Benoît XVI commente au clergé les deux parties
du pontificat de Jean-Paul II |
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Rome, le 27 août 2008 -
(E.S.M.)
- Lors de la rencontre avec le clergé du Sud-Tyrol, dans le cadre
de ses vacances à Bressanone, le pape Benoît XVI a répondu à huit
différentes questions dont voici la troisième.
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Le pape Benoît XVI et
Mgr Egger - Pour
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Benoît XVI commente les deux parties du pontificat de Jean-Paul II
1. "Toutes les grandes œuvres d’art sont une épiphanie de Dieu" (T.
Int)
2. "La terre attend des hommes qui la soignent comme œuvre du Créateur"
(T. Int)
Le pape Benoît XVI a répondu à la question du père Willi Fusaro qui
l'interrogeait sur la question de la maladie et de la souffrance, étant
lui-même tombé malade l'année de son ordination sacerdotale.
Dans sa
réponse le pape Benoît XVI évoque le long pontificat de Jean Paul II qu'il
détache en deux parties, toute aussi importante l'une que l'autre. Dans la
première partie au cours de laquelle il s'est révélé "être un géant de la
foi, avec un courage incroyable, une force extraordinaire, une véritable
joie dans la foi, une grande lucidité et il a porté jusqu'aux confins de la
terre le message de l'Évangile".
Dans les dernières années du pontificat, Jean Paul II a montré un témoignage
humble de sa passion, "il a porté la Croix du Seigneur devant nous et
réalisé la Parole du Seigneur".
Benoît XVI demande donc de prier pour toutes les personnes qui souffrent et
de faire tout ce que nous pouvons pour les aider, en montrant notre
gratitude pour leur souffrance et en les assistant autant que nous le
pouvons, avec un grand respect pour la valeur de la vie humaine, précisément
de la vie qui souffre jusqu'à la fin.
Troisième question :
P. Willi Fusaro - Très Saint-Père, je suis le père Willi Fusaro, j'ai 42
ans et suis tombé malade l'année de mon ordination sacerdotale. J'ai été
ordonné au mois de juin 1991; puis en septembre de la même année, une
sclérose multiple m'a été diagnostiquée. Je suis coopérateur paroissial
auprès de la paroisse du Corpus Domini de Bolzano. La figure de Jean-Paul II
m'a beaucoup frappé, surtout dans la dernière période de son pontificat,
lorsqu'il portait avec courage et humilité, devant le monde entier, sa
faiblesse humaine.
Étant donné votre proximité avec votre bien-aimé prédécesseur, et sur la
base de votre expérience personnelle, quelles paroles pouvez-vous m'offrir
et offrir à chacun d'entre nous pour vraiment aider les prêtres âgés,
malades, à bien vivre de manière féconde leur sacerdoce dans le presbyterium
et la communauté chrétienne ? Merci !
Réponse de Benoît XVI : Merci. Je dirais moi aussi que les deux
parties du pontificat de Jean-Paul II sont tout aussi importantes. La
première partie au cours de laquelle nous l'avons vu en géant de la foi :
avec un courage incroyable, une force extraordinaire, une véritable joie
dans la foi, une grande lucidité, il a porté jusqu'aux extrémités de la
terre le message de l'Évangile. Il a parlé avec tout le monde, a ouvert de
nouvelles voies avec les Mouvements, avec le dialogue interreligieux, avec
les rencontres œcuméniques, avec l'approfondissement de l'écoute de la
Parole divine, avec tout... par son amour pour la Sainte liturgie. Il a
réellement - nous pouvons le dire - abattu non pas les murs de Jéricho, mais
les murs entre deux mondes, précisément par la force de sa foi, et ce
témoignage demeure inoubliable, il reste une lumière pour ce nouveau
millénaire.
Mais je dois dire que pour moi, les dernières années de son pontificat
n'étaient pas moins importantes, en raison de ce témoignage humble de sa
passion. Comme il a porté la Croix du Seigneur devant nous et réalisé la
Parole du Seigneur : «
Suivez-moi, en portant avec moi, et ma suite, la Croix » ! Cette
humilité, cette patience avec laquelle il a quasiment accepté la destruction
de son corps, son incapacité croissante à utiliser la parole, lui qui avait
été un maître de la parole. Et il nous a montré ainsi - me semble-t-il - de
manière visible, cette vérité profonde que le Seigneur nous a rachetés par
sa Croix, par la Passion comme un acte d'amour extrême. Il nous a montré que
la souffrance n'est pas seulement, quelque chose de négatif, l'absence de
quelque chose, mais une réalité positive. Que la souffrance acceptée dans
l'amour du Christ, dans l'amour de Dieu et des autres est une force
rédemptrice, une force de l'amour tout aussi puissante que les grands actes
qu'il avait accomplis dans la première partie de son pontificat. Il nous a
enseigné un nouvel amour pour les personnes qui souffrent et fait comprendre
ce que signifie : « dans la Croix et par la Croix nous sommes sauvés
». Nous trouvons ces deux aspects même dans la vie du Seigneur. La première
partie, où il enseigne la joie du Royaume de Dieu, porte ses dons aux hommes
ensuite, dans la seconde partie, il entre dans la Passion, jusqu'au dernier
cri sur la Croix. Et c'est précisément ainsi qu'il nous a enseigné qui est
Dieu, que Dieu est amour et qu'en s'identifiant avec notre souffrance
d'êtres humains il nous prend dans ses mains et nous immerge dans son amour
et seul l'amour est le bain de la rédemption, de la purification et de la
renaissance.
Il me semble donc que nous tous - et toujours à nouveau dans un monde qui
vit d'activisme, de jeunesse, d'être jeune, fort, beau, de réussir à faire
de grandes choses - devons apprendre la vérité de l'amour qui se fait
passion et rachète ainsi l'homme et l'unit au Dieu amour. Je voudrais donc
remercier tous ceux qui acceptent la souffrance, qui souffrent avec le
Seigneur et voudrais nous encourager tous à avoir un cœur ouvert à l'égard
des personnes qui souffrent, des personnes âgées, et à comprendre que leur
passion est précisément une source de renouveau pour l'humanité et crée en
nous l'amour et nous unit au Seigneur. Mais à la fin, il est toujours
difficile de souffrir. Je me souviens de la sœur du cardinal Mayer : elle
était très malade, et il lui disait quand elle s'impatientait : « Mais
vois-tu, tu es à présent avec le Seigneur ». Et elle répondit : «
Pour toi, c'est facile de dire cela, parce que tu es en bonne santé, mais
moi je suis dans la passion ». C'est vrai, dans la véritable passion il
devient toujours difficile de s'unir réellement au Seigneur et de rester
dans cette disposition d'union avec le Seigneur qui souffre. Prions donc
pour toutes les personnes qui souffrent et faisons tout ce que nous pouvons
pour les aider, montrons notre gratitude pour leur souffrance et
assistons-les autant que nous le pouvons, par un grand respect pour la
valeur de la vie humaine, de la vie qui souffre précisément jusqu'à la fin.
C'est un message fondamental du christianisme, qui vient de la théologie de
la Croix : que la souffrance, la passion, est présence de l'amour du Christ,
est un défi pour nous à nous unir à sa passion. Nous devons aimer les
personnes qui souffrent non seulement par les paroles, mais également par
tous nos actes et notre engagement. Il me semble que c'est seulement ainsi
que nous sommes réellement chrétiens. J'ai écrit dans mon Encyclique
Spe Salvi que la capacité d'accepter la souffrance et les personnes
qui souffrent est une mesure de notre propre humanité. Quand cette capacité
fait défaut, l'homme en est réduit et redimensionné. Prions donc le Seigneur
pour qu'il nous aide dans notre souffrance et nous aide à être proches de
toutes les personnes qui souffrent dans ce monde.
1. "Toutes les grandes œuvres d’art sont une épiphanie de Dieu" (T.
Int)
2. "La terre attend des hommes qui la soignent comme œuvre du Créateur"
(T. Int)
Rencontre de Benoît XVI avec le clergé de Bolzano-Bressanone (Synthèse)
Transcription
originale, en italien et en allemand, de la rencontre
► Ici
Les vacances du Saint-Père à Bressanone
C'est ici
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Les photos du pape en vacances
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