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19 Avril 2005
 

Benoît XVI a pressenti ce qu'il appelait la dictature du relativisme

Le 25 avril 2023 - E.S.M. -  L'Église est sainte dans son mystère. Mais si elle ressemble à une tour de Babel, il n'y a aucune chance qu'elle parvienne à relever le grand défi du relativisme contemporain. Nous pouvons remercier Benoît XVI d'avoir su discerner avec acuité ce qu'il nommait la « dictature du relativisme ». À rebours du subjectivisme ambiant, l'Église doit savoir dire la vérité, avec humilité, respect et clarté.

Benoît XVI répondant aux séminaristes


Des voix s'élèvent souvent pour appeler à une nouvelle et véritable application de la collégialité dans l'Église. Comment voyez-vous ce problème ?

    Les changement sociaux provoqués dans le monde par le progrès et les avancées technologiques, les nombreuses questions intéressant l'Église, telles que l'harmonisation de la discipline en son sein, la transmission de la doctrine chrétienne, la mise en œuvre des moyens catéchétiques, l'évangélisation d'un monde de plus en plus complexe, la crise touchant la famille et le mariage, la formation des laïcs et des futurs prêtres, l'éducation de la jeunesse, dépassent aujourd'hui les limites d'un diocèse. Aucune solution purement diocésaine n'est suffisante. Pour répondre à l'évolution d'une société globalisée, il faut analyser ensemble les phénomènes, et donner des solutions qui éclairent et engagent l'épiscopat d'une nation, voire de plusieurs pays ou même d'un continent.
    Cela n'est pas nouveau. Dans l'Eglise, il y a toujours eu une volonté de se concerter au niveau hiérarchique pour examiner les questions importantes en vue d'une prise de position commune des évêques. De telles mesures portent aujourd'hui sur des situations et des questions quotidiennes.
    Les compétences et la validité des décisions des conférences épiscopales sont assurément définies par le droit général ou par un mandat spécial du Saint-Siège. Il n'en demeure pas moins que la responsabilité doctrinale incombe à chaque évêque dans son diocèse et au siège de Pierre pour toute l'Eglise, en même temps que chaque successeur des apôtres porte une responsabilité à l'égard de toute l'Église.
    La nécessaire concertation collégiale ne supprime donc pas l'autonomie et la responsabilité de l'évêque dans son diocèse. Aucun ne doit se sentir obligé ou forcé par la décision collégiale de l'épiscopat, surtout lorsque des pressions et des campagnes sont organisées pour exercer une influence sur certaines personnes en vue d'imposer un point de vue non spirituel mais idéologique. La collaboration épiscopale devient déficiente si elle est biaisée par des visées politiques. Chaque évêque est responsable devant Dieu de la façon dont il s'acquitte de sa charge épiscopale auprès du troupeau dont l'Esprit-Saint l'a établi gardien.
    La collégialité devrait être à la fois affective et effective. Le pire réside certainement dans l'indifférence à l'avis des autres, quand un évêque s'enferme dans son diocèse sans tenir compte de l'expertise de ses frères. Les synodes, qui constituent une forme très aboutie de l'actualisation de la collégialité, sont de grands moments de la vie de l'Église. Mais les différentes instances ne doivent pas démobiliser les évêques ni leur donner le sentiment que leurs pouvoirs d'appréciation sont amoindris. Les grandes assemblées ne peuvent pas non plus écouter les beaux parleurs seulement, les plus « intelligents », les experts qui impressionnent, étouffent et imposent. La crainte d'une éventualité de se voir imposer des idées et des positions idéologiques a fait dire, non sans ironie, aux opposants de la collégialité que jamais les apôtres n'ont agi collégialement. La seule et unique fois où ils ont pratiqué la collégialité, c'était à Gethsémani... Les Évangiles disent qu'« alors les disciples abandonnèrent tous Jésus et prirent la fuite » (Mt 26, 56). Pourtant, les Actes des Apôtres nous décrivent l'action concordante de ceux-ci, surtout après la Pentecôte. Ils vont ensemble en prison, et ils demeurent à Jérusalem pendant la persécution. De même, ils convoquent le premier concile de Jérusalem pour examiner la question de la circoncision des païens devenus chrétiens (Ac 15, 6).
    Le pape François aimerait relancer la collégialité, et je pense qu'il a raison. La centralité romaine a permis des réalisations importantes, mais elle peut aussi conduire à une forme de sclérose. Car si la responsabilité de l'évêque est affaiblie, il y a un problème de confiance. Celle-ci doit être entretenue comme un trésor essentiel mais fragile.
    S'il est nécessaire de favoriser la responsabilité des évêques et des conférences épiscopales, Rome doit absolument conserver la direction de tout l'apostolat. Bien entendu, comme le rappelle le concile, l'apostolat peut être pratiqué par toute personne baptisée, sans qu'il soit besoin d'un mandat hiérarchique. À cause de la diversité des opinions sur des questions graves, de la perte des valeurs et de la désorientation des esprits provoquées par le relativisme, nous commettrions un grave péché contre l'unité du Corps du Christ et de la doctrine de l'Eglise en donnant aux conférences épiscopales une autorité ou une capacité de décision sur des questions doctrinales, disciplinaires, morales. « II convient de tendre, disait Pie XII lors d'un discours aux évêques en novembre 1954, vers plus d'uniformité dans la façon de gouverner ; on évite ainsi l'étonnement des fidèles, qui souvent ne comprennent pas pourquoi dans un diocèse les choses se font d'une façon et dans un autre, peut-être voisin, tout autrement et parfois même d'une façon contraire. Il faut renforcer aujourd'hui ces relations vivantes et fréquentes avec le Siège apostolique qui non seulement préservent l'unité de la foi, mais harmonisent aussi le domaine du gouvernement et de la discipline. Cette union, concluait Pie XII, et ces relations de circonstance avec le Saint-Siège ne viennent pas d'une certaine volonté de tout réduire à l'unité mais du droit divin et d'un élément propre à la Constitution de l'Église du Christ. Et il n'en résulte pas de dommage, mais bien un avantage pour les évêques, à qui est confié le gouvernement des divers troupeaux particuliers. » Sur ces points, Jean-Paul II s'est clairement prononcé dans sa lettre apostolique Apostolos suos en forme de Motu proprio, du 21 mai 1998, en précisant certaines normes concernant les conférences des évêques.

Selon vous, François aimerait-il assouplir le gouvernement de l'Église ?

    Je pense que François veut donner aux expériences pastorales de terrain une juste place dans la réflexion du gouvernement central de l'Eglise. Ainsi, en choisissant un cardinal de chaque continent pour son conseil en vue de la réforme du fonctionnement de la Curie, le pape entend recueillir toutes les richesses du monde catholique. De même, la volonté du pape de relancer la réflexion synodale est une heureuse initiative. En effet, le synode doit devenir une nouvelle expérience d'Emmaüs durant laquelle le cœur de l'Église est tout brûlant du feu des Ecritures. Car en chacune de nos assemblées synodales, Jésus nous rejoint et chemine avec nous vers l'auberge de la fraction du pain. Là, il révèle son visage de ressuscité et nous renvoie pour que nous retrouvions les autres apôtres et puissions reconstruire l'Église « in terris », abandonnée ou défigurée par nos ambitions déçues et nos espérances frustrées. Dès que nous rejoignons à nouveau le Cénacle, lieu de la première Eucharistie, Jésus nous donne alors son souffle pour annoncer au monde qu'il est vivant. La petite espérance, comme disait Charles Péguy, se ravive alors en nous.

Quels sont aujourd'hui, à votre avis, les signes les plus préoccupants pour l'avenir de l'Eglise ?

    Je considère que la difficulté actuelle est triple et une tout à la fois : le manque de prêtres, les carences dans la formation du clergé et la conception souvent erronée du sens de la mission.
    Il existe une tendance missionnaire qui met l'accent sur l'engagement ou la lutte politique, sur le développement socio-économique ; cette approche fait une lecture diluée de l'Évangile et de l'annonce de Jésus. La baisse numérique des prêtres, les déficits de leurs engagements missionnaires et une inquiétante carence de vie intérieure, faute d'une vie de prière et de fréquentation des sacrements, peuvent conduire à couper les fidèles chrétiens des sources auxquelles ils devraient s'abreuver. J'ai parfois le sentiment que les séminaristes et les prêtres ne sont pas suffisamment appliqués à nourrir leur vie intérieure en la fondant sur la Parole de Dieu, l'exemple des saints, sur une vie d'oraison et de contemplation, tout enracinée en Dieu seul. Il existe une forme d'appauvrissement, de dessèchement, qui vient de l'intérieur même des ministres du Seigneur. Bien souvent Benoît XVI et François ont dénoncé le carriérisme au niveau du clergé. Récemment, en s'adressant à différentes communautés universitaires, le pape François a prononcé des paroles fortes : « Votre engagement intellectuel, disait-il, dans l'enseignement et dans la recherche, dans l'étude et dans la formation au sens large, sera d'autant plus fécond et efficace qu'il sera davantage animé par l'amour pour le Christ et pour l'Église, que la relation entre étude et prière sera solide et harmonieuse. Ce n'est pas quelque chose d'ancien, c'est le centre ! C'est l'un des défis de notre temps : transmettre le savoir et en offrir une clef de compréhension vitale, et non une accumulation de notions sans lien entre elles. »

 
La formation adéquate des séminaristes, axée sur la maturation de la foi et portant à une adhésion personnelle au Christ, demeure fondamentale. Le monde d'aujourd'hui ainsi que nos sociétés égocentriques et changeantes nous dispersent par leur agitation. Nous sommes encombrés de trop de possessions ; si nous désirons créer, pour les séminaristes, une ambiance favorable à la rencontre avec le Christ, le silence et la construction de l'homme intérieur sont indispensables. La question est d'autant plus grave qu'elle est presque invisible. Il est loisible de se pencher sur les séminaires qui, dans un certain nombre de pays, en particulier en Occident, ne sont plus suffisamment pourvus. Mais, si ce problème est incontestable, le point sensible est ailleurs.
    En fait, un vrai séminaire doit être une école qui conduise au « torrent de Kerit » (1 R 17, 1-6), à la source de la Parole de Dieu, un lieu où l'on apprenne à construire une véritable vie intérieure. L'homme façonné par cette école pour devenir prêtre se prépare à bien prier pour mieux parler de Dieu, car on ne peut trouver les mots sur Dieu qu'après L'avoir rencontré et avoir tissé des liens personnels avec Lui... La prière est toujours première. Sans la vitalité de la prière, le moteur du prêtre et celui de l'Église, par voie de conséquence, tourne au ralenti.
    Nous devons joindre à la prière un travail continu sur nous-mêmes. L'Eglise est uniquement faite pour adorer et prier. Ceux qui sont le sang et le cœur de l'Eglise doivent prier, ou ils dessécheront le corps entier de l'institution voulue par le Christ. C'est pourquoi les séminaristes, les prêtres et les évêques ne peuvent qu'entretenir une relation personnelle avec Dieu. Si dès les débuts, et tout au long des années de formation au séminaire, ce rapport d'intimité avec Jésus n'est pas solidement établi, les séminaristes risquent de devenir de purs fonctionnaires ; et le jour de leur ordination, ils ne seront pas percutés jusqu'aux entrailles, ils ne percevront pas la gravité et les conséquences des Paroles que Jésus leur adresse : « Non jam dicam servos, sed amicos » (« Je ne vous appelle plus serviteurs [...] mais je vous appelle amis») (Jn 15, 15). L'enjeu est simple : il en va de l'identification et de la configuration au Christ. Ainsi, notre vouloir sacerdotal et la volonté de Dieu doivent coïncider toujours plus parfaitement. Nous pourrons dire, comme le Christ : « Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se fasse » (Lc 22, 42 ; Mc 14, 36).
    Bien sûr, la formation intellectuelle, théologique, philosophique, exégétique et les diplômes sont importants, mais le trésor ne réside pas dans la science... Le vrai trésor, c'est notre amitié avec Dieu. Sans un sacerdoce selon le cœur de Dieu, lavé des modes humaines, l'Eglise n'a pas d'avenir. Je ne minimise pas le rôle du peuple des baptisés, du peuple de Dieu. Mais par la volonté de Dieu, ces âmes sont confiées à des prêtres. Si ces derniers obéissent à des règles purement humaines, sans la charité du Ciel, l'Église perdra le sens de sa mission. Les crises dans l'Église, si graves soient-elles, ont toujours leurs origines dans une crise du sacerdoce.

II y a donc les livres d'un côté, et la prière de l'autre ?
 
    Certes non. Mais la vie intérieure est sans conteste la lumière et le sel de la vie des prêtres. Il ne s'agit pas de négliger la préparation intellectuelle des séminaristes. Pourtant, cet aspect ne doit pas être la seule et unique préoccupation.
    Un prêtre qui a intériorisé sa vie sacerdotale est soucieux de communiquer de manière compréhensible sa rencontre avec Dieu. Il sera capable de parler simplement. Certains ont tellement intellectualisé et compliqué le message chrétien qu'une grande partie du peuple n'est plus touchée ni intéressée par l'enseignement de l'Eglise. Dieu n'est pas un raisonnement, car le Père est dans le cœur de chaque homme. C'est là qu'il nous attend pour se révéler à nous : « Mais voilà, tu étais au-dedans de moi quand j'étais en dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi », écrit saint Augustin dans ses Confessions. Les Pères de l'Église savaient s'exprimer de façon touchante et réussissaient à convertir les populations au Christ. Par des phrases sensibles et de belles images, ils ne faisaient que communiquer leurs propres expériences spirituelles.
    Aujourd'hui encore, les pasteurs doivent pouvoir être compris de leurs brebis. Nous sommes instamment invités à suivre le grand exemple que nous donne le pape François, avec son langage simple, concis et direct. Un christianisme hermétique et qui se prétend « scientifique » serait un christianisme dévoyé. Et pourtant, combien de formules sûres d'elles-mêmes, creuses et arrogantes, entendons-nous si souvent dans nos églises...
    Désormais, l'unité de l'Église est menacée au plan de la doctrine révélée, car nombreux sont ceux qui considèrent leur propre opinion comme la véritable doctrine !
    Une des grandes difficultés actuelles se trouve dans des ambiguïtés ou des déclarations personnelles sur des points doctrinaux importants qui peuvent conduire à des opinions erronées et dangereuses. Ces errements désorientent beaucoup de fidèles. Sur des questions très graves, il existe parfois des réponses contradictoires apportées par le clergé et des théologiens. Comment le peuple de Dieu ne peut-il pas être perturbé par de tels comportements ? Comment les baptisés peuvent-ils être certains de ce qui est bon ou mauvais ? La confusion sur la véritable direction à prendre est la plus grande maladie de notre époque.
    L'Église est sainte dans son mystère. Mais si elle ressemble à une tour de Babel, il n'y a aucune chance qu'elle parvienne à relever le grand défi du relativisme contemporain. Nous pouvons remercier Benoît XVI d'avoir su discerner avec acuité ce qu'il nommait la « dictature du relativisme ». À rebours du subjectivisme ambiant, l'Église doit savoir dire la vérité, avec humilité, respect et clarté. Je pense que les hommes, comme les arbres, ont besoin de racines qui puissent s'alimenter à la meilleure terre, laquelle est tout simplement l'héritage et la tradition millénaire du christianisme. La variété des opinions dans une société inondée d'informations ne saurait faire oublier la tradition multiséculaire de l'Église. La meilleure manière de comprendre et de transmettre, c'est la vie intérieure en Dieu !
    Les hommes qui ont reçu une responsabilité de Dieu lui-même à travers leurs vocations ne doivent pas se perdre car il s'agirait d'une trahison sans commune mesure. Dieu ne nous a pas demandé de créer des œuvres personnelles mais de transmettre la foi. Les hommes de Dieu sont des passeurs, et non des interprètes ; ce sont des messagers fidèles et des intendants des mystères chrétiens. Beaucoup sera demandé à qui aura beaucoup reçu.

Avez-vous parfois le sentiment que les fidèles sont désorientés ?

    Si je prends l'exemple de la nouvelle évangélisation voulue par Jean-Paul II, je constate que nous sommes tous d'accord sur la nécessité de redonner un élan à notre vitalité missionnaire. Par contre, quand il s'agit de comprendre le sens de l'application de l'Evangile dans la vie concrète, les désaccords pointent à l'horizon. Nous sommes très divisés entre catholiques sur ce qui est un bien moral ou ce qui ne l'est pas.
    C'est Dieu seul qui devrait être notre référence. Pourtant, il y a un grand malaise. Sur des questions internes à l'Église, nous avons des conceptions différentes de la liturgie qui vont jusqu'à susciter le rejet mutuel, l'hostilité, voire une guerre froide. Or, il s'agit de rendre un culte à Dieu. Nous devrions donc être particulièrement unis.
    Nous sommes trop souvent opposés, chacun enfermé dans sa petite chapelle. Quand l'idéologie prend la place de l'adoration, comment ne pas déceler le symptôme préoccupant d'une crise à la profondeur insoupçonnée ? Si nous sommes écartelés, à quoi correspond la nouvelle évangélisation à laquelle nous semblons tous si attachés ? Si la nouvelle évangélisation signifie un retour authentique vers le Christ, pourquoi tant d'éparpillements, tant d'opinions divergentes, tant de visions politisées ?

 

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Sources : Extraits de la deuxième partie  "Dieu ou rien - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -  E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 25.04.2023

 

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