L’encyclique Humanae Vitae, une
tornade qui secoue encore l’Église |
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Le 27 mai 2008 -
(E.S.M.)
- 40 ans après 1968, la célébration de l’encyclique Humanae Vitae
est aussi celle d’une tornade qui secoue encore l’Église. Certains
jugent son message inaudible, d’autres l’estiment de plus en plus
prophétique.
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Le Vatican
L’encyclique Humanae Vitae, une tornade qui secoue encore l’Église
Il faut imaginer l’émotion que pareil texte provoqua chez des couples
chrétiens que certains pasteurs, et jusqu’à des archevêques, avaient «
autorisés » à user des moyens de contraception, anticipant ce qu’ils
croyaient être une évolution de la doctrine ecclésiale. Certes, au fil des
siècles, le plaisir sexuel a perdu son statut de suspect. Et l’on aurait pu
tout autant saluer, dans l’encyclique, la confirmation des bienfaits
reconnus à l’union conjugale, pour le seul épanouissement des époux. Plane
encore sur ce sujet un malentendu sur la doctrine de l’Église, peut-être à
cause de résidus de jansénisme. Quoi qu’il en soit, il sera difficile pour
les fidèles des temps modernes de renoncer aux nouveaux moyens artificiels
de régulation des naissances. Et Paul VI ne s’y est pas trompé, multipliant
les formules d’encouragement pour qu’ils y résistent.
Le pape eut d’autant plus de mal à faire avaler « sa » pilule qu’on nageait
en plein fantasme d’explosion démographique planétaire. Mais faut-il
s’étonner que l’Église ait pris à contre-pied tant de ses « sages » et de
ses « savants » qui l’incitaient à céder du terrain aux dogmes faciles de la
« libération sexuelle » ? Aujourd’hui encore, leurs voix s’élèvent.
Interrogé par La Repubblica, à l’occasion de la sortie de son livre Ma
bataille pour la liberté, le suisse Hans Küng semblait se réjouir le 22 mai
: « Seule une petite minorité [des fidèles] partage la doctrine officielle
de l’encyclique
Humanae
Vitae sur le refus d’une régulation responsable des
naissances. » On décèle chez le théologien contestataire un zeste de
mauvaise fois : peut-il ignorer qu’Humanae Vitae incite au contraire à la «
paternité responsable » ? La voix du cardinal Mario Martini peut faire plus
mal. Lui aussi brillant contemporain de l’actuel souverain pontife, il se
lamente encore – d’aucuns diront ratiocine – sur les événements ecclésiaux
de mai 1968, sur la forme comme sur le fond. Son dernier livre (Conversations
nocturnes à Jérusalem) regrette les « développements négatifs et
malheureux » de l’encyclique et la « solitude dans la décision » de Paul VI.
Et d’appeler Benoît XVI à rédiger un autre texte. Dans le même élan, le
jésuite fait part de son regard « progressiste » sur l’homosexualité et
réclame le diaconat pour les femmes. Au risque de souligner la cohérence des
positions qu’il conteste.
Car, de même que le « jouir sans entrave » de mai 68 fait dorénavant figure
de slogan éculé, ayant largement contribué à la déstructuration des sociétés
occidentales, à leur suicide démographique et aux souffrances des nouvelles
générations, sans pour autant avoir libéré les femmes de toutes les
contraintes qui pesaient sur elles, de même le prophétisme d’Humanae vitae
apparaît progressivement. Ainsi, certains des sceptiques l’admettent, à
l’image d’Emma Fattorini déclarant à Libération : « Paul VI a eu l’intuition
qu’en dissociant complètement sexualité et procréation, on créait les bases
de transformations anthropologiques irréversibles ». Pour l’universitaire
italienne, les manipulations génétiques et la marchandisation du corps sont
même des points à propos desquels féministes et écologistes pourraient se
rapprocher de l’encyclique.
Après avoir explicité quelle « vision intégrale de l’homme » motivait
l’invitation à ne pas entraver par des moyens artificiels la fécondité de
l’union conjugale, Paul VI avait mis en garde contre les conséquences de ce
qui deviendra la culture contraceptive : attentats contre la vie, fractures
conjugales, violences faites aux femmes, dérive pornographique. Il écrivait
: « On peut craindre (…) que l’homme, en s’habituant à l’usage des
pratiques anticonceptionnelles, ne finisse pas perdre le respect de la femme
et, sans plus se soucier de l’équilibre physique et psychologique de
celle-ci, n’en vienne à la considérer comme un simple instrument de
jouissance égoïste et non plus comme sa compagne respectée et aimée ».
Paul VI avait aussi vu le risque que les États imposent certaines méthodes
de contraception. Or, dans de nombreux pays pauvres, une énorme proportion
de femmes sont désormais abusivement stérilisées. Enfin, ceux qui croyaient
contester la « contradiction » d’Humanae vitae en regardant la contraception
comme moyen de prévenir l’avortement (autrement plus grave) devraient
déchanter en constatant les statistiques des pratiques. L’exhortation
ecclésiale, au lieu de faire irruption dans l’intimité conjugale – comme on
le lui a tant reproché – n’appelait-t-elle pas, au contraire, les époux à se
garder des tierces personnes ou d’objets tiers qui n’ont rien à faire dans
leur intimité ?
Certes, l’humanité est portée à la faiblesse. Justement, nul ne conteste que
l’Église exhorte à la générosité ou à l’humilité. Pourquoi l’empêcherait-on
de plaider pour l’exigeante chasteté ? Son seul tort serait d’avoir une
haute idée de l’être humain.
Sources : francecatholique.info
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.05.2008 -
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