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La rébellion des masses contre l’idéologie « woke » a valu la victoire à
Trump. Mais c’est également une leçon pour l’Église
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Le 27 mars 2025 -
E.S.M.
- Il y a un large consensus sur le fait que
le succès de Donald Trump soit
également le fruit d’une réaction populaire de rejet du langage
« politiquement correct » et de l’idéologie « woke » imposée par les
élites progressistes, en particulier sur le genre et le sexe.
S.M.
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La rébellion des masses contre l’idéologie « woke » a valu la victoire à
Trump. Mais c’est également une leçon pour l’Église
La rébellion des masses contre l’idéologie « woke » a valu la victoire à
Trump. Mais c’est également une leçon pour l’Église
Le 27 mars 2025 -
E.S.M. -
Il y a un large consensus sur le fait que le succès de Donald Trump soit
également le fruit d’une réaction populaire de rejet du langage
« politiquement correct » et de l’idéologie « woke » imposée par les
élites progressistes, en particulier sur le genre et le sexe.
Ce qui
est moins évident, c’est de déterminer à quelle point cette défaite est
prise au sérieux par ces mêmes élites. Ainsi que par l’Église
catholique, dans la mesure où elle y participe.
*
En Italie, plusieurs intellectuels de haut niveau ont commencé à
faire publiquement leur examen de conscience.
Le 6 mars, dans un entretien à la « La Repubblica », le principal
quotidien de la culture progressiste,
Giuliano Amato, 86 ans, juriste et homme politique de gauche, ancien
chef du gouvernement, ancien président de la Cour constitutionnelle et à
plusieurs reprises candidat à la présidence de la république, a attribué
la responsabilité de la défaite notamment « à des démocrates convaincus
comme moi qui, ces cinquante dernières années, ont été de tous les
combats progressistes sans réaliser à temps l’éloignement grandissant,
parfois excessif, par rapport aux valeurs traditionnelles qui unissent
nos sociétés ». Autrement dit, sans comprendre qu’ « une démocratie
libérale ne périclite pas si nous acceptons des libertés plus limitées
et une certaine coexistence avec les valeurs traditionnelles ».
Un point de vue rejoint, avec des accents encore plus explicites dans
le « Corriere della Sera », par
Ernesto Galli della Loggia, 82 ans, professeur d’histoire
contemporaine :
« Qu’il s’agisse de la reproduction de la vie ou des façons de
mourir, des caractéristiques de la parentalité ou de la morale sexuelle,
du sens de la famille, de la paix et de la guerre, de la transformation
de tous les besoins en un droit, inévitablement toute l’Italie qui se
voulait progressiste a rejoint le camp de « l’idéologiquement correct »,
dans une attitude de soi-disant supériorité, voire d’hostilité
agressive, envers ceux qui pensaient différemment ».
Tout cela sans se rendre compte que « pour une grande partie des
classes populaires, cette hégémonie de la « novlangue » a représenté une
rupture douloureuse avec leur identité, pour mille raisons encore très
enracinées dans le passé ».
Tout comme Amato, Galli della Loggia a donc enjoint les élites à « ne
pas se replier sur elles-mêmes, c’est-à-dire à rester ouvertes et à
écouter toutes les voix de la société, sans réduire au silence celles
qui ne leur plaisent pas ». Autrement, « ils seront tôt ou tard
sanctionnés » dans les urnes, comme cela s’est passé aux États-Unis avec
Trump, au sujet duquel « il appartient avant tout aux élites européennes
de s’accrocher à leurs populations pour faire échouer ses plans ».
Une troisième intervention dans la même veine, celle de
Giuliano Ferrara, 73 ans, a été publiée le 13 mars dans « Il
Foglio ». Ce n’est pas la première fois qu’il critique « le silence
culturel des progressistes », mais cette fois il a également tenu à
rappeler qu’Amato – même s’il n’est pas croyant comme Galli della Loggia
et Ferrara lui-même – « avait fait part de ses doutes, voire plus, sur
l’avortement », au moment où la volonté des élites progressistes était
d’en faire « un droit élargi et inconditionnel ».
« À cause de ces objections éthiques », a encore rappelé Ferrara, «
Amato a subi quelques ennuis parce que le progressisme moral sait être
agressif et censurer les voix contraires, mais il s’en est tenu à un
comportement prudent, fidèle à lui-même, et s’en est sorti vivant ». De
plus, il « fréquentait le Parvis des gentils, une magnifique institution
culturelle imaginée sous Ratzinger et Ruini, pour débattre avec une
ouverture non-confessionnelle, dans l’Église et dans le monde extérieur,
de grandes questions éthiques comme la fin de vie, qui est le vocable
pudique voire l’euphémisme pour désigner un autre « droit » qui finira
par se retrouver dans l’une ou l’autre constitution européenne : le
droit de mourir ».
Avec une importante mise en garde, que Ferrara a exposée dans un
article ultérieur dans « Il Foglio » du 22 mars, reprenant les thèses du
célèbre essai « La rebelión de las masas » publié en 1930 par le
philosophe espagnol
José Ortega y Gasset.
Car s’il est vrai qu’aux États-Unis, Trump a pu compter sur la
rébellion des masses envers l’idéologie des élites progressistes, le
fait que le soutien populaire dont il a bénéficié soit devenu
l’instrument d’une démagogie démesurée s’étale également sous les yeux
de tous.
Dans les années Trente, en Europe, la rébellion des masses a ouvert
la porte à de terribles solutions autoritaires. Et aujourd’hui ? Il est
capital, écrit Ferrara, « de trouver la manière de refonder la culture
des élites et de lancer de nouveaux modèles d’agrégation des masses qui
soient compatibles avec la structure libérale de la démocratie politique
».
*
Et dans l’Église ? Là encore, les compromissions et les alignements
envers l’idéologie des élites progressiste ne manquent pas, malgré
quelques critiques du bout des lèvres ou quelques actes de rébellion
plus étendus.
Le feu vert donné par le Saint-Siège fin 2023 à la bénédiction des
couples gays a suscité la
protestation de toutes les conférences épiscopales d’Afrique noire,
ainsi que de pans entiers d’Églises sur d’autres continents.
Nonobstant le fait que le Pape François s’est prononcé à plusieurs
reprises contre l’idéologie « gender », il n’en demeure pas moins que
l’opinion publique le perçoit davantage comme inclusif qu’exclusif. Il
conserve l’image d’un pape qui ouvre les portes à « todos, todos,
todos » tout en s’abstenant du moindre reproche et de la moindre
condamnation au nom du « qui suis-je pour juger ? ».
En outre, la vision profondément anti-occidentale du Pape François –
bien reconstruite dans le livre de l’historien latino-américain Loris
Zanatta : « Bergoglio.
Una biografia politica » — le rend particulièrement sensible aux
thèses de la « cancel culture » qui veut effacer des siècles entiers
d’histoire en les pointant du doigt en bloc. Même ses piques féroces
contre les traditionnalistes contribuent à accroître son image de
chantre d’un nouveau chemin immaculé pour l’Église, tournant le dos à un
passé obscur à propos duquel on ne peut que demander pardon.
Un exemple flagrant de cette soumission du Pape à la « cancel
culture » s’est produit à l’occasion de son voyage au Canada en juillet
2022 (voir photo).
L’année précédente, on venait de dénoncer l’existence, dans ce pays,
de charniers avec des centaines d’enfants indigènes enterrés à proximité
des écoles catholiques et anglicanes dans lesquelles ils avaient été
placés de force et maltraités, arrachés à leurs familles et à leurs
tribus, afin d’y être « rééduqués ». Les charniers n’avaient pas encore
été trouvés ni exhumés mais on avait lancé une commission d’enquête pour
confirmer les faits. Immédiatement, on exigea que les évêques et le Pape
demandent publiquement pardon pour ces exactions. Ils s’exécutèrent sans
broncher, et l’on vit alors un François repentant et contrit prononcer
des paroles très dures contre le colonialisme et le racisme dont
l’Église elle-même s’était rendue complice, allant même jusqu’à
qualifier le massacre de ces enfants de « génocide ».
Tout cela sans aucune preuve de l’existence réelle de ces sépultures,
à tel point qu’après trois années de recherches aussi acharnées
qu’infructueuses, au début de ce mois de mars, le gouvernement de Justin
Trudeau
a clôturé la commission d’enquête. Passant sous silence dans le même
temps ces plus de cent églises incendiées et vandalisées en représailles
contre ces crimes supposés.
On a pu assister à une autre grave compromission envers la « cancel
culture » pendant le synode sur l’Amazonie, en octobre 2019, encore une
fois contre ce colonialisme dont l’Église se serait rendue complice.
Pour le Pape François, en effet, l’un des objectifs de ce synode
était de vanter les mérites de l’innocence originaire des tribus
d’Amazonie, avec leur « buen vivir » archaïque en parfaite symbiose
entre les hommes et la nature, avant qu’il ne soit dénaturé et souillé
par les colonisateurs civils et ecclésiaux.
Sauf que ce « buen vivir » paradisiaque s’est avéré, dans certaines
tribus, consister en des infanticides et des mises à mort d’anciens,
perpétrées ouvertement dans le but de garantir un équilibre « dans la
dimension de la famille et la taille des groupes » et de « ne pas
contraindre l’esprit des anciens à rester enchaîné à leur corps, sans
pouvoir répandre ses bienfaits sur le reste de la famille ».
Des déclarations prononcées avec un détachement imperturbable et sans
jugement aucun par un évêque amazonien et une spécialiste brésilienne
appelés en tant qu’experts, dans deux des
conférences de presse qui ont accompagné les travaux synodaux.
Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire
L’Espresso.
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Sources
: diakonos.be-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.03.2025
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