire un handicap
qu'il vaudrait mieux cacher.
Comment peut-on demander à l'opinion publique de se mobiliser en faveur des
chrétiens d'Orient, en Afrique, au Maghreb, si le christianisme est la seule
religion soumise à un dénigrement systématique qui vise à en dénaturer
l'esprit et le message?
La France est peut-être le seul pays occidental où il est de bon ton de
stigmatiser ceux qui se déclarent croyants, et donc aussi les Eglises
officielles auxquelles leur foi les rattache.
Cette attitude se manifeste à chaque fois qu'est en cause la laïcité,
principe législatif qui jouit d'un consensus quasi unanime et dont aucune
association religieuse officiellement constituée ne réclame l'abolition. Les
chrétiens d'Orient aussi se réclament de la laïcité. Des enquêtes et des
sondages ont montré que les catholiques français, y compris les pratiquants,
étaient favorables à la loi de 1905, qui est presque sur le point de devenir
un texte sacré, au moins à en juger par les hurlements provenant de certains
milieux laïcistes quand on aborde sujet.
La loi de 1905 est probablement le seul document jamais voté au
Palais-Bourbon, qui est considéré comme sculpté dans la pierre.
Quiconque ose suggérer l'idée de sa révision s'attire l'accusation de
menacer les fondements mêmes de la République. Dans leur aveuglement, les
champions de la raison, du libre examen et de la critique refusent
obstinément d'appliquer ces vertus à leur propre cause.
Quiconque commet le sacrilège de ne pas penser comme eux est régulièrement
dénoncé comme un nouvel inquisiteur!
Les conflits politiques sont rendus encore plus âpres du fait que pendant
longtemps, ils ont concerné la religion: le château contre la mairie, le
prêtre contre le maître de l'enseignement public, et ainsi de suite.
L'adhésion à la République de la quasi-totalité des chrétiens a simplement
modifié les termes de la confrontation, la déplaçant sur le terrain de
l'école: d'où les grandes crises du XXe siècle, provenant de projets de
réformer les lois régissant les relations entre l'Etat et l'enseignement
confessionnel.
Tandis que les manifestations du 1er Mai montrent des signes
d'essoufflement, celle de 1984 en faveur de l'école laïque ou
confessionnelle ont attiré des centaines de milliers de personnes dans les
rues.
On a presque l'impression que la République est constamment menacée par les
machinations obscures des bigots.
Essayez de parler de «laïcité positive» et vous déclenchez immédiatement une
tempête difficile à comprendre par des observateurs étrangers, qui sont
surpris de la facilité avec laquelle nous autres Français, nous berçons de
vieilles questions "fratricides".
Les anticléricaux du passé ont cédé la place aux nouveaux professionnels de
l'antichristianisme, intolérants et irrespectueux des croyances de ceux qui
ont le malheur de ne pas penser comme eux. La société française continue
d'être imprégnée par la mauvaise odeur d'un anti-cléricalisme primaire, qui
revient à chaque fois qu'on discute de laïcité.
Si vous osez faire remarquer la chose, vous serez étiqueté comme "grenouille
de bénitier", et on vous jettera probablement à la face l'affaire des
caricatures danoises du prophète Mahomet.
Pourtant, les premières victimes de ces caricatures n'étaient pas les
anti-cléricaux et laïcistes d'Europe, mais les chrétiens du Pakistan et du
Nigéria, qui ont payé de leur vie «l'erreur» de l'Occident, qui n'a
cependant pas bougé le doigt.
► Irak : Benoît XVI exhorte à œuvrer pour la réconciliation et la justice
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 28.02.2010 -
T/Benoît XVI
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