Etre riche et chrétien, Petite
méditation avant l'entrée en Carême |
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Le 24 février 2009 -
(E.S.M.)
- Tout au long des siècles la sainteté continue à s'associer à la
richesse. Il faudrait un livre entier pour énumérer les saints riches...
Il est donc possible de bien user des richesses. Et même de se
sanctifier grâce à elles.
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Le Bon Samaritain -
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Riche et chrétien : deux mots qui jurent entre eux, semble-t-il. Dieu ne
s'est-il pas fait pauvre en Jésus ? Petite méditation avant l'entrée en
Carême en fin de mois.
Le 24 février 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Son premier berceau est une mangeoire. Ses premiers adorateurs, des
bergers qui dorment dans les champs. À trente ans, il prend la route.
L'aventure en plein air. L'abandon total à la Providence. Jour après
jour. « Les renards ont leur tanière, les oiseaux du ciel leurs nids,
mais le fils de l'homme n'a pas où reposer la tête. » Une vraie vie de
vagabond.
Sa mort enfin. Abandonné de ses disciples. Trahi par l'un des siens.
Dépouillé de ses habits. Privé de sa dignité d'homme. Vidé de son sang.
Son Père lui-même semble l'avoir délaissé. « Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m'as-tu abandonné ? »
Pourquoi, chez Jésus, cette volonté si évidente de se dépouiller ?
"
C'est qu'à ses yeux être pauvre est une grâce. La première de toutes
les béatitudes: « Bienheureux les pauvres, car le Royaume des deux est à
eux ! »
Riche et chrétien, décidément, ces deux mots jurent, semble-t-il.
D'autant que la richesse est un danger. Une cause de perdition pour
beaucoup.
« Le temps est ton navire et non pas ta demeure » (Lamartine). La vie
est un voyage vers le port de l'éternité. Et dans la mer agitée de ce
monde, nombreux sont les récifs. Les pires d'entre eux sont les idoles.
« Mes petits enfants, disait saint Jean à la fin de sa première épître,
gardez-vous des idoles. » Les idoles ne s'appellent plus aujourd'hui
Jupiter, Mercure ou Vénus. Mais elles pullulent autant qu'autrefois.
Pouvoir, Sexe, Science, Astrologie, etc. Et à la place d'honneur,
l'Argent. Veau d'or toujours debout dans le grand bal de Satan...
En soi, l'argent est un moyen d'échange. Indifférent moralement. Grande
est pourtant la tentation d'en faire un absolu. Mammon !
Mammon ou Dieu, dit Jésus, il faut choisir. On ne peut servir les deux.
Non que la richesse honnêtement acquise soit mauvaise. Mais on en
devient si facilement l'esclave ! On ne peut servir deux maîtres. « Là
où est ton trésor, là est ton cœur... »
Que de malheurs amène d'ailleurs la cupidité. « L'amour de l'argent est
la racine de tous les maux », a écrit saint Paul. Évidence solaire qui
n'a guère besoin d'être démontrée dans un monde en proie aux requins de
la finance, aux guerres, haines, envies, meurtres, divisions
familiales...
Oui, l'amour de l'argent est la racine de tous les maux. Et surtout du
plus grand : la perte des âmes. Comme les épines qui étouffent le bon
grain qui y tombe.
Jésus explique. Nos âmes sont une terre. Terre menacée par les épines.
Entendez : « les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie »
(Lc
8, 14). Aux richesses sont ainsi associées deux choses, analyse finement
saint Grégoire : les soucis et les plaisirs. Les richesses accablent de
« soucis » ceux qui les possèdent
(cf. la fable du savetier et du
financier). Elles permettent également des tas de «
plaisirs ». Soucis
ou plaisirs. Dans un cas comme dans l'autre l'esprit est « étouffé
»
(pris à la gorge). Les bons désirs ne parviennent plus à l'âme. L'air ne
peut plus entrer. L'âme s'asphyxie.
Combien de fois, a-t-on vu ce triste tableau. D'excellentes familles.
Des enfants catéchisés comme il le faut. Mis dans de bonnes écoles. Et
les choses tournent mal. Cause apparente souvent : trop d'argent ! À
côté, d'autres familles qui tirent un peu le diable par la queue ! Et
les enfants entrent dans la vie en bons chrétiens. La pauvreté les a
forgés. Préservés aussi. « Un jour, on m'a proposé de la drogue à
l'école. Ça me faisait envie cette fois-là. Mais je n'avais pas
d'argent... » Sauvé de la tentation par un porte-monnaie vide...
Avoir du caractère, c'est surtout savoir se dire non. Être riche
n'apprend pas d'ordinaire à savoir dire non à ses envies et ses
caprices...
Bien user des richesses
Serait-il donc impossible de rester chrétien en étant riche ? Ce serait
exagéré de le penser. On peut bien user de ses richesses. Certains l'ont
fait.
L'Evangile nous présente des riches et saints personnages.
De pieuses femmes, d'abord qui entretiennent le groupe des disciples de
leurs aumônes. La petite famille de Béthanie qui reçoit si souvent
Jésus. Marthe et Marie à la prière desquelles Jésus ressuscite Lazare.
Marie verse sur les pieds et la tête de Jésus un
parfum hors de prix. « On aurait pu le vendre et donner l'argent aux
pauvres! », s'écrie Judas, rongé par la cupidité
(il vole dans la
caisse...). Judas, qui n'est pas riche, a une âme avide ; la riche Marie
une âme de pauvre. « Ainsi, disait un saint évêque, même démuni de tout,
si tu continues à désirer la richesse, tu n 'es pas un vrai pauvre.
Alors que tu as une "âme de pauvre" si tu ne t'attaches pas à tes
richesses, quand bien même tu en posséderais de grandes. »
Riches... et saints
Outre ces femmes, quelques belles figures d'hommes
(moins courageux
cependant). Joseph d'Arimathie et Nicodème, qui défendent Jésus
discrètement et lui fournissent un tombeau et un linceul. Et aussi des
convertis : Zachée qui donne la moitié de ses biens aux pauvres,
Matthieu qui donne tout et suit Jésus.
Tout au long des siècles la sainteté continue à s'associer à la
richesse. Il faudrait un livre entier pour énumérer les saints
riches...
Il est donc possible de bien user des richesses.
Et même de se sanctifier grâce à elles.
Jésus l'affirme: « Et moi je vous dis: faites-vous des amis avec les
richesses d'iniquité, afin que, lorsque vous quitterez la vie, ils vous
reçoivent dans les tabernacles éternels »
(Lc 16, 15).
Admirable manière de Jésus! En quelques mots, il nous montre comment
tirer le bien de ce qui risque d'être un mal. Magnifique coup d'ailes où
s'unissent pauvreté et charité !
Tout le secret du bon usage de la richesse est là. Triompher de la
tentation de l'avarice en donnant. « Sachez-le bien, clamait saint
Antoine, vous n'entrerez au ciel que portés sur les épaules des pauvres.
» Dans le détachement du cœur. Dans l'imitation de Jésus qui « s'est
fait pauvre pour nous ».
Au soir de notre vie rien ne nous restera que ce que nous aurons donné.
Puissions-nous alors être trouvés pauvres de nous-mêmes, mais riches en
bonnes œuvres...
Un
moine du Barroux
Dans son message le pape Benoît XVI, citant son encyclique
Deus Caritas est, rappelle
que « Si quelqu’un possède des richesses de ce monde et, voyant son
frère dans la nécessité, lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu
demeurerait-il en lui ? » (3,17). Jeûner
volontairement nous aide à suivre l’exemple du Bon Samaritain, qui se penche
et va au secours du frère qui souffre (cf.
Deus Caritas est, 15). En choisissant librement de se priver
de quelque chose pour aider les autres, nous montrons de manière
concrète que le prochain en difficulté ne nous est pas étranger.
►
Message de Benoît XVI pour le Carême 2009
Programme
du Vatican
►
Le temps du Carême et Pâques
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Sources : LA NEF • N°201 FEVRIER 2009
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
24.02.2009 -
T/Église
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