Homélie de Benoît XVI, messe en
conclusion du Synode des évêques d'Afrique |
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Le 26 octobre 2009 -
(E.S.M.)
- C'est par la Co-célébration Solennelle de la Sainte Messe ce
matin dans la basilique du Vatican présidée par le pape Benoît
XVI que s'achève le synode des éveques d'Afrique. Homélie du
Saint-Père :
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Le pape Benoît XVI -
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Homélie de Benoît XVI, messe en
conclusion du Synode des évêques d'Afrique
Le 26 octobre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Ce dimanche matin, 25 octobre 2009 à 10h00, XXXe Dimanche du temps
ordinaire, dans la Basilique Vaticane, près de la tombe de l’Apôtre Pierre,
le Saint-Père Benoît XVI a présidé la Célébration Solennelle de
l’Eucharistie avec les Pères synodaux, pour la conclusion de la II Assemblée
Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, qui a été célébrée dans la
Salle du Synode au Vatican à partir du 4 octobre 2009 et jusqu’au 25 octobre
2009, sur le thème synodal: L’Église en Afrique au service de la
réconciliation, de la justice et de la paix. “Vous êtes le sel de la
terre... Vous êtes la lumière du monde” (Mt 5, 13.14).
Ont concélébré avec le Pape 239 Pères synodaux, ainsi que d’autres
participants et collaborateurs, dont 33 Cardinaux, 75 Archevêques, 120
Évêques et 8 Prêtres (8 Pères synodaux, 5 membres de la
Secrétairerie générale, 4 Auditeurs, 15 Experts, 2 Attachés de presse, 25
Assistants et 3 Traducteurs). Au total, les Concélébrants étaient
au nombre de 294.
Tandis que le Saint-Père et les concélébrants montaient à l’Autel, était
exécuté le chant en langue Igbo “Enwere m anuri” (“Quelle joie”) et le
Psaume 46 “Iubilate Deo”.
Sont montés à l’Autel pour la prière eucharistique les Présidents délégués
S.Ém. le Cardinal Francis ARINZE, Préfet émérite de la Congrégation pour le
Culte Divin et la Discipline des Sacrements (CITÉ DU
VATICAN), S. Ém. le Card. Wilfrid Fox NAPIER, O.F.M., Archevêque
de Durban (AFRIQUE DU SUD), S. Ém. le Card.
Théodore-Adrien SARR, Archevêque de Dakar, (SÉNÉGAL),
le Rapporteur général S. Ém. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque
de Cape Cost (GHANA); le Secrétaire général
S.Exc. Mgr Nikola ETEROVIĆ, (CITÉ DU VATICAN);
les Secrétaires spéciaux S.Exc. Mgr Damião António FRANKLIN, Archevêque de
Luanda (ANGOLA) et S.Exc. Mgr Edmond DJITANGAR,
Évêque de Sarh (TCHAD).
La Première Lecture a été prononcée en portugais, le Psaume responsorial en
italien et la Deuxième Lecture en anglais. L’Évangile a été proclamé en
latin. La Prière des fidèles a été prononcée en français, kikongo, malgache,
swahili et igbo. Au cours des rites de l’offertoire, a été chanté en langue
yoruba, “Tewo gbebowa” (“Reçois notre sacrifice”); l’Agneau de
Dieu a été chanté en langue efik, “Eyen eron”. Les chants de
communion ont été le psaume 118, en latin, et “Munzo ya” (“Seigneur,
nous sommes ici”), en langue haoussa. À la fin de la célébration, ont
été exécutés l’“Ave Maria” en langue igbo et les litanies en langue
guèze.
Au cours du Saint Rite, après la proclamation de l’Évangile, le Saint-Père a
prononcé l’homélie, que nous publions ci-dessous.
Homélie du Saint-Père
Vénérés frères!
Chers frères et sœurs!
Voici un message d’espérance pour l’Afrique: nous venons de l’écouter de la
Parole de Dieu. C’est le message que le Seigneur de l’histoire ne se lasse
pas de renouveler pour l’humanité opprimée et écrasée, de toute époque et de
toute terre, depuis qu’il révéla à Moïse sa volonté concernant les
Israélites esclaves en Égypte: “J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon
peuple (...) et j’ai entendu ses cris (...) je connais ses souffrances. Je
suis descendu pour le délivrer (...) et le faire monter de cette terre vers
une terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de
miel” (Ex 3, 7-8). Quelle est cette terre?
Ne s’agit-il pas du Royaume de la réconciliation, de la justice et de la
paix, auquel l’humanité entière est appelée? Le dessein de Dieu ne change
pas. Il est le même que celui proclamé par Jérémie, dans les magnifiques
oracles appelés “Livre de la consolation”, dont est tirée la première
lecture d’aujourd’hui. Il s’agit d’une annonce d’espérance pour le peuple
d’Israël, prostré par l’invasion de l’armée de Nabuchodonosor, par la
dévastation de Jérusalem et du Temple, et par la déportation à Babylone. Un
message de joie pour le “reste” des enfants de Jacob, qui leur
annonce un avenir, car le Seigneur les reconduira dans leur terre, à travers
une route droite et facile. Les personnes qui ont besoin de soutien, comme
l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée, font
l’expérience de la force et la tendresse du Seigneur: Il est un Père pour
Israël, prêt à s’en occuper comme son fils aîné (cf. Jr
31, 7-9).
Le dessein de Dieu ne change pas. À travers les siècles et les
bouleversements de l’histoire, Il a toujours le même objectif: le Royaume de
la liberté et de la paix pour tous. Et ceci implique sa prédilection pour
ceux qui sont privés de liberté et de paix, pour ceux qui sont violés dans
leur dignité de personnes humaines. Nous pensons, en particulier, aux frères
et aux sœurs qui, en Afrique, souffrent de la pauvreté, des maladies, des
injustices, des guerres et des violences, des migrations forcées. Ces fils
préférés du Père céleste sont comme l’aveugle de l’Évangile, Bartimée, qui
“était assis au bord de la route” (Mc 10, 46), aux portes de Jéricho. C’est
sur cette même route que passe Jésus de Nazareth. C’est la route qui conduit
à Jérusalem, où se consommera la Pâques, sa Pâques sacrificielle, vers
laquelle le Messie s’avance pour nous. C’est la route de son exode qui est
aussi le nôtre: l’unique route qui conduit à la terre de la réconciliation,
de la justice et de la paix. Sur cette route, le Seigneur rencontre Bartimée
qui a perdu la vue. Leurs routes se croisent, deviennent une seule route.
“Fils de David, aie pitié de moi!”, crie l’aveugle avec confiance. Et Jésus
lui dit: “Appelez-le”, et il ajoute: “Que veux-tu que je fasse pour
toi?”. Dieu est lumière et créateur de la lumière. L’homme est fils de la
lumière, fait pour voir la lumière, mais il a perdu la vue, et se trouve
obligé de mendier. À côté de lui, passe le Seigneur qui s’est fait mendiant
pour nous: assoiffé de notre foi et de notre amour. “Que veux-tu que je
fasse pour toi?”. Dieu le sait, mais il le demande; il veut que ce soit
l’homme qui parle. Il veut que l’homme se lève, qu’il retrouve le courage de
demander ce qui lui revient du fait de sa dignité. Le Père veut entendre de
vive voix son fils exprimer sa libre volonté de voir à nouveau la lumière,
cette lumière pour laquelle il l’a créé. “Rabbouni, que je voie”. Et
Jésus lui dit: “Va, ta foi t’a sauvé. Aussitôt l’homme se mit à voir, et
il suivait Jésus sur la route” (Mc 10, 51-52).
Chers frères, rendons grâce parce que cette “mystérieuse rencontre entre
notre pauvreté et la grandeur” de Dieu s’est également réalisée au cours
de l’Assemblée synodale pour l’Afrique qui se conclut aujourd’hui. Dieu a
renouvelé son appel: “Confiance, lève-toi...” (Mc
10, 49). Et voici que l’Église qui est en Afrique elle aussi, au
travers de ses Pasteurs, venus de tous les Pays du Continent, de Madagascar
et des autres îles, a accueilli le message d’espérance et la lumière pour
cheminer sur la voie qui conduit au Royaume de Dieu. “Va, ta foi t'a
sauvé” (Mc 10, 52). Oui, la foi en Jésus
Christ – lorsqu’elle est bien intense et bien pratiquée – guide les hommes
et les peuples à la liberté dans la vérité ou, pour reprendre les trois mots
du thème du Synode, à la réconciliation, à la justice et à la paix. Bartimée
qui, une fois guéri, suit Jésus sur la route, est une image de l’humanité
qui, éclairée par la foi, se met en chemin vers la terre promise. Bartimée
devient à son tour témoin de la lumière, en racontant et en démontrant par
sa vie d’avoir été guéri, renouvelé, régénéré. Telle est l’Église dans le
monde: une communauté de personnes réconciliées, opératrices de justice et
de paix; “sel et lumière” au milieu de la société des hommes et des
nations. C’est pourquoi le Synode a réaffirmé avec force – et a manifesté –
que l’Église est Famille de Dieu au sein de laquelle ne peuvent subsister de
divisions ethniques, linguistiques ou culturelles. Des témoignages émouvants
nous ont montré qu’aux heures les plus sombres de l’histoire humaine,
l’Esprit Saint est à l’œuvre et transforme les cœurs des victimes et des
persécuteurs afin qu’ils se reconnaissent frères. L’Église réconciliée est
un puissant levain de réconciliation dans les différents pays et sur tout le
Continent africain.
La Deuxième Lecture nous offre une autre perspective: l’Église, communauté
qui suit le Christ sur le chemin de l’amour, a une forme sacerdotale. La
catégorie du sacerdoce, comme clef d’interprétation du mystère du Christ et,
par conséquent, de l’Église, a été introduite dans le Nouveau Testament par
l’Auteur de la Lettre aux Hébreux. Son intuition a pour origine le Psaume
110, cité aujourd’hui, là où le Seigneur Dieu, par un serment solennel,
assure au Messie: “Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek”
(v. 4). Une référence qui en rappelle une autre, extraite du
Psaume 2, dans lequel le Messie annonce le décret du Seigneur qui dit de
lui: “Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré”
(v. 7). De ces textes, dérive l’attribution à
Jésus Christ du caractère sacerdotal, non pas dans un sens générique mais “selon
l'ordre du roi Melkisédek”, c’est-à-dire le sacerdoce le plus haut et
éternel, d’origine non pas humaine mais divine. Si tout grand prêtre “est
toujours pris parmi les hommes, et chargé d'intervenir en faveur des hommes
dans leurs relations avec Dieu” (He 5, 1),
Lui seul, le Christ, le Fils de Dieu, possède un sacerdoce qui s’identifie
avec sa Personne même, un sacerdoce singulier et transcendant, dont dépend
le salut universel. Son sacerdoce, le Christ l’a transmis à l’Église par
l’intermédiaire de l’Esprit Saint; c’est pourquoi l’Église a en elle-même,
dans chacun de ses membres, en raison du Baptême, un caractère sacerdotal.
Mais – et c’est un ici un aspect décisif le sacerdoce de Jésus Christ n’est
plus avant tout rituel mais bien existentiel. La dimension du rite n’est pas
abolie mais, comme cela apparaît clairement dans l’institution de
l’Eucharistie, elle tire sa signification du Mystère pascal qui porte à leur
achèvement les sacrifices antiques et les dépasse. Naissent ainsi, de
manière simultanée, un nouveau sacrifice, un nouveau sacerdoce et également
un nouveau temple, et tous trois coïncident avec le Mystère de Jésus Christ.
Unie à Lui par les Sacrements, l’Église prolonge son action salvifique en
permettant aux hommes d’être guéris par la foi, comme l’aveugle Bartimée.
Ainsi, la Communauté ecclésiale, sur les traces de son Maître et Seigneur,
est appelée à parcourir de manière décidée la route du service, à partager
jusqu’au bout la condition des hommes et des femmes de son temps, afin de
témoigner à tous de l’amour de Dieu et de semer ainsi l’espérance.
Chers amis, ce message de salut l’Église le transmet en conjuguant toujours
l’évangélisation et la promotion humaine. Prenons par exemple l’Encyclique
historique “Populorum
Progressio”: ce que le Serviteur de Dieu Paul VI élabora en termes de
réflexions, les missionnaires l’ont réalisé et continuent de le réaliser sur
le terrain, en promouvant un développement respectueux des cultures locales
et de l’environnement, selon une logique qui maintenant, depuis plus de 40
ans, apparaît être la seule en mesure de faire sortir les peuples africains
de l’esclavage de la faim et des maladies. Cela signifie transmettre
l’annonce d’espérance selon une “forme sacerdotale”, c’est-à-dire en
vivant en première personne l’Évangile, en cherchant à le traduire en
projets et en réalisations en cohérence avec le principe dynamique
fondamental qu’est l’amour. Durant ces trois semaines, la Deuxième Assemblée
Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques a confirmé ce que mon vénéré
prédécesseur Jean-Paul II avait déjà bien mis en évidence, et que j’ai voulu
moi-même approfondir dans la dernière Encyclique “Caritas
in Veritate”: qu’il faut renouveler le modèle de développement mondial,
de manière à ce qu’il soit capable “d’intégrer tous les peuples et non
seulement ceux qui étaient en mesure d’y prendre part” (n. 39).
Ce que la doctrine sociale de l’Église a toujours soutenu à partir de sa
vision de l’homme et de la société, la mondialisation le réclame à son tour
aujourd’hui (cf. ibid). Celle-ci – rappelons-le
– ne doit pas être comprise de manière fataliste comme si ses dynamiques
étaient produites par des forces anonymes impersonnelles et indépendantes de
la volonté humaine. La mondialisation est une réalité humaine et en tant que
telle, elle peut être modifiée selon une configuration culturelle ou une
autre. L’Église travaille par sa conception personnaliste et communautaire,
pour orienter ce processus en termes de relation, de fraternité et de
partage (cf. ibid, n. 42).
“Confiance, lève-toi...”. C’est ainsi qu’aujourd’hui le Seigneur de
la vie et de l’espérance s’adresse à l’Église et aux populations africaines,
au terme de ces semaines de réflexion synodale. Lève-toi, Église en Afrique,
famille de Dieu, parce que le Père céleste t’appelle, Lui que tes ancêtres
invoquaient comme Créateur, avant d’en connaître la proximité
miséricordieuse, révélée dans son Fils unique, Jésus Christ. Entreprends le
chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui te vient de
l’Esprit Saint. L’action d’évangélisation urgente, dont on a beaucoup parlé
ces jours-ci, comporte également un appel pressant à la réconciliation,
condition indispensable pour instaurer en Afrique des rapports de justice
entre les hommes et pour construire une paix équitable et durable dans le
respect de chaque individu et de tous les peuples; une paix qui a besoin et
s’ouvre à l’apport de toutes les personnes de bonne volonté au-delà des
appartenances religieuses, ethniques, linguistiques, culturelles et sociales
respectives. Dans cette mission de grande importance, toi, Église pèlerine
dans l’Afrique du troisième millénaire, tu n’es pas seule. Toute l’Église
catholique t’est proche par la prière et la solidarité active, et du Ciel
t’accompagnent les saints et les saintes africaines, qui, par leur vie et
parfois par leur martyre, ont témoigné leur pleine fidélité au Christ.
Confiance! Lève-toi, continent africain, terre qui a accueilli le Sauveur du
monde quand, enfant, il dut se réfugier avec Joseph et Marie en Égypte pour
avoir la vie sauve de la persécution du roi Hérode. Accueille avec un
enthousiasme nouveau l’annonce de l’Évangile afin que le visage du Christ
puisse éclairer par sa splendeur la multiplicité des cultures et des
langages de tes populations. Alors qu’elle offre le pain de la Parole et de
l’Eucharistie, l’Église s’engage aussi à agir, par tous les moyens dont elle
dispose, afin que ne manque à aucun africain son pain quotidien. C’est pour
cela, avec l’action de première urgence de l’évangélisation, que les
chrétiens sont actifs dans les interventions de promotion humaine.
Chers Pères synodaux, au terme de mes réflexions, je souhaite vous adresser
mes plus cordiales salutations, en vous remerciant pour votre participation
édifiante. En rentrant chez vous, Pasteurs de l’Église en Afrique, portez ma
bénédiction à vos communautés. Transmettez à tous l’appel à la
réconciliation, à la justice et à la paix qui a souvent résonné au cours de
ce Synode. Tandis que se clôt cette Assemblée synodale, je ne peux que
renouveler ma vive reconnaissance au Secrétaire général du Synode des
Évêques et à tous ses collaborateurs. J’exprime une pensée emplie de
reconnaissance aux chœurs de la communauté nigériane de Rome et du Collège
Éthiopien, qui contribuent à l’animation de cette liturgie. Et enfin,
j’aimerais remercier ceux qui ont accompagné les travaux synodaux par leur
prière. Que la Vierge Marie vous récompense tous et chacun d’entre vous, et
obtienne que l’Église en Afrique croisse en chaque partie de ce grand
continent, diffusant partout le “sel” et la “lumière” de
l’Évangile.
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Conclusion
du Synode des Evêques
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Angelus de Benoît XVI : conclusion du Synode des évêques d'Afrique
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.10.2009 -
T/Synode Afrique |