Benoît XVI
préside un consistoire à la veille de la solennité de l’Annonciation
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ROME, Vendredi 24 mars 2006 - Le pape Benoît XVI en camail rouge bordé d’hermine et portant l’étole rouge rebrodée d’or, a présidé ce vendredi matin place Saint-Pierre le premier consistoire ordinaire et public de son pontificat pour la création de 15 nouveaux cardinaux de quatre continents et 19 pays.
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Texte intégral
Benoît XVI préside le premier consistoire ordinaire public de son pontificat
ROME, Vendredi 24 mars 2006 – Le pape Benoît XVI en camail rouge bordé d’hermine et portant l’étole rouge rebrodée d’or, a présidé ce vendredi matin place Saint-Pierre le premier consistoire ordinaire et public de son pontificat pour la création de 15 nouveaux cardinaux de quatre continents et 19 pays.
Le ciel romain était gris, épargnant cependant la pluie aux autorités ecclésiastiques et civiles internationales présentes. La météo et la date (en semaine) expliquait la présence relativement réduite des visiteurs place Saint-Pierre, environ 35 000 selon l’agence italienne AGI.
De France, le ministre de la justice, M. Pascal Clément, représentait le gouvernement, accompagné d’une délégation de 15 personnes.
La célébration a commencé à 10 h 30 et s’est achevée vers midi. Elle a débuté tout d’abord, selon le rite introduit à l’occasion du consistoire du 28 juin 1991, par un salut liturgique, suivi de la lecture par le pape de la formule de création et la proclamation solennelle des noms, en latin, des 15 nouveaux cardinaux .
En latin, le pape Benoît XVI situait d’emblée le consistoire dans le contexte liturgique de l’Annonciation et sous le signe de la prière: « A la veille de la solennité de l’Annonciation du Seigneur, nous sommes ici réunis, frères et sœurs très chers, pour adresser des prières et des supplications au Dieu tout-puissant, afin que par l’intercession de la Mère du Christ, notre Sauveur, il nous accompagne de sa grâce bienveillante ».
Le pape Benoît XVI insistait tout d’abord sur le sens de cet appel à faire partie du collège cardinalice et donc du « clergé de Rome ». « Nous nous apprêtons en effet, expliquait le pape, à accomplir un acte agréable et grave de notre ministère. Il concerne avant tout l’Eglise de Rome, mais il touche aussi toute la communauté ecclésiale : nous appellerons à faire partie du collège des cardinaux certains de nos frères afin qu’ils soient unis au Siège de Pierre par un lien plus étroit, en devenant membres du clergé de Rome, et qu’ils coopèrent de façon plus intense à notre service apostolique ».
Benoît XVI expliquait aussi le rite en disant : « Marqué de la pourpre sacrée, ils devront être d’intrépides témoins du Christ, et de son Evangile, dans la Ville de Rome, et dans les régions les plus lointaines ».
Le pape disait ensuite, toujours en latin, la formule de « création » des cardinaux : « Et donc par l’autorité du Dieu tout-puissant, des saints apôtres Pierre et Paul, et la nôtre, nous créons et proclamons solennellement cardinaux de la Sainte Eglise romaine, nos frères… ». Le pape Benoît XVI proclamait alors en latin le nom des 15 nouveaux cardinaux.
Le premier d’entre eux, le cardinal William Joseph Levada, des Etats Unis, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, s'est alors adressé au pape Benoît XVI au nom de ses 14 collègues, exprimant leur commune gratitude et fidélité.
Notons, parmi les représentants des gouvernements, la présence, de Pologne, du secrétaire d’Etat et chef de cabinet du président, Mme Elzbieta Jakubiak ; d’Espagne, du ministre de la Défense, M. José Bon, et du président de la Communauté de Castilla la Mancha, M. José Barreda ; des Philippines, de la fille de la présidente, Evangelina Lourdes Arroyo ; et des représentants des gouvernements du Ghana, de Slovénie, du Venezuela.
La délégation officielle la plus nombreuse était italienne : le président du Sénat, Marcello Pera, le président de la Chambre, Pier Ferdinando Casini, et le sous-secrétaire de la Présidence du conseil, Gianni Letta.
La charge de cardinal : un « service » dans « l’humilité »
La liturgie de la parole de ce premier consistoire du pontificat, a insisté sur le « service » représenté par la charge de cardinal.
La première lecture, tirée de la première Epître de saint Pierre (5, 1-11) décrivait les « anciens » comme des modèles pour le troupeau qui est confié à leur vigilance pastorale et les invitait à se « revêtir d’humilité ».
Le psaume 88 chantait le Dieu des miséricordes et invitait à la confiance.
L’évangile de saint Marc (10, 32-45), proclamé par le diacre en dalmatique dorée, rappelait que « le Fils de l’homme est venu pour servir ». Le passage rapporte en effet ce moment de l’annonce par Jésus à ses douze apôtres de sa future Passion comme chemin de rédemption. Mais Jacques et Jean demandent à siéger à droite et à gauche de leur maître et Jésus déclare : « Qui veut être grand parmi vous se fera votre serviteur et qui veut être le premier sera le serviteur de tous. Le Fils de l’homme en effet n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie pour le rachat de la multitude ».
La proclamation de la Parole biblique a été suivie de l’homélie de Benoît XVI de la profession de Foi et du serment des nouveaux cardinaux.
Le rite se terminait, vers midi, par la prière universelle puis le Notre Père et la bénédiction finale.
La première intention de prière, en français, demandait « pour l’Eglise » que, « fidèle aux commandements et à l’exemple de son Seigneur, elle sache se faire proche de tous ses enfants répandus à travers le monde, avec une charité qui ne connaît pas de frontières, faisant naître tous les peuples à la foi et les rassemblant dans l’unité ».
En philippin, l’intention de prière était pour le pape Benoît XVI pour qu’il soit toujours « plein de la sagesse, de la consolation et de la force de l’Esprit Saint ».
En anglais, l’assemblée était invitée à prier pour les nouveaux cardinaux, et en polonais pour les chefs de gouvernements « pour qu’ils sachent réaliser concrètement les attentes qui sont dans le cœur de tous les peuples, de liberté, de justice, de paix et de solidarité » : « Solidarnosc » un mot que tous reconnaissaient.
En chinois l’intention disait : « Pour tous ceux qui souffrent encore à cause de leur foi chrétienne, afin que dans la prière ils fassent l’expérience de la certitude de la communion de toute l’Eglise et qu’ils puissent un jour recueillir dans la joie ce que pendant de longues années ils ont semé dans la patience et dans l’amour ».
En espagnol, le pape Benoît XVI et toute l'assemblée ont priés pour tous les baptisés la « conscience » de leur dignité de chrétien et de leur mission à réaliser par « l’écoute de la parole, la prière, la fraction du pain, le témoignage de la charité ».
Texte intégral de l'homélie du 24 mars
2006
Vénérés Cardinaux, Patriarches et
Evêques,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et soeurs!
En cette veille de la solennité de
l'Annonciation du Seigneur, le climat pénitentiel du Carême laisse la place à la
fête: aujourd'hui, en effet, le Collège des Cardinaux s'enrichit de quinze
nouveaux membres. Je vous adresse avant tout à vous, chers frères, que j'ai eu
la joie de créer Cardinaux, mon salut le plus cordial, et je remercie le
Card. William Joseph Levada pour les sentiments et les pensées qu'il vient de
m'exprimer en votre nom à tous. Je suis heureux de pouvoir saluer également
les autres Cardinaux, les vénérés Patriarches, les Evêques, les prêtres, les
religieux et les religieuses, ainsi que les nombreux fidèles, en particulier les
familles qui sont venues accompagner dans la prière et dans la joie chrétienne
les nouveaux Cardinaux. Je souhaite la bienvenue avec une reconnaissance
particulière aux éminentes Autorités gouvernementales et civiles, qui
représentent diverses Nations et Institutions. Le Consistoire ordinaire public
est un événement qui manifeste avec une grande éloquence la nature universelle
de l'Eglise, présente à chaque extrémité de la terre pour annoncer à tous la
Bonne Nouvelle du Christ Sauveur. Le bien-aimé Jean-Paul II en célébra neuf,
contribuant ainsi de façon déterminante à renouveler le Collège cardinalice,
selon les orientations que le Concile Vatican II et le serviteur de Dieu Paul VI
avaient données. S'il est vrai qu'au cours des siècles, de nombreux changements
ont eu lieu concernant le Collège cardinalice, la substance et la nature
essentielle de cet importante institution ecclésiale n'ont toutefois pas changé.
Ses antiques racines, son développement historique et sa composition actuelle en
font véritablement une sorte de "Sénat", appelé à coopérer de manière étroite
avec le Successeur de Pierre dans l'accomplissement des devoirs liés à son
ministère apostolique universel.
La Parole de Dieu qui vient d'être
proclamée, nous ramène en arrière dans le temps. Avec l'évangéliste Marc, nous
sommes remontés à l'origine même de l'Eglise et, en particulier, à l'origine du
ministère pétrinien. Avec les yeux du coeur, nous avons revu le Seigneur Jésus,
à la louange et à la gloire duquel est totalement orienté et consacré l'acte que
nous accomplissons. Il nous a adressé des paroles qui ont rappelé à notre esprit
la définition du Pontife romain chère à saint Grégoire le Grand: "Servus
servorum Dei". En effet, Jésus, expliquant aux douze Apôtres que leur
autorité devrait s'exercer de façon tout à fait diverse de celle des "chefs des
nations", résume cette modalité dans le style du service: "Celui qui veut
devenir grand sera votre serviteur (διάκονος). Celui qui veut être le
premier sera l'esclave de tous (ici Jésus utilise un mot plus fort, δουλος)"
(Mc 10, 43-44). La disponibilité totale et généreuse dans le service aux
autres est le signe distinctif de celui qui, dans l'Eglise, a une place qui fait
autorité, car il en a été ainsi pour le Fils de l'homme, qui n'est pas venu
"pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude"
(Mc 10, 45). Tout en étant Dieu, et précisément poussé par sa divinité,
Il prend la forme de serviteur - "formam servi" - comme l'exprime
admirablement l'hymne au Christ contenu dans l'Epître aux Philippiens (cf. 2,
6-7).
Le premier "Serviteur des serviteurs de
Dieu" est donc Jésus. Derrière Lui, et unis à Lui, se trouvent les Apôtres; et
parmi ceux-ci, de façon particulière, Pierre, auquel le Seigneur a confié la
responsabilité de guider son troupeau. Le devoir du Pape est de devenir, le
premier, le serviteur de tous. Le témoignage de cette attitude ressort
clairement de la première Lecture de cette Liturgie, qui nous repropose une
exhortation de Pierre aux "prêtres" et aux anciens de la communauté (cf. 1 P
5, 1). Il s'agit d'une exhortation faite avec l'autorité que l'Apôtre possède
pour avoir été témoin des souffrances du Christ, Bon Pasteur. On sent que les
paroles de Pierre proviennent de l'expérience personnelle de service au troupeau
de Dieu, mais avant et plus encore, elles sont fondées sur l'expérience directe
de l'attitude de Jésus: de sa façon de servir jusqu'au sacrifice de soi, de son
humiliation jusqu'à la mort et à la mort sur une croix, ne plaçant sa confiance
que dans le Père, qui l'a exalté au moment opportun. Pierre, comme Paul, a été
intimement "conquis" par le Christ - "comprehensus sum a Christo Iesu"
(cf. Ph 3, 12) - et, comme Paul, il peut exhorter les anciens avec une
pleine autorité, car ce n'est plus lui qui vit, mais le Christ qui vit en lui -
"vivo autem iam non ego, vivit vero in me Christus" (Ga 2, 20).
Oui, vénérés et chers frères, ce
qu'affirme le Prince des Apôtres est parfaitement adapté à celui qui est appelé
à revêtir la pourpre cardinalice: "Je m'adresse à ceux qui exercent parmi vous
la fonction d'Anciens, car moi aussi je fais partie des Anciens, je suis témoin
de la passion du Christ, et je la communierai à la gloire qui va se révéler" (1
P 5, 1). Il s'agit de paroles qui, même dans leur structure essentielle,
rappellent le mystère pascal, particulièrement présent dans notre coeur en ces
jours de Carême. Saint Pierre les applique à lui-même, en tant que faisant
"partie des Anciens" (συμπρεσβύτερος), laissant ainsi entendre que l'Ancien dans
l'Eglise, le prêtre, en vertu de l'expérience acquise au cours des années et des
épreuves subies et surmontées, doit être particulièrement "en harmonie" avec
l'intime dynamisme du mystère pascal. Combien de fois, chers frères, qui venez
de recevoir la dignité cardinalice, vous avez trouvé dans ces paroles un motif
de méditation et d'encouragement spirituel à suivre les traces du Seigneur
crucifié et ressuscité! Celles-ci trouveront une confirmation supplémentaire
et exigeante dans ce que votre nouvelle responsabilité demandera de vous. Plus
étroitement liés au Successeur de Pierre, vous serez appelés à collaborer avec
lui dans l'accomplissement de son service ecclésial particulier, et cela
signifiera pour vous une participation plus intense au mystère de la Croix dans
le partage des souffrances du Christ. Et nous tous sommes réellement témoins de
ses souffrances aujourd'hui, dans le monde, ainsi que dans l'Eglise, et c'est
précisément de cette manière que nous participons également à sa gloire. Cela
vous permettra de puiser plus abondamment aux sources de la grâce et d'en
diffuser les fruits bénéfiques de façon plus efficace autour de vous.
Vénérés et chers frères, je voudrais
résumer le sens de votre nouvel appel dans la parole que j'ai placée au centre
de ma
première encyclique: Deus caritas.
Elle s'associe également bien à la couleur de l'habit cardinalice. Que la
pourpre que vous revêtez soit toujours l'expression de la caritas Christi,
en vous encourageant à un amour passionné pour le Christ, pour son Eglise et
pour l'humanité. Vous avez à présent un motif supplémentaire pour vous efforcer
de revivre les mêmes sentiments qui poussèrent le Fils de Dieu fait homme à
verser son sang en expiation des péchés de l'humanité tout
entière. Je compte sur vous, vénérés frères, je compte sur tout le Collège dont
vous faites à présent partie, pour annoncer au monde que "Deus caritas est",
et pour le faire avant tout à travers le témoignage d'une communion sincère
entre les chrétiens: "Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes
disciples, - dit Jésus - c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres" (Jn 13,
35). Je compte sur vous, chers frères Cardinaux, pour faire en sorte que le
principe de la charité puisse rayonner et réussisse à vivifier l'Eglise à tous
les niveaux de sa hiérarchie, dans chaque communauté et Institut religieux, dans
toute initiative spirituelle, apostolique et d'animation sociale. Je compte sur
vous afin que l'effort commun de fixer notre regard sur le Coeur ouvert du
Christ rende plus sûr et plus rapide le chemin vers la pleine unité des
chrétiens. Je compte sur vous afin que, grâce à la valorisation attentive des
petits et des pauvres, l'Eglise offre au monde de façon incisive l'annonce et le
défi de la civilisation de l'amour. Il me plaît de voir tout cela symbolisé dans
la pourpre dont vous êtes revêtus. Que celle-ci soit véritablement le symbole de
l'amour chrétien ardent qui transparaît de votre existence.
Je confie ces vœux aux mains maternelles
de la Vierge de Nazareth, à laquelle le Fils de Dieu puisa le sang qu'il allait
ensuite verser sur la Croix comme témoignage suprême de sa charité. Dans le
mystère de l'Annonciation, que nous nous apprêtons à célébrer, il nous est
révélé que par l'œuvre de l'Esprit Saint, le Verbe divin s'est fait chair et
est venu habiter parmi nous. Que par l'intercession de Marie, descende en
abondance sur les nouveaux Cardinaux et sur nous tous, l'effusion de l'Esprit de
vérité et de charité, afin que, toujours plus pleinement conformes au Christ,
nous puissions nous consacrer inlassablement à l'édification de l'Eglise et à la
diffusion de l'Evangile dans le monde.
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