Homélie de Benoît XVI au cours du
consistoire ordinaire public |
|
Le 23 novembre 2010
-
(E.S.M.)
- Le Souverain Pontife Benoît XVI a tenu ce matin, samedi 20
novembre 2010,
dans la
Basilique
vaticane, un
consistoire
ordinaire public
pour la création
de nouveaux
cardinaux.
Homélie du
Saint-Père :
|
Le pape Benoît XVI -
Pour agrandir l'image
►
Cliquer
Homélie de Benoît XVI au cours du
consistoire ordinaire public
Consistoire ordinaire public présidé par Benoît XVI pour la création de
vingt-quatre nouveaux cardinaux :
Sur le chemin du Christ
Le 23 novembre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le Souverain Pontife Benoît XVI a tenu ce samedi 20 novembre 2010, dans la
Basilique vaticane, un consistoire ordinaire public pour la création de
nouveaux cardinaux. Le Saint-Père est arrivé à 10h30 dans la Basilique, avec
Messieurs les cardinaux, et a pris place à la Chaire. Après avoir adressé à
l'assemblée le salut liturgique, le Saint-Père a lu la formule de création
des cardinaux en proclamant leurs noms.
Le Saint-Père a ensuite reçu une chaleureuse adresse d'hommage et de
gratitude de la part du premier des cardinaux, S.Em. le cardinal Angelo
Amato. Peu après, le Pape a prononcé une homélie, suivie de l'imposition de
la barrette aux nouveaux cardinaux et l'assignation à chacun de son titre ou
de sa diaconie.
La cérémonie s'est conclue par la Bénédiction apostolique que le Saint-Père
a donnée aux personnes présentes.
Homélie de Benoît XVI
Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le
sacerdoce,
Chers frères et sœurs!
Le Seigneur m'offre une nouvelle fois la
joie d'accomplir cet acte solennel, à travers lequel le Collège cardinalice
s'enrichit de nouveaux membres, choisis dans les diverses régions du monde:
ce sont des pasteurs qui gouvernent avec zèle des communautés diocésaines
importantes, des prélats préposés aux dicastères de la Curie romaine, ou qui
ont servi avec une fidélité exemplaire l'Eglise et le Saint-Siège. A partir
d'aujourd'hui, ils deviennent membres de ce coetus peculiaris, qui offre au
Successeur de Pierre la collaboration la plus proche et la plus assidue, en
le soutenant dans l'exercice de son ministère universel. C'est d'abord à eux
que j'adresse mes salutations affectueuses, en renouvelant l'expression de
mon estime et de ma vive appréciation pour le témoignage qu'ils rendent à
l'Eglise et au monde. Je salue en particulier Mgr Angelo Amato et je le
remercie des paroles courtoises qu'il m'a adressées. Je souhaite ensuite une
cordiale bienvenue aux délégations officielles des différents pays, aux
représentations de nombreux diocèses et à tous ceux qui sont venus pour
participer à cet événement, au cours duquel ces vénérés et chers frères
reçoivent le signe de la dignité cardinalice par l'imposition de la barrette
et l'assignation du titre d'une église de Rome. Le lien de communion et
d'affection particulières qui lie ces nouveaux cardinaux au Pape, fait d'eux
de singuliers et précieux coopérateurs du haut mandat confié par le Christ à
Pierre, de paître ses brebis (cf. Jn 21, 15-17), pour réunir les peuples
avec la sollicitude de la charité du Christ. C'est précisément de cet amour
qu'est née l'Eglise, appelée à vivre et à cheminer selon le commandement du
Seigneur, dans lequel se résument toute la loi et les prophètes. Etre unis
au Christ dans la foi et en communion avec Lui signifie être "enracinés,
fondés dans l'amour" (Ep, 3, 17), la trame qui unit tous les membres du
Corps du Christ.
La parole de Dieu qui vient d'être proclamée nous aide à méditer sur cet
aspect si fondamental. Dans le passage de l'Evangile (Mc 10, 32-45)
est
placée sous nos yeux l'icône de Jésus comme le Messie - annoncé par Isaïe
(cf. Is 53) - qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir: son
style de vie devient la base des nouveaux rapports à l'intérieur de la
communauté chrétienne et d'une manière nouvelle d'exercer l'autorité. Jésus
est en chemin vers Jérusalem et pré-annonce pour la troisième fois, en
l'indiquant aux disciples, le chemin à travers lequel il entend conduire à
son achèvement l'œuvre qui lui a été confiée par le Père: c'est le chemin
de l'humble don de soi jusqu'au sacrifice de la vie, le chemin de la
Passion, le chemin de la Croix. Pourtant, après cette annonce, à nouveau
comme il était advenu pour les précédentes, les disciples révèlent toute
leur difficulté à comprendre, à opérer l'"exode" nécessaire d'une mentalité
du monde vers la mentalité de Dieu. Cette fois-ci, ce sont les fils de
Zébédée, Jacques et Jean, qui demandent à Jésus de s'asseoir aux premières
places, à côté de lui dans la "gloire", en manifestant des attentes et des
projets de grandeur, d'autorité, d'honneur selon le monde. Jésus, qui
connaît le cœur de l'homme, n'est pas troublé par cette requête, mais il en
met immédiatement en lumière la portée profonde: "Vous ne savez pas ce que
vous demandez"; puis il amène les deux frères à comprendre ce que signifie
se mettre à sa suite.
Quel est donc le chemin que doit parcourir celui qui veut être disciple?
C'est le chemin du Maître, c'est le chemin de l'obéissance totale à Dieu.
C'est pour cette raison que Jésus demande à Jacques et à Jean: êtes-vous
disposés à partager mon choix d'accomplir jusqu'au bout la volonté du Père?
Etes-vous disposés à parcourir cette route qui passe par l'humiliation, la
souffrance et la mort par amour? Les deux disciples, avec leur réponse
assurée, "nous le pouvons", montrent encore une fois qu'ils n'ont pas
compris le sens réel de ce que leur annonce le Maître. Et de nouveau Jésus,
patiemment, leur fait faire un pas supplémentaire: faire l'expérience de la
coupe de la souffrance et du baptême de la mort ne suffit pas à donner droit
aux premières places, parce qu'elles sont "pour ceux à qui cela a été
destiné", cela est entre les mains du Père céleste; l'homme ne doit pas
calculer, il doit simplement s'abandonner à Dieu, sans prétentions, en se
conformant à sa volonté.
L'indignation des autres disciples devient l'occasion d'étendre
l'enseignement à toute la communauté. Jésus tout d'abord "les appelle près
de lui": c'est le geste de la vocation originelle, à laquelle il les invite
à revenir. Il est très significatif qu'il se réfère au moment constitutif de
la vocation des Douze, au fait d'"être avec Jésus" pour être envoyés, parce
qu'il rappelle avec clarté que tout ministère ecclésial est toujours une
réponse à un appel de Dieu, il n'est jamais le fruit de son propre projet ou
de sa propre ambition, mais il s'agit de conformer sa propre volonté à celle
du Père qui est dans les cieux, comme le Christ au Gethsémani (cf. Lc 22,
42). Dans l'Eglise, personne n'est le maître, mais tous sont appelés, tous
sont envoyés, tous sont touchés et guidés par la grâce divine. Et cela est
aussi notre sécurité! Ce n'est qu'en réécoutant la parole de Jésus, qui
demande "viens et suis-moi", ce n'est qu'en revenant à la vocation
originelle qu'il est possible de comprendre sa propre présence et sa propre
mission dans l'Eglise comme disciples authentiques.
La requête de Jacques et de Jean et l'indignation des "dix autres" apôtres
soulèvent une question centrale à laquelle Jésus veut répondre: qui est
grand, qui est "le premier" pour Dieu? Le regard va tout d'abord au
comportement que risquent d'avoir "ceux qu'on regarde comme les chefs des
nations": "dominer et faire sentir leur pouvoir". Jésus indique aux
disciples une manière totalement différente: "Il ne doit pas en être ainsi
parmi vous". Sa communauté suit une autre règle, une autre logique, un autre
modèle: "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et
celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous". Le
critère de la grandeur et du primat selon Dieu n'est pas la domination, mais
le service; la diaconie est la loi fondamentale du disciple et de la
communauté chrétienne, et nous laisse entrevoir un peu de la "Seigneurie de
Dieu". Et Jésus indique également le point de référence: le fils de l'homme,
qui est venu pour servir; il résume ainsi sa mission sous la catégorie du
service, entendu non pas au sens générique, mais au sens concret de la
Croix, du don total de la vie comme "rachat", comme rédemption pour le plus
grand nombre, et il l'indique comme une condition de la "sequela". C'est un
message qui vaut pour les Apôtres, qui vaut pour toute l'Eglise, qui vaut
surtout pour ceux qui ont la tâche de guider le peuple de Dieu. Ce n'est pas
la logique de la domination, du pouvoir selon les critères humains, mais la
logique de se baisser pour laver les pieds, la logique du service, la
logique de la Croix qui est à la base de tout exercice de l'autorité. De
tout temps, l'Eglise est engagée à se conformer à cette logique et à en
témoigner pour faire transparaître la vraie "Seigneurie de Dieu", celle de
l'amour.
Vénérés frères élus à la dignité cardinalice, la mission à laquelle Dieu
vous appelle aujourd'hui et qui vous habilite à un service ecclésial encore
plus lourd de responsabilités, requiert une volonté toujours plus grande
d'assumer le style du Fils de Dieu, qui est venu au milieu de nous comme
celui qui sert (cf. Lc 22, 25-27). Il s'agit de le suivre dans le don de son
amour humble et total à l'Eglise son épouse, sur la Croix: c'est sur ce bois
que le grain de blé, que le Père fait tomber dans le champ du monde, meurt
pour devenir un fruit mûr. Pour ce faire, il faut un enracinement encore
plus profond et ferme dans le Christ. Un rapport intime avec Lui, qui
transforme toujours davantage la vie de façon à pouvoir dire avec saint
Paul: "ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi"
(Ga 2, 20),
qui constitue l'exigence primaire pour que notre service soit serein et
joyeux et puisse porter le fruit qu'attend de nous le Seigneur.
Chers frères et soeurs, qui êtes aujourd'hui réunis autour des nouveaux
cardinaux: priez pour eux! Demain, dans cette basilique, au cours de la
concélébration du Christ Roi de l'univers, je leur remettrai l'anneau. Ce
sera une occasion supplémentaire de "louer le Seigneur, qui demeure fidèle
pour toujours" (Ps 145), comme nous l'avons répété dans le Psaume responsorial. Que son Esprit soutienne les nouveaux cardinaux dans
l'engagement de service à l'Eglise, en suivant le Christ de la Croix même,
si nécessaire, usque ad effusionem sanguinis, toujours prêts - comme le
disait saint Pierre dans la lecture proclamée - à répondre à quiconque nous
demande raison de l'espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15). A Marie, Mère
de l'Eglise, je confie les nouveaux cardinaux et leur service ecclésial,
afin que, avec une ardeur apostolique, ils puissent proclamer à tous les
peuples l'amour miséricordieux de Dieu. Amen.
Regarder
la vidéo
►
Consistoire pour la création des nouveaux cardinaux
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 23 novembre 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.11.2010 -
T/Consistoire
|