Jean-Paul II et Benoît XVI, des
modèles de la mutation kénotique du pouvoir |
|
Le 27 mai 2008 -
(E.S.M.)
- Il est important de constater la permanence d’une autorité
légitimée par le seul service évangélique de la vérité qui, dans son
humanité même, se refuse à l’éclipse de son exercice. Une telle
autorité, toujours appelée à se purifier - mais Jean-Paul II et Benoît
XVI sont des modèles de la mutation kénotique du pouvoir
|
Le pape
Jean Paul II et le cardinal Ratzinger devenu le pape Benoît XVI
Jean-Paul II et Benoît XVI, des modèles de la mutation kénotique du pouvoir
De l’autorité dans l’Eglise
La commémoration de mai 68 aura quand même été bien intéressante, en dépit
de ses aspects irritants. Elle a fait ressurgir, notamment, tout un refoulé,
avec des aveux parfois poignants. Ce qu’on nous avait décrit à l’aune d’une
libération débridée cachait en fait bien des déchirements et des expériences
dont l’amertume s’est reportée sur des vies entières. De la production très
inégale où se sont accumulés souvenirs et mises au point, se détachent des
réflexions qui vont bien au-delà de la nostalgie ou du revival idéologique.
Marcel Gauchet et Jean-Pierre Le Goff ont souligné le caractère à certains
égards tragique de l’héritage impossible de Mai 68, cette dernière
révolution qui met fin au mythe révolutionnaire sans pouvoir en répudier la
fascination. J’ajouterais qu’en ce qui concerne l’Église et la crise
profonde qu’elle vécut dans la foulée de l’événement, on est loin encore
d’avoir mis un point final aux questions de fond posées par la remise en
cause de l’institution.
Même si c’est avec une certaine timidité, quelques anciens combattants
réitèrent leurs griefs à l’égard de Paul VI, coupable, avec son encyclique
Humanae
Vitae d’avoir coupé l’Église des aspirations modernes, sur un sujet
aussi sensible que la sexualité. Le cardinal Martini, ancien archevêque de
Milan, dont on voulut faire très longtemps l’opposant emblématique à
Jean-Paul II, sans qu’il n’en assume jamais la responsabilité, sort de sa
retraite pour critiquer les positions du magistère. Tel prêtre parisien, qui
incarna l’opposition au cardinal Lustiger, sort également de son silence
pour réclamer des « changements » dont l’imprécision programmatique est en
rapport direct avec la vivacité de sa charge. On aurait tort de se
scandaliser de ces incantations qui ont au moins le mérite de rappeler que
l’Église catholique a su résister à la déstabilisation doctrinale en dépit
de tous les assauts internes ou externes. D’ailleurs, il ne s’agit pas de
prétendre qu’une réponse définitive sera jamais donnée aux discordances
d’une sexualité d’essence tragiquement ambiguë, selon l’expression
d’Emmanuel Lévinas. Mais il est important de constater la permanence d’une
autorité légitimée par le seul service évangélique de la vérité qui, dans
son humanité même, se refuse à l’éclipse de son exercice. Une telle
autorité, toujours appelée à se purifier - mais Jean-Paul II et Benoît XVI
sont des modèles de la mutation kénotique du pouvoir - présente aujourd’hui
le privilège rare d’échapper à l’érosion symbolique des institutions
répondant elle-même à la désarticulation du narcissisme contemporain.
Gérard LECLERC
Sources : francecatholique.info
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.05.2008 -
T/Eglise |