Un évêque Français qui défend les
options de Benoît XVI |
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ROME, le 27 mars 2007 -
(E.S.M.) - Depuis
son élection, le pape Benoît XVI appelle les catholiques à sortir du
compromis avec la pensée dominante et de la soumission aux contraintes
exercées par les autorités temporelles. Le courageux archevêque
d’Avignon publie une Lettre ouverte aux candidats aux prochaines
élections.
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Le génocide franco-français
Un évêque Français qui défend les options du pape Benoît XVI
Depuis son élection, le pape Benoît XVI appelle les catholiques à sortir du
compromis avec la pensée dominante et de
la soumission aux contraintes exercées par les
autorités temporelles. Parmi les priorités «non
négociables» se trouve la liberté d’éducation des parents. En
proposant à l’enseignement catholique d’échapper à la facilité, Mgr Cattenoz
met en œuvre ce que Benoît XVI nous invite au redressement. À sa manière la
charte de l’archevêque d’Avignon est un fruit de l’encyclique programme
Deus Caritas est
et du
Discours de Ratisbonne.
Dernièrement, Mgr Jean-Pierre Cattenoz,
Archevêque d’Avignon a remué les consciences en annonçant, après trois ans
de travail, la publication d’une charte de l’enseignement catholique pour
son diocèse qui rompt avec trente ans de compromis
regrettables. En voulant «replacer le
Christ au centre de l’école catholique», Mgr Jean-Pierre Cattenoz
opère un virage qui fera date, quand bien même l’archevêque mesure les
difficultés, et l’immense effort à entreprendre de la part de toute l’Église
de France : vis-à-vis d’elle-même, du corps enseignant et de l’Éducation
nationale. Pour lire l'article: Recentrer
l’enseignement catholique sur le Christ» : le choc de la charte d’Avignon:
e-cristians
Aujourd'hui le courageux
évêque publie une Lettre ouverte aux candidats aux prochaines élections
Mgr Jean-Pierre Cattenoz : Lettre ouverte aux
candidats.
MESDAMES ET MESSIEURS LES CANDIDATS, quand je vous
écoute, j’ai mal pour mon pays. Bien sûr, je me réjouis devant les germes
d’espérance contenus dans les nombreuses propositions énoncées dans vos
programmes.
Il y a quelques semaines, je me suis réjoui de vous voir tous unanimes pour
inscrire l’abolition de la peine de mort dans notre Constitution.
Aujourd’hui, je suis consterné par vos programmes qui portent en eux les
germes d’une culture de mort pour notre société.
Certes, comme archevêque d’Avignon, il ne m’appartient pas de prendre
position publiquement pour l’un ou l’une d’entre vous. De même, en
intervenant, je n’entends nullement porter atteinte à la liberté politique
des catholiques de mon diocèse. Je voudrais seulement vous alerter et
alerter tous les hommes de bonne volonté sur plusieurs points de la campagne
électorale dont les enjeux me semblent majeurs pour l’avenir de notre pays.
DEFENDRE LE PATRIMOINE DE L’HUMANITE
Au nom de l’Évangile, je veux
défendre la vie, l’Évangile de la vie. Or je constate combien en laissant
fragiliser la famille vous portez atteinte au patrimoine de l’humanité.
La famille est le
sanctuaire de la vie, une réalité décisive et irremplaçable pour le bien
commun des peuples. Elle est la cellule vitale et le pilier de toute vie en
société. L’avenir de l’humanité passe par la famille. Elle est le centre
névralgique de toute société, une école d’humanisation de l’homme où il peut
grandir et devenir pleinement homme. La famille est le lieu privilégié et
irremplaçable où l’homme apprend à recevoir et à donner l’amour qui seul
donne sens à la vie. Elle est le lieu naturel de la conception, de la
naissance, de la croissance et de l’éducation des enfants. Elle est le
milieu naturel où l’homme peut naître dans la dignité, grandir et se
développer de manière intégrale.
L’institution du mariage, fondement de
la famille échappe à la fantaisie de l’homme ; le mariage plonge ses racines
dans la réalité la plus profonde de l’homme et de la femme, il est l’union
de l’homme et de la femme. « Impossible de contester cette norme sans que la
société ne soit dramatiquement blessée dans ce qui constitue son fondement.
L’oublier signifierait fragiliser la famille, pénaliser les enfants et
précariser l’avenir de la société » (Benoît XVI,
Carême 2007: la lettre d’amour de Benoît XVI - 20.02.07).
Or la plupart de vos programmes électoraux, loin de protéger et de
promouvoir la famille fondée sur le mariage monogame entre l’homme et la
femme, ouvrent la porte au mariage entre personnes du même sexe et à
l’adoption d’enfants par des couples homosexuels. Aucune autre forme de vie
commune que l’union d’un homme et d’une femme ne peut être juridiquement
assimilable au mariage ni ne peut recevoir, en tant que telle, une
reconnaissance légale. Toute tentative de relativiser le mariage en lui
donnant le même statut que d’autres formes d’unions radicalement différentes
sont dangereuse pour notre société. Tout cela offense la famille et
contribue à la déstabiliser en voilant sa spécificité et son rôle social
unique.
Concernant le “mariage homosexuel”, il faut distinguer l’homosexualité comme
fait privé et l’homosexualité comme relation sociale prévue et approuvée par
la loi. La légalisation d’une telle union finirait par entraîner un
changement de l’organisation sociale tout entière qui deviendrait contraire
au bien commun. Les lois civiles qui devraient être des principes
structurants de l’homme au sein de la société, jouent un grand rôle dans la
formation des mentalités et des habitudes. Le respect envers les personnes
homosexuelles ne saurait en aucune manière conduire à l’approbation du
comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions
homosexuelles (cf. Cardinal Ratzinger, désormais pape Benoît XVI, « Considération à propos des projets
de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles »,
Congrégation pour la Doctrine de la Foi, juin 2003).
Le nombre de séparations et de divorces s’accroît, rompant l’unité familiale
et créant de nombreux problèmes aux enfants, victimes innocentes de ces
situations. La fragilité et le nombre de foyers monoparentaux ne sont pas
sans poser question. La stabilité de la famille est aujourd’hui menacée ;
pour la sauvegarder, il ne faut pas avoir peur d’aller à contre-courant de
la culture ambiante. Les diverses formes de dissolution du mariage sont
l’expression d’une liberté anarchique qui se fait passer à tort pour une
libéralisation de l’homme. Au contraire, reconnaître et soutenir
l’institution du mariage est un des services les plus importants à apporter
aujourd’hui au bien commun et au véritable développement des hommes et des
sociétés, de même que la plus grande garantie pour assurer la dignité,
l’égalité et la véritable liberté de la personne humaine.
Malheureusement bien des projets sur le mariage, le divorce, l’adoption
tiennent, certes, compte des désirs des adultes, mais oublient complètement
l’intérêt des enfants. Le droit à l’enfant semble prendre le pas sur le
droit de l’enfant.
Comme le montre unanimement l’expérience, l’absence d’une maman ou d’un papa
au sein d’une famille entraîne bien des obstacles dans la croissance des
enfants. Comment des enfants insérés dans des unions homosexuelles où
manquent la bipolarité sexuelle et l’expérience conjointe de la paternité et
de la maternité pourront-ils grandir et mûrir humainement sans porter les
séquelles de cette absence ? Comment assurer l’équilibre de la structure
psychologique et sexuelle de l’enfant dans un couple où il n’y a qu’un sexe
?
L’affaiblissement de la cellule familiale est une des causes majeures des
difficultés des jeunes. La crise de la famille est une cause directe du mal
être des jeunes. La majorité des jeunes en difficultés sont issus de
familles humainement et socialement fragilisées.
Au nom de l’Évangile, je veux
défendre la vie, l’Évangile de la vie, de cette vie qui fait de nous des
hommes de l’utérus au sépulcre.
La banalisation de l’avortement
et le silence sur les conséquences psychologiques, les blessures et
les souffrances cachées qui marquent à jamais les femmes sont intolérables.
L’information tronquée sur les séquelles provoquées par l’avortement chez
les femmes qui y ont eu recours est insupportable.
La liberté de tuer n’est pas une vraie liberté, mais une tyrannie. Jean-Paul
II dans sa lettre encyclique
l'Evangile de la Vie a eu des mots très vrais et
très durs sur la réalité de l’avortement :
« Parmi tous les crimes que l’homme peut accomplir
contre la vie, l’avortement provoqué présente des caractéristiques qui le
rendent particulièrement grave et condamnable […].
L’avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit
la façon dont il est effectué, d’un être humain dans la phase initiale de
son existence, située entre la conception et la naissance. La gravité
morale de l’avortement provoqué apparaît dans toute sa vérité si l’on
reconnaît qu’il s’agit d’un homicide et, en particulier, si l’on considère
les circonstances particulières qui le qualifient. Celui qui est supprimé
est un être humain qui commence à vivre, c’est-à-dire l’être qui est, dans
l’absolu, le plus innocent qu’on puisse imaginer : jamais il ne pourrait
être considéré comme un agresseur, encore moins comme un agresseur injuste
! Il est faible, sans défense, au point d’être privé même du plus infime
moyen de défense, celui de la force implorante des gémissements et des
pleurs du nouveau-né. »
Alors que la peine de mort a été abolie pour une question
de principe, l’avortement devrait être considéré comme atteignant la dignité
de la personne à naître.
Certes, l’avortement est désormais inscrit dans les lois, mais il n’en
demeure pas moins immoral au regard de l’Évangile et de l’Évangile de la
vie.
L’acceptation de l’euthanasie fait peser
des menaces graves sur les malades incurables et sur les mourants. Certes,
le contexte social et culturel actuel augmente la difficulté d’affronter la
souffrance à l’approche de la mort. Il rend plus forte la tentation de
résoudre ce problème en l’éliminant à la racine par l’anticipation de la
mort au moment considéré comme le plus opportun. Pourtant, les médecins
affirment aujourd’hui savoir soulager la quasi-totalité des douleurs. La
vraie question est donc celle des soins palliatifs.
La vie humaine est sacrée, de son commencement naturel jusqu’à son terme.
Tout être humain a le droit au respect intégral de ce bien qui est pour lui
primordial. Nous ne pouvons accepter la promotion de lois visant à légaliser
l’euthanasie.
La manipulation des embryons fait peser
une lourde menace sur notre société. L’embryon est un être vivant qui
possède un patrimoine génétique humain. Il est une personne humaine, il faut
la protéger parce qu’elle est membre à part entière de l’espèce humaine et
mérite notre respect.
Les progrès de la science et de la technique peuvent se transformer en
menace si l’homme perd le sens de ses limites. Il faut prendre conscience
que la chosification de l’embryon nous conduira tôt ou tard à l’eugénisme.
Effectivement, cette manipulation débouche sur un
eugénisme subtil. En effet, le dépistage prénatal a changé de
nature, il n’est plus destiné à traiter mais bien à supprimer. Un tel
dépistage renvoie à une perspective terrifiante, celle de l’éradication.
Aujourd’hui, la venue au monde de certains enfants est devenue non
souhaitable. La science propose même des outils pour réaliser le rêve de
l’enfant sans défaut. Plusieurs de vos programmes construisent pas à pas une
politique de santé qui flirte avec l’eugénisme.
Les recherches biotechnologiques toujours plus pointues visent à instaurer
des méthodes d’eugénisme toujours plus subtiles et qui visent à la recherche
de l’enfant parfait, fruit d’une sélection totalement contrôlée. Par leur
maladie, par leur handicap, ou plus simplement par leur présence même, ceux
qui auraient le plus besoin d’amour, d’accueil, de soin, sont jugés inutiles
et considérés comme un poids insupportable dont il faut se débarrasser,
qu’il faut éliminer.
Nous voyons se déchaîner comme une sorte de conspiration contre la vie.
Au nom de l’Évangile, je veux
défendre la vie, l’Évangile de la vie. Je ne peux fermer les yeux devant
tant d’hommes et de femmes aujourd’hui en France qui se sentent blessés,
exclus, mis sur le bord de la route pour de multiples raisons
personnelles, économiques, sociales, politiques ou même religieuses.
Certes, il appartient aux politiques de gouverner, mais
je ne peux m’empêcher de vous rappeler que l’économie se doit d’être au
service de l’homme et du bien commun dans le respect de la justice sociale
et de la solidarité humaine. La mondialisation des échanges commerciaux et
la globalisation de l’économie semblent se fonder sur une conception
intégralement libérale de l’économie, de ses mécanismes. L’économie prime
sur tout et là encore des conceptions individualistes et libérales dominent
au détriment du respect de l’homme et de la solidarité entre les hommes.
OÙ SONT VOS PRIORITÉS ?
Comment vivre une authentique fraternité humaine dans notre pays ? Comment
respecter les plus pauvres ? Comment répondre au droit au logement et à des
logements qui n’accentuent pas la déstructuration de la cellule familiale ?
Comment prendre en compte l’émigration comme un fait désormais structurel de
notre société ? Comment accueillir de manière juste tout en étant généreuse
? Comment lutter contre tous ceux qui exploitent les immigrés clandestins,
les marchands de sommeil, les employeurs véreux ? Comment réfléchir à la
question de l’emploi, du travail et de sa juste rémunération ? Comment
prendre en compte les menaces écologiques ?
Autant de questions pour lesquelles nous attendons des réponses qui ne
soient pas des promesses électorales trop souvent sans lendemain, mais des
engagements clairement exprimés.
Où sont vos priorités ? Sont-elles du côté de groupes de pression
susceptibles de vous apporter des voix le temps d’une élection ou sont-elles
vraiment au service de notre pays ?
Au nom de l’Évangile, je ne peux
que dénoncer avec les Associations familiales catholiques la racine de
tout cela : un individualisme à tout crin qui gangrène notre société.
Nous constatons l’évolution du droit civil qui consacre
depuis trente ans l’individualisme des droits. Le droit qui dicte et façonne
les normes sociales, privilégie l’individu, la vie privée, considère que les
choix affectifs ne peuvent et ne doivent avoir aucune conséquence ni sur les
enfants ni sur la vie civique, économique et sociale.
Dans notre culture, on exacerbe souvent la liberté de l’individu conçu comme
sujet autonome, comme s’il se suffisait à lui-même, en marge de ses
relations avec les autres, étranger à ses relations avec autrui. Beaucoup
voudraient organiser la vie sociale seulement à partir des désirs subjectifs
et changeants, sans aucune référence à une vérité objective comme la dignité
de tout être humain, ses droits et ses devoirs au service desquels doivent
se mettre les responsables de notre société.
Ainsi toutes les formes d’union conjugale sont mises sur un pied d’égalité,
le droit à l’enfant se substitue au droit de l’enfant. On laisse se propager
et se développer des pratiques de contraception abortives, l’avortement et
les dérives eugénistes. La famille et les familles ne sont plus considérées
comme les corps fondateurs de la société, mais comme une juxtaposition
d’individus. Ainsi naissent et prospèrent au gré des gouvernements, des
politiques à caractère social, destinées à pallier les effets de cet
individualisme qui gangrène la société. Cette conception individualiste de
la société soumet notre pays aux dérives d’une opinion aux repères brouillés
et aux groupes de pression qui pèsent de tout leur poids en cette période
électorale (cf. Déclaration des AFC, « Débats préélectoraux 2007-2008 »).
Au nom de l’Évangile et à la veille de l’élection
présidentielle et des élections législatives, je ne peux qu’inviter les
hommes politiques, les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté à
passer au crible de l’Évangile et de l’enseignement de l’Église vos
propositions avant de se déterminer dans leur choix.
Avignon, le 22 mars 2007
+ Jean-Pierre Cattenoz,
archevêque d’Avignon
Lettre ouverte de Mgr Cattenoz aux candidats à l'élection présidentielle
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diocèse d’Avignon
Le 31.12.2006, le
pape Benoît XVI avait salué à la prière de l'Angélus, en particulier
Monseigneur Jean-Pierre
Cattenoz,
Archevêque d'Avignon, accompagné par un groupe de séminaristes.
Sources: E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.03.2007 - BENOÎT XVI- Eglise |