A propos des attaques contre Benoît
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Le 27 avril 2010
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(E.S.M.)
- Les crimes perpétrés par des prêtres ne peuvent que susciter
l'épouvante.
Benoît XVI l'a
souligné dans
une parole
terrible qui ne
fut
malheureusement
pas assez
répercutée.
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Le pape Benoît XVI
A propos des attaques contre Benoît
XVI I
La dernière béatitude - Fabrice Hadjadj
Le 27 avril 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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"Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux"
(Mt 5, 10). Le croyant ne saurait l'oublier: la tourmente dans laquelle est
plongée l'Eglise se rapporte à une béatitude, et même à la dernière
béatitude.
Bien sûr, les crimes perpétrés par des prêtres ne peuvent que susciter
l'épouvante. Benoît XVI l'a souligné dans une parole terrible qui ne fut
malheureusement pas assez répercutée: "Il faut agir avec urgence pour
affronter ces facteurs qui ont eu des conséquences si tragiques pour les
vies des victimes et de leurs familles, et qui ont assombri la lumière de
l'Evangile à un degré que pas même des siècles de persécution ne sont
parvenus à atteindre" (Lettre aux catholiques d'Irlande, n. 4). Nous devons
donc nous lamenter de nos péchés, car quand les chrétiens ne luttent pas
contre les ténèbres, ils deviennent ses pires complices, et tombent plus bas
qu'un tortionnaire païen. Cependant, selon l'étonnante parole du sermon sur
la montagne, nous devons aussi nous réjouir de la persécution, car elle
n'est pas un obstacle, mais l'espace même où peut se déployer la radicalité
du témoignage, c'est-à-dire l'occasion d'une charité surnaturelle à l'égard
du persécuteur.
Dans ce qui suit, je voudrais relever sept autres motifs de réjouissance au
milieu même du lynchage médiatique:
Les médias les plus antipapistes se font malgré eux les apologistes de la
foi. Qu'ils soient forcés de déformer les faits, qu'ils s'acharnent à
tronquer et à truquer l'information pour attaquer le Pape et salir
l'ensemble du clergé, est la preuve qu'ils n'ont pas grand chose à leur
reprocher en vérité. Si l'on était dans une controverse lucide et
rationnelle, leurs attaques pourraient porter. Mais l'irrationalité de leur
réaction joue en leur défaveur et fournit à l'esprit raisonnable des motifs
de croire à la vérité du magistère pontifical.
Après tout, lorsque parle le Pape, l'incroyant ne devrait pas s'inquiéter.
Il devrait se dire que cela ne concerne que les catholiques, piégés dans
l'obscurantisme et la rigidité. Or, au contraire, le voilà qui tremble,
s'énerve et ne décolère pas, comme si la voix du Saint-Père le touchait
personnellement. D'une telle réaction, un observateur extérieur peut le
déduire sans difficulté: cet incroyant n'est pas si incroyant que cela; on
dirait même qu'il a l'instinct du magistère, de la paternité spirituelle du
Souverain Pontife, de son rôle de témoin universel.
Que les violences subies par les enfants nous apparaissent si graves,
comment ne pas y reconnaître l'empreinte de l'Evangile? Dans de nombreuses
sociétés, l'enfant apparaît comme un être imparfait, sans intérêt majeur,
que l'on peut soumettre au travail et dont on peut même abuser. Mais le
Christ a cette parole renversante (et il a fallu des siècles de chrétienté,
jusqu'à François de Sales et Don Bosco pour en tirer les conséquences): "Si
vous ne devenez comme les enfants, vous n'entrerez pas dans la Royaume des
Cieux" (Mt 18, 3). L'enfant n'est plus seulement un être imparfait, il est
aussi le symbole par excellence de la perfection de la vie spirituelle. De
là le respect et l'attention profonde dont il doit bénéficier de la part des
adultes. En étant scandalisés par la mal-nommée "pédophilie", les médias
prouvent qu'ils sont encore sous la bienheureuse influence de la chrétienté.
Et s'ils se scandalisent spécialement que de tels abus soient commis par des
prêtres, c'est qu'ils ont en outre l'instinct de la dignité spéciale du
sacerdoce. Leurs attaques sont ainsi une contribution involontaire à l'Année
sacerdotale, et un hommage rendu à la très haute vocation de pureté du
prêtre.
Qu'est-ce qui favorise aujourd'hui la pente à abuser des enfants? Le
paternalisme? Non, mais bien une logique de société horizontale, où le sens
de la paternité s'estompe, où la hiérarchie des générations est méconnue.
Telle est la logique du "contrat social", où la société n'est pas un fait
naturel fondé sur la famille, mais un contrat passé par de purs individus,
sans appartenance, ni sexe, ni filiation. Tout le monde y paraît au même
niveau. Pourquoi dès lors la relation sexuelle de l'adulte et de l'enfant ne
serait-elle pas possible? Le contractualiste répondra: parce que l'enfant
n'est pas capable de consentement. Soit! Mais c'est alors la preuve que la
société ne se fonde pas seulement sur le consentement individuel: elle se
fonde aussi sur la famille naturelle. Par conséquent, pour sortir de cette
impasse, l'enjeu est de restaurer le sens de la paternité, - à partir de la
paternité divine jusqu'à la paternité humaine, en passant par la paternité
spirituelle du prêtre. L'existence même d'un "Saint Père" marque l'exigence
d'un amour radical et vertical pour les enfants, qui interdit tous les abus
de l'horizontalité.
Comme l'a si bien montré Julián Carrón dans sa lettre à La Repubblica,
derrière le scandale et l'effroi, il y a le besoin de justice, et d'une
justice infinie. Or une telle justice ne saurait se réduire à un lynchage
des coupables et une déploration des victimes. Elle doit ouvrir un avenir de
communion et de bonheur, et donc ne pas s'enfoncer dans une posture négative
de vengeance ou de remords: une pseudo-justice expéditive et stérile, au
lieu de faire refleurir la vie, nous rendrait complices de la destruction.
On peut bien punir les coupables, mais à quoi bon, si la vie n'a aucun sens?
La vraie justice ne peut être qu'ordonnée à l'espérance. Il faut condamner
les abus sexuels perpétrés sur les enfants, mais si l'on rejette en même
temps ceux qui sont auprès d'eux les témoins de l'espérance et de la
réconciliation, alors on commet soi-même, sur ces mêmes enfants, un abus
spirituel. On les livre à un monde consumériste, sans rédemption ni avenir.
Pour cet abus-là, pour cet insidieux massacre des âmes, il faudra bien un
jour que nous soyons jugés.
La papauté n'est pas une institution humaine. C'est un article de foi, parce
que c'est une conséquence ultime de l'Incarnation. Le Verbe s'est fait
chair: il convient donc que les croyants ne se rassemblent pas seulement
autour d'une série de dogmes, mais encore autour d'un visage, d'une personne
ancrée dans leur histoire, image du Christ au milieu de ses apôtres. Sans ce
mystère de vicariance, le christianisme tend à se désincarner et se couler
dans le vague du spiritualisme. Mais il y a encore autre chose: en se
faisant chair, le Verbe est devenu capable de prendre sur lui les
souffrances des hommes. Il en va de même avec la papauté: on ne peut pas
blesser ni tuer les articles de la foi; on peut les blesser et les tuer dans
le Pape. Cette vulnérabilité est nécessaire pour manifester que le
christianisme ne se ramène pas à l'intelligibilité anonyme d'un système
moral, mais qu'il jaillit d'une rencontre libre et dramatique avec une
Personne. Ainsi les attaques que subit Benoît XVI ne font que mieux le
conformer au Christ, et permettent au croyant de l'admirer encore plus comme
son Vicaire inespéré.
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 27 avril 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.04.2010 -
T/Benoît XVI
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