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Benoît XVI, la mort d’un ami, la solitude du pasteur
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Le 24 octobre 2021 -
(E.S.M.)
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Très belle réflexion d’Americo Mascarucci, qui commente sur le blog
de Marco Tosatti la lettre de condoléances du Saint-Père pour la
mort d’un ancien collègue de Ratisbonne. Il y voit bien autre chose
que de simples mots de circonstance. Et le mot-clé est « SEUL »
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI, la mort d’un ami, la solitude du pasteur
Le 24 octobre 2021 - E.
S. M. -
La lecture de la lettre que Benoît XVI a envoyée à Reinhold Dessl,
abbé de l’abbaye cistercienne de Wilhering en Autriche, dans le
diocèse de Linz, pour lui exprimer ses condoléances pour le décès à
91 ans de son collègue professeur à Ratisbonne, Gerhard Winkler,
également moine cistercien, a fait forte impression. Il s’agit d’une
lettre très touchante dans laquelle transparaît la solitude du
pontife émérite.
La lettre est écrite sur du papier à en-tête et Avvenire
tient à souligner que la lettre indique « Benedictus XVI ». Papa
emeritus en haut de la page, soulignant le fait que Ratzinger ne se
considère plus comme le pape légitime, comme le prétendent tous ceux
qui considèrent sa démission comme invalide. Mais au-delà des
discussions plus ou moins légitimes sur le Siège empêché, sur les
deux papes, sur la démission plus ou moins invalide, ce qui
est évident, c’est la solitude de Benoît qui, parlant de
son collègue décédé, écrit dans la lettre : « La nouvelle de sa mort
m’a profondément frappé. De tous mes collègues et amis, il était le
plus proche de moi. Sa gaieté et sa foi profonde m’ont toujours
attiré. Il a maintenant atteint l’au-delà, où de nombreux amis
l’attendent certainement. J’espère pouvoir les rejoindre bientôt ».
On dira que le pape émérite a 94 ans, qu’il a de graves problèmes de
santé, qu’il est lucide mais limité dans ses mouvements et que, dans
son cœur, il espère mettre fin à son existence terrestre le plus tôt
possible pour retrouver ses amis les plus proches. Cependant,
lorsqu’on le lit à contre-jour, on ne peut s’empêcher de constater
la solitude d’un grand théologien, qui a ensuite eu le
privilège d’être pape, qui a dû boire la coupe amère du renoncement,
se rendant compte qu’il ne pouvait pas gouverner, et qui voit le
désert autour de lui. Il a vu partir ses collaborateurs les
plus proches et les plus sincères, et maintenant aussi celui qu’il
appelle « le plus proche de moi ».
Chaque jour, Benoît XVI se sent plus seul dans une Église
qui, depuis huit ans, démolit tout ce que lui, et avant lui
Jean-Paul II, ont laborieusement construit. Leur idée d’une
Église avec une identité, centrée sur les valeurs de la foi, non
emprisonnée dans la logique du monde, mais authentique témoignage de
l’Évangile. Une Église qui a essayé d’être dans le monde sans être
« du monde » et qui a reconfirmé dans chaque contexte politique,
social, économique et culturel la centralité de l’Évangile et de ses
principes éthiques et moraux. Au cours des huit dernières années,
Benoît XVI a vu triompher au sein de l’Église du Christ ces mêmes
tendances sécularisantes et mondaines que lui et son bien-aimé
prédécesseur avaient réussi à endiguer.
Bien que l’on nous dise que Benoît et François ont toujours
été sur la même longueur d’onde, cela a été systématiquement
contredit par les faits. Alors que le Synode sur la famille
discutait de l’octroi de la communion aux divorcés remariés, dans un
volume publié à la même époque et contenant ses principales œuvres,
Ratzinger actualisait précisément la partie sur les divorcés
remariés, et pas pour la rendre cohérente avec celle de Bergoglio,
mais au contraire pour en souligner les divergences, en soutenant
que ce n’est qu’en cas d’annulation par la Sacra Rota qu’un
second mariage peut être considéré comme licite. Puis, en 2018,
l’incident diplomatique autour de la publication de la série
« Théologie du pape François » qui a conduit à la démission du
préfet du Secrétariat pour la communication de l’époque, Dario
Edoardo Viganò ; une lettre qui a été présentée comme une tentative
de Ratzinger de mettre en évidence la pleine continuité entre son
pontificat et celui de Bergoglio. En réalité, la lettre contenait
bien plus que cela, à savoir un refus d’écrire une recension,
affirmant qu’il n’aurait pas lu les livres en temps voulu, mais
surtout parce que parmi les auteurs de la série figurait le
professeur Peter Hünermann, « qui, durant mon pontificat, s’est fait
remarquer pour avoir mené des initiatives anti-papales ». Ajoutez à
cela la prise de distance de Benoît XVI vis-à-vis de l’abolition du
célibat sacerdotal et de l’ordination des femmes, le livre publié
avec le cardinal Robert Sarah qui a provoqué tant d’agitation dans
les palais sacrés alors qu’on ouvrait les portes aux rites païens et
autres monstruosités, ses continuelles attestations d’estime envers
les groupes traditionalistes et ses critiques des dérives
ultra-modernistes de l’épiscopat allemand.
Au-delà des tentatives malhonnêtes de présenter Bergoglio
dans la continuité de Benoît XVI et même de Jean-Paul II, il est au
contraire évident que le pape actuel a tout fait pour interpréter
une discontinuité claire avec ses prédécesseurs, en s’inspirant
précisément de ceux qui, comme le théologien ultra-progressiste
Walter Kasper, comptent parmi les principaux interprètes de la
rupture avec la tradition du Concile Vatican II. On l’a vu
avec la récente réforme liturgique et le motu proprio « Traditionis
custodes » par lequel Bergoglio a annulé le motu proprio
Summorum Pontificum de Benoît XVI qui avait libéralisé les
célébrations selon l’ancien rite. Une façon pas très originale
d’exalter cette herméneutique de la discontinuité que Ratzinger, en
tant que théologien et pape, avait combattue et tenté d’enterrer
définitivement par un motu proprio visant à sceller une continuité
entre le Concile de Trente et le Concile Vatican II. Bergoglio a au
contraire bouleversé jusqu’à la fonction que Jean-Paul II avait
reconnue aux évêques, celle de gardiens du rite ancien, les
transformant en répresseurs de la tradition. C’est un cadeau aux
secteurs progressistes de l’Église, ceux-là mêmes qui ont déclenché
la guerre contre Benoît XVI et ont conduit à sa démission, la messe
en latin prenant la même fonction que le scalp du pape émérite
offert par Bergoglio à ses ennemis. Et bien que l’auteur de ces
lignes considère le Concile Vatican II comme un mal, tant dans la
continuité que dans la discontinuité, il serait indéniable de ne pas
reconnaître comment ces erreurs pastorales que Wojtyla et Ratzinger
avaient corrigées sont à nouveau dominantes dans l’Église
aujourd’hui.
Un Benoît XVI qui va jusqu’à espérer qu’il rejoindra bientôt ses
amis dans l’au-delà donne l’impression d’une capitulation de la part
de quelqu’un qui se rend compte qu’il ne peut plus rien donner à
l’Église. Dans cet appel aux vrais amis à rejoindre bientôt, il y a
peut-être la conscience qu’il n’est plus utile [ici-bas?] à
une Église qui, au-delà des hypocrites déclarations d’estime
bergogliennes, a tout renié de lui et où il n’a plus que des
ennemis.
Mais peut-être y a-t-il aussi l’espoir de mourir avant de la voir
finir en ruine ?
Americo Mascarucci
Benoît XVI: l’ars moriendi
Comme c’était prévisible, Mgr Gänswein a été interrogé sur
les mots utilisés par le Saint-Père dans sa
lettre de condoléances en mémoire de son ami et
ex-collègue de Ratisbonne Reinhold Dessl. Pour rassurer ses amis et
pour mettre un terme aux conjectures et aux rumeurs pas toujours
bienveillantes, il a jugé bon de répondre aux questions de « Bild »
(un tabloïd, qui a toujours été loyal avec Benoît XVI).
Mgr Gänswein a répondu aux questions du quotidien Bild le 20 octobre
après que les médias aient suggéré que le pape émérite de 94 ans
avait « envie de mourir »
« L’art de bien mourir, c’est-à-dire l’ars moriendi, fait partie
de la vie chrétienne. Le pape Benoît s’y adonne depuis de nombreuses
années », a dit Mgr Gänswein.
« Pourtant, il est rempli d’une joie de vivre absolue. Il est
stable dans sa faiblesse physique, clair dans sa tête et doté de son
humour typiquement bavarois. »
Dans une lettre datée du 2 octobre et rendue publique par l’abbaye
de Wilhering en Autriche, le pape émérite avait dit que le décès du
prêtre cistercien autrichien, le professeur Gerhard Winkler, l’avait
profondément touché.
« La nouvelle de la mort du Prof. Dr Gerhard Winkler que vous
m’avez transmise, m’a profondément affecté. Parmi tous les collègues
et amis, il était le plus proche de moi. Sa joie de vivre et sa foi
profonde m’ont toujours attiré », écrivait Benoît XVI.
« Maintenant, il est arrivé dans l’autre monde, où je suis sûr
que de nombreux amis l’attendent déjà. J’espère que je pourrai
bientôt les rejoindre. »
Mgr Gänswein a affirmé que la lettre était « affectueuse » et
venait du cœur, mais ne signifiait pas que Benoît XVI « n’a plus
aucun désir de vivre »
« Au contraire », a-t-il dit .
Sources : Traduction :
Benoit-et-moi
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.10.2021
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