Homélie du pape Benoît XVI lors de la
messe de clôture du synode |
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Cité du Vatican, le 27 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a présidé dimanche matin la messe de clôture du
synode des évêques. Après avoir longuement commenté les lectures du
jour, le Saint-Père a remercié tous les participants pour leurs travaux
de ces jours passés.
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Le pape Benoît XVI,
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CHAPELLE PAPALE PRÉSIDÉE PAR LE SAINT-PÈRE À L'OCCASION DE LA CONCLUSION DE
LA XIIe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES
Le 27 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dimanche 26 octobre 2008 à 9h30, XXXe Dimanche du temps “per annum”, dans
la Basilique Vaticane, près de la tombe de l’apôtre Pierre, le Saint-Père
Benoît XVI a présidée la Célébration Solennelle de l’Eucharistie avec les
Pères synodaux, pour la conclusion de la XIIe Assemblée Générale Ordinaire
du Synode des Évêques, qui s’est célébrée dans la Salle du Synode au Vatican
du 5 au 26 octobre 2008, sur le thème: “La Parole de Dieu dans la vie et la
mission de l’Église”.
Ont concélébrés avec le Pape Benoît XVI 326 Pères synodaux et collaborateurs, dont 52
Cardinaux, 14 Chefs des Églises catholiques orientales, 45 Archevêques, 130
Évêques et 85 Prêtres (12 Pères synodaux, 5 membres de la Secrétairerie
Générale, 30 Auditeurs, 5 Experts, 4 Attachés de presse, 24 Assistants et 5
Traducteurs).
Alors que le Saint-Père et les Concélébrations s’avançaient vers l’Autel, a
été exécuté le Chant d’entrée Tu es Petrus
Sont montés à l’autel pour la Prière Eucharistique les Présidents Délégués
du Synode des Évêques, le Rapporteur Général et le Secrétaire Spécial de la
XIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, avec le Secrétaire
Général du Synode des Évêques.
Au cours du Saint Rite, après la proclamation de l’Évangile, le Saint-Père a
prononcé l’homélie, que nous publions ci-dessous.
Après la Bénédiction Apostolique la “schola” et l’assemblée ont exécutés
l’antienne mariale Ave Regina Cælorum.
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE BENOÎT XVI
Chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
chers frères et soeurs!
La Parole du Seigneur, qui vient de résonner dans
l'Évangile, nous a rappelé
que toute la Loi divine se résume dans l’amour. L’Évangéliste Matthieu
raconte que les Pharisiens, après que Jésus a répondu aux Sadducéens en leur
fermant la bouche, se réunirent pour le mettre à l’épreuve
(cf. 22, 34-35).
L’un d’eux, un docteur de la loi, lui demanda: “Maître, quel est le plus
grand commandement de la Loi ?” (22, 36). La question laisse transparaître la
préoccupation, qui est présente dans l’ancienne tradition judaïque, de
trouver un principe qui puisse unifier les différentes formulations de la
volonté de Dieu. Ce n’était pas une question facile, considérant que dans la
Loi de Moïse, ce ne sont pas moins de 613 préceptes et interdictions qui
sont ainsi prévus. Comment y discerner le plus grand ? Jésus, lui, n’a
aucune hésitation et répond ainsi promptement: “Tu aimeras le Seigneur ton
Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le
plus grand et le premier commandement” (22, 37-38). Dans sa réponse, Jésus
cite le Shemà, la prière que le juif pieux récite plusieurs fois par jour,
surtout le matin et le soir (cf. Dt 6,4-9; 11,13-21; Nb 15,37-41): la
proclamation de l’amour intégral et total dû à Dieu, en tant qu’unique
Seigneur. L’accent est mis sur la totalité de ce dévouement à Dieu, en
énumérant les trois facultés qui définissent l’homme dans ses structures
psychologiques profondes: le coeur, l’âme et l’esprit. Le terme esprit, diánoia, contient l’élément rationnel. Dieu est non seulement l’objet de
l’amour, de l’engagement, de la volonté et du sentiment, mais également de
l’intellect qui ne doit donc pas être exclu de ce domaine. Notre pensée
elle-même doit se conformer à la pensée de Dieu. Mais, ensuite, Jésus ajoute
quelque chose qui, en vérité, n’avait pas été demandé par le docteur de la
loi: “Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même”
(22, 39). L’aspect surprenant de la réponse de Jésus tient en ce qu’il
établit une relation de ressemblance entre le premier et le second
commandement, qui est encore une fois défini avec une formule biblique
déduite du code lévitique de sainteté (cf. Lv 19,18). Et voici donc que,
dans la conclusion du récit, les deux commandements sont associés dans le
rôle de principe fondamental sur lequel se pose toute la Révélation
biblique: “À ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les
Prophètes” (22, 40).
La page évangélique sur laquelle nous méditons met en lumière le fait
qu’être des disciples du Christ signifie mettre en pratique ses
enseignements qui se résument dans le premier et le plus grand commandement
de la Loi divine, à savoir le commandement de l’amour. Même la première
Lecture, extraite du livre de l’Exode, insiste sur le devoir de l’amour ; un
amour témoigné de façon concrète dans les rapports entre les personnes : il
doit s’agir de rapports fondés sur le respect, la collaboration et l’aide
généreuse. Le prochain à aimer est également l’étranger, l’orphelin, la
veuve et l’indigent, autrement dit ces citoyens qui n’ont aucun “défenseur”.
Le saint auteur rentre dans les détails, comme c’est le cas pour l’objet
donné en gage par un de ces pauvres (cf. Ex 22, 25-26). Dans ce cas, c’est
Dieu lui-même qui se porte garant de la situation de ce prochain.
Dans la seconde Lecture, nous pouvons voir une application concrète du
souverain commandement de l’amour au sein d’une des premières communautés
chrétiennes. Saint Paul écrit aux Thessaloniciens en leur laissant
comprendre que, même en les ayant connu depuis peu, il les apprécie et les
porte avec affection dans son coeur. C’est pour cette raison qu’il les
montre comme “un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d’Achaïe”
(1
Th 1,6-7). Au sein de cette communauté récemment fondée ne manquent certes
pas les faiblesses et les difficultés, mais c’est l’amour qui dépasse
tout, renouvelle tout, vainc tout : l’amour de celui qui, conscient de ses propres
limites, suit docilement les paroles du Christ, Maître divin, transmises par
un de ses fidèles disciples. “Et vous, vous vous êtes mis à nous imiter,
nous et le Seigneur, en accueillant la parole, parmi bien des tribulations”
écrit saint Paul. “De chez vous, en effet, la parole du Seigneur a retenti,
et pas seulement en Macédoine et en Achaïe, mais de tous côtés votre foi en
Dieu s’est répandue, si bien que nous n’avons plus besoin d’en rien dire”
continue encore l’Apôtre (1 Th 1,6-8). L’enseignement que nous tirons de
cette expérience des Thessaloniciens, une expérience qui unit en vérité
toute authentique communauté chrétienne, c’est que l’amour envers le
prochain naît de l’écoute docile de la Parole divine. C'est un amour
qui accepte même de dures épreuves pour la vérité de la Parole divine et ainsi s’accroît le véritable
amour et la vérité devient resplendissante. Combien il est alors important
d’écouter la Parole et de l’incarner dans l’existence personnelle et
communautaire!
Dans cette célébration eucharistique, qui conclut les travaux synodaux, nous
ressentons de façon singulière le lien qui existe entre l’écoute aimante de
la parole de Dieu et le service désintéressé envers ses frères. Combien de
fois, au cours de ces derniers jours, nous avons écouté des expériences et
des réflexions qui mettent en évidence le besoin qui apparaît aujourd’hui
d’une écoute plus intime de Dieu, d’une connaissance plus vraie de sa parole
de salut, d’un partage plus sincère de la foi qui s’alimente de façon
constante à la table de la parole divine! Chers et vénérés Frères, merci
pour la contribution que chacun de vous a offert à l’approfondissement du
thème du Synode : “La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église”.
Je vous salue tous avec affection. J’adresse mes salutations spéciales à
Messieurs les Cardinaux Présidents délégués du Synode, au Secrétaire
Général, que je remercie pour leur constant dévouement. À vous aussi, chers
frères et soeurs qui êtes venus de tous les continents en apportant votre
expérience si enrichissante, j’adresse mes salutations. En rentrant chez
vous, transmettez à tous les affectueuses salutations de l’Évêque de Rome.
J’adresse également mes salutations aux Délégués Fraternels, aux Experts,
aux Auditeurs et aux Invités spéciaux : les membres de la Secrétairerie
Générale du Synode et tous ceux qui se sont occupés des rapports avec la
presse. Une pensée particulière va aux Évêques de Chine continentale qui
n’ont pas pu être représentés au sein de cette assemblée synodale. Je désire
me faire l’interprète, et en rendre grâce à Dieu, de leur amour pour le
Christ, de leur communion avec l’Église universelle et de leur fidélité au
Successeur de l’Apôtre Pierre. Ils sont présents dans notre prière, tout
comme les fidèles qui sont confiés à leurs soins pastoraux. Demandons au
“Chef des pasteurs” (1 P 5,4) de leur donner la joie, la force et le zèle
apostolique afin de guider avec sagesse et clairvoyance la communauté
catholique en Chine, à nous tous si chère.
Nous tous, qui avons pris part aux travaux synodaux, portons avec nous la
conscience renouvelée qu’un des devoirs prioritaires de l’Église, au début
de ce nouveau millénaire, est avant tout de se nourrir de la Parole de Dieu,
pour rendre efficace l’engagement de la nouvelle évangélisation, de
l’annonce dans notre temps. Il faut à présent que cette expérience
ecclésiale soit portée dans toutes les communautés; il est nécessaire que
l’on comprenne la nécessité de traduire en gestes d’amour la parole écoutée,
car ce n’est qu’ainsi que l’annonce de l’Évangile devient crédible, malgré
les fragilités humaines qui marquent les personnes.
Cela demande en premier
lieu une connaissance plus intime du Christ et une écoute toujours docile de
sa parole.
En cette année paulinienne, en faisant nôtres les paroles de l’Apôtre : “Oui,
malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile!” (1 Co 9, 16), je souhaite
de tout coeur que, dans toutes les communautés, on ressente avec une
conviction plus ferme ce souffle de Paul comme vocation au service de
l’Évangile pour le monde. Je rappelais au début des travaux synodaux l’appel
de Jésus : “La moisson est abondante” (Mt 9, 37),
appel auquel nous ne
devons jamais nous lasser de répondre malgré les difficultés que nous
pouvons rencontrer. Il y tant de personnes qui sont à la recherche, parfois
sans même s’en rendre compte, de la rencontre avec le Christ et avec son
Évangile ; tant de personnes qui ont besoin de retrouver en Lui le sens de
leur vie. Donner un témoignage clair et partagé
d’une vie qui suit la Parole de Dieu, dont Jésus témoigne, devient donc un
critère indispensable de vérification de la mission de l’Église.
Les lectures que la liturgie offre aujourd’hui à notre méditation nous
rappellent que la plénitude de la Loi, comme de toutes les Écritures
divines, c’est l’amour. Qui donc croit avoir compris les Écritures, ou au
moins une partie d’entre elles, sans s’engager à construire, grâce à cette
compréhension, le double amour de Dieu et du prochain,
démontre en réalité
d’être encore loin d’en avoir recueilli le sens profond. Mais comment mettre
en pratique ce commandement, comment vivre l’amour de Dieu et de ses frères
sans un contact vivant et intense avec les Saintes Écritures ? Le Concile
Vatican II affirme qu’“il faut que l’accès à la Sainte Écriture soit
largement ouvert aux chrétiens” (Constitution
Dei
Verbum, 22), pour que les
fidèles, en rencontrant la vérité, puissent grandir dans
l’amour
authentique. Il s’agit d’une condition aujourd’hui indispensable à
l’évangélisation. Et comme la rencontre avec l’Écriture, assez fréquemment,
risque de ne pas être “un fait” d’Église, mais d’être exposée au
subjectivisme et à l’arbitraire, une promotion pastorale robuste et crédible
dans la connaissance des Saintes Écritures devient indispensable pour
annoncer, célébrer et vivre la Parole dans la communauté chrétienne, en
dialoguant avec les cultures de notre époque, en se mettant au service de la
vérité et non des idéologies courantes et en accroissant le dialogue que
Dieu veut avoir avec tous les hommes (cf. ibid., 21). À cette fin, il faut
soigner d’une manière particulière la préparation des pasteurs, qui sont par
la suite préposés à l’indispensable diffusion de la pratique biblique à
l’aide de moyens adaptés. Il faut encourager les efforts en cours pour
susciter le mouvement biblique parmi les laïcs, la formation des animateurs
de groupe, avec une attention particulière aux jeunes. Il faut également
soutenir l’effort de faire connaître la foi au moyen de la Parole de Dieu à
ceux qui sont “loins” et particulièrement à ceux qui sont en recherche
sincère du sens de la vie.
Beaucoup d’autres réflexions devraient être ajoutées, mais je me limiterai
enfin à souligner que le lieu privilégié où résonne la Parole de Dieu, qui
édifie l’Église, comme cela a été dit à de nombreuses reprises au cours du
Synode, est sans aucun doute la liturgie. Il apparaît en elle que la Bible
est le livre d’un peuple et pour un peuple ; un héritage, un testament remis
aux lecteurs, pour qu’ils mettent en acte dans leur vie l’histoire du salut
témoigné par l’écrit. Il y a donc un rapport d’appartenance réciproque
vitale entre le peuple et le Livre : la Bible demeure un Livre vivant avec le
peuple qui est son sujet qui le lit; le peuple ne subsiste pas sans le
Livre, parce qu’en lui il trouve sa raison d’être, sa vocation, son
identité. Cette appartenance mutuelle entre le peuple et la Sainte Écriture
est célébrée dans toutes les assemblées liturgiques, lesquelles, grâce à
l’Esprit Saint, écoutent le Christ, car c’est Lui qui parle quand dans
l’Église on lit les Écritures et on accueille l’alliance que Dieu renouvelle
avec son peuple. Écriture et liturgie convergent, donc, dans l’unique but
d’amener le peuple à dialoguer avec le Seigneur, à l’obéissance à la volonté
du Seigneur. La Parole sortie de la bouche de Dieu et témoignée dans les
Écritures Lui revient sous la forme d’une réponse orante, de réponse vécue,
de réponse d’amour (cf. Is 55, 10-11).
Chers frères et soeurs, prions pour que, de l’écoute renouvelée de la Parole
de Dieu, sous l’action de l’Esprit Saint, puisse jaillir un renouvellement
authentique dans l’Église universelle, et dans toutes les communautés
chrétiennes. Nous confions les fruits de cette Assemblée synodale à
l’intercession maternelle de la Vierge Marie. Je Lui confie également la IIe
Assemblée Spéciale du
Synode pour l’Afrique, qui se déroulera à Rome au mois d’octobre de
l’année prochaine. J’ai l’intention de me rendre en mars prochain
au Caméroun pour remettre aux représentants des Conférences
épiscopales de l’Afrique, le Document de travail de cette Assemblée
synodale. De là, je poursuivrai mon voyage, à Dieu ne plaise, en Angola,
pour y célébrer solennellement le 500e anniversaire de l’évangélisation de
ce pays. Que la Très Sainte Marie, qui a offert sa vie comme “servante du
Seigneur” pour que tout advienne selon la parole divine (cf. Lc 1, 38) et
qui a appelé à faire tout ce que Jésus dirait (cf. Jn 2, 5), nous enseigne à
reconnaître dans notre vie le primat de la Parole qui seule peut nous
apporter le salut. Ainsi soit-il!
Texte original du
discours du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.10.2008 -
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