La dédicace du temple la Sagrada
Família par Benoît XVI, un événement historique |
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Le 24 février 2011
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(E.S.M.)
- La dédicace du temple 'la Sagrada Família' a été un événement historique en
raison de la présence du Saint-Père Benoît XVI qui a présidé la célébration,
et de l’œuvre unique, majestueuse, magnifique et riche de symbolisme
biblique, théologique, liturgique et catéchétique qu’est la basilique
projetée et commencée par le génial architecte et serviteur de Dieu Antoni
Gaudí.
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Le pape Benoît XVI -
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La dédicace du temple la Sagrada Família par Benoît XVI, un événement
historique
Par le cardinal Lluís Martínez Sistach, archevêque de Barcelone
Le 24 février 2011 - E.
S. M. -
Je voudrais renouveler mes remerciements au Pape pour l’amabilité dont il a
fait preuve à l’égard de notre Église locale et des autres diocèses du pays
en acceptant l’invitation que je lui ai faite de venir à
Barcelone pour une occasion qui méritait, je crois, la présence du
Souverain Pontife: la dédicace à Dieu de la cathédrale que beaucoup de gens
considèrent non seulement comme “la cathédrale d’Europe” mais aussi comme la
“cathédrale du monde” ou la “cathédrale du XXI e siècle”.
Nous ne savons pas aujourd’hui les événements que nous réserve l’avenir mais
nous avons de multiples espoirs et le désir de travailler pour que le 7
novembre 2010 soit un moment qui indique pour nous et pour beaucoup d’autres
gens quelques directions d’avenir. Benoît XVI a confirmé la dimension
universelle de la basilique Sagrada Família – qui accueille chaque année
trois millions de visiteurs venant des cinq continents du monde – qui se
consolidera désormais avec cette célébration que le Saint-Père a présidée.
Il s’est agi d’une visite historique qui, nous l’espérons et le désirons,
aura un “avant” et un “après”.
Fruits intérieurs, spirituels et pastoraux
C’est déjà beaucoup mais je souhaite que ce ne soit que le signe
extérieur des nombreux fruits spirituels et pastoraux de cette visite. Je
pense qu’en voyant la participation chaleureuse et affectueuse du grand
nombre de gens qui ont accueilli le Saint-Père ainsi que la majesté et la
beauté de la basilique, nous avons tous acquis une conscience plus grande de
la très importante mission qu’a l’Évêque de Rome et Successeur de saint
Pierre au service de toutes les Églises diocésaines et donc aussi de celle
de Barcelone et des autres qui sont en pèlerinage en Catalogne et dans le
reste de l’Espagne.
Ont aussi contribué à cela l’édition et la diffusion de cent mille opuscules
publiés pour la préparation nécessaire à cette visite apostolique. Parmi les
catéchèses contenues dans ces opuscules, trois étaient consacrées au
ministère de Pierre et de ses successeurs, deux à la personne de Gaudí et
deux au symbolisme de la cathédrale.
Le Pape, principe et fondement visible de l’unité de l’Église qui s’étend de
l’Orient à l’Occident, nous a enrichis par sa présence et sa parole dans la
dimension de la catholicité que tous les chrétiens doivent vivre. Aussitôt
après cette visite, il y a eu des signes d’un réveil de vocations
sacerdotales et je suis sûr qu’il y en aura pour la vie consacrée et pour
les missions. Nous sommes tous aidés à vivre plus intensément notre vocation
évangélisatrice qui est le propre de tous les baptisés.
Il est urgent aujourd’hui d’évangéliser, de présenter le contenu de la Bonne
Nouvelle du Seigneur et de favoriser une rencontre personnelle d’hommes et
de femmes, jeunes et adultes, avec la personne de Jésus. Car, comme nous l’a
dit Benoît XVI dans son encyclique Deus caritas est, on est chrétien pour
avoir rencontré une personne, Jésus-Christ, qui donne un nouvel horizon à la
vie.
Valeur accordée à notre histoire et à notre culture
Jean Paul II a dit des voyages apostoliques que « ce sont des
visites effectuées aux Églises locales et qu’ils servent à montrer la place
qu’ont ces Églises… dans la constitution de l’universalité de l’Église… [et
que] chaque voyage du Pape est un véritable pèlerinage au sanctuaire vivant
du peuple de Dieu » (Discours à la Curie, 28 juin
1980). Benoît XVI a visité ce sanctuaire vivant qu’est l’Église
de Barcelone, une assemblée de personnes qui, dans la profession de la foi,
rendent visible la présence du Christ au milieu des hommes
(cf. Lumen gentium, n° 26).
Le Pape nous a montré qu’il aime notre Église locale de Barcelone et qu’il
accorde une grande valeur à notre histoire et à notre culture. C’est ce que
prouve, par exemple, de façon évidente, l’usage qu’il a fait durant sa
visite de la langue catalane, à côté du castillan et du latin.
Benoît XVI nous a montré sa solide piété. Sa voix même semblait s’éclipser
derrière sa «foi humble et joyeuse». Le Pape est venu à Barcelone surtout
pour nous enseigner qu’il faut vivre en étant face à Dieu. Il nous a
exhortés à croire que, fondés sur la foi, nous pouvons « montrer au monde
le visage de Dieu qui est amour et qui est le seul qui peut répondre à
l’ardent désir de plénitude de l’homme ». Il nous a dit que « telle
est la grande tâche, montrer à tous que Dieu est un Dieu de paix et non de
violence, de liberté et non de contrainte, de concorde et non de discorde
». « Dieu », a-t-il ajouté, « est la vraie mesure de l’homme
».
Voilà pourquoi le Pape n’a pas hésité à proclamer à Saint-Jacques et à
Barcelone “la gloire de l’homme” dans la ligne du magistère de saint Irénée
de Lyon qui nous a laissé, au IIe siècle de l’ère chrétienne, cette
expression riche de signification théologique: « Gloria Dei homo vivens
», « la gloire de Dieu est l’homme vivant » ou « la gloire de
Dieu est la vie de l’homme ».
La communion avec Dieu, “ami de la vie”
Le Pape nous a dit aussi que Dieu est “ami de la vie”. Dieu est ami
des hommes et nous invite à être ses amis. « Si nous laissons entrer le
Christ dans notre vie et dans notre cœur, nous ferons l’expérience de la
joie de partager sa vie même ».
Je demande à Dieu que la parole et les gestes du Pape trouvent un écho
généreux en beaucoup de jeunes et les encouragent à suivre le Christ et à
collaborer avec lui dans l’œuvre de l’Église dans le monde d’aujourd’hui.
Les jeunes cherchent à donner un sens à la vie, ils cherchent un message
authentique et trouvent dans le Pape un point de référence dans lequel ils
découvrent un contenu qui les remplit de signification et les conduit à la
source, qui est Jésus-Christ.
J’espère aussi que la visite du Saint-Père amènera un grand nombre de gens à
découvrir qu’Antoni Gaudí, le créateur de ce grand temple unique au monde,
fut non seulement un architecte génial mais aussi un chrétien exemplaire et
cohérent. Sa figure est profondément franciscaine dans sa spiritualité. Il a
vécu ses dernières années au pied de l’œuvre de sa vie: le temple de la
Sagrada Família. Célibataire et pauvre, comme l’un de ces “maîtres
d’œuvre” inconnus auxquels nous devons nos cathédrales.
Gaudí crée un “Cantique des créatures” à la manière de saint François
d’Assise. Son œuvre renouvelle le Gothique en lui conférant une plus grande
agilité, une plus grande ouverture à la nature, une plus grande présence des
“choses bénignes”, créatures de Dieu – des végétaux aux fruits, aux animaux
les plus insignifiants pour l’observateur distrait –, et surtout en lui
donnant plus de lumière, laquelle est symbole de la divinité.
Les trois grands “livres” de Gaudí
Il était naturel d’attendre du Pape théologien – et les admirateurs
de Gaudí étaient attentifs à cet aspect – une formule heureuse pour parler
du “merveilleux maître”. La très belle homélie que le Pape a
prononcée dans la basilique Sagrada Família constitue une véritable
anthologie d’éloges à Gaudí. Personnellement j’ai trouvé magistrale une
expression de Benoît XVI que nous évoquons déjà à Barcelone comme celle “des
trois livres dont Gaudí s’est inspiré”: la nature, la Bible et la
liturgie.
Mais il vaut mieux citer textuellement ce passage: «Que signifie faire la
dédicace de cette église? Au cœur du monde, sous le regard de Dieu et devant
les hommes, dans un acte de foi humble et joyeux, nous avons élevé une
imposante masse de matière, fruit de la nature et d’un incalculable effort
de l’intelligence humaine qui a construit cette œuvre d’art. Elle est un
signe visible du Dieu invisible, à la gloire duquel s’élancent ces tours,
flèches qui indiquent l’absolu de la lumière et de celui qui est la Lumière,
la Grandeur et la Beauté mêmes. Dans ce cadre, Gaudí a voulu unir
l’inspiration qui lui venait des trois grands livres dont il se nourrissait
comme homme, comme croyant et comme architecte: le livre de la nature, le
livre de la Sainte Écriture et le livre de la liturgie. Ainsi il a uni la
réalité du monde et l’histoire du salut, comme elle nous est racontée dans
la Bible et rendue présente dans la liturgie».
L’un des spécialistes du symbolisme du temple a écrit que toute la basilique
est un grand hymne de louange à Jésus-Christ. Gaudí contemplait la nature
comme l’œuvre crée par Dieu et, en tant que telle, elle était pour
l’architecte un maître; en même temps, par son travail d’artiste et
d’architecte, il collaborait très intimement avec le Créateur. C’était aussi
un croyant qui au fur et à mesure qu’il construisait la Sagrada Família et
renonçait à beaucoup de commandes de nouvelles constructions, se
convertissait toujours plus dans sa vie chrétienne, se nourrissant
quotidiennement de la lecture de la Sainte Écriture, livre par excellence de
sa foi et de son inspiration artistique. Gaudí avait sur sa table de nuit un
livre de dom Guéranger, abbé de Solesmes, L’Année liturgique, qu’il lisait
continuellement, comme on le devine facilement quand on regarde la basilique
Sagrada Família qui est inspirée du chapitre 47 du prophète Ezéchiel et des
chapitres 21-22 du livre de l’Apocalypse ainsi que de la beauté de la
Liturgie.
Le geste le plus émouvant de la visite apostolique
La célébration de la dédicace de la basilique a mis en évidence toute
la richesse liturgique et ecclésiale du rite et a été suivie avec une grande
attention et une profonde dévotion spirituelle par ceux qui se trouvaient à
l’intérieur de la basilique comme par ceux qui étaient à l’extérieur et
regardaient la cérémonie sur les écrans géants installés dans les rues
voisines. Un observateur attentif du rite tel que le père Federico Lombardi,
porte-parole et directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, a même pu
dire sans hésiter: « La liturgie de ce matin est l’expression la plus
solennelle que j’aie vue dans ces cinq années de pontificat ».
Je pense cependant que le geste le plus émouvant de la visite apostolique a
été celui de l’après-midi, au moment de la visite à l’“Obra benèfico-social
del Nen Déu” (Œuvre bénéfique sociale de l’Enfant Dieu), une œuvre
diocésaine fondée en 1892 et dédiée depuis toujours aux enfants pauvres et
malades mais qui s’est spécialisée, ces derniers temps, dans l’éducation et
l’attention aux personnes handicapées de tous âges.
Ce geste a été émouvant parce que le Saint-Père s’est montré proche des
familles d’enfants handicapés, en particulier d’enfants atteints du syndrome
de Down. J’ai vu dans le regard des pères et des mères de ces enfants une
expression de grande affection et de profonde gratitude envers le Pape pour
ce geste qu’il avait accompli à l’égard de leurs fils et de leurs filles.
Si, dans la Sagrada Família, nous avons été impressionnés par la solidité et
la sobriété de la piété du Pape, dans l’“Obra benèfico-social del Nen Déu”,
nous l’avons été par sa tendresse paternelle.
La visite du Saint-Père m’a fait revenir à l’esprit, en référence à Gaudí,
un fait et un désir. Le fait est que, quand l’architecte était encore
vivant, le nonce du Pape en Espagne, qui s’appelait Francesco Ragonesi, vint
visiter les travaux de la Sagrada Família qui ne faisaient alors que
commencer. Enthousiasmé par ce que le maître lui expliquait de son grand
projet, le nonce dit: « Vous êtes le Dante de l’architecture! ». Un
éloge aussi simple que merveilleux.
Le désir est que dans un avenir non lointain, si telle est la décision de
l’Église, le contexte inégalable de la nouvelle basilique accueille la
béatification solennelle de l’architecte, dont le sépulcre est conservé dans
la crypte de l’église. La beauté et l’originalité d’un temple unique au
monde par son style, sa monumentalité et la richesse de son symbolisme
biblique, théologique, liturgique et catéchétique, seraient le contexte
approprié pour le premier architecte qui arrive aux honneurs des autels.
Admirons Gaudí et son art, ce qui n’est que justice, mais n’oublions pas de
nous confier à lui pour que ce désir, un jour, puisse devenir réalité.
Sources : 30giorni.it
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.02.2011 - T/Voyage
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