Lettre ouverte au pape Benoît XVI par
le Père Alphonse Owoudou |
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Le 26 mars 2009 -
(E.S.M.)
- Lettre ouverte au pape Benoît XVI par le Père Alphonse Owoudou,
salésien de Don Bosco : "Quand les Français rejettent le pape Benoît
XVI, il est dans un mauvais plat, puisque la France est quand même la «
fille ainée de l’Eglise ». "
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Père Alphonse Owoudou,
salésien de Don Bosco
Lettre ouverte au pape Benoît XVI par
le Père Alphonse Owoudou, salésien de Don Bosco
“Enough ! No – too much”
Le 26 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
-
Ainsi commençait une intervention d’un « catholique » américain dans une
rubrique de WashingtonPost l’autre jour. « Ça suffit, ou plutôt, c’en est
trop ! ». Du pape Benoit XVI naturellement, et le titre de son article le
disait clair et net : Empeach the Pope ! : Destituons le Pape ! N’oubliez
pas qu’il aime son Eglise et démontre qu’un type du genre Ratzinger, qui
insulte les musulmans et mène de main de maitre une « institution inventée
par des hommes assoiffés de pouvoir temporel », ne saurait évidemment pas
parler au nom de Dieu, bien moins encore quand il cache derrière le sceau
doctrinal un enseignement non seulement insensé et démodé mais… criminel.
Dans son blog, il a eu les réactions qu’il voulait, et quelques observations
qu’un « prof » comme lui devrait mémoriser. Enfin…
Oublions la laïcité, insultons l’Eglise
Je voudrais briser le silence apparent qui règne officiellement dans
certains milieux catholiques et contribuer, moi aussi à démontrer que ce que
Ratzinger enseigne est vraiment absurde et dangereux. Mais je me demande
s’il faut dire que c’est Ratzinger ou l’Eglise… c’est-à-dire tout « bon »
catholique, tout bon chrétien, tous ceux et toutes celles qui veulent vivre,
parler et agir comme Jésus l’aurait fait aujourd’hui. Un peu d’instinct de…
conservation : notre bonheur – à vrai dire - notre plaisir, est en danger.
En tout cas si l’on le prend d’un certain point de vue évolutif
(pensez à
Darwin) et, puisqu’une enquête vient de démontrer que 57% des français ont
une image négative du pape. Et quand les Français rejettent le pape Benoît
XVI, il est
dans un mauvais plat, puisque la France est quand même la « fille ainée de
l’Eglise ». Oublions la laïcité, cette distinction qui interdit que l’Eglise
se mêle de la vie de l’Etat, et qu’en retour celui-ci s’en prenne au chef de
l’Eglise pendant qu’il défend les convictions de son institution. Oublions,
c’est un peu complexe. J’entre moi aussi dans la foule stupide qui embrasse
bêtement les manipulations des médias occidentaux et, ou bien faiblit dans
ses convictions chrétiennes, ou alors reste simplement perdue comme pour
supplier : « Entendez-vous et dites-nous qui nous devons croire ». Je fais
partie d’une société qui a fait son choix entre la valeur de la personne et
celle du profit (et du plaisir) qu’on peut en tirer, entre les
sapeurs-pompiers qui bandent la blessure et les médecins qu’on dit « cruels
» parce qu’ils tiennent à la nettoyer avant, même si cela fait mal.
J’exagère ? Alors, franchement je fais partie de ceux qui ne se rendent pas
compte que la société a évolué : qu’on a plus à écouter qui que ce soit, que
notre propre conscience nous suffit – celle des terroristes et des
pédophiles leur suffit-elle ? mais bon… eux, c’est différent – et que le
sexe c’est pour s’amuser et avoir du plaisir, en évitant d’autres
conséquences néfastes : les maladies, les grossesses, et même le souvenir
d’avoir posé un acte interpersonnel. J’accuse donc le saint Père de
continuer de répéter tout haut ce que tout chrétien et tout lecteur de la
Bible savent trop bien.
Le SIDA, les ONG et les vrais dessous du problème
Saint Père, il y a des vérités qui nous font mal. Avez-vous vraiment besoin
de redire que nous avons inventé le SIDA et que par nos désordres sexuels et
nos ambitions de réduire la population mondiale, nous continuons de le
favoriser ? Ce sont des choses qui choquent, surtout ceux qui ont la
conscience bourrée de leurs dettes envers l’humanité, et les ONG
occidentales qui s’enrichissent grâce au marché des préservatifs. Le SIDA,
quelle aubaine pour certains, un marché qui fonctionne bien, et vous n’avez
pas coopéré. Vous leur enlevez la nourriture de la bouche, comme on dit.
Pour les plus sincères, vous leur rappelez qu’ils ont échoué dans leur
stratégie condomocentrique. Pensiez-vous qu’ils allaient aimer ça ?
D’ailleurs, il y avait assez d’espace dans votre avion pour quelques cartons
de préservatifs pour ces pauvres africains pleins de VIH. Que les Français
adoptent des positions pseudoscientifiques quant il s’agit de la dignité
humaine, on connait leurs incohérences. Ils ont d’ailleurs choisi le jour où
3 millions de citoyens protestent dans les rues contre le gouvernement de
Sarkozy pour téléphoner à qui ils voulaient et confirmer la haine envers le
Pape ; et certains évêques « à la page » se sont faits l’écho de ces
protestations anticléricales, ils sont bien fils du laïcisme français. En
plus, c’était bien choisi comme tempo ; on voit qu’ils n’ont digéré ni la
réhabilitation de la messe en latin, ni la levée de l’excommunication
provoquée par l’un de leurs évêques il y a quelques décennies. La colère des
ministres belges nous étonne aussi (exemple ICI)
: ont-ils dit à leurs
enfants ce qu’ils ont fait des vies de nos pères dans la région des Grands
Lacs qui, jusqu’à ce jour, n’a pas écrit des mots de paix dans son
vocabulaire ? Les allemands aussi sont révoltés, eux qui aiment tant les
étrangers ! Voyons !… Un pape qui connait leurs cauchemars et leurs remords
ose pardonner à un évêque négationniste, et partir pour l’Afrique sans ces
cadeaux flatteurs qui font qu’on oublie les crimes du passé. Le pape
Ratzinger dérange, surtout ceux qui ne le connaissent pas, et ne savent même
pas lire les documents de l’Eglise – ou ne savent pas lire tout court -
puisque les journalistes devraient s’en charger et tirer les conclusions
pour eux. Apparemment, selon les bienfaiteurs du continent noir, Benoit XVI
aurait dû venir au Cameroun avec, dans son avion, des cartons de
préservatifs, puisque le sexe serait le passe-temps des sous-développés.
Quelle négligence criminelle et… négationniste !
Quand l’Occident censure et manipule la réalité
Que l’Occident arrête ses projections et son hypocrisie, car ça ne trompe
plus ceux qui, en Europe, aux USA et partout ailleurs, ont de la matière
grise entre les deux oreilles. C’est avec les « autres » que ça marche ! De
nombreuses statistiques, surtout de ceux qui récoltent les fonds en Europe,
montrent que le SIDA fait des ravages en Afrique, que le SIDA est LE
problème de l’Afrique, donc il faut de l’argent, et des préservatifs. Et il
est clair que depuis qu’ils mènent ce combat, la victoire n’est pas loin,
demandez aux scientifiques ! Benoit XVI fait partie de ceux qui affirment
qu’il y a des problèmes plus urgents : le paludisme, la faim, la
désoccupation, la corruption, la passivité des chrétiens, la mauvaise
gestion des ressources et même le manque de témoignage de la part des hommes
de Dieu. Et, s’il ne nie pas la gravité du problème, il semble douter des
énormes succès que l’usage du préservatif a remporté partout… Mais où
exactement ? Aux USA ? en Europe ? En Afrique ? Retrouvez mes références sur
le Blog (voir fin de l’article).
En tout cas, Saint-Père, tout cela n’est pas important pour l’Occident : la
sensibilisation des comportements, la correction des mœurs, la famille, le
palu… des histoires ! C’est le Sida qu’on aime (raconter), l’apocalypse des
guerres, ces enfants dévisagés par la guerre (laquelle ?), le terrorisme, la
violation des droits de la femme… Voilà ce qui tient les gens accrochés aux
téléviseurs et aux publicités qui les nourrissent ; c’est cela qui meut
encore le cœur et suscite des fonds pour ces ONG charitables, humanitaires
et désintéressées ! C’est ce qui fait vivre les médias et leur personnel.
N’allez pas comptabiliser les ONG qui creusent des puits dans nos villages,
qui combattent le paludisme, qui promeuvent l’agriculture et implantent des
dispensaires et des centres d’éducation de base. Elles se comptent sur les
doigts de la main, parce que ça ne rapporte pas grand-chose, contrairement à
la « maladie du siècle ». Et les tristes résultats des recherches sur
l’efficacité, particulièrement les expériences réalisées il y a quelques
années à New York, ils refusent de les publier ; heureusement que l’internet
existe. C’était un échec dont les conclusions précisaient bien les contours.
Par contre le succès obtenu en Ouganda n’a pas reposé avant tout sur le
condom. Les ONG n’avaient aucun intérêt à publier que le préservatif venait
en 3ème position dans les mesures adoptées pour éduquer la population,
réveiller un sursaut de… conservation, et juguler le fléau. Ce sursaut
d’orgueil a sauvé un pays qui montait déjà à 40% de séropositivité dans la
population générale, à la fin du siècle dernier. Qui veut-on tromper ? Les
naïfs et les pauvres, comme toujours, et ceux qui prennent les « nouvelles »
des médias occidentaux pour argent comptant. Bref, vous avez prononcé des
mots qu’on ne vous pardonnera jamais. Ne voyez-vous pas que ce sont les ONG
qui ont le plus crié au scandale, ainsi que les médias qui sont leur
haut-parleurs ?
Quand il y a eu le Tsunami en Asie du Sud-Est, les italiens ont apporté de
nombreuses contributions pour aider les sinistrés. Quelques mois plus tard,
quel n’a pas été le scandale quand ils ont fait trois découvertes aussi
dramatiques l’une que l’autre ; certains des biens envoyés en Asie étaient
encore sur le sol italien, pourquoi et pour qui ? Dieu seul le sait. Secondo,
85% de l’argent récolté avait servi pour le personnel (les volontaires !)
parti pour aider « gratuitement » les sinistrés, et, chose encore plus
abominable, certains de ces humanistes n’étaient autres que des trafiquants
d’enfants, pour une besogne que je ne nomme plus. Personne ne nie la
contribution de certaines ONG au développement de nos populations, mais
qu’on ne prenne pas les gens pour des c…. (pardon, votre Sainteté !).
L’Arche de Zoé aussi était un projet humanitaire pour sauver les pauvres
enfants tchadiens ? L’Occident a la mémoire courte. Mais votre faute est de
remuer ces charbons ardents. Laissez-nous continuer de croire qu’il y a des
gens qui veulent le bien de l’Afrique et nous envoient ce qu’ils croient
meilleur (pour eux ou pour nous ? je ne sais pas). Et il existe réellement
de bonnes gens partout dans le monde. Mais, venons-en au chapitre de la
sexualité.
A propos du sexe donc…
Chez nos tontons civilisés, la fécondité est désormais détachée de l’acte
sexuel, et bientôt on aura des enfants sur commande. Le plaisir sexuel
devient donc l’unique finalité du rapport entre deux corps, même quand ce
n’est pas de l’amour mais une masturbation à deux - c’est
l’instrumentalisation de l’autre, comme il est de coutume sur la planète du
consumérisme. D’ailleurs, plusieurs s’en sortent pas mal avec des gadgets
que les sex-shops proposent pour des ébats solitaires. D’autres découvrent
qu’on peut s’amuser avec des partenaires du même sexe (seulement aujourd’hui
? Sodome n’est pas d’hier !). Et qui donc va leur reprocher quoi que ce
soit, puisque cela relève de leur « vie privée » ? Pour plusieurs – pas tous
je crois – c’est juste pour le plaisir, et vous vous entêtez à enseigner aux
gens qui vous supportent (encore) qu’on encombre ce plaisir avec des
responsabilités, des interdits, des possibilités de fécondation et vos
discours vides de bon sens. On est au 21ème siècle.. Réveillez-vous ! Le
monde a évolué ! On fait ce qu’on veut, la vie est trop courte (à lire).
Pour vous faire comprendre la gravité de votre enseignement, dénigrer la
solution indiscutable du préservatif, comme disait un journaliste français,
c’est comme dire aux gens que le port de la ceinture de sécurité n’est pas
une solution face aux accidents de la route. Coucou… saint Père ! La
ceinture de sécurité permet d’éviter les accidents et de sauver des vies ;
personne ne vous écoutera sur vos discours de lois, de codes de la route,
blablabla de moralisateurs : laissez-nous respirer !
Le préservatif est notre ceinture de sécurité
Sainteté, j’aime bien cette image de la ceinture de sécurité, même s’il y a
quelque chose qui me gène là. Je crois même l’avoir lu quelque part… Ah oui,
"Condoms and seat belts : the parallels and the lessons" (The Lancet, 29
Janvier 2000). Bref, je m’explique…
Je suis gêné parce que la plupart des gens qui voyagent ne portent pas la
ceinture de sécurité, soit parce qu’ils vont à pieds, soit parce qu’ils
voyagent en Bus. Heureusement que les chauffeurs de Bus respectent les lois
que tout le monde devrait respecter. Le discours de la « ceinture » ne
concerne donc pas tout le monde, et j’espère ne jamais voir des piétons se
balader avec. Et pourtant… Le code de la route est fondamental, là vous avez
un peu raison. Vous avez raison de redire qu’il y en a de ces lois, dans nos
sociétés, et grâce auxquelles je suis encore ici, vivant et heureux de
l’être. [Et, en passant, moi je suis fruit de l’amour fidèle d’un couple, et
non d’un préservatif, enfin, d’une ceinture de sécurité.] Deuxièmement, la
ceinture ne dispense justement pas l’usager de l’apprentissage, du respect
des règles de la conduite et du respect des autres qu’on rencontre ou qu’on
embarque sur sa route. Et puisque la route tue en Occident comme – on dit
que – le Sida le fait en Afrique, n’est-il pas vrai que depuis que les
boulevards et les véhicules de gros calibre sont une tentation pour les
conducteurs sans scrupules, le port de la ceinture et celui du casque
n’empêchent pas que les jeunes se tuent par centaines, au point que là
vraiment c’est la cause de mortalité N°1 en Italie par exemple ? Vos
détracteurs intelligents proposent qu’on dise donc aux jeunes que parce
qu’ils ont le casque, il n’y a plus d’autres règles du jeu ; que parce que
vous avez enlacé votre ceinture, vous pouvez écraser l’accélérateur et
rouler à tombeau ouvert. Finalement, je me demande si celui qui enseigne
qu’on mise uniquement sur le casque et la ceinture n’est pas « le » vrai
criminel. Vous voyez que cet exemple risque de vous donner raison. Le
journaliste français n’y avait pas pensé ! Et pas seulement à cela ; la
ceinture ne s’utilise que lorsqu’on « sort » de chez soi. Vous supposez,
saint Père, que le préservatif indique qu’il y a, ou qu’il y a eu, trahison,
« sortie ». Si l’on avait suivi les normes qui encouragent à apprécier le «
chez soi », du couple plus précisément, puisque c’est là seulement que notre
Eglise justifie le sexe – et encore faut-il que ce soit « propre »,
réciproque, agapè, etc. – on n’aurait pas besoin de se préserver, sauf si
quelqu’un a triché…. Et beaucoup de personnes sensées, et mariées, n’ont
vraiment pas besoin de se protéger du danger qui, à vrai dire, se trouve
davantage dans leur cerveau et entre leurs jambes que devant eux dans la
rue.
Le Mea culpa qui ne dit pas son nom
Mais, en tant que prêtre et éducateur, vous connaissez votre troupeau ; vous
savez bien que nous « sortons » beaucoup. Et je ne parle pas seulement de
ceux qui ne s’intéressent à l’Eglise que pour la dénigrer. Même nous,
chrétiens, catholiques, nous « sortons » et, la ceinture semblait nous
sauver… la vie. Il y a beaucoup d’accidents dehors, surtout dans certains
coins sombres de nos villes et de nos quartiers. N’attendez cependant pas
que nous comprenions la fermeté de l’Eglise comme un appel à retourner au
message du Christ. Nous laissons les mécréants vous critiquer, comme si
c’était Ratzinger/Benoît XVI l’Eglise ; nous nous sommes compromis, soit parce que nous
sommes du coté de ceux qui, même à la maison, ont besoin de ceinture de
sécurité – ils sont en danger ou ils sont un danger ? – car, disons-nous, «
on ne sait jamais ! » Vous avez tort de croire, comme Jésus nous l’a
enseigné, qu’on peut encore compter sur la raison humaine, sur l’entente
dans un couple, et sur les efforts de tenir une promesse qui donne sens à
une vie partagée. Nous vous lançons tout de suite qu’il faut ouvrir les
yeux, et aboyer avec les chiens. Traduction : parce que le mal est partout,
il devient la règle.
Mes frères et sœurs du troisième millénaire sont évolués, saint Père. Ils
pensent que la règle ne dicte plus ce qui est bon que les gens fassent ;
même certains de vos prêtres, religieux et religieuses, certains de vos
catéchistes et de vos enseignants considèrent, dans leur « réalisme », que
c’est ce que les gens vivent qui doit déterminer ce que nous enseignons,
pour ne pas perdre le peu de fidèles qui nous restent. Bon, quand on dit le
« peu de fidèles », je me demande de quelle paroisse on parle. Que les
américains ne chantent pas le Requiem de notre Eglise parce qu’ils
deviennent tous protestants, musulmans et Born Again. Le monde est un peu
plus vaste que les USA. On sait déjà que plusieurs préfèrent les églises qui
évite olympiquement de dénoncer le péché et qui font beaucoup d’argent, de «
miracles », de promesses et de politique. Saint Père, si nous continuons à
ce rythme, tout le monde risque d’aller chez eux, dit-on. Les gens aiment
entendre dire qu’ils sont formidables, que Dieu comprend… que Jésus a
pardonné à la femme adultère (Enfin… ne leur ajoutez pas qu’il lui a dit :
…ne pèche plus !).
Un américain disait, dans le Blog de celui qui nous encourage à vous
destituer, qu’en Afrique on est tellement superstitieux et ignorants qu’on
applaudit encore pour des gens comme vous. Comme il parlait dans une
rubrique intitulée « Sur la Foi », je n’ai pas bien compris ce qu’il venait
faire dans ce Blog, mais il n’était pas le seul. Vos propos ont allumé tant
de critiques parce qu’en réalité, ils ont une dimension religieuse. Le
préservatif devient une religion dans les mœurs de ceux et celles qui
utilisent le corps, le leur et celui des autres – maintenant celui des
enfants aussi, dans les régions les plus civilisées de la planète ! – comme
un instrument de travail et habituellement, de plaisir. Et comme tout cela
ne laisse pas la conscience tranquille, vous avez osé redire ce qu’on savait
déjà depuis les précisions que l’Eglise a données à ce sujet, depuis la fin
des années ’60 jusqu’à ce jour, avec comme évolutions dans le discours les
évidences apportées par les scientifiques pro-life et vos enseignements sur
une grande délicatesse – sur ces thèmes – dans l’accompagnement pastoral et
sacramentel.
Les Africains se sentent une fois de plus trahis, instrumentalisés
Les Africains ne sont pas dupes, pas tous. Je ne parle pas des Sud-Africains
qui brillent par leur imitation servile de l’Occident en termes de
permissivité ; eux aussi vous ont condamné ; avec toute la prostitution qui
leur rapporte des sous – coté féminin comme masculin – comment remettre en
discussion le seul espoir qui reste quand on ne sait plus maitriser ses
élans sexuels ? Ils ont aussi évolué de la discrimination raciale – ou
presque – vers la xénophobie, comme l’Occident ; c’est déjà un pas en avant.
Plusieurs Africains ont compris le jeu de l’Occident quand ils ont attendu
des réflexions et commentaires sur votre visite au Cameroun et en Angola, et
n’ont entendu que des tourbillons verbaux autour de la position de l’Eglise
sur l’usage des préservatifs. Etait-ce là le plus important de votre visite
en Afrique ? Pourquoi doit-on toujours parler au nom du monde entier et
surtout de l’Afrique, comme si on monopolisait le discours rationnel et
l’avant-garde du mouvement humaniste ? Et pourquoi, au minimum, n’a-t-on pas
situé vos propos dans leur contexte, Saint Père, et souligné que l’Eglise
est libre, si les valeurs de la démocratie ont un sens, d’avoir son opinion
– lourdement documentée – sur un thème où des milliers de ses pasteurs
(au
masculin et au féminin) sont impliqués, et qui affecte ses enfants ? La
fureur sur cette question ne trahit-elle pas l’évidente incapacité – manque
de volonté politique – de la médecine occidentale à vaincre ce fléau (voir
notre sitographie) ?
Saint Père, dites-nous tout
Je voudrais poser une question gênante, mais je terminerai peut-être après
cela : quand vous disiez que la simple distribution/vente du préservatif
comme solution magique contre le SIDA pourrait d’ailleurs aggraver le
problème, avez-vous dit tout ce que vous savez sur cette mascarade ? Je
parie que non. De vos propos, moi je comprends trois choses, et je vous prie
de rectifier si je m’abuse ; d’abord, que l’illusion d’avoir une « solution
» peut effectivement encourager la promiscuité. Avant même les recherches
qui vous ont donné raison selon l’échantillon de New York, il suffit de
raisonner et d’ouvrir les yeux pour constater que c’est vrai. Au Gabon, Mme
Edith Bongo – paix à son âme - s’est d’ailleurs révoltée un jour quand des
agents anti-Sida se sont mis à distribuer des préservatifs à des enfants du
primaire, toutes classes confondues. Certains, trop jeunes
(ou trop « petits
») les ont utilisés comme des pompettes à souffler, sauf que la matière leur
semblait un peu récalcitrante et peu gonflable. Très éducatifs, ces
messieurs de l’OMS. Aux âmes bien nées, diraient-ils, la valeur n’attend
point le nombre d’années. De deux, vos mots peuvent indiquer que les
bienfaiteurs de l’Afrique envoient surtout des préservatifs, dont la qualité
laisse à désirer – c’est pourquoi c’est gratuit – alors que l’urgence est
peut-être, pour les malades, la facilitation de l’accès aux antirétroviraux,
et pour la prévention primaire, le dépistage, la sensibilisation cognitive
et comportementale, et le renforcement du mariage et de la fidélité comme
cadres sécurisants d’une vie sexuelle responsable. Enfin, et là je le dis
avec tristesse, vous comprenez probablement mieux que nous, que le SIDA
n’est pas une invention africaine ; de nombreux hommes de science proches de
l’OMS se sont suicidés mystérieusement, il y a une vingtaine d’années,
certains non sans avoir laissé des témoignages selon lesquels cette pandémie
faisait partie d’une campagne de « planning » visant surtout le continent
noir. Quand je vous entends dire que le préservatif n’est pas la solution au
problème du Sida, bizarrement j’entends de nouveau l’exclamation de ce jeune portgentillais qui m’a répondu : « Padre, moi, dernièrement quand je l’ai
utilisé, ça s’est déchiré ! » Je me demande aussi pourquoi certains Blogs
américains vous ont tout de suite accusé de ne pas avoir compris que la
solution aux problèmes de cette Afrique que vous visitez c’est la réduction
du taux de natalité ? Il faut qu’on nous dise clairement : ou bien on nous
cache que le Sida a été inventé pour décimer les pauvres, et alors on envoie
des « solutions » qui ne résolvent pas le problème – que je sache les
préservatifs ne soignent pas le SIDA – et peuvent seulement freiner son
expansion, ou alors vous avez touché à la pierre qui inflige aussi le
deuxième coup : la limitation des grossesses.
Quand on affiche son ignorance au grand jour
En Occident on a l’impression que l’Afrique est surpeuplée – c’est ainsi
qu’on interprète la poussée migratoire vers l’Occident -, donc il faut
supprimer le « risque » de grossesses. Rien de plus stupide ; c’est comme
ces jeunes universitaires qui nous informent ici en Europe que le Cameroun a
comme voisins le Brésil et le Kenya ! Quelle connaissance de la géographie !
Et comme tout bon article qui doit toucher les femmes (la plus grande
population de nos églises), il faut bien que ces « catholiques américains »
dans leurs réactions en ligne - heureusement qu’ils ne sont pas les seuls -
concluent que vous êtes misogyne puisque le préservatif « préserve » la
femme, et lui restitue cette dignité que votre église refuse de lui
accorder. De là à mêler la question à « votre » refus d’élever les femmes au
rang sacerdotal, il n’y a que quelques lignes. Bientôt ils démontreront que
vous détestez tellement les femmes que vous ne parlez jamais de Marie, la
mère du Christ. Je vous aurais prévenu, Saint Père. En attendant, on voit
bien dans ce mélange d’idées américaines non seulement la confusion d’une
conscience d’un environnement pot-pourri qui se défoule, mais aussi la
résurgence d’une haine venue de loin. N’oubliez pas que vous êtes coupable
d’être catholique, d’être un supérieur hiérarchique dans un monde efféminé
et plat, et en plus, vous êtes d’une nationalité qui a perturbé la
conscience de l’Europe durant le siècle que vous connaissez mieux que vos
détracteurs, fils de la génération Mai ‘68. A la fin, injures et critiques
contradictoires, méli-mélo et absurdités vous trouveront, toujours là, dans
ce courage dangereux et cette intelligence provocatrice.
En trois ans seulement, Jésus a fait pire que vous
Je termine, saint Père, en vous rassurant que si vous dérangez, si vous êtes
la risée de tant de vos fils et filles catholiques et encore plus de ceux
qui ne digèrent pas ce que vous représentez, c’est peut-être, puisque vous
aimez bien le mot « fidélité », parce que vous osez être en tout vicaire de
quelqu’un qui a dérangé encore davantage. Il disait des choses qu’on ne
supportait guère, et pourtant, lui aussi, ses détracteurs aimaient bien
l’entendre. À la fin ils lui ont fait la peau. Le sort des prophète obéit à
une logique qu’on ne change pas. Comme votre Maitre, vous proposez un idéal
dont les plus sincères se reconnaissent simplement incapables : « Qui donc,
Seigneur, sera sauvé ? », lui demandaient-ils. D’autres encore, fatigués
d’attendre qu’il les caressât dans le sens du poil, le quittèrent ; il s’en
allèrent ailleurs peut-être chez des rabbis plus « soft », mais dont le nom
s’est perdu dans la mémoire des hommes. L’histoire, je le crains fort pour
nous, vos fils et filles, efface irréversiblement les traces de ceux qui
baissent trop bas la barre, et cessent d’exiger à l’Homme de montrer ce dont
il est capable. Même parmi nos parents, nous ne restons vraiment attachés
qu’à ceux qui, avec leurs méthodes certes mais toujours avec amour et
courage, nous ont poussés plus haut, plus loin, au-delà de nous-mêmes. Quant
à ceux qui nous comprennent trop, qui n’ont que des mots de consolation et
point de défis, ils s’en vont comme (si) ils n’ont jamais marqué de leur
sceau le modelage de notre personnalité, de nos habitudes et de nos
convictions, encore moins de notre histoire. Celui-là que vous représentez
nous a demandé l’impossible, car il savait que nous en sommes capables. Il a
cru en nous. Il nous a mis en garde contre la concupiscence
(« si tu
regardes une femme et la désires, tu as déjà péché dans ton cœur »). Enfin
il parlait à des hommes capables de relever un tel défi. Il ne s’adressait
pas à nous, les « modernes ». Yes, il savait pardonner, naturellement. Mais
il n’a jamais érigé l’impureté, l’avidité et l’irrévérence en valeurs. Comme
il était intelligent, il a su rester cohérent, et très sensible aux
problèmes des personnes. Que je sache, par pitié il n’a jamais dit : c’est
normal, tout le monde le fait, l’erreur est humaine, et plein d’autres c…
que nous utilisons pour (nous) justifier. Non, Il détestait le mal et allait
puiser au fond de la personne des raisons de construire, avec courage, un
bonheur qui ne soit pas fruit de compromission, ni de prostitution aux
idoles de l’époque. Il nous a aussi enseigné non seulement l’amitié,
l’accueil des enfants, le respect de toute femme et de tout homme, mais
aussi qu’il y a des choses qu’on n’efface pas d’un simple oui, ou d’un
simple non, car elles impliquent un ailleurs qui nous dépasse, et qui nous
entraine sur les chemins de l’amour et du pardon, de la vraie compassion et
de la miséricorde.
Saint Père, apparemment votre tâche est de nous montrer l’idéal, et vous
savez que la route est longue. On nous dit que vous êtes seul, peut-être
insuffisamment entouré et rarement tenu au courant de certaines choses.
Peut-être ; qu’en sais-je ? Mais je voudrais rendre grâce parce qu’au moins
ce travail prophétique qui nous incombe, vous le faites encore, quand bien
même nous vous faussons compagnie. De nombreuses familles vous respectent,
des milliers de couples vous sont reconnaissants de leur dire qu’ils on
raison de continuer le combat, ensemble, sans nier les faiblesses de la
chair mais sans renoncer non plus à ce qui a de valeur dans le projet de vie
du vrai chrétien. Combien de femmes se contenteront de savoir que
l’infidélité de leur mari est moins cruelle simplement parce qu’il utilise
la « ceinture de sécurité » ? Ne trouvent-elles pas dans les convictions de
l’Eglise sur la fidélité un parfum de bonheur quand il existe d’autres
objectifs que ceux de choisir le moindre mal ? Ce n’est pas à vous de dire à
ceux qui trahissent, qui se prostituent ou qui violent comment le faire, ni
comment éviter de laisser des « traces » de leurs actes. Avec l’amour,
comment faire « comme si » rien ne s’était passé ? Vous n’êtes pas choisi
pour donner des solutions aux pépins où la faiblesse humaine nous conduit.
D’autres le font, même de votre Eglise, prenant parfois des décisions à la
place de ceux qui n’en ont plus ni la force, ni la volonté. Vous faites
votre travail, et je me demande si nous faisons le nôtre, nous les parents,
les éducateurs, les amis, les communicateurs, les directeurs spirituels.
Vos pasteurs et vos chrétiens veulent adoucir le ton
Quand vous enseignez qu’il faut établir la justice en Afrique, respecter le
bien commun, refuser la corruption… pourquoi ne vous dit-on pas aussi que
vous proposez des « solutions angéliques » comme lorsque vous demandez qu’on
respecte le lien de la fidélité et de la pureté ? Est-ce à vous de préciser
que puisque ce que vous demandez est difficile, que les voleurs soient
prudents, que les corrupteurs fassent un effort et ne retirent de l’argent
qu’à ceux qui en ont assez, etc. ? C’est ce que certains pasteurs
relativistes et sans moelle épinière de votre Eglise – oui, eux qui
devraient dire ce que vous dites, et faire face aux injures que vous essuyez
à leur place – attendent. Que vous reconnaissiez qu’il y a du sexe partout
et qu’il faut dire aux jeunes : Bon, comme vous ne pouvez pas (vous êtes des
incapables, je sais), au moins soyez intelligents. Allez-y donc, Saint Père,
mais n’oubliez pas de préciser aux voleurs d’être prudents s’ils ne peuvent
s’abstenir ; dites aussi aux racistes que ce ne sont quand même pas tous les
étrangers qui sont méchants, et qu’il faut savoir qui mérite le respect ;
dites aux jeunes que s’ils ne peuvent pas respecter le code de la route et
ses signaux routiers, qu’ils serrent bien leur casque et profitent des
plaisirs de la vitesse. A nos chefs d’Etats, que devriez-vous dire ? Arrêtez
de piller vos pays – mais pour nous, pasteurs, c’est trop radical.
Dites-leur de le faire intelligemment, et de partager quand même avec les
autres ce qu’ils détournent. Dites à ceux qui torturent de ne pas exagérer,
ou en tout cas qu’ils utilisent un peu d’anesthésie quand ils torturent les
opposants ou les journalistes. Ne leur dites pas d’arrêter, voyons,
réveillez-vous, tous les dictateurs le font. Vous vivez dans votre monde à
part, on dirait que vous ne connaissez pas l’être humain. Encore une fois,
le monde a évolué, saint Père, certains prêtres et certains évêques pensent
que vous devez suivre le monde, si vous voulez qu’on vous écoute. A propos
de « vivre avec son époque », j’espère que mes confrères prêtres engagés
dans la pédophilie en France, aux USA et en Grande-Bretagne trouveront une
meilleure façon d’être à la page et de suivre l’exemple de cette société
dévergondée, enfin…évoluée. Et d’ailleurs, si vous dites tout haut ce que
tout le monde sait, nous risquons, comme le chante Judas dans JC Superstar,
de perdre nos privilèges. Toute vérité est-elle bonne à dire ?
Je conclus : vous n’êtes pas seul à avoir « tort
»
Vous comprenez maintenant pourquoi, Sainteté, j’ai mal à la tête car je sais
pourquoi vous avez tort, et pour quel motif vous dérangez. Et, franchement,
ayant un peu étudié les lois du comportement humain, comme éducateur de
jeunes je pense que je veux avoir tort avec vous. Je choisis de faire partie
de ces fous qui demandent trop à l’homme d’aujourd’hui, non pas parce qu’ils
le connaissent mal ou lui veulent du mal, mais parce que le véritable ami,
frère et père, est celui qui sait rire et se réjouir avec l’autre, et qui
sait aussi, quand il le faut et vaille que vaille, lui dire : Ecoute, là tu
déconnes ! Au nom de l’amitié…. Je vous rejoins parce que je sais que malgré
tous ces défauts et ces erreurs qu’accumule votre casier judiciaire, surtout
aux yeux des médias corrompus et télécommandés par leurs sponsors
pseudo-philanthropes, ce que vous faites ressemble étrangement à ce que je
lis chaque jour dans le casier judiciaire de l’obscur charpentier de
Nazareth dont vous êtes le vicaire, n’en déplaise aux sans-foi-ni-lois. Dans
quelques jours nous entendrons la Passion ; comment il fut tantôt applaudi,
tantôt honni par la foule, et à la fin, condamné par les prêtres et crucifié
par des soldats de l’empire « occidental » d’alors. Si l’histoire se répète,
je veux être du côté de celui qui a tort parce qu’il voit l’invisible, parce
qu’il demande trop à l’être humain, parce qu’il ose prononcer – et vivre -
des paroles qui choquent, sans laisser d’être vraies.
Bon Chemin de Croix
Filialement vôtre, en Christ
Père Alphonse Owoudou, le 22 mars
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Sources : owoudou.over-blog
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.03.09 -
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