Jean Paul II sur le chemin de saint Jacques |
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Rome, le 23 août 2007 -
(E.S.M.)
- La ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, but de pèlerinage
pour toute l'Europe et pour beaucoup de chrétiens de par le monde, a eu
la chance de recevoir au moins deux fois la visite de Jean-Paul II.
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Jean-Paul II durant son
pèlerinage à St-Jacques-de-Compostelle, le 19 août 1989 -
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Jean Paul II sur le chemin de saint Jacques
Un cri d'amour pour l'Europe
La ville de Saint-Jacques-de-Compostelle, but de pèlerinage pour toute
l'Europe et pour beaucoup de chrétiens de par le monde, a eu la chance de
recevoir au moins deux fois la visite de Jean-Paul II. Depuis très
longtemps, la cité désirait recevoir le Pape. Pendant de longues années elle
avait conservé le souvenir de ce que la tradition perpétua comme ayant été
une visite rapide et secrète du pape Calixte II (1119-1124). En réalité, ce
n'est qu'une pieuse légende, même si ce Pape favorisa de façon extraordinaire la cause de Saint Jacques. Sous le Pontificat de Paul
VI, le Cardinal Quiroga réclama sa venue avec insistance, assez pour obtenir
que l'aéroport de la ville soit aménagé en vue de cette visite. Le Pape se
rendit à Fatima, mais non à Santiago. C'est ainsi que jusqu'à aujourd'hui,
Jean-Paul II est l'unique Pape à s'être rendu sur la tombe du fils de Zébédée, frère de Saint Jean l'évangéliste. A présent, on peut dire que
dans l'histoire des pèlerinages il y a un "avant" et un "après" Karol
Wojtyta. Les répercussions de cette venue furent immenses. Depuis le jour de
cette visite, il y eut un nombre considérable de pèlerins.
La première visite de Jean-Paul II en Espagne eut lieu en 1982, Année Sainte
pour Compostelle. Son passage par les principales villes et les plus grands
sanctuaires espagnols fut marqué par un énorme succès. Partout où il se
rendit, il laissa une triple et joyeuse empreinte: de par la personne du
pape, de par son message et de par l'accueil que la population lui réserva.
Avec la visite à St. Jacques-de-Compostelle, son périple sur l'ensemble du
territoire espagnol finit en beauté. C'était le 9 novembre, et le programme
prévu fut en parfaite harmonie avec ce grand événement. La journée commença
à l'aube avec la célébration de la "Messe du pèlerin", en plein air. Des
milliers et des milliers de personnes avaient attendu debout toute la nuit
pour le voir descendre de l'avion. Les gens venaient des Asturies, du Léon,
de Santander et des quatre provinces de la Galice.
En cette journée qui voyait la visite du Pape arriver à son terme, son
visage apparut pâle et fatigué, mais il surprit par la puissance de sa voix
et la manière dont il se présenta comme "témoin de l'espérance". Sa parole
vibrante fut accompagnée de gestes significatifs: la visite à la cathédrale
où il entra par la porte nord, comme les anciens pèlerins; puis ce long
moment d'adoration devant le Saint Sacrement: "II faut continuer, Très
Saint-Père", lui dit son secrétaire. Il se dirigea alors directement vers la
crypte pour se prosterner devant l'urne qui contient les restes de l'Apôtre.
Puis de là, il se rendit au "Portique de la Gloire". On y voit les douze
Apôtres, portant une simple tunique et un manteau, et tous déchaussés, sauf
Saint Pierre qui, revêtu des ornements pontificaux, transmet au visiteur un
message très clair: cette basilique est celle de Saint Jacques,
mais ici, on proclame la primauté de Pierre.
L'après-midi, place de l'Obradoiro, on sentait la brise marine. Ce fut le
moment consacré à tous ceux qui travaillent en mer, comme Pierre, Jacques et
Jean, pêcheurs de poissons devenus pêcheurs d'hommes: "Ma présence ici, dit
le Pape, veut être un signe vivant et crédible de la sollicitude de l'Eglise
envers les hommes de la mer... Nous pensons à tant de personnes qui, même si
elles ne naviguent pas, vivent de la mer et pour la mer. Que Notre Dame du
Mont Carmel, dont on trouve l'image à l'entrée de ces estuaires qui
confèrent sa beauté à cette terre galicienne, vous accompagne toujours"!
La grande surprise devait être le geste "européen" du Pape, celui de
célébrer dans la cathédrale, au coucher du soleil. A cette grande
convocation avaient répondu des représentants de la Conférence Episcopale de
l'Europe de l'Ouest et de l'Europe de l'Est, de l'Ordre bénédictin avec
entre autres, les Abbés de Solesmes et de Subiaco, et de hautes
personnalités des grandes institutions européennes. Les mass média
reconnurent que toutes ces délégations conférèrent à cet acte un éclat et
une signification inattendus.
C'est dans le discours européen de Jean-Paul II que l'on trouve, comme
gravées sur bronze, les paroles que tous les pèlerins continuent à lire
lorsqu'ils arrivent devant la tombe de l'Apôtre: «O vieille Europe, moi, Evêque de Rome et Pasteur de l'Eglise universelle, je te lance un
cri plein d'amour: retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes
origines, renouvelle la vigueur de tes racines».
Et pour conclure son pèlerinage, depuis l'aéroport qu'il avait déjà
rejoint, Jean-Paul II adressa à l'Espagne, les plus belles paroles qu'elle
pouvait attendre de la part d'un Pape qui avait pour devise "Totus Tuus":
«Adieu, Espagne, terre de Marie»!
En août 1989, l'expérience vécue avec le Saint-Père et la jeunesse du
monde entier a laissé une empreinte ineffaçable sur la ville et dans
l'Archidiocèse de Saint-Jacques. Expérience qui fut, comme le dit à l'époque
l'Archevêque Mgr. Rouco Varela: «la Pentecôte de Compostelle». Plus d'un
demi-million de jeunes! On peut dire qu'il y rencontra la jeunesse la plus
saine et la plus joyeuse de la planète. A noter ce fait surprenant: toutes
les forces de l'ordre se trouvèrent au «chômage»! Mais qui aurait pu
imaginer cette complète absence du moindre incident?
L'impression d'une telle affluence mit sur les lèvres de Mgr. Rouco Varela
la phrase la plus heureuse qui soit: «A faire pâlir les plus belles pages du
Livre de Calixte». Il faisait référence au fameux code du XIIe siècle,
attribué au Pape Calixte II, dans lequel sont rapportées les grandes
concentrations de pèlerins qui eurent lieu dans la basilique de
Saint-Jacques, aux XIe et XIIe siècles. Le lieu choisi pour ce rassemblement
fut le Mont Gozo. C'est là qu'autrefois, les pèlerins, lorsqu'ils
apercevaient au loin les tours de la cathédrale, se mettaient à sauter de
joie. Cet événement permit à cet endroit de retrouver définitivement toute
sa signification, après les gros et difficiles travaux d'aménagement et de
remise en état des bâtiments qui avaient été construits pour accueillir les
pèlerins.
Cette journée avait été précédée d'une semaine d'intense préparation. Les
jeunes avaient été répartis entre divers centres: discussions, conférences,
célébrations liturgiques. Objet de réflexion et de méditation, le mot
d'ordre que le Pape avait choisi: «Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie»,
fut expliqué et commenté pour le plus grand profit spirituel de beaucoup.
On sait bien que Jean-Paul II fut un aimant puissant, capable d'attirer à
lui les foules, en particulier les foules de jeunes. Le Pape montra cette
même énergie et cette même habileté pleine de jeunesse dont il avait fait
preuve sept ans plus tôt. A cette force d'attraction exercée par Jean-Paul
II, correspondit une préparation extrêmement soignée jusque dans les
moindres détails.
Repensant à cette présence du Pape, un souvenir très vif me revient, celui
de son arrivée. Il se rendit à
pied du couvent de Saint François jusqu' à la façade de l'Obradoiro,
enveloppé dans sa pèlerine, le bourdon à la main: «Je viens aussi comme un
pèlerin» avait-il dit dès le début de son discours, «désireux d'annoncer le
Christ, Voie, Vérité et Vie».
Avant de retrouver les jeunes sur le Mont Gozo, il eut ce geste tellement
humain de se rendre auprès des malades qui ne pouvaient pas marcher. Là, il
prononça un discours, peut-être le plus beau: «Le calvaire est la colline de
la vraie joie... Vous, vous êtes la vivante image du Christ souffrant».
Sur ce Mont, la veillée avec les jeunes se déroula selon un programme
littéraire et musical splendide. Naturellement, le discours du Pape,
articulé autour des trois points de son mot d'ordre: «Le Christ Voie, Vérité
et Vie», en fut la partie principale. Puis la grande majorité des jeunes
resta sur le Mont, attendant la célébration eucharistique. Jean-Paul II
arriva au moment où l'on voyait poindre les premiers rayons du soleil. Et
là, il les salua en improvisant de très belles paroles, les invitant à
tourner leur regard vers le Roi des Astres, qui devait évoquer pour eux
Jésus-Christ, Soleil de Gloire.
L'Eucharistie fut le point final de la rencontre. "Aube d'un demi-million de
cœurs d'or tournés vers l'Autel". Ce fut une véritable invasion remplie de
la présence du Seigneur. Ce qui s'est passé ici - répétait sans cesse
l'Archevêque Rouco - ce fut une rencontre entre les jeunes et Jésus-Christ".
Le Souverain Pontife, fidèlement soumis au grand Mystère, conduisait les
esprits et les cœurs à Jésus-Christ. Comme en un nouvel Emmaüs, les jeunes
pèlerins ont reconnu dans la foi, à la fraction du pain, la présence de
Jésus-Christ.
Quand la messe fut finie, ils se dispersèrent tranquilles et joyeux,
emportant gravées dans leur cœur, les paroles que le Pape Jean Paul II avait prononcées
dans son homélie: "Que la Face de Dieu, qui se reflète sur le Visage d'homme
du Christ, Rédempteur de l'homme, resplendisse devant vous! Qu'en voyant
votre pèlerinage, les jeunes de votre génération puissent s'exclamer comme le prophète:
'Nous voulons venir avec vous, parce que nous avons vu que Dieu est avec
vous' ".
Mgr. José Maria Dïaz
Doyen du Chapitre de la Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
Sources: Totus Tuus -
www.vatican.va
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.08.2007 - BENOÎT XVI |