Le secrétaire de Benoît XVI:
"attention à l'islamisation de l'Occident !" |
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Cité du Vatican, le 27 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Monseigneur Georg Gaenswein,
secrétaire personnel du Pape Benoît XVI a, dans une interview au biographe ratzingerien, Peter Seewald, relancé l'inquiétude vis-à-vis de l'expansion
musulmane.
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Le pape Benoît XVI et
Georg Gaenswein -
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Le secrétaire de Benoît XVI: "attention à l'islamisation de l'Occident !"
Interview au magazine allemand "die Süddeutsche Zeitung"
Mgr. Georg Gänswein, dans une interview au "Süddeutsche Zeitung",
met en garde l'Europe du risque d'ignorer par ingénuité les tentatives
d'islamiser l'Europe.
"De mon point de vue, l'intervention sur l'Islam de Benoît XVI à Ratisbonne
a été prophétique". Ce sont les paroles de Monseigneur Georg Gänswein,
secrétaire personnel du Pape qui dans une interview au biographe
ratzingerien, Peter Seewald relance l'inquiétude vis-à-vis de l'expansion
musulmane.
"Les tentatives d'islamiser l'occident ne peuvent pas être niées -
affirme Monseigneur Georg au magazine - et le
danger qui en découle pour l'identité de l'Europe ne doit pas être ignoré
sous prétexte d'une prévenance faussement compréhensive. Le catholicisme le
voit bien et le dit clairement." Selon le prélat dont on oublie souvent en
Italie qu'il a été professeur dans les universités pontificales et dont la
pensée réfléchit les idées de Benoît XVI fidèlement, "le catholicisme voit
bien clairement ce danger et le dit."
Le discours de Ratisbonne ajoute-t-il, devrait servir à combattre une
certaine ingénuité ''. Monseigneur Gänswein souligne que "un" Islam
n'existe pas et une ''instance importante et contraignante pour tous les
musulman non plus." Sous l'idée d'Islam, explique-t-il, il y a beaucoup de
courants, également contraires entre eux, qui vont "jusqu'aux extrémistes
qui se réfèrent dans leur action, au Coran et entrent avec le fusil" sur le
terrain. En tout cas, le Saint Siège va de l'avant sur le chemin de
l'analyse et tâche de maintenir des contacts continus et des entretiens à
travers le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux.
Lors de la visite du Saint Père dans son pays natal en
septembre 2006, celui-ci avait évoqué le rapport de l'islam, à la
violence et à la raison. Ce
discours avait déclenché des réactions d'hostilité.
Georg Gänswein travaille et vit en permanence aux côtés du pape Benoît XVI.
Il partage avec lui et cinq autres collaborateurs -dont quatre religieuses
italiennes- un grand appartement au Vatican.
Texte intégral de l'interview de Mgr.
Georg Gänswein
(source et traduction:
Centre
Romand des vocations )
Quand on a l’occasion unique de parler avec le secrétaire privé de Benoît
XVI, on peut aussi aborder des choses tout à fait de ce mode, car en fin de
compte Georg Gänswein habite avec le Pape dans un genre de « communauté
d’habitation ».
PS : Monseigneur, comment va le Pape ?
GG : Il va bien, il se sent bien, travaille beaucoup avec une grande
vitesse.
Est-ce qu’il utilise le vélo d’appartement que lui a
prescrit son médecin Buzzonetti ?
Ce vélo se trouve chez nous dans "l’appartamento privato".
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Il est gentiment là : prêt à être utilisé.
En son temps, le cardinal Ratzinger souhaitait se retirer, qu’il se sentait
épuisé.
Avec l’élection en tant que Pape, il s’est passé quelque chose à quoi il n’a
pas aspiré et qu’il n’a pas voulu. Mais – quand il s’est par la suite petit
à petit inséré dans la Volonté de Dieu - je suis convaincu que la Grâce de
la Fonction a laissé et laisse des traces visibles dans la personne et dans
l’action.
Comment avait-il réagit à la décision d’élection ?
J’ai rejoint la chapelle sixtine au moment où un cardinal après l’autre
s’agenouillait devant le Pape pour lui promettre obéissance. Son visage
était presque aussi blanc que la soutane blanche et son pileolus sur la
tête. Il avait l’air extrêmement affecté.
Qu’est qu’il vous a passé par la tête en ce moment ?
C’était comme une tempête tourbillonnante, trouver des pensées claires
absolument impossible. Aussi les jours suivants, c’était comme un tsunami.
Et quand avez-vous su que votre vie allait changer
radicalement ?
C’était ainsi : Lors de l’hommage, quand c’était mon tour après les
cardinaux, je disais : « Saint-Père, je vous promets mon obéissance, ma
fidélité, mon engagement en tout ce que vous exigez de moi. Je suis à votre
disposition avec toutes mes forces sans limitation.
Et la réponse ?
Il me regardait, acquiesçait de la tête et remerciait.
Est-ce que votre salaire a-t-il changé ?
Je ne gagne ni plus ni moins qu’avant. La seule différence est que l’adresse
sur mon décompte-salaire a changé.
Le fils d’un forgeron venant d’un village de 450 âmes dans la Forêt-noir qui
voyage à côté du Saint Père en hélicoptère et partage les soucis de l’Eglise
du monde – est-ce qu’on se demande là : Pourquoi moi ? Que veut Dieu de moi
?
En effet, exactement cette question je me la suis posée – et pas seulement
une fois. C’est une tâche qui n’est pas planifiable. En promettant au
Saint-Père fidélité et obéissance, j’ai essayé de répondre à la question. En
cela, personnellement j’y vois moi aussi un signe du doigt de Dieu, me
mettant face à cette tâche sans retenues.
Probablement êtes-vous le premier secrétaire d’un pape
de l’histoire de l’Eglise qui se trouve lui-même à côté du pontifex dans le
point de mire du public : des magazines people adorent le « sunnyboy en
soutane » ; selon la Schweizer Weltwoche vous seriez sans contestation
l’homme en talar le plus beau qu’on pouvait voir au Vatican… Donatella
Versace vous a même dédié une ligne de mode. Etes-vous dérangé par votre
image en tant que « coqueluche des femmes » ?
Je n’en ai pas rougit, cela m’a un peu irrité. Ce n’est pas blessant et
d’abord ça m’a aussi flatté, ce n’est pas un péché. Auparavant, je n’ai
jamais était confronté si frontalement et directement avec ma coquille.
Puis, j’ai remarqué que cela est la plus part du temps une expression de
sympathie : un bonus, non pas un malus ; on peut bien s’en accommoder.
Cependant, je souhaiterais aussi, qu’on ne reste pas à l’aspect extérieur,
mais que l’on prenne aussi connaissance de la substance sous la coquille.
Recevez-vous des lettres d’amour ?
Oui, ça arrive de temps à temps.
Vous parliez une fois de « l’envie cléricale ».
Je disais cela en relation avec des expressions qui médisaient de moi : «
Celui-ci veut gagner du pouvoir, il veut se mettre au premier plan » et des
choses semblables. Il y a eu et il y a des potins bêtes et négatifs, des
fois on ment carrément. Mais, je ne m’en soucis plus.
Aussi depuis le Vatican ?
Le Vatican est aussi une « Cour d’ Etat » et il y a également des potins de
cour. Mais il y a aussi des flèches qui sont tiré, très consciemment et
ciblées. J’ai d’abord dû apprendre à faire avec.
Il paraîtrait que vous êtes à disposition pour le
siège vacant de l’évêché de Munich.
Ce sont des « œufs non pondus ». Librement inventé, tiré par les cheveux.
Personne ne pensait qu’il était possible qu’un
successeur à un « Pape d’un millénaire » tel que Karol Wojtyla puisse
réussir si rapidement. Maintenant, tout est différent. Pas seulement que
Benoît XVI attire le double de visiteurs, que ses écrits atteignent des
éditions par millions. Papa Ratzinger est entre temps reconnu comme un des
penseurs les plus significatifs de notre présent. Et contrairement à son
prédécesseur il n’est guère critiqué. Qu’est-ce qu’il a, que d’autres n’ont
pas ?
Le fait d’être Pape donne naturellement une plus grande accessibilité, une
plus grande efficacité (possibilité d’action) et aussi une plus grande force
de pénétration. Un connaisseur de la scène romaine disait une fois pendant
le voyage du Pape en Bavière : « Jean-Paul II a ouvert les cœurs, Benoît XVI
les rempli. » En cela, il y a beaucoup de vrai. Le Pape atteint les cœurs
des hommes, il s’adresse à eux, mais il ne parle pas de lui, il parle de
Jésus Christ, de Dieu, et cela d’une manière vivante, compréhensible,
convaincante. C’est cela que les hommes cherchent. Benoît XVI offre de la
nourriture spirituelle.
Est-ce que Jean-Paul II voulait que la cardinal
Ratzinger devienne son successeur ?
Sur cela, il fut beaucoup spéculé. Je ne le sais pas. En tout cas, malgré
les demandes réitérées de Ratzinger de démission en tant que préfet de la
congrégation pour la foi, il ne lui a pas accordé le congé de sa fonction.
Considérez-vous cela en tant que « argumentum e
silentio », en tant que conclusion à partir du silence ?
C’est possible. Il est vrai que le Pape Jean-Paul II a souvent dit à des
proches collaborateurs : « je voudrais garder le cardinal Ratzinger, j’en ai
besoin de lui en tant que tête théologique ». De cela, il serait possible de
déduire quelques choses…
C’est devenu plus tranquille au Palazzo Apostolico.
Benoît XVI a notablement réduit le nombre des audiences et rarement des
hôtes à table. Est-ce que ça signifie que l’on travaille moins, justement
sous un allemand ?
On ne travaille pas moins, mais d’une manière plus concentré. Le Pape est un
travailleur stricte et rapide. Pour cela il a besoin de temps : pour lire,
pour étudier, pour prier, pour réfléchir, pour écrire. Cela n’est possible
que grâce à une organisation stricte, si l’on change des choses ou les
supprime en faveur du plus important.
Est-ce que cela veut dire que son prédécesseur a été
un peu dépassé sur le plan conceptuel (de l’organisation) ?
Absolument pas. Avec Jean-Paul II, en comparaison avec des pontificats
antérieurs, tout est monté en superlatifs. Pensez seulement au nombre
d’audiences, de voyages, de documents, de célébrations liturgiques, ou bien
aussi les saintes messes matinales dans la chapelle privée des papes, à
lesquelles ont été toujours invitées de nombreuses personnes. Cela coûte
jour après jour énormément de temps, que l’on doit épargner. Pour Benoît
XVI, un tel rythme serait impensable. Après tout, Jean-Paul II n’est pas
devenu Pape avec 78 ans, mais à 58.
A la fin de l’ère Wojtyla, pas mal de choses sont
restées en plan.
C’est un secret de polichinelle, que le Pape Jean-Paul II ne s’est pas
beaucoup soucié de la Curie romaine. Ce n’est pas une critique, simplement
un fait. Le Pape actuel a travaillé les dernières 23 ans à la place la plus
importante de la Curie. Il la connaît mieux que quiconque. Ceci est pour lui
une expérience unique et un immense avantage.
Est-ce qu’un Pape peut avoir des problèmes avec la
Curie ?
Un regard dans l’histoire montre : oui cela peut arriver. Un point de
faiblesse est certainement l’indiscrétion. Malheureusement c’est ainsi,
qu’il y a toujours des endroits perméables en ce qui concerne des
nominations, l’élaboration de documents, des mesures disciplinaires etc. Ce
n’est pas seulement fâcheux. Cela entraîne aussi le danger, qu’il est
possible d’exercer consciemment de l’influence de l’extérieur, qui entraîne
de l’irritation. Un autre point, partout où une composition internationale
œuvre dans la Curie romaine, existent des mentalités différentes, des styles
de travail, des représentations, des temps et des caractères personnels qui
s’entrechoquent. Il arrive que cela provoque des étincelles.
En fin de comptes, est-ce le Pape est maître des
processus ?
En avez-vous des doutes ? Le Pape reçoit régulièrement ses collaborateurs
les plus importants en audience. Jour après jour, semaine après semaine. En
plus, les responsables des dicastères viennent en audience à une fréquence
régulière. Cela garantit d’une manière institutionnalisée non seulement le
contact personnel nécessaire, le flux d’informations important, mais aussi
l’échange indispensable pour les deux côtés. Le Pape écoute, demande
conseil, réfléchit, décide.
Joseph Ratzinger est-il rapide dans l’étude des
documents ?
Rapide comme la foudre (foudroyant), et il a une mémoire d’éléphant.
Quelques uns critiques, le Pape serait dans une sorte
de « splendid isolation » dans une cage doré ; qu’il serait impossible à
l’approcher.
C’est une bêtise. Tous les matins, il y a les audiences privées, les
après-midi les rencontres de travail avec les collaborateurs les plus
proches. Et cela six jours par semaine. En sus, il y a beaucoup de
rencontres à l’intérieur et à l’extérieur des murs du Vatican. Cage doré ?
Bien sûr que non ! Il se peut que cela cache aussi une critique à mon égard,
que je protège trop le Pape. Totalement exagéré.
Au fond, il est un homme timide. En même temps, il a quelque chose
d’inconfortable, de récalcitrant à l’égard de quelque chose de trop courant,
contre la bêtise.
Chacun peut se rendre compte, que le Saint Père n’est pas un homme fonceur,
mais plus tôt réservé.
Le Pape écrit lui-même tous ses textes importants,
aussi le discours de Ratisbonne avec la citation controversée tirée d’un
livre historique à propos d’une dispute avec les musulmans. Pourquoi
personne n’a relu (vérifié ?) le texte ?
Je tiens le discours de Ratisbonne, tel qu’il a été prononcé, comme
prophétique.
Est-ce que l’effroi a été grand quand on a pris
connaissance des attaques furieuses du monde musulman ?
Qu’il y a eu quelques réactions grossières, nous l’avons entendu pour la
première fois après le retour de Bavière à l’aéroport de Rome. C’était une
grosse surprise, aussi de la part du Pape. Le puissant tourbillon était
d’abord né de relations journalistiques qui avaient tiré une citation de son
contexte et l’avaient présentée comme l’opinion personnelle du Pape.
Dans l’Islam tel qu’il existe réellement, partout où
cette religion domine l’état et la société, on piétine des droits humains.
La persécution de chrétiens s’est multipliée dramatiquement. Et le président
de la République islamique d’Iran vient de déclarer de nouveau que le compte
à rebours pour la destruction d’Israël a commencé. Est-ce que la
représentation d’un véritable dialogue avec l’Islam n’est pas trop naïve ?
On ne peut pas éluder les tentatives d’islamisation de l’occident. Et le
danger pour l’identité de l’Europe, qui y est lié, ne doit pas être ignoré
par égard mal compris. Le côté catholique le voit très clairement et le dit
aussi. Justement, le discours de Ratisbonne devrait contrecarrer une
certaine naïveté (« manière de voir en bleu »). Il est a maintenir qu’il
n’existe pas UN Islam ; il ne connaît pas non plus une voix liant tous les
musulmans d’une manière obligatoire. Sous cette notion sont réuni beaucoup
de courants différents, en partie hostiles, jusqu’aux extrémistes qui se
réclament du Coran pour leurs actions et qui oeuvrent avec le fusil. Au
niveau institutionnel, le Saint-Siège essaie de nouer des contacts et de
mener des dialogues à travers le conseil pontifical pour le dialogue
inter-religieux.
La famille papale au Palazzo apostolico est la
communauté d’habitation la plus célèbre : quatre femmes, qui appartiennent
aux « memores » de la communauté Comunione e Liberazione, deux secrétaires
et le Pape. Ils prient ensembles, mangent ensembles et le soir regardent
ensemble la télévision au salon. Comment est Benoît XVI en tant que
compagnon d’habitation ?
En effet, la famille papale est une joyeuse communauté d’habitation : deux
allemands, un polonais et quatre italiennes qui ne se connaissaient
auparavant pratiquement pas. Un premier pas important était de trouver un
modus vivendi. La parole juste, le donner juste, le prendre juste, se taire,
ne pas se taire. Déjà après peu de temps s’est développé une atmosphère
familiale très cordiale. La langue de la communauté d’habitation est
l’italien. Le Pape est en fin de compte l’évêque de Rome. Petite correction,
à propos de regarder ensemble la télévision : c’est pure phantasme ; le
Saint Père et les deux secrétaires ne regardent au maximum que les nouvelles
du soir. Le déroulement de la journée est naturellement imprégné par le
rythme du travail et des audiences ; mais nous essayons d’y introduire aussi
de temps en temps des petits « highlights » personnels.
Highlights ?
Highlights sonne peut-être un peu exagéré. Je pense simplement que des
évènements personnelles sont marqués comme il se doit, tels que les fêtes
des patrons des noms ou d’autres anniversaires personnels. (jours de
mémoire).
Quand vous regardez la télé le soir, le Pape
porte-t-il alors des habits privés ?
Non, le Pape est toujours en blanc.
Un Pape doit-il porter des souliers de Prada ?
Doit ? Certainement pas ! Des journalistes ont des phantasmes vivaces.
Le fait-il alors ?
Je vous laisse deviner la réponse.
Comme le Pape, vous êtes originaires de conditions
simples et tous les deux vous avez grandi dans un village. Qu’est-ce que
l’on vous a dépose là dans le berceau ?
Certainement une bonne portion d’un sain naturel frais, qui est un filtre
incorruptible contre du malsain, peu importe sous quelle masque il se
présente. Un instinct qui aide à distinguer l’authentique du faux.
Vous étiez cinq enfants à la maison, le père forgeron,
la mère femme au foyer.
Mon père dirigeait un atelier artisanal de forgerons depuis la septième
génération, plus tard s’y est ajouté un négoce de machines agricoles qui n’a
cependant pas vraiment apporté beaucoup d’argent. Jusqu’à mes six ans, nous
avions encore une petite exploitation agricole. Des fois nous devions
beaucoup nous « étirer ». En plus, mon père a été aussi actif dans la
politique communale et dans beaucoup d’associations. Le soir il n’était donc
que rarement à la maison. Notre mère devait donc porter d’autant plus le
devoir et la charge de l’éducation des enfants. Nous cinq enfants avons eu
une enfance sans soucis. Naturellement nous nous sommes aussi disputés.
Parce que tout ne se déroulait pas selon la tête de
l’aîné ?
En tant qu’aîné j’aurais dû être toujours le plus sage – « le plus sage cède
» - mais l’indulgence (le fait de céder) n’était pas forcément mon point
fort.
« Born to be wild » était-ce votre truc ?
Peut-être par phases, entre 15 et 18 ans. J’écoutais Cat Stevens, Pink Floyd
et quelques autres célébrités de notre temps, parmi eux aussi les Beatles.
En ce temps, j’avais une chevelure bouclée très longue. Cela déplaisait à
mon père ; alors, il y a eu des disputes à propos des rendez-vous chez le
coiffeur et la longueur des cheveux. Plus tard, ça s’est calmé d’une manière
très peu spectaculaire.
Où vous étiez-vous positionné politiquement ?
Je ne m’étais jamais particulièrement exposé politiquement. Mes intérêts se
portaient en dehors de l’école plus dans la direction du sport, football,
ski.
Avec quoi vous avez aussi gagné de l’argent pour les
études ?
Non, pas en tant que moniteur de ski, cela je ne l’étais que pour le club de
ski de notre village. Travailler pour gagner de l’argent, je l’ai fait en
tant que facteur, d’abord à bicyclette dans un petit village de la
Forêt-noir, plus tard avec une voiture à la campagne.
Le son original Georg Gänswein : « J’ai des sens sains
; qui a des sens sains, les utilisent aussi. » Cela s’entend comme de riches
expériences avec des filles.
J’ai deux sœur et plusieurs cousines qui m’ont aidé à n’avoir aucune
difficulté avec le genre féminin. J’ai grandi tout à fait naturellement,
totalement décrispé.
Aviez-vous une relation fixe ?
Pas cela. Il y a eu quelques adorables amitiés de jeunesse.
Vous vouliez d’abord devenir agent de change à la
bourse.
Initialement, j’aurais dû reprendre la gestion de l’entreprise de machines
agricoles de mon père. Mais à un moment donné, je m’intéressais bien plus à
l’agitation de la bourse. Ma représentation était, là on fait beaucoup
d’argent et on doit être attentif et rapide. Plus tard, un peu plus mature,
est venu le moment, où j’y ai réfléchi un peu plus intensément. Bien, quand
je sais faire tout cela et que j’ai de l’argent, qu’arrive-t-il alors ? Et
puis quoi alors ? Et après, quoi ? Soudainement, des questions
existentielles se sont frayées au premier plan. Ainsi, je commençais à
chercher et de cette manière je suis tombé sans le vouloir sur la
philosophie et la théologie.
Un processus de longue durée.
Et un pénible. D’abord j’étais immensément attiré par le monde théologique
global, la prêtrise ne s’y est ajouté que dans un deuxième pas.
Naturellement, le célibat était aussi une question. A un moment donné, je
sentais, tu ne peux pas rouler à demi vitesse, ou tu le fais totalement ou
tu le laisses. Un peu de théologie, ça ne marche pas. Ainsi, j’allais pas à
pas vers la prêtrise.
Une citation d’une de vos homélies lors d’une ordination sacerdotale : « Il
t’es permis de savoir que tu as une dignité qui te distingue de tous ceux
qui ne sont pas prêtre… Il t’es permis d’avoir la conscience de faire
quelque chose de grand, de pouvoir le faire… » Formulé d’une manière assez
raide.
Je dirais ces phrases de nouveau sans si ni mais.
Sérieusement ?
Absolument.
Cela sonne aussi un peu romantique.
Je ne trouve pas. Ce sont des paroles qui ont été quittancées par la vie, et
là la vie n’était pas romantique. Les phrases que vous avez citées, tirées
d’une homélie, peuvent avoir l’air peut-être un peu cérémonieuses sur le
papier, mais là derrière il y a une bonne portion d’expérience personnelle,
et je ne voulais pas cacher au nouveau prêtre, qu’il a quelque chose de
grand devant lui, que cela coûte aussi quelque chose et qu’il doit le
laisser lui coûter quelque chose.
En 1984, vous étiez ordonné prêtre, puis vous avez
passé deux ans comme vicaire dans la Forêt-noir. En 1993 à Munich, vous
écriviez votre dissertation sur « Etre membre de l’Eglise selon le concile
Vatican II ». Aviez-vous des moments de grands doutes ?
Après deux ans comme vicaire, j’ai été envoyé à Munich pour continuer les
études ; dans un domaine qu’il ne m’avait pas été forcément donné au berceau
: le droit canonique. Après un semestre, j’avais tellement « plein le nez »,
que je me disais : Maintenant je vais chez l’archevêque et je lui demande de
me reprendre dans le diocèse puisque je ne le supporte plus.
Si terrible ?
J’avais toujours étudié volontiers et facilement, mais je trouvais l’étude
du droit canonique si sec comme le travail dans une carrière poussiéreuse,
où il n’y a aucune bière. On meurt de sécheresse. Le sauvetage est venu de
mon « père de doctorat », le professeur de droit ecclésial Winfried Aymans
qui m’a choisi plus tard comme assistant. Il m’a beaucoup aidé de me sortir
de cette terrible impasse, en étant capable de me montrer de nouvelles
perspectives. Cela m’a vraiment beaucoup aidé à ne pas « balancer la
cuillère ». Je lui en suis très reconnaissant.
Toujours surgissent de nouveau ces jugements :
conscient du devoir, pieux, conservateur ; un homme de la forme et de la
sévérité.
Dans le sens « doux dans la forme, sévère dans le contenu » je peux le
laisser dire. Quand je tiens quelque chose comme juste je le maintiens.
D’accord, la patience n’est pas mon point fort. Des fois, je m’élève assez
facilement, ça peut irriter.
Le secrétaire privé du Chef d’une Eglise avec 1,1
milliards de membres, que doit-il savoir faire ?
D’une certaine manière, il devrait être un généraliste, mais en même temps
se rendre compte, qu’il ne peut pas savoir faire tout ; et il ne le devrait
pas non plus l’exiger de lui-même. Il doit faire ce que le Pape lui demande,
et cela avec toute la force, avec cœur et intelligence.
Au début, y avait-t-il une initiation, par exemple une
école pour l’étiquette pontificale ?
Pas du tout. La seule chose qu’il y avait, était un entretien entre quatre
yeux avec mon prédécesseur, Mgr Stanislaus Dziwisz, l’actuel archevêque de
Cracovie. C’était environs deux semaine après l’élection du Pape et
l’emménagement dans l’appartamento. Il me mettait alors une enveloppe entre
mes mains, dans laquelle se trouvaient quelques papiers et une clé pour un
trésor. Un trésor très ancien, du travail de marque allemand (timbres ?). Il
m’a seulement dit : »Maintenant tu as une tâche très importante, très belle
mais aussi très difficile. La seule chose que je peux te dire est que le
Pape ne doit pas être écrasé par rien ni personne. Comment ça marche, tu
dois le trouver toi-même. » Point final. Il n’a pas dit plus. C’était tout
comme « école pour l’étiquette papale ».
Et que contenait l’enveloppe ?
Cela je ne vais pas vous le trahir. Ce sont des choses qui sont transmises
de secrétaire du Pape au secrétaire du Pape.
Vos erreurs du début ?
Je me suis vite rendu compte, que le tempo que je me suis imposé est trop
élevé. Démarrer en pole position est une chose, accomplir tous les tours et
puis arriver bien au but, une autre. Démarrage plein gaz, pour ainsi dire !
Maintenant il s’agissait de trouver le bon tempo. Un autre point délicat
était la relation avec les innombrables quêtes d’audiences privées et
d’autres rencontres, qui tous étaient munies de motivations honorables. Des
demandes sans fin – « juste une minute », « seulement une exception », « le
Pape me connaît depuis longtemps, cela lui ferait plaisir » - et presque
toujours écrit avec beaucoup de « pommade » (excellentes épices). La il
fallait trouver (interroger) le système de filtrage juste (adéquat). Il
fallait que j’y introduise un filtre plus fort.
De quoi protégez-vous( privez-vous) le Pape ?
Rien de significatif. Tous les écrits et documents officiels, tout ce qui
émane de cardinaux et d’évêques, du monde de la politique et de la
diplomatie, tout cela je le soumets au Saint-Père lors des discussions
(entretiens) quotidiens. Au delà il existe naturellement une masse énorme de
lettres, requêtes, demandes, propositions, qu’il ne voit pas, puisqu’il n’en
a tout simplement pas le temps. Là il m’est accordé une marge de manœuvre et
de discernement de la part du Pape.
Est-ce qu’on essaie de vous instrumentaliser ?
Ça arrive de temps en temps, mais je sais me défendre.
Dans votre position, arrive-t-il que l’on « décolle »
?
C’est plutôt le contraire, c’est à dire qu’on est écrasé. S’il y a un risque
(un danger), alors il s’appelle « isolation ». Une fois, des amis ont estimé
que je me faisais trop rare, que je me retirais d’eux. Cela était un signal
d’alarme ! Et j’ai tout de suite essayé, de dégager du temps libre pour
reprendre mieux soin des relations personnelles et des amitiés existantes.
Ceci est important pour l’hygiène psychologique (la santé mentale).
Quels effets ce pontificat peut-il avoir ?
Renforcement de la foi et encouragement de la foi – et la conscience, que la
foi catholique est quelque chose de grand, un don de Dieu, mais qui n’est
pas imposé, mais doit être volontairement, librement accueilli. En plus, il
y a des défis actuels auxquels l’Eglise doit se confronter.
Par exemple ?
La question de Dieu, la confrontation (discussion) avec les différentes
formes du relativisme, le dialogue avec l’Islam, le renforcement de la
propre identité. Le fait qu’un continent tel que l’Europe ne peut pas vivre,
si l’on lui coupe ses racines chrétiennes, car avec cela on lui prend son
âme.
L’annonce de « l’unité entière et visible » avec les églises orthodoxes a
été la première sensation du règne Ratzinger. Est-ce que cela n’est pas une
représentation assez illusoire ?
Ceci n’est nullement une sensation, c’est un but déclaré depuis toujours. Le
fait, que le Pape formule expressément cette intention, va de soi, lui qui a
contribué fortement à imprégner théologiquement ce domaine ces dernières
années et décennies. N’oublions pas que les églises orthodoxes sont dans la
succession apostoliques et qu’elles ont ainsi un magistère fondé,
l’eucharistie, ainsi que les sept sacrements. Ce qui nécessite
clarification, est la question du primat et de la juridiction du Pape. Mais
c’est un scandale que la chrétienté est toujours divisé. Le rétablissement
de l’unité entière dans la foi est certainement un très grand objectif du
Pape théologien.
Est-ce que le Pape Benoît, va-t-il modifier
(restructurer) la papauté en faveur de l’unité ?
La question est mal posée. On ne peut pas mener l’œcuménisme au frais de la
vérité. Un Pape ne peut pas simplement restructurer la papauté afin
d’atteindre plus rapidement certains buts. Il s’agit, que la papauté aide à
rester juste à l’exigence de la vérité en vue de l’unité.
Un tournant dans les relations de l’Eglise catholique
avec Moscou, Constantinople et surtout Pékin modifierait dramatiquement la
carte du monde politico-religieux.
Le dialogue œcuménique avec les différentes églises orthodoxes est en plein
régime et des progrès considérables ont été atteints. Mais œuvrer pour
l’œcuménisme est et reste une confrontation laborieuse. Cela provient aussi
du contexte des tensions existantes à l’interne des églises orthodoxes.
Constantinople et Moscou marquent deux points délicats. Le monde entier
pouvait participer à travers les médias à la rencontre du Pape avec le
patriarche œcuménique en novembre passé à Istanbul. Une rencontre avec le
patriarche orthodoxe de Moscou manque encore.
Voyez-vous déjà le Pape chez le patriarche russe à
Moscou ?
J’espère que l’on arrive à une rencontre, où que ce soit.
En occident, l’Eglise romaine se trouve dans une
transformation puissante. Le cardinal de Vienne, Christoph Schönborn, parle
déjà d’une alternative à l’église du peuple connue jusqu’à aujourd’hui : «
une église de décision » (détermination) à laquelle les fidèles affirment
aussi leur adhésion. Le temps de la « pseudo-chrétienté » touche-t-il à sa
fin ?
« Pseudo-chrétienté », cela sonne faux et aussi dépréciatif. Cela ne
correspond pas non plus à la réalité. Ce que l’on peut percevoir, c’est que
des éléments de l’église du peuple fondent et qu’il se forment toujours plus
de « noyaux de communautés » ; ce processus est en cours depuis des années.
Cardinal Schönborn décrit cela avec la notion d’« église de décision ». Qui
est chrétien aujourd’hui, veut l’être, se décide pour cela, est plus décidé,
peut-être plus décidé que les années précédentes. Et qui ne veut pas l’être,
ne l’est tout simplement pas, sans que cela entraîne pour lui des
inconvénients quelconques d’ordre personnels, sociaux, politiques ou autres.
Il est frappant que beaucoup de prêtres de la nouvelle
génération découvrent les trésors spirituels, culturels et esthétiques de la
liturgie traditionnelle. Le nouveau motu proprio « Summorum Pontificum »
stipule que chaque prêtre peut célébrer la sainte messe aussi dans le rite
antérieur tridentin. Cela provoque-t-il de nouveaux disputes (querelles)
dans la Maison ?
C’est le contraire qui est l’intention et le but. Il est souhaité que les
disputes soient apaisées et des bifurcations et ruptures soient dépassées.
Avec le motu proprio il est ouvert une patrie spirituelle à des fidèles pas
peu nombreux. Je suis convaincu, que la lettre du Saint-Père aux évêques,
publiée en même temps que le motu proprio, dans laquelle le Pape explicite
en détails les motivations du document, offre les clé pour une compréhension
juste.
Le philosophe français, René Girard, membre de
l’académie française, prédisait une renaissance chrétienne déterminée. Nous
nous trouverions déjà à la veille d’une révolution de notre culture. Cette
transformation ferait pâlir même la renaissance du 15ème siècle.
Le religieux jouit actuellement d’une attention comme rarement dans les
années passées. Après une phase de l’indifférence, on se confronte
aujourd’hui de nouveau avec la religion et des questions de foi. Je voie que
justement beaucoup de personnes jeunes, qui ont de fait tout ou pourraient
avoir tout, se rendent compte : En fait, on peut tout, on peut même détruire
le monde – mais on ne peut pas gagner l’âme, quand l’essentiel manque.
L’Eglise catholique a des trésor à offrir, que personne d’autre est capable
d’offrir, du plus grand et du plus durable que toutes les propositions de
salut politiques. Cependant, cela ne se passe pas automatiquement. La foi
naît de l’écoute, comme dit St. Paul, elle doit être annoncée.
Déjà après six semaines après la parution, le livre
sur Jésus du Pape a atteint 1,5 millions d’exemplaires. On a le sentiment
que le Pape ré-habille ce Jésus d’une manière totalement nouvelle.
Le livre sur Jésus est la quintessence d’un homme qui s’est occupé de la
figure de Jésus de Nazareth tout au long de sa vie en tant que prêtre,
théologien, évêque, cardinal et maintenant Pape. C’est un immense legs
(testament) spirituel.
Qu’est-ce que vous estimez particulièrement à cet
œuvre ?
Je suis justement en train de le lire une nouvelle fois. Il est écrit aussi
profondément que compréhensible. C’est la somme de vie d’une personnalité
remarquable (significative). L’œuvre s’inscrit dans la tradition des grands
pères de l’Eglise. J’en suis convaincu que ce livre renforce dans la foi
beaucoup de personnes, les emmène à la foi, et non pas seulement une
certaine couche intellectuelle, mais des hommes de toute origine et
formation.
Le théologien Joseph Ratzinger fournit une logique
implacable : Ce Jésus est celui qui a tous les pouvoirs, le Seigneur de
l’univers, Dieu lui-même, qui est devenu homme. En fait, Jésus devrait
déclencher une révolution.
Oui, mais sans effusion de sang.
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traduction
Centre
Romand des vocations
Dr. Georg Gänswein, un homme d’une intelligence aiguisée, né le 30 juillet
1956 à Riedern dans la Forêt-noir, aîné de cinq enfants d’un forgeron.
Emplois en tant que moniteur de ski et facteur ; étudiant de théologie,
prêtre, vicaire, promu à Munich, vicaire de la cathédrale de Freiburg. 1995
appelé à la congrégation à Rome, une année plus tard changement à la
congrégation de la foi sous la direction de Joseph Ratzinger. 2005, après
l’élection de celui-ci en tant que Pape, Gänswein est devenu son secrétaire
privé. Il est chargé de la tâche d’organiser la vie de travail du Pape de
telle manière que celui-ci ne croule pas sous les vagues de lettres,
échéances et audiences.
Sources: "Süddeutsche Zeitung" -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.07.2007 - BENOÎT XVI -
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