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L'idéologie du genre
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Le 26 février 2017 -
(E.S.M.)
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Lors de son dernier discours à l'occasion de la
présentation des vœux de Noël à la Curie romaine,
le pape Benoît XVI a voulu réfléchir sur l'affirmation de Simone de Beauvoir, «
On ne naît pas femme, on le devient » : "Dans ces paroles, dit le pape
Benoît XVI, se trouve le fondement de ce qui, aujourd'hui, sous le
mot genre, est présenté comme une nouvelle philosophie de la
sexualité."
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"Homme et femme il les
créa" (Gn 1, 27)
Dieu ou rien. Entretien sur la foi. Réponse à deux questions du journaliste
Nicolas Diat, posées au Cardinal Robert Sarah.
Les écrans idéologiques et les sources de
division sont-ils si importants dans l'Eglise ?
Le 26 février 2017 - E.
S. M. -
Benoît XVI avait
l'habitude de dire que ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde,
mais les saints et leurs grandes lumières si douces. Les idéologies
abrutissent, écrasent et détruisent les hommes, car elles ne sont pas
intrinsèquement orientées vers leur bénéfice. Personnellement, j'ai connu en
Guinée le communisme, si plein de promesses généreuses. Derrière des
paravents frauduleux, il a conduit nombre de mes compatriotes à la mort.
L'esprit idéologique est le contraire de l'esprit évangélique. C'est
pourquoi les prêtres qui font le choix de suivre ou de propager des idées
politiques font nécessairement fausse route, en sacralisant ce qui ne doit
pas l'être. L'idéologie est par nature déconnectée de la réalité et elle
est nécessairement source de division, puisqu'elle ne peut emporter
durablement l'adhésion des hommes qui, bon an, mal an, sont toujours ancrés
dans le réel.
À la suite du concile
Vatican II, certains ont absolument voulu donner une lecture politique au
travail des Pères conciliaires. Il s'agissait d'une grave erreur.
Mais, hélas, ce phénomène n'était pas nouveau. À travers les siècles,
l'Eglise a toujours eu à faire face à des idéologies ; les hérésies
elles-mêmes étaient de nature idéologique. Il y a toujours un combat entre
la lumière et les ténèbres, une confrontation entre l'Eglise, sa vision de
l'homme et du monde, et les modes politiques qui s'émoussent. Jean-Paul II a
osé combattre le communisme ; les historiens s'accordent à dire qu'il a eu
un rôle prééminent dans la chute de l'empire soviétique.<
Je ne crains pas de dire que l'Église devra toujours se confronter à des
mensonges idéologiques. Aujourd'hui, elle doit faire face à l'idéologie
du genre, que Jean-Paul II n'hésitait pas à qualifier de « nouvelle
idéologie du mal ». D'ailleurs, le genre, fruit de la réflexion des
structuralistes américains, est un enfant difforme de la pensée marxiste.
Dans son dernier livre, Mémoire et identité, Jean-Paul II écrivait déjà : «
Je pense aux fortes pressions du Parlement européen pour que soient
reconnues les unions homosexuelles comme une forme alternative de famille, à
laquelle reviendrait aussi le droit d'adopter. On peut et on doit se poser
la question de savoir s'il ne s'agit pas, ici encore, d'une nouvelle
idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus occulte, qui tente
d'exploiter contre l'homme et contre la famille même les droits de l'homme.
»
L'idéologie du genre véhicule un mensonge grossier puisque la réalité de
l'être humain en tant qu'homme et femme est niée. Les lobbies et les
mouvements féministes la promeuvent avec violence.
Elle s'est rapidement
transformée en combat contre l'ordre social et ses valeurs. Son objectif ne
s'arrête pas seulement à la déconstruction du sujet ; elle s'intéresse
surtout à la déconstruction de l'ordre social. Il s'agit de semer le trouble
sur la légitimité des normes sociales et d'introduire un soupçon quant au
modèle de l'hétérosexualité ; pour le genre, il faut
abolir la civilisation
chrétienne et construire un nouveau monde.
Je pense ainsi à la sociologue américaine Margaret Sanger qui a conduit une
lutte avouée pour la déconstruction morale de l'Occident, La femme,
dit-elle, doit pouvoir être maîtresse de son corps et de sa sexualité. En en
étant propriétaire, elle doit pouvoir en disposer, jouir de la liberté de
son corps et de ses droits, et contrôler sa vie. Elle doit librement choisir
d'être mère ou non. Chaque enfant doit désormais être « voulu », « choisi »,
« planifié ». Aucune morale religieuse, aucun dogme, aucune tradition
culturelle ne peuvent empêcher la femme de réaliser ses objectifs. Personne
ne doit mettre d'obstacle ou interdire à la femme d'avoir accès à la
contraception et à l'avortement.
De la même manière, Simone de Beauvoir comme Jean-Paul Sartre et
l'existentialisme athée ont voulu libérer l'individu des conditions de
l'existence telles que Dieu les a établies. Pour exercer ses droits,
l'individu doit s'engager dans la négation de ce qui existe en dehors de
lui, ou de ce qui est donné par la nature et la révélation divine. Féministe
radicale, Simone de Beauvoir affirmait : « On ne naît pas femme, on le
devient. » Dès lors, si la femme reste passive et se soumet aux
traditions, elle devient « épouse » et « mère ». C'est ce que
les théoriciens des gender studies appellent le stéréotype ou la
construction sociale répressive qu'il faut « déconstruire ». À l'inverse, si
la femme s'engage dans la construction d'elle-même de manière radicalement
autonome des autres et de Dieu, elle se « libère » ; la femme devient
elle-même et vit pour elle-même. Elle peut ainsi se posséder et contrôler sa
destinée.
En décembre 2012, lors de son dernier discours à l'occasion de la
présentation des vœux de Noël à la Curie romaine,
Benoît XVI a voulu réfléchir sur l'affirmation de Simone de Beauvoir, «
On ne naît pas femme, on le devient » : « Dans ces paroles, dit le pape
Benoît XVI, se
trouve le fondement de ce qui, aujourd'hui, sous le mot genre, est présenté
comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette
philosophie, n'est plus une donnée d'origine de la nature, une donnée que
l'être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais
c'est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que
jusqu'ici c'était à la société d'en décider. La profonde fausseté de cette
théorie et de la révolution anthropologique qui y
est sous-jacente est évidente. Simone
de Beauvoir appelle l'être humain à contester sa nature et à décider qu'elle
ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l'avance, mais que c'est
lui-même qui se la crée. Selon le récit biblique de la création, il
appartient à l'essence de la créature humaine d'avoir été créée par Dieu
comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le
fait d'être une personne humaine, telle que Dieu l'a faite. Justement, cette
dualité comme donnée de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de
la création n'est plus valable : "Homme et femme il les créa"
(Gn 1, 27). Non, maintenant, ce qui vaut, c'est que
ce n'est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c'est la société qui
l'a déterminé jusqu'ici, et maintenant, c'est nous-mêmes qui décidons de
cela. Homme et femme n'existent plus comme réalité de la création, comme
nature de l'être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est
désormais seulement esprit et volonté. La manipulation de la nature,
qu'aujourd'hui nous déplorons pour ce qui concerne l'environnement, devient
ici le choix fondamental de l'homme à l'égard de lui-même. »
Poursuivons notre
réflexion sur le thème de la liberté orientée vers la vérité
Si nous suivons le raisonnement qui était celui de Benoît XVI, la liberté
est menacée de n'être plus un choix mais une obligation, dans une forme
d'écho à la parole du révolutionnaire Saint-Just : « Pas de liberté pour les
ennemis de la liberté »...
Dieu a créé l'homme libre ; ce dernier possède
la liberté car il vient de Dieu, qui est la source même de toute liberté.
Saint Jean écrit d'ailleurs : « Si donc le Fils vous libère, vous serez
réellement libres » (Jn 8, 36).
Une personne vivant dans une condition de captivité possède encore une
richesse que le plus cruel des dictateurs ne saura lui retirer, car Dieu a
donné à chaque être la liberté intérieure.
Mais la liberté ne consiste pas en un
affranchissement de toutes limites ou normes. Cette liberté est un mythe.
Car la liberté doit toujours s'orienter vers la vérité ; elle est
intrinsèquement liée à notre nature de créature. La liberté d'un individu
doit en outre tenir compte de celle de son prochain. Aujourd'hui, je crois
que la liberté des uns est imposée aux autres. Récemment, les grandes
manifestations françaises contre une dénaturation du mariage ont pu le
prouver. Cette fausse liberté est le prolongement d'un égalitarisme sans
Dieu.
L'homme a le droit de s'exprimer selon sa
conscience sans qu'il soit obligé de subir des pressions extérieures. Ainsi,
la liberté intérieure doit absolument être une conquête et une construction
constantes. La liberté sans vérité est mensongère ; l'absence de lien
moral entre liberté et vérité ne peut produire qu'une forme d'anarchie. La
liberté demeure réelle lorsqu'elle accomplit vraiment le bien suprême de
l'existence humaine qui est de vivre dans la vérité de Dieu.
Aujourd'hui, toutes nos libertés sont menacées. Les pressions économiques,
politiques et médiatiques ne cessent de rendre plus infime le lien entre la
liberté et la vérité. Mais je crois aussi qu'il ne faut pas baisser
les bras devant ce combat quotidien pour conquérir sa vraie liberté. Car
l'homme, enchaîné et jeté dans une prison, matérielle ou symbolique, est un
être libre. En captivité, il a un pouvoir prodigieux de se décider par
lui-même, de choisir et d'orienter sa vie vers le bien. Il possède encore
les capacités vertigineuses d'aimer ses tortionnaires ; tel est le message
ineffable et éternel de l'Évangile. Mais la liberté exige une discipline
intérieure, des choix et des renoncements pour conduire notre vie vers ce
qui nous dispose à être au service des autres. Cette lutte est collective ;
il n'est pas imaginable de livrer une bataille dans la solitude. L'homme a
besoin de l'Église, de la prière personnelle et communautaire pour être
porté vers la vérité.
L'évangéliste Jean exprime parfaitement ce
problème en écrivant : « Jésus disait à ces Juifs qui maintenant croyaient
en lui : "Si vous demeurez fidèles à ma Parole, vous êtes vraiment mes
disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra
libres." Ils lui répliquèrent : "Nous sommes les descendants
d'Abraham et nous n'avons jamais été les esclaves de personne. Comment
peux-tu dire : 'Vous deviendrez libres' ?" Jésus leur répondit : "Amen,
amen, je vous le dis : tout homme qui commet le péché est esclave du péché.
L'esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y
demeure pour toujours. Donc, si c'est le Fils qui vous rend libres, vous
serez vraiment libres. Je sais bien que vous êtes les descendants d'Abraham,
et pourtant vous cherchez à me faire mourir, parce que ma Parole n'a pas de
prise sur vous. Je dis ce que moi j'ai vu auprès de mon Père, et vous, vous
faites aussi ce que vous avez entendu chez votre père." Ils lui
répliquèrent : "Notre père, c'est Abraham." Jésus leur dit : "Si
vous êtes les enfants d'Abraham, vous devriez agir comme Abraham. Et en fait
vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai
entendue de Dieu. Abraham n'a pas agi ainsi. Mais vous, vous agissez comme
votre père." Ils lui dirent : "Nous ne sommes pas des enfants
illégitimes ! Nous n'avons qu'un seul Père, qui est Dieu." Jésus leur
dit : "Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car moi, c'est de Dieu
que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ; c'est
lui qui m'a envoyé" » (Jn 8, 31-42).
De son côté, saint Augustin témoigne avec
force que l'entrave à la liberté de l'homme, c'est le péché. La liberté nous
est donnée quand nous avons choisi Dieu librement.
Oui, Dieu a créé l'homme libre, doté d'un
libre arbitre. Il peut choisir entre le bien et le mal. Pourtant, l'homme ne
sera pleinement lui-même qu'en choisissant le bien et en se soumettant
filialement à Dieu. Mais le Père a été écarté de cette « liberté des
enfants de Dieu », comme dit saint Paul, par le péché originel.
Je pense souvent à cette réflexion réaliste de
saint Augustin dans son étude sur le mensonge : « Les hommes sont
tellement aveugles que, si nous leur accordions qu'il y a des mensonges
exempts de péché, ils ne s'en contenteraient pas, et voudraient que dans
certains cas il y eût péché à ne pas mentir. »
Toute la vie de l'homme est une lutte contre
les entraves du mal, contre l'esclavage du péché, pour retrouver la vraie
liberté.
Sources : Bayard -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26 février 2017
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