Pour Benoît XVI la loi naturelle est
le seul rempart contre les tromperies de la manipulation idéologique |
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Le 23 septembre 2008 - (E.S.M.) -
Benoît XVI a demandé que la raison surveille la religion et que la
religion permette à la raison de respirer afin d'éviter un rationalisme
étouffant, mais pour parvenir à cet équilibre il faut un interface
culturel permettant de s'accorder sur des valeurs communes qui ne soient
pas des modes éphémères ni de simples techniques constamment dépassées
par les découvertes scientifiques.
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"Le doux
Christ de la terre" -
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Pour Benoît XVI la loi naturelle est le seul rempart contre les tromperies
de la manipulation idéologique
La nature humaine l'Église et le monde
Le 23 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le pain de l'Amour, dont l'humanité a tant besoin, l'Église
le propose toujours, mais encore faut-il qu'il soit distribué. On ne peut se
contenter d'accumuler les sacs de farine dans le moulin.
Le cardinal Ratzinger
(1), avant de devenir « le
doux Christ de la terre », selon l'expression de Catherine de Sienne,
fit remarquer que l'Église a besoin d'une interface pour communiquer avec le
monde. La chrétienté a longtemps tenu ce rôle, elle ne le tient plus
aujourd'hui en Europe dont on veut ignorer les racines chrétiennes mais il
est nécessaire de trouver un consensus minimum sur des valeurs communes. Aux
États-Unis, ce consensus est biblique avec une connotation protestante. En
Amérique latine il est aussi biblique, avec une connotation catholique, mais
sans exclure les sectes qui se réfèrent à la Bible. En Russie on voit
s'esquisser dans un style « symphonique » politico-religieux, un consensus
de type orthodoxe majoritaire. C'est en Europe occidentale et notamment en
France qu'on observe une sorte de vide, faute d'un consensus axiologique
minimum. C'est la contestation nihiliste dont on a donné plus haut des
exemples, qui s'impose actuellement. Les conséquences sur la législation
sont déjà très sensibles, et les mentalités influencées par les médias sont
largement contaminées.
La religion, amie de la raison, et l'ultime rempart
des valeurs humanistes authentiques, fait l'objet d'un rejet global.
On commence par s'en prendre aux sectes, puis ce sera le tour des religions
refoulées dans la vie strictement privée et bientôt persécutées. Benoît XVI
a demandé que la raison surveille la religion et que la religion permette à
la raison de respirer afin d'éviter un rationalisme étouffant, mais pour
parvenir à cet équilibre il faut un interface culturel permettant de
s'accorder sur des valeurs communes qui ne soient pas des modes éphémères ni
de simples techniques constamment dépassées par les découvertes
scientifiques.
A l'occasion d'un congrès sur la loi naturelle qui s'est tenu au
Latran en
février 2007, Benoît XVI a déclaré aux 200 membres du congrès lors d'une
audience le 12 février :
La loi naturelle est en définitive le seul rempart valide contre
l'arbitraire du pouvoir ou des tromperies de la manipulation idéologique.
La première préoccupation de tous - et particulièrement pour qui a la
responsabilité publique - est donc d'aider au progrès de la conscience
morale. Tel est le progrès fondamental et sans ce progrès, tous les autres
progrès ne sont pas de vrais progrès... Dans le monde contemporain, on
assiste a une dérive relativiste qui blesse dramatiquement la société et c
'est souvent la vie humaine elle-même qui paie le manque de respect de la «
loi morale naturelle », mais aussi la famille.
Benoît XVI insista sur l'urgence de réfléchir sur le thème de la loi
naturelle, source de normes, qui précèdent toute loi humaine, et qui
n'admettent pas de dérogation comme le respect de la vie humaine de sa
conception à son terme naturel. Critiquant le positivisme juridique
qui revient à transformer en droits les intérêts privés alors qu'au
contraire ce doit être la loi naturelle qui tienne lieu de fondement à
tout ordonnancement juridique intérieur ou international. Reconnaissant
que notre connaissance de la loi naturelle est imparfaite, il ajouta : «
Les scientifiques doivent aussi contribuer à aider à comprendre en
profondeur notre responsabilité vis-à-vis de l'homme. Sur cette base, il est
possible et il est nécessaire de développer un dialogue fécond entre
croyants et non-croyants, entre théologiens, philosophes, juristes,
scientifiques, qui peuvent fournir aussi aux législateurs un matériel
précieux pour la vie personnelle et sociale. »
Les découvertes sur l'évolution ont souvent été interprétées dans un sens
qui ruinait l'idée classique de la loi naturelle, notamment avec le
darwinisme et les écoles qui s'y rattachent. Mais il faut distinguer
l'évolution d'une part et les philosophies évolutionnistes de type
matérialiste, d'autre part, qui s'en tiennent exclusivement aux observations
empiriques et refusent dogmatiquement la métaphysique, sans même parler des
religions. Le résultat de ce rationalisme est paradoxal, il conduit à ruiner
la raison, qui est au cœur de la loi naturelle humaine, et de faire des
techniques, non plus des instruments, mais les normes de l'action au service
des instincts qui constituent alors le plus petit dénominateur commun du
consensus politique.
Si le droit positif n'est plus orienté par la loi non écrite, qui est
celle de la nature humaine, il sera le résultat des majorités parlementaires
ou des dictatures, qui s'accorderont en fonction des passions dominantes aux
dépens de la raison. Une image biblique vient à l'esprit : Moïse va chercher
sur le Sinaï les tables de la loi qui traduisent les exigences de la loi
naturelle toujours menacées par les instincts. Il s'absente 40 jours et
trouve le peuple en train d'adorer un veau d'or symbole de l'argent, de la
sexualité et du pouvoir (dieu terrestre). Les législations adoptées dans les
pays occidentaux riches et libres, depuis 40 ans, constituent une
illustration de cette dérive de la raison privée de sa norme non écrite.
Les progrès prodigieux de la science devraient être un moyen de mieux
connaître la loi naturelle, à condition de ne pas écarter en
philosophie l'approche métaphysique qui est un savoir objectif, mais il faut
reconnaître que les sophistes ont plus de succès que les chercheurs de
vérité, comme au temps de Socrate. C'est ici que le christianisme peut
apporter une contribution essentielle. La laïcité n'est pas en cause, c'est
le laïcisme qui est périlleux. Que faire concrètement ? Ce sont des
minorités rayonnantes qui font et défont des civilisations. Les chrétiens
l'ont montré au sein de l'empire romain et plus tard dans le cadre de
chrétientés. Aujourd'hui, les chrétiens sont à nouveau minoritaires et c'est
à eux de relever les défis du monde moderne, non seulement en Europe ou en
Amérique, mais aussi dans les grandes civilisations asiatiques, notamment la
Chine. En Europe, dont les racines millénaires sont chrétiennes, le laïcisme
et l'Islam posent des défis contraires. C'est un nouveau tournant de
l'histoire.
Conclusion
La création de l'humanité et sa rédemption sont des initiatives d'un Amour
de Dieu, si extrême qu'il se fait Corps et Sang pour diviniser la nature
humaine. Bossuet résumait admirablement le christianisme en disant : «
L'Amour descend ».
Du côté de la créature la foi est requise. Les Anges et les élus ce sont
ceux qui ont cru à l'Amour. Celle qui, plus jeune que le péché, a dit «
Fiat » à la proposition transmise par l'Ange de devenir la Mère de Dieu
, est, du côté de la créature, ce qui est le plus parfait pour répondre au
dessein de Dieu dont seule l'éternité permettra de comprendre et de louer
l'amour infiniment adorable
Patrick de Laubier +
(1) Voir Ratzinger, Joseph, Foi, Vérité, Tolérance, Parole
et silence, 2005 et Valeurs pour un temps de crise, Parole et silence, 2005
Article sur la nature humaine (prochainement publié par DDB dans un ouvrage
collectif)
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Sources : spip.php-article154
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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23.09.2008 -
T/Église
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