La liberté religieuse et la question
de la « réciprocité » |
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Vatican, le 26 février 2009 -
(E.S.M.)
- L’Occident a mûri et produit de nombreux droits, et des
droits présentés comme tels ; toutefois, les musulmans ne pensent pas de
même. Tout le monde ne sait pas qu’ils ne reconnaissent pas la Charte
des Droits de l’Homme, et qu’ils en ont produit une qui leur est propre.
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Le
Dr Harry Hagopian
La liberté religieuse et la question de la «
réciprocité »
Le 26 février 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- L’Église Catholique, a réalisé en deux mille ans,
l’intégration la plus colossale de peuples et de cultures en son sein, de
l’Orient à l’Occident, sans se laisser séduire par les nationalismes,
toujours renaissants. Le secret : leur conversion à Dieu. S’il n’y a pas
cette conversion, toute forme d’intégration de cultures et de valeurs
différentes ne sera pas un enrichissement, mais un obstacle formidable à la
cohabitation, comme cela se passe en Europe actuellement.
L’intégration, comme le demande à juste titre Harry Hagopian, avocat de la
Diaspora arménienne, qui est parmi les plus grands experts internationaux
des lois et des droits, postule une réciprocité religieuse et politique, à
commencer par la construction d’églises, de synagogues, de mosquées,
jusqu’aux « droits » politiques et interpersonnels. (ndlr
: Harry Hagopian a été négociateur sur Jérusalem lors des Accords d'Oslo. Il
est Conseiller œcuménique, juridique et politique de l'Église Arménienne,
avocat en droit international, conseiller sur le Moyen Orient auprès de
l'ONG Minority Rights Group International et conseiller du Holy Land
Christian Ecumenical Foundation). Toutefois, cela mérite
un approfondissement afin de comprendre ce qui appartient à Dieu et ce qui
apparient à César : à Dieu, appartient la liberté de l’homme, d’agir selon
sa conscience, et aussi à Lui porter un culte. Nous savons que cette liberté
a fleuri et s’est enracinée dans les Pays de tradition chrétienne et
catholique ; on peut dire la même chose pour ce qui concerne la dignité de
l’homme, et aussi de la femme. Personne aujourd’hui, dans le monde
occidental, ne pense raisonnablement d’empêcher à un non chrétien de bâtir
le lieu de culte selon la religion qu’il professe. Notre culture juridique
prend la défense de cette attitude. L’Occident a mûri et produit de nombreux
droits, et des droits présentés comme tels ; toutefois, les musulmans ne
pensent pas de même. Tout le monde ne sait pas qu’ils ne reconnaissent pas
la Charte des Droits de l’Homme, et qu’ils en ont produit une qui leur est
propre.
Avec la question, qui est restée sans solution, sur les rapports des
chrétiens avec les juifs et avec les musulmans, respectivement en Israël et
dans les Pays islamiques, pour ne pas parler des Pays islamistes, des Pays
laïcs, sauf désormais la Syrie, en apportant plusieurs « distinguos »
avec lesquels il n’y en a plus désormais. Rapport inégal, pour les juifs,
formé à la non-confessionnalité non déclarée mais pratiquée de l’État
d’Israël ; pour les musulmans, suite à la dhimmitude (ndlr
:
La dhimmitude, vient du mot arabe "dhimmi", qui désignait les
Juifs et les Chrétiens indigènes gouvernés et protégés par la loi islamique), c’est-à-dire à la
soumission prescrite par le Coran, pour les juifs et les chrétiens.
Il est
évident alors que l’on demande la réciprocité. Chez les musulmans, c’est
vrai, les églises ne sont pas permises, ou seulement à certaines conditions.
Dans la Turquie laïque, par exemple, elles ne doivent pas montrer de façade
sur la rue, et ne doivent pas avoir de clocher.
Que penser ? Jésus s’est intéressé à une réciprocité : tendre l’autre joue
et inviter à supporter la persécution. De notre temps, on s’est fait
illusion en pensant que l’on pouvait éviter cela avec le dialogue ; et même,
qu’il ne serait pas correct, au plan politique de parler de persécution ou
de martyre, et pourtant, jusqu’à la fin du monde, c’est là la «
réciprocité » à laquelle sont destinés les chrétiens. Jésus a toujours
demandé la conversion à Dieu à ceux qui le rencontraient, à faire dix pas
avec celui qui en demande cinq, à pardonner pour être pardonnés ; en
définitive, à se servir d’une mesure incommensurable : « tassée, secouée
et débordante » : la mesure de l’amour.
Ceci dit, les chrétiens qui, ont des responsabilités civiles, et avec eux,
les laïcs de bonne volonté, avec bons sens, avec bien-fondé et réalisme, ne
manqueront pas de s’occuper des droits des minorités chrétiennes dans ces
Pays, et revendiqueront, de manière légale et pacifique, tout ce qu’il est
juste de revendiquer. Tout en maintenant avec fermeté que la réciprocité est
un droit que l’on ne peut contredire du point de vue législatif, pour tout
ce qui touche les règles des rapports entre les peuples, que pour ce qui
touche le respect de chaque « Personne » : mais, avec un certain
désenchantement, que cela nous soit accordé , le chrétien ne peut oublier ce
que le Christ a déclaré : « Ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous
aussi » ; et également : « Si votre justice n’est pas supérieure à celle des
scribes et des pharisiens… ». Alors, ils n’oublieront pas la “supériorité”
de la justice, c’est-à-dire de la foi chrétienne. Le Saint-Père Benoît XVI
déclare dans «
Spe Salvi » :
« À la foi chrétienne, dans l'histoire de l'humanité, revient justement
ce mérite d'avoir suscité dans l'homme d'une manière nouvelle et à une
profondeur nouvelle la capacité de souffrir de la sorte, qui est décisive
pour son humanité. La foi chrétienne nous a montré que vérité, justice,
amour ne sont pas simplement des idéaux, mais des réalités de très grande
densité. Elle nous a montré en effet que Dieu – la Vérité et l'Amour en
personne – a voulu souffrir pour nous et avec nous… Mais dans les épreuves
vraiment lourdes, où je dois faire mienne la décision définitive de
placer la vérité avant le bien-être, la carrière, la possession, la certitude de la
véritable, de la grande espérance, dont nous avons parlé, devient
nécessaire. Pour cela nous avons aussi besoin de témoins, de martyrs, qui se
sont totalement donnés, pour qu'ils puissent nous le montrer – jour après
jour. Nous en avons besoin pour préférer, même dans les petits choix de la
vie quotidienne, le bien à la commodité – sachant que c'est justement ainsi
que nous vivons vraiment notre vie. Disons-le encore une fois, souligne
Benoît XVI : la capacité
de souffrir par amour de la vérité est la mesure de l'humanité; cependant,
cette capacité de souffrir dépend du genre et de la mesure de l'espérance
que nous portons en nous et sur laquelle nous construisons »
(39).
Alors, les chrétiens revendiqueront en tout premier lieu la liberté
religieuse qui descend de Dieu qui nous crée libres, et surtout, nous
prierons pour l’obtenir, comme nous le faisons le Vendredi Saint ; mais nous
apprendrons à « offrir » les souffrances grandes et petites de chaque jour,
à insérer « dans la grande compassion du Christ leurs petites peines, qui
entraient ainsi d'une certaine façon dans le trésor de compassion dont le
genre humain a besoin » (40). En revanche, la réciprocité, ils la
laisseront à César, au pouvoir civil et politique, et s’il ne la leur
accordait pas, « elle lui imposera, comme le déclare paradoxalement J.H.
Newman, la tâche de les persécuter ».
par l’Abbé Nicola Bux et l’Abbé
Salvatore Vitiello
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.02.2009 -
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