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Le pape Benoît XVI aux moyens de communications:
formation, participation, dialogue
Message pour la 40ème Journée Mondiale des
Communications Sociales - 24 janvier
Les médias: réseaux de communication, de communion et de
coopération
Chers Frères et Soeurs,
1. Suite au quarantième anniversaire de la clôture du concile oecuménique
Vatican II, je suis heureux de rappeler son Décret sur les Moyens de
communication sociale «Inter mirifica» qui a souligné en particulier le pouvoir
des médias d'influencer la totalité de la société humaine. Le besoin
d'équilibrer ce pouvoir pour l'avantage de tout le genre humain m'a incité, dans
mon premier message pour la Journée mondiale des communications, de réfléchir
brièvement sur l'idée des médias comme réseau facilitant la communication, la
communion et la coopération.
Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, décrit de manière vivante notre
vocation humaine de "devenir participants de la nature divine" (Dei Verbum, 2):
à travers le Christ nous avons accès en un Esprit au Père; ainsi nous ne sommes
plus étrangers et lointains mais citoyens avec les saints et membres de la
famille de Dieu, devenant un temple saint, une demeure pour Dieu (cf. Eph
2:18-22). Ce portrait sublime d'une vie de communion engage tous les aspects de
nos vies comme chrétiens. L'appel à être fidèles à la l'auto-communication de
Dieu dans le Christ est un appel pour reconnaître sa force dynamique en nous,
qui cherche à s'étendre ensuite aux autres, de sorte que son amour peut vraiment
devenir la mesure actuelle du monde (cf. Homélie de Benoît XVI pour la Journée
mondiale de la Jeunesse, Cologne, 21 août 2005).
2. Les progrès technologiques dans les médias ont en un
certain sens conquis le temps et l'espace, rendant possible la communication
instantanée et directe entre les gens, même quand ils sont séparés par de vastes
distances. Ce développement présente un énorme potentiel au service du bien
commun et "constitue un patrimoine à sauvegarder et à promouvoir" (Un
rapide développement, 10). Cependant, comme nous le savons tous, notre monde est
loin d'être parfait. Quotidiennement notre expérience nous rappelle que la
relation directe de la communication n'édifie pas nécessairement la coopération
et la communion dans la société.
Informer les consciences des individus et aider à former leur pensée n'est
jamais une tâche neutre. La communication authentique
demande un courage inspiré à des principes et une ferme résolution.
Cela exige la détermination de ceux qui travaillent dans les médias pour ne pas
se laisser écraser sous le poids de tant d'information ni même d'être satisfaits
de vérités partielles ou provisoires. Au lieu de cela il est nécessaire de
chercher et de transmettre ce qui est le fondement et le sens ultime de l'être
humain, de l'existence personnelle et sociale (cf. Fides et Ratio, 5). De cette
manière les médias peuvent contribuer constructivement à la propagation de tout
qui est bon et vrai.
3. L'appel aux médias d'aujourd'hui d'être responsables - d'être les
protagonistes de vérité et promoteurs de la paix qui s'ensuit - implique
plusieurs défis. Alors que la variété des instruments de communication sociale
facilite l'échange de l'information, des idées, et la compréhension mutuelle
entre les communautés, ils sont aussi touchés par l'ambiguïté. Dans la
perspective de fournir une "grande table ronde" pour le dialogue, certaines
tendances dans les médias font naître un genre de monoculture qui réduit le
génie créatif, restreint la subtilité d'une pensée complexe et sous-estime le
spécificité des pratiques culturelles et de la particularité des croyances
religieuses. Ce sont des distorsions qui se produisent quand l'industrie
médiatique devient un organe d'auto-promotion ou uniquement inspirée au profit,
au point de perdre le sens de la responsabilité au bien commun.
Il faut donc toujours encourager à rendre compte avec exactitude des événements,
d'expliquer de manière complète les questions d'intérêt public, et d'illustrer
honnêtement tous les différents points de vue. La nécessité de soutenir et de
mettre en valeur le mariage et la vie de la famille est d'importance
particulière, précisément parce qu'ils concernent les fondements de chaque
culture et société (cf. Apostolicam actuositatem, 11). En coopération avec les
parents, les communications sociales et les industries des loisirs peuvent aider
à réaliser cette vocation difficile mais sublimement gratifiante d'élever des
enfants, en présentant des modèles édifiants de vie humaine et d'amour (cf.
Inter mirifica, 11). Comme il est décourageant et destructeur pour nous tous
quand le contraire se produit! Nos coeurs ne se désolent-ils pas, plus
spécialement, quand nos jeunes sont soumis à d'avilissantes ou fausses
expressions d'amour qui ridiculisent la dignité donnée par Dieu à chaque
personne humaine et sape les intérêts de la famille?
4. Pour encourager une présence constructive et une perception positive des
médias dans la société, je souhaite réitérer l'importance de trois étapes,
identifiées par mon vénérable prédécesseur le Pape Jean Paul II, nécessaires
pour leur service du bien commun: la formation, la participation, et le dialogue
(cf. Un rapide développement, 11).
La formation à l'usage responsable et critique des médias aide les personnes à
les utiliser intelligemment et de manière appropriée. L'impact profond de
nouveaux vocabulaires et des images sur l'esprit, que les médias électroniques
en particulier introduisent si facilement dans la société, ne saurait être
surestimé. Précisément parce que les médias contemporains façonnent la culture
populaire, ils doivent surmonter toute tentation de manipuler, surtout les
jeunes, et par contre poursuivre le désir de former et de servir. Dans cette
voie ils protègeront plutôt qu'éroderont la structure d'une société civile digne
de la personne humaine.
La participation aux mass media résulte de leur nature comme bien destiné à
tous. Comme service public, la communication sociale exige un esprit de
coopération et une co-responsabilité empreinte d'une prise en considération
vigoureuse de l'usage des ressources publiques et de la performance de rôles de
la confiance publique (cf. Éthique en communication, 20), y compris le recours à
des critères régulateurs et à d'autres mesures ou structures conçus pour
atteindre cet objectif.
Finalement, la promotion du dialogue par les échanges d'enseignement, par
l'expression de la solidarité et l'instauration de la paix présente une grande
chance pour les mass media, qu'il faut reconnaître et exercer. De cette manière
ils deviennent des ressources influentes et a appréciées pour construire la
civilisation d'amour à laquelle tous les peuples aspirent.
Je suis confiant que les efforts sérieux en vue de promouvoir ces trois étapes
aideront les médias à se développer sainement comme un réseau de communication,
de communion et de coopération, aidant les hommes, les femmes et les enfants, à
devenir plus conscients de la dignité de la personne humaine, plus responsables,
et plus ouverts aux autres surtout aux plus nécessiteux et aux membres les plus
faibles de la société (cf. Redemptor hominis, 15; Ethique en communication, 4).
En conclusion, je reviens aux encourageantes paroles de Saint Paul: Le Christ
est notre paix. En lui nous sommes un (cf. Eph 2:14). Démantelons ensemble les
murs de division et d'hostilité et construisons la communion d'amour d'après les
dessins du Créateur révélé à travers son Fils!
Du Vatican, le 24 janvier 2006. En la Fête de Saint François de Sales.
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