Le véritable moteur de l’évangélisation est
l’amour et est toujours gratuit |
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Le 24 décembre 2007 -
(E.S.M.) - L’évangélisation par l’Église n’est
ni seulement un devoir ni moins encore une prétention au pouvoir, mais
tout simplement une normalité. Rappeler cette normalité à la conscience
des fidèles d’aujourd’hui : voilà le véritable enjeu de la Note
doctrinale de la Congrégation romaine pour la Doctrine de la foi « sur
certains aspects de l’évangélisation ».
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Ste Thérèse, patronne des Missions -
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Le véritable moteur de l’évangélisation est l’amour et est toujours gratuit
Introduction à la "Note doctrinale" de la
Congrégation pour la Doctrine de la foi sur "certains aspects de
l’évangélisation"
Mgr Kurt Koch
Avec précision, le Concile Vatican II a rappelé à l’Église son mandat
missionnaire reçu du Seigneur ressuscité. Le Concile a défini l’Église tout
entière « missionnaire » et « l’œuvre de l’évangélisation » comme « devoir
fondamental du Peuple de Dieu ». Il a donc invité tous les baptisés à une «
profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une conscience vive de leur
propre responsabilité dans la diffusion de l’Évangile, ils assument leur
part dans l’œuvre missionnaire » (Ad
Gentes, n° 35).
Malgré ce rappel sans équivoque, actuellement bien des personnes, aussi
catholiques, réceptionnent mal des mots tels que « mission » ou «
évangélisation ». Pour beaucoup, ces mots font ressurgir de mauvais
souvenirs ou des associations néfastes. Il est clair qu’il ne faut pas
ignorer les zones d’ombre qui ont couvert et continuent de couvrir
l’histoire de l’évangélisation chrétienne. D’autre part, force est de
constater que l’évangélisation fait partie des droits et devoirs
fondamentaux de l’Église chrétienne.
La retenue déjà largement répandue en Église par rapport à son mandat
missionnaire s’est encore affermie ces dernières décennies.
En considération de la mentalité contemporaine assortie de pluralisme et de
relativisme indifférent, le mandat missionnaire de l’Église est vite vu
comme une attaque à la liberté religieuse de l’homme ou comme un style
d’intolérance, qui se révèle dangereux pour la paix. Cette idée
repose sur la conviction que les différentes religions constituent dans le
monde actuel autant de manières d’exprimer un absolu qui en est le fondement
commun et qu’ainsi, les différents symboles religieux découleraient d’une
ultime unité du langage imaginaire de l’humanité. En conséquent, même la
mise en relief des particularismes d’une religion déterminée est perçue
comme arrogante et intolérante ; le renvoi aux différences entre les
religions est ressenti comme discriminatoire. Si en plus, une religion
déterminée s’arroge le droit à la vérité, ce droit est vite relativisé dans
le sens que l’existence à elle seule de plusieurs religions remet pour le
moins en cause toute prétention à la vérité.
A partir de cette mentalité – relativiste et finalement irénique –, qui
prévaut aujourd’hui également en religion, on déduit que le mandat
missionnaire de l’Église est devenu obsolète et doit
être remplacé par le dialogue – œcuménique ainsi qu’interreligieux.
C’est dans pareil contexte que l’on comprend la « Note doctrinale » de la
Congrégation romaine pour la Doctrine de la foi « sur certains aspects de
l’évangélisation ». Cette Note souhaite rappeler que le dialogue
interreligieux et l’évangélisation chrétienne, loin de constituer des
opposés, se conditionnent mutuellement. La Note met au clair certains
aspects de la relation entre le mandat missionnaire de l’Église d’un coté et
le respect de la conscience et de la liberté religieuse de l’homme de
l’autre coté. Cette relation est élucidée sous trois aspects :
anthropologique, ecclésiologique et œcuménique.
Déjà d’un point de vue anthropologique, seule une conception de la liberté
ne se dérobant pas au lien indivisible avec la vérité est à même de vraiment
correspondre à la nature humaine. Le respect de la liberté de tout homme et
le respect de la vérité ne s’excluent pas, au contraire, ils s’alimentent et
se soutiennent mutuellement. Une tolérance bien comprise en est toutefois la
prémisse. Cette tolérance, pourvue de contenus, se distingue essentiellement
de la tolérance exclusivement formelle aujourd’hui répandue, à savoir cette
fausse tolérance qui met au pilori toutes les différences – même entre les
religions – et laisse survivre seulement la conformité. De cette manière, la
tolérance semblerait être possible à condition de suspendre la question de
la vérité au sein des religions. Par contre, une tolérance ‘riche en
contenus’ respecte les différences existantes, les prend au sérieux et
conduit par là même à l’unité et à la paix. En fait, chaque dialogue
véritable demande de se dérouler avec des convictions respectives. Il exige
aussi que les partenaires du dialogue aient quelque chose à se dire et la
volonté de chercher et de trouver ensemble la vérité. Si liberté et vérité
s’appartiennent, alors ne peut pas s’opposer à la liberté de l’homme le fait
qu’on lui propose ce qui est perçu comme vrai et qu’on l’invite à
l’accueillir de son gré.
D’un point de vue ecclésiologique, il en découle que
l’Église a bien sûr le droit, mais aussi le devoir d’évangéliser. Ces
droit et devoir méritent la reconnaissance publique – également par les
instances étatiques –, car il sont l’expression de la liberté religieuse.
Nous savons que dans certaines parties du monde cette dernière continue
hélas de ne pas être vraiment respectée ni reconnue juridiquement.
L’évangélisation promue par l’Église ne sera crédible que si elle se réalise
non seulement à travers la proclamation publique de l’Évangile et des
actions efficaces sur la place publique, mais surtout à travers le
témoignage personnel des chrétiens, à savoir un chemin personnalisé
d’évangélisation ayant un large rayonnement missionnaire.
Cela est d’autant plus vrai d’un point de vue œcuménique, puisque le
mouvement œcuménique, dès ses débuts, a été intimement lié à
l’évangélisation. Ainsi, l’œcuménisme et la mission vers le monde sont
comme deux jumeaux siamois dans la commune conviction que la fracture de la
chrétienté constitue sans nul doute le plus grand obstacle à la mission dans
le monde. L’évangélisation chrétienne apparaît aujourd’hui aussi comme défi
d’ordre œcuménique. Cela présuppose que la libre décision d’un chrétien non
catholique de se laisser convaincre par la vérité de la foi catholique et
d’entrer dans la communauté de l’Église catholique doit être respectée comme
expression de la liberté de conscience et de religion, et ne pas être taxée
de prosélytisme dans le sens négatif attribué entre-temps à ce concept.
Avec ces clarifications du point de vue anthropologique, ecclésiologique et
œcuménique, la Note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi rappelle
quelques principes fondamentaux concernant l’annonce de l’Évangile dans les
situations de vie des différentes Églises locales et fait comprendre comment
le mandat missionnaire de l’Église peut être assumé tout en respectant la
conscience de l’homme et sa liberté religieuse. Cela n’est possible que si
le véritable moteur de l’évangélisation est l’amour, qui jamais n’est vécu
pour d’autres buts, est toujours gratuit : « Les vrais évangélisateurs
veulent seulement offrir gratuitement ce qu’ils ont eux-mêmes reçu
gratuitement » (Note doctrinale, n° 8).
Sous cet angle de vue, l’évangélisation par l’Église n’est ni seulement un
devoir ni moins encore une prétention au pouvoir, mais tout simplement une
normalité, comme l’exprime par ailleurs avec sagesse un dicton populaire :
"Quand le cœur est plein, il faut que les lèvres s’ouvrent". Rappeler cette
normalité à la conscience des fidèles d’aujourd’hui : voilà le véritable
enjeu de la Note doctrinale de la Congrégation romaine pour la Doctrine de
la foi « sur certains aspects de l’évangélisation ».
Fribourg, 18.12.2007
Table :
Congrégation pour la Doctrine de la Foi
Note Doctrinale sur "quelques
aspects de l'Evangélisation"
►Texte
intégral en français
Sources:
Église de Suisse - ces
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un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.12.2007 - BENOÎT XVI
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