Mgr Zimowski s'exprime sur son ami,
le pape Benoît XVI |
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Le 25 avril 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a nommé le 18 avril dernier, Mgr. Zygmunt Zimowski,
Président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, l'élevant à
la dignité archiépiscopale. Il était jusqu'ici Evêque de Radom en Pologne.
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Le cardinal Ratzinger
et Mgr. Zygmunt Zimowsk
Mgr Zimowski s'exprime sur son ami,
le pape Benoît XVI
Mon patron, le Cardinal Ratzinger
Le 25 avril 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a nommé le 18 avril dernier, Mgr. Zygmunt Zimowski,
Président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, l'élevant à
la dignité archiépiscopale. Il était jusqu'ici Evêque de Radom
(Pologne).
Mgr. Zygmunt Zimowsk est d'origine polonaise et âgé de 60 ans. Il est un
ancien collaborateur de la Doctrine de la Foi.
C'est Jean-Paul II qui l’avait nommé évêque de Radom en 2002 et il avait
reçu la consécration épiscopale des mains du cardinal Ratzinger lui-même.
Le site
benoit-et-moi nous propose une des interviews les plus informatives d'un
ancien proche collaborateur du cardinal Ratzinger.
Les questions ont été posées par le père Marek Gancarczyk et Marcin
Jakimowicz.
Mgr Zimowski se souvient: Son patron, le cardinal
- Votre Excellence est sans doute le seul polonais,
qui connaisse aussi bien Benoît XVI. Pendant combien de temps avez-vous
travaillé ensemble à la CDF?
- Dix-neuf ans, trois mois et quinze jours. C'est ce que l'État de la Cité
du Vatican a calculé pour ma pension de retraite, que je vais recevoir après
mon 75ème anniversaire. J'espère vivre assez longtemps
(rires).
- Quand l'avez-vous rencontré pour la première fois?
- En automne 1975. L'évêque d'Innsbruck célébrait le 30e anniversaire de son
ordination épiscopale et a invité le Cardinal Ratzinger, alors archevêque de
Munich, pour tenir de l'homélie.
Je me souviens de ses gestes, je me rappelle combien son homélie coulait.
Les gens l'écoutaient bouche ouverte. J'ai remarqué alors que Joseph
Ratzinger est non seulement un théologien, mais un pasteur aussi. J'ai vu
son humilité. Et cette première impression restera avec moi pour toujours.
Après la messe je me suis approché de lui et je lui dit: "Je viens de
Pologne , je suis étudiant ici". Il a souri: "Bien, c'est une bonne
chose d'étudier!". Je n'avais jamais imaginé que je deviendrai un de ses
plus proches collaborateurs.
J'ai commencé à travailler à la CDF en 1983. Il y a un proverbe qui dit: "Le
sort tomba sur Matthias". J'ai d'abord refusé, en disant que je n'avais pas
étudié à Rome, que la Curie romaine m'était inconnue, mais l'archevêque Mgr Ablewicz a souri: «C'est encore mieux - qu'il n'y ait pas de bagages
(du passé)."
Après quoi ce fut la routine, le travail quotidien aux côtés de ce grand
homme. Les membres de la Congrégation ont toujours pensé que Ratzinger était
un grand homme de l'Eglise. Nous avons été fascinés par sa simplicité, sa
bonté, son ouverture.
- Ceci contredit l'image dans les media: le
Panzer-Cardinal Ratzinger si réservé, miraculeusement transformé en un
souriant Benoît XVI?
- Oui, j'ai lu ces opinions. C'est un gros malentendu. Le cardinal a
toujours été un homme souriant, joyeux, doux. Il était timide, mais quand il
finissait de se rapprocher de quelqu'un après avoir surmonté ce premier
obstacle, alors il s'engageait lui-même - comme l'un de nos bienheureux a
l'habitude de dire, "à fond" - to the ruin?? -
(rires).
- Était-il un Panzer cardinal?
- Oui, quand il s'agissait de la foi. Saint-Paul écrit que nous devons
porter une armure de foi. Il a été ferme et homme de décision, parce que
pendant ces 23 ans en tant que préfet, il avait à décider en matière de foi
et la morale. Mais il a toujours été aux côtés de Jean-Paul II. J'ai
remarqué que les médias, qui avaient peur d'attaquer directement le pape,
très souvent attaquaient le Cardinal Ratzinger à sa place.
- Tout cela le gênait-il?
- Plus il y avait de critiques, plus il était calme. Paradoxalement. C'est
un homme de prière. Tout le temps il a souligné que c'est la vérité, la
plénitude de la foi, qui importent.
- Quels sont les documents qui ont déclenché les
critiques les plus furieuses?
- Par exemple, les deux documents univoques - sur la théologie de la
libération, et
Dominus Jesus, en 2000. Je me rappelle que j'ai eu un dîner en
tête-à-tête avec Jean-Paul II - Mgr Dziwisz était en déplacement quelque
part - et le Saint-Père m'a parlé de ces documents.
Il a dit que la théologie de la libération avait seulement une dimension
horizontale, qu'elle n'avait pas de référence à Dieu. Il a ajouté: "Je sais
pourquoi les communistes me haïssent tant." Il déboutonnée trois boutons de
sa soutane blanche et sourit: "Parce que je connais la doublure."
- Et
Dominus Jesus ? Les
media ont souvent écrit, qu'il s'agissait d'un document écrit en opposition
à Jean-Paul II ...
- Rien de la sorte! Le Pape attendait vraiment ce document. Il lui a
consacré quelques-unes de ses méditations d'Angelus. Certaines personnes
voulaient obstinément prouver que le cardinal Ratzinger avait essayé de "pousser"
le document. Pourtant, chaque document de la CDF a quelque chose d'un credo,
il est ratifié par le pape.
Les media ont voulu mettre le Cardinal Ratzinger en conflit avec le Pape.
Mais je les vois encore ensemble. Il ont toujours suivi une route commune.
En outre dans l'interview que Benoît XVI a accordé à la télévision
(un fait sans précédent!), Il a dit: "Je sens
encore la présence du Pape, un homme qui est allé vers le Seigneur, mais qui
n'est pas lointain ..." Ils ont toujours été proches l'un de l'autre.
A l'occasion de
Dominus Jesus, certains voulaient également mettre deux cardinaux
allemands en conflit: Joseph Ratzinger et Walter Kasper, qui est responsable
de (la Congrégation pour) l'unité des chrétiens. Mais ils n'ont pas réussi.
(Anecdotes personnelles)
- Votre Excellence, vous avez insisté sur la
simplicité de votre supérieur. Votre conversation au sujet de votre
ordination épiscopale est presque devenu une anecdote.
- Quand j'ai accepté ma nomination par écrit comme évêque de Radom, je suis
allé chez le Cardinal Ratzinger. Au cours de la conversation, je me suis
soudain levé, il m'a regardé d'un air perplexe, et j'ai dit: "Pendant tous
ces jours, je n'ai jamais demandé quoi que ce soit, mais maintenant, je vous
demande, Monsieur le Cardinal, de m'ordonner évêque". Il a été surpris. Il
m'a regardé et m'a répondu: "Je ne suis pas digne".
Et j'ai dit: "Non, c'est moi qui ne suis pas digne".
"Si aucun de nous n'est digne, alors faisons-le", a-t-il souri. Et
puis, il a demandé: "Mais dans quelle langue? Je ne sais pas le polonais".
J'ai proposé le latin. Et il a répondu: "Qu'est-ce que les gens de Radom
vont dire? Ils doivent nous comprendre". "Nous allons préparer des
livrets avec la traduction" ai-je répondu.
- C'était une preuve de sa grande intuition
sacerdotale.
- Oui! Je connais beaucoup d'autres exemples de l'humilité du cardinal.
Vingt collaborateurs de la CDF ont pris le même avion vers Radom, pour mon
ordination. Quand j'ai proposé au Cardinal une place en classe affaires, il
a refusé. "Je vais m'asseoir avec les autres", a t-il répondu.
Ensuite, dans l'avion, on lui a offert une place en classe affaires, mais là
encore, il a refusé. Le vol a été retardé d'une heure mais il était debout à
attendre humblement. C'était très édifiant pour nous.
Une autre histoire. L'épiscopat américain avait invité le cardinal Ratzinger
aux États-Unis . Il ne vint pas à l'esprit du Père Thomas, l'américain qui
organisait ce voyage, de se procurer un visa pour le Cardinal. Ils
atterrirent à New York. Le Père Thomas est passé par la sortie pour les
citoyens américains, et le Cardinal est resté patiemment debout dans une
file d'attente pour les étrangers. Le Père Thomas a été à la recherche des
bagages, et le Cardinal attendait. Un quart d'heure, une demi-heure, voire
plus. A la fin, il s'est approché du bureau d'immigration. Il a remis à
l'agent d'immigration son passeport de l'État de la Cité du Vatican.
L'agent l'a dévisagé et lui a demandé quel était le motif de sa visite:
était-ce un voyage d'affaires ou de loisirs (tourisme)?
Surpris, il a souri: "Je ne sais pas ...". L'agent d'immigration
déclara: "Je ne peux pas vous laisser passer, mon père. Vous n'avez pas
de visa". Il a pris son passeport allemand, mais elle a répondu: "Vous
avez encore besoin d'un visa". Le Cardinal attendait humblement devant
le bureau. Le Père Thomas a vu de loin qu'il y avait une sorte de problème
et il a crié: "Savez-vous que cet homme est le Cardinal Ratzinger?"
Et elle a répondu: "Mais il n'a pas de visa!"
Le Père Thomas a houspillé les responsables de l'aéroport et le Cardinal a
obtenu un visa de 30 jours. Il a visité différents diocèses, fait des
prédications. Au cours de sa dernière réunion en Philadelphie il a relaté
cette histoire. À la fin, il a ajouté: "Maintenant, je sais la raison de
ma visite: il s'agissait d'un voyage d'affaires et de loisir". Tout le
monde s'est mis à rire.
- Avez-vous passé des vacances ensemble?
- Oui. Une fois que nous avons passé une semaine dans le sud-Tyrol
(Bressanone, ndt). Nous avons fait des randonnées
en montagne. Ces marches ne sont pas très difficiles, mais nous avons
beaucoup marché. La grand-mère du cardinal venait du sud-Tyrol, ainsi, il
s'est repu du paysage, et l'a admiré.
Une autre fois, nous sommes allés faire un voyage dans les Abruzzes . Je
m'en souviens bien, nous avons rencontré un berger, là. Un homme simple, pas
rasé, avec son troupeau. Il s'est approché de lui. Ils ont commencé à
parler. Et puis j'ai eu une idée lumineuse: je dois prendre une photo, car
il s'agit d'une réunion de deux bergers!
(..)
- Et comment le Cardinal Ratzinger priait-il?
- C'est un homme de profonde prière. J'ai remarqué qu'il aimait surtout la
prière des Psaumes. Il s'arrêtait souvent, absorbé dans la prière du
bréviaire.
Il disait la messe chaque matin. La seule personne qui y participait
(au début) était sa sœur: une femme simple, modeste. Je me
souviens combien il prenait soin d'elle, la guidant dans Rome. Sa mort
soudaine a été un grand choc pour lui. Elle s'était rendue sur les tombes
familiales, et est décédée subitement (le 2 novembre 1991,
ndt). Il l'a supporté avec une grande foi - il avait écrit un
livre sur l'eschatologie, après tout - mais vous avez pu voir combien il a
souffert.
Moi aussi, je disais la messe tous les jours, et tous les jeudis le Cardinal
venait à la fin de la messe. Il a toujours été à l'heure pour la
bénédiction. Il rangeait son bréviaire et faisait un signe de la croix.
Au début cela m'intimidait: moi, un simple prêtre, bénir le Préfet de la
Congrégation en personne. Mais maintenant je suis fier du fait que, pendant
une dizaine d'années, une fois par semaine, j'ai béni le futur pape.
- Votre Excellence, vous avez bien fait ...
- Oui, une bénédiction de "prise"! (Rires)
- Votre Excellence, vous avez dit que le pèlerinage à
Cologne a réveillé l'Allemagne. Y a t'il eu des suites?
- Je pense que oui. Sur la place Saint-Pierre, il y a des foules de
plus en plus en provenance de Bavière, d'Allemagne. Par exemple, parmi les
60.000 pèlerins, il pourrait y en avoir 10.000 venant d'Allemagne .
- Et comment Benoît XVI - un intellectuel timide, un
pilier de bibliothèque - s'arrange t'il avec la foule?
- Je l'ai vu à l'œuvre à Cologne. J'ai été ému. Je me suis dit: "Oh,
Monsieur le Cardinal, où en êtes-vous arrivé?" J'ai été touché, quand je
l'ai vu, un homme d'une grande délicatesse, prêcher à plus d'un million de
pèlerins.
Il s'agit d'une situation nouvelle: le cardinal, alors qu'il était préfet,
ne pouvait pas caresser les enfants sur la Place Saint-Pierre, car il se
disait qu'il ferait concurrence au Pape. Il a juste fait fidèlement ce qu'il
était censé faire.
Mais à Cologne, j'ai vu la puissance de l'Esprit Saint. Comme il y a 2000
ans, où il a "secoué" les Apôtres à la Pentecôte, aujourd'hui, il
secoue ce théologien modeste.
Ce qui est intéressant, c'est que Benoît XVI a parlé à chaque nation, sur
ses problèmes: aux Français, il a parlé de la messe dominicale, aux Italiens
du Catéchisme de l'Eglise, il a remercié les Polonais pour leur attachement
à la foi. A Cologne, je n'ai pas vu un intellectuel modeste. J'ai vu un
prophète.
Sources : benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 25.04.09 -
T/Benoît XVI |