Message du pape Benoît XVI aux jeunes
à l'occasion de la 23e JMJ |
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Cité du Vatican, le 23 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Le Vatican publie
aujourd'hui en français, le Message du pape Benoît XVI aux jeunes à
l'occasion de la 23e JMJ en 2008 et les appelle à être des
"Missionnaires".
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Le pape Benoît XVI
Message du pape Benoît XVI aux jeunes à l'occasion de la 23e Journée
Mondiale de la Jeunesse 2008
Nous attendions le message de la 23e Journée Mondiale de la Jeunesse 2008,
vendredi dernier, comme annoncé par le pape Benoît XVI lui-même lors de
l'Angélus de dimanche dernier. Il a été publié en italien, samedi et en
français aujourd'hui. Les traductions dans les autres langues ne tarderont
certainement pas à suivre.
Rappelons que les prochaines JMJ se dérouleront du 15 au 20 juillet 2008 à
Sydney, en présence du Saint Père Benoît XVI.
«Vous allez recevoir une force,
celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous.
Alors vous serez mes témoins» (Ac 1, 8)
Chers jeunes,
1. La XXIIIe Journée mondiale de la Jeunesse
Je me souviens toujours avec grande joie des différents moments que nous
avons passés ensemble à Cologne en août 2005. À la fin de cette inoubliable
manifestation de foi et d’enthousiasme, qui demeure gravée en mon esprit et
en mon cœur, je vous ai donné rendez-vous pour la prochaine rencontre qui
aura lieu à Sydney en 2008. Ce sera la XXIIIe Journée mondiale de la
Jeunesse et elle aura pour thème: «Vous allez recevoir une force, celle du
Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins»
(Ac 1, 8). Le fil conducteur de la
préparation spirituelle pour le rendez-vous de Sydney est l’Esprit Saint et
la mission. Si en 2006, nous nous sommes arrêtés pour méditer sur l'Esprit
Saint comme Esprit de vérité, en 2007 nous avons cherché à découvrir plus
profondément l’Esprit d'amour, pour nous acheminer ensuite vers la Journée
mondiale de la Jeunesse de 2008, en réfléchissant sur l’Esprit de force et
de témoignage, qui nous donne le courage de vivre l’Évangile et l’audace de
le proclamer. Il est donc fondamental que chacun de vous les jeunes, dans sa
communauté et avec ses éducateurs, puisse réfléchir sur le Protagoniste de
l’histoire du salut qu’est l'Esprit Saint, ou Esprit de Jésus, pour parvenir
aux buts élevés suivants: reconnaître la véritable identité de l'Esprit,
d’abord en écoutant la Parole de Dieu dans la Révélation biblique; prendre
conscience lucidement de sa présence continue, active, dans la vie de
l’Église, en particulier en redécouvrant que l'Esprit Saint se présente
comme “âme”, souffle vital de la vie chrétienne, grâce aux sacrements de
l’initiation chrétienne – Baptême, Confirmation et Eucharistie; devenir
ainsi capable de mûrir une compréhension de Jésus toujours plus approfondie
et plus joyeuse, et en même temps de réaliser une mise en pratique efficace
de l’Évangile à l’aube du troisième millénaire. Par ce message, je veux vous
offrir une trame de méditation à approfondir durant cette année de
préparation qui vous permettra de vérifier la qualité de votre foi dans
l'Esprit Saint, de la retrouver si elle est perdue, de la fortifier si elle
est affaiblie, de la goûter comme compagnie du Père et du Fils Jésus Christ,
précisément grâce à l’action indispensable de l'Esprit Saint. N’oubliez
jamais que l’Église, et même l’humanité qui vous entoure et qui vous attend
dans l’avenir, compte beaucoup sur vous les jeunes, parce que vous avez en
vous le don suprême du Père, l'Esprit de Jésus.
2. La promesse de l'Esprit Saint dans la Bible
L’écoute attentive de la Parole de Dieu en ce qui concerne le mystère et
l’œuvre de l'Esprit Saint nous ouvre à de grandes et stimulantes
connaissances, qui se résument dans les points suivants.
Peu avant son Ascension, Jésus dit à ses disciples: «Et moi, je vais envoyer
sur vous ce que mon Père a promis» (Lc 24,
49). Cela s’est réalisé le jour de la Pentecôte, lorsqu’ils
étaient réunis en prière au Cénacle avec la Vierge Marie. L’effusion de
l’Esprit Saint sur l’Église naissante fut l’accomplissement d’une promesse
de Dieu beaucoup plus ancienne, annoncée et préparée tout au long de
l’Ancien Testament.
En effet, dès les premières pages, la Bible évoque l’esprit de Dieu comme un
souffle «qui planait au-dessus des eaux» (Gn
1, 2) et précise que Dieu insuffla dans les narines de l’homme un
souffle de vie (cf. Gn 2, 7),
lui donnant ainsi la vie elle-même. Après le péché originel, l’esprit
vivifiant de Dieu se manifestera sous différentes formes dans l’histoire des
hommes, suscitant des prophètes pour inciter le peuple élu à revenir vers
Dieu et à observer fidèlement ses commandements. Dans la célèbre vision du
prophète Ézéchiel, Dieu fait revivre par son esprit le peuple d’Israël,
représenté par des «ossements desséchés»
(cf. 37, 1-14). Joël prophétise une «effusion de l’esprit» sur
tout le peuple, dont nul n’est exclu: «Après cela – écrit l’Auteur sacré –,
je répandrai mon esprit sur toute créature... Même sur les serviteurs et sur
les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là»
(3, 1-2).
À la «plénitude des temps» (cf. Ga 4, 4),
l’ange du Seigneur annonce à la Vierge de Nazareth que l’Esprit Saint,
«puissance du Très-Haut», descendra sur elle et la prendra sous son ombre.
Celui qu’elle enfantera sera donc saint et appelé Fils de Dieu
(cf. Lc 1, 35). Selon l’expression du prophète Isaïe, le Messie
sera celui sur qui reposera l’Esprit du Seigneur
(cf. 11, 1-2; 42, 1). C’est
précisément cette prophétie que Jésus reprit au début de son ministère
public, dans la synagogue de Nazareth: « L'Esprit du Seigneur – dit-il
devant ses auditeurs étonnés – est sur moi, parce que le Seigneur m’a
consacré par l'onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront
la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de
bienfaits accordée par le Seigneur» (Lc 4,
18-19; cf. Is 61, 1-2). S’adressant aux personnes présentes, il
s’appliquera à lui-même ces paroles prophétiques en affirmant: «Cette parole
de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle
s’accomplit» (Lc 4, 21). Et
encore, avant sa mort sur la croix, il annoncera à plusieurs reprises à ses
disciples la venue de l’Esprit Saint, le “Consolateur”, dont la mission sera
de lui rendre témoignage, d’assister les croyants, de les enseigner et de
les conduire vers la Vérité tout entière
(cf. Jn 14, 16-17. 25-26; 15, 26; 16, 13).
3. La Pentecôte, point de départ de la mission de
l’Église
Au soir de sa résurrection, apparaissant à ses disciples, Jésus «répandit
sur eux son souffle et il leur dit: “Recevez l'Esprit Saint”»
(Jn 20, 22). Avec encore plus de
force, l'Esprit Saint descendit sur les Apôtres le jour de la Pentecôte:
«Soudain, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent
– lit-on dans les Actes des Apôtres – : toute la maison où ils se tenaient
en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se
partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux»
(2, 2-3).
L’Esprit Saint renouvela intérieurement les Apôtres, les revêtant d’une
force qui leur donna l’audace d’annoncer sans peur: «Le Christ est mort et
il est ressuscité!» Libérés de toute peur, ils commencèrent à parler avec
assurance (cf. Ac 2, 29; 4, 13; 4, 29. 31).
Ces pêcheurs craintifs de Galilée étaient devenus de courageux annonciateurs
de l’Évangile. Même leurs ennemis ne comprenaient pas comment «des hommes
quelconques et sans instruction» (Ac 4,
13) pouvaient faire preuve d’un tel courage et supporter avec
joie les contrariétés, les souffrances et les persécutions. Rien ne pouvait
les arrêter. À tous ceux qui cherchaient à les contraindre au silence, ils
répondaient: «Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que
nous avons vu et entendu» (Ac 4,20).
C’est ainsi qu’est née l’Église, qui, depuis le jour de la Pentecôte, n’a
cessé de répandre la Bonne Nouvelle «jusqu'aux extrémités de la terre»
(Ac 1, 8).
4. L’Esprit Saint, âme de l’Église et principe de
communion
Mais pour comprendre la mission de l’Église, nous devons revenir au Cénacle
où les disciples restèrent ensemble (cf.
Lc 24, 49), priant avec Marie, la “Mère”, dans l’attente de
l’Esprit promis. C’est de cette icône de l’Église naissante que toute
communauté chrétienne doit en permanence s’inspirer. La fécondité
apostolique et missionnaire n’est pas d’abord le résultat de méthodes et de
programmes pastoraux savamment élaborés et “efficaces”, mais le fruit de
l’incessante prière communautaire
(cf. Paul VI, Exhort. apost.
Evangelii
Nuntiandi, n. 75). En outre,
l’efficacité de la mission présuppose que les communautés soient unies, à
savoir qu’elles aient «un seul cœur et une seule âme»
(Ac 4, 32), et qu’elles soient disposées à témoigner de l’amour
et de la joie que l’Esprit Saint répand dans le cœur des fidèles
(cf. Ac 2, 42). Le Serviteur de Dieu Jean-Paul II écrivait
qu’avant même d'être une action, la mission de l’Église est un témoignage et
un rayonnement (cf. Encycl.
Redemptoris Missio, n. 26).
C’est ce qui se passait au début du christianisme, quand les païens, écrit
Tertullien, se convertissaient en voyant l’amour qui régnait entre les
chrétiens: «Voyez – disent-ils – comme ils s’aiment»
(cf. Apologétique, n. 39 § 7).
En concluant ce rapide aperçu sur la Parole de Dieu dans la Bible, je vous
invite à remarquer combien l’Esprit Saint est le don le plus grand que Dieu
fait à l’homme, et donc le témoignage suprême de son amour pour nous, un
amour qui s’exprime concrètement comme un «oui à la vie» que Dieu veut pour
chacune de ses créatures. Ce «oui à la vie» prend sa forme la plus accomplie
en Jésus de Nazareth et dans sa victoire sur le mal par la rédemption. À ce
propos, n’oublions jamais que l’Évangile de Jésus, en raison même de
l’Esprit, ne se réduit pas à une simple constatation, mais qu’il veut
devenir «bonne nouvelle pour les pauvres, libération pour les prisonniers,
retour à la vue pour les aveugles...». C’est ce qui s’est produit avec
vigueur le jour de la Pentecôte, devenant pour l’Église une grâce et un
devoir envers le monde, sa mission prioritaire.
Nous sommes les fruits de cette mission de l’Église par l’action de l’Esprit
Saint. Nous portons en nous le sceau de l’amour du Père en Jésus Christ
qu’est l’Esprit Saint. Ne l’oublions jamais, parce que l’Esprit du Seigneur
se souvient toujours de chacun et qu’il veut, en particulier à travers vous
les jeunes, susciter dans le monde le vent et le feu d’une nouvelle
Pentecôte.
5 L’Esprit Saint, «Maître intérieur»
Chers jeunes, aujourd’hui encore l’Esprit Saint continue donc à agir avec
puissance dans l’Église et ses fruits sont abondants dans la mesure où nous
sommes disposés à nous ouvrir à sa force rénovatrice. C’est pourquoi il est
important que chacun de nous Le connaisse, qu’il entre en relation avec Lui
et qu’il se laisse guider par Lui. Mais à ce point, une question surgit
naturellement: qui est l’Esprit Saint pour moi? Pour de nombreux chrétiens
en effet, Il est encore le «grand inconnu». Voilà pourquoi, en nous
préparant à la prochaine Journée mondiale de la Jeunesse, j’ai voulu vous
inviter à approfondir votre connaissance personnelle de l’Esprit Saint. Dans
la profession de foi, nous proclamons: «Je crois en l’Esprit Saint, qui est
Seigneur et qui donne la vie; il procède du Père et du Fils» (Symbole de
Nicée-Constantinople). Oui, l’Esprit Saint, esprit d’amour du Père et du
Fils, est Source de vie qui nous sanctifie, «puisque l'amour de Dieu a été
répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné»
(Rm 5, 5). Cependant il ne suffit
pas de le connaître; il faut L’accueillir comme le guide de nos âmes, comme
le «Maître intérieur», qui nous introduit dans le Mystère trinitaire, parce
que Lui seul peut nous ouvrir à la foi et nous permettre d’en vivre chaque
jour en plénitude. C’est Lui qui nous pousse vers les autres, allumant en
nous le feu de l’amour, et qui nous rend missionnaires de la charité de
Dieu.
Je sais bien toute l’estime et tout l’amour envers Jésus que vous, les
jeunes, vous portez dans votre cœur et combien vous désirez Le rencontrer et
parler avec Lui. Rappelez-vous donc que c’est précisément la présence de
l’Esprit en nous qui atteste, qui constitue et qui construit notre personne
sur la Personne même de Jésus crucifié et ressuscité. Devenons donc
familiers de l'Esprit Saint pour l’être aussi de Jésus.
6 Les Sacrements de la Confirmation et de
l’Eucharistie
Alors, me direz-vous, comment nous laisser renouveler par l’Esprit Saint et
comment grandir dans notre vie spirituelle? La réponse est, vous le savez,
que cela est possible par les Sacrements, car la foi naît et se fortifie
grâce aux Sacrements, en particulier ceux de l’initiation chrétienne: le
Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie, qui sont complémentaires et
inséparables
(cf.
Le Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1285).
Cette vérité sur les trois Sacrements qui sont à l’origine de notre être
chrétien est sans doute négligée dans la vie de foi de nombreux chrétiens,
pour lesquels ce sont des gestes accomplis dans le passé, sans incidence
réelle sur le présent, comme des racines sans sève vitale. Il arrive qu’une
fois la Confirmation reçue, des jeunes s’éloignent de la vie de foi. Il y a
également des jeunes qui ne reçoivent même pas ce sacrement. C’est pourtant
par les sacrements du Baptême, de la Confirmation et, de manière continuée,
par l’Eucharistie, que l’Esprit Saint nous rend fils du Père, frères de
Jésus, membres de son Église, capables de rendre un vrai témoignage envers
l’Évangile, de goûter la joie de la foi.
Je vous invite donc à réfléchir sur ce que je vous écris. Il est
particulièrement important aujourd’hui de redécouvrir le sacrement de la
Confirmation et d’en retrouver la valeur pour notre croissance spirituelle.
Que celui qui a reçu les sacrements du Baptême et de la Confirmation se
souvienne qu’il est devenu «temple de l’Esprit»: Dieu habite en lui. Qu’il
en soit toujours conscient et fasse en sorte que le trésor qui est en lui
porte des fruits de sainteté. Que celui qui est baptisé, mais qui n’a pas
encore reçu le sacrement de la Confirmation, se prépare à le recevoir en
sachant qu’il deviendra ainsi un chrétien «accompli», parce que la
Confirmation parfait la grâce baptismale
(cf. CCC, nn. 1302-1304).
La Confirmation nous donne une force spéciale pour témoigner de Dieu et pour
le glorifier par toute notre vie (cf. Rm
12, 1); elle nous rend intimement conscients de notre
appartenance à l’Église, «Corps du Christ», dont nous sommes tous des
membres vivants, solidaires les uns des autres
(cf. 1 Co 12,12-25). Tout baptisé
peut apporter sa contribution à l’édification de l’Église en se laissant
guider par l’Esprit, grâce aux charismes qu’Il donne, car «chacun reçoit le
don de manifester l’Esprit en vue du bien commun»
(1 Co 12, 7). Et quand l’Esprit
agit, il apporte dans l’âme ses fruits, qui sont «amour, joie, paix,
patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi»
(Ga 5, 22). À ceux d’entre vous
qui n’ont pas encore reçu le sacrement de la Confirmation, j’adresse une
invitation cordiale à se préparer à l’accueillir, en demandant l’aide de
leurs prêtres. C’est une occasion de grâce toute particulière que le
Seigneur vous offre: ne la laissez pas passer!
Je voudrais encore ajouter une parole sur l’Eucharistie. Pour croître dans
la vie chrétienne, il est nécessaire de se nourrir du Corps et du Sang du
Christ: en effet, nous sommes baptisés et confirmés en vue de l’Eucharistie
(cf. CCC, 1322; Exhort. apost.
"Sacramentum Caritatis", n. 17).
«Source et sommet» de la vie ecclésiale, l’Eucharistie est une «Pentecôte
perpétuelle», parce que chaque fois que nous célébrons la Messe, nous
recevons l’Esprit Saint, qui nous unit plus profondément au Christ et qui
nous transforme en Lui. Chers jeunes, si vous participez fréquemment à la
célébration eucharistique, si vous prenez un peu de votre temps pour
l’adoration du Saint-Sacrement, alors, de la Source de l’amour qu’est
l’Eucharistie, vous sera donnée la joyeuse détermination à consacrer votre
vie à la suite de l’Évangile. Vous ferez en même temps l’expérience que là
où nous ne réussissons pas par nos propres forces, l’Esprit Saint vient nous
transformer, nous remplir de sa force et faire de nous des témoins remplis
de l’ardeur missionnaire du Christ ressuscité.
7 La nécessité et l’urgence de la mission
Bien des jeunes regardent leur vie avec appréhension et se posent de
nombreuses questions sur leur avenir. Et ils se demandent avec
préoccupation: comment nous insérer dans un monde marqué par des injustices
et des souffrances nombreuses et graves? Comment réagir face à l’égoïsme et
à la violence qui semblent parfois l’emporter? Comment donner tout son sens
à la vie? Comment faire en sorte que les fruits de l’Esprit que nous avons
rappelés précédemment, «amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance,
foi, humilité et maîtrise de soi» (n. 6),
inondent notre monde blessé et fragile, le monde des jeunes en particulier?
À quelles conditions l’Esprit vivifiant de la première création et surtout
de la seconde création, ou rédemption, peut-il devenir l’âme nouvelle de
l’humanité? N’oublions pas que plus le don de Dieu est grand – et celui de
l’Esprit de Jésus est éminent – plus est grand le besoin du monde de le
recevoir et donc grande et passionnante la mission de l’Église d’en donner
un témoignage crédible. Et vous les jeunes, par la Journée mondiale de la
Jeunesse, d’une certaine façon vous attestez votre volonté de participer à
cette mission. À ce propos, il me tient à cœur de vous rappeler, chers amis,
quelques vérités de base sur lesquelles méditer. Une fois encore, je vous
répète que seul le Christ peut combler les aspirations les plus intimes du
cœur de l’homme; Lui seul est capable d’humaniser l’humanité et de la
conduire à sa «divinisation». Par la puissance de son Esprit, Il répand en
nous la charité divine qui nous rend capables d’aimer notre prochain et
prêts à nous mettre à son service. L’Esprit Saint éclaire, nous révélant le
Christ mort et ressuscité; il nous indique la route pour devenir davantage
semblables à Lui, à savoir pour être «expression et instrument de l’amour
qui émane de lui» (Encycl.
"Deus Caritas Est", n. 33). Et
celui qui se laisse guider par l’Esprit comprend que se mettre au service de
l’Évangile n’est pas une option facultative, parce qu’il perçoit combien il
est urgent de transmettre aussi aux autres cette Bonne Nouvelle. Cependant,
il convient de le rappeler encore, nous ne pouvons être des témoins du
Christ que si nous nous laissons guider par l’Esprit Saint, qui est «l’agent
principal de l’évangélisation» (Evangelii
Nuntiandi, n. 75) et
«le protagoniste de la mission» (Redemptoris
Missio, n. 21). Chers jeunes,
comme l’ont rappelé à maintes reprises mes vénérés Prédécesseurs Paul VI et
Jean-Paul II, annoncer l’Évangile et témoigner de sa foi est aujourd’hui
plus que jamais nécessaire (cf.
Redemptoris Missio, n. 1).
Certains pensent que présenter le précieux trésor de la foi aux personnes
qui ne la partagent pas signifie être intolérants à leur égard, mais il n’en
est pas ainsi, car proposer le Christ ne signifie pas l’imposer
(cf.
Evangelii
Nuntiandi, n. 80).
D’ailleurs, cela fait deux mille ans que douze Apôtres ont donné leur vie
afin que le Christ soit connu et aimé. Depuis lors, l’Évangile continue à se
répandre au cours des siècles grâce à des hommes et à des femmes animés par
le même zèle missionnaire. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, des disciples
du Christ n’épargnent ni leur temps, ni leur énergie pour servir l’Évangile.
Il faut que des jeunes se laissent embraser par l’amour de Dieu et qu’ils
répondent généreusement à son appel pressant, comme tant de jeunes
bienheureux et saints l’ont fait dans le passé, mais aussi à des époques
plus récentes. En particulier, je vous assure que l’Esprit de Jésus vous
invite aujourd’hui, vous les jeunes, à porter la belle nouvelle de Jésus aux
jeunes de votre âge. L’indéniable difficulté des adultes à rejoindre de
manière compréhensible et convaincante le monde des jeunes peut être un
signe par lequel l’Esprit entend vous pousser, vous les jeunes, à prendre en
charge cette tâche. Vous connaissez les idéaux, les langages, ainsi que les
blessures, les attentes, et le désir du bien qu’ont les jeunes de votre âge.
S’ouvre à vous le vaste monde des affections, du travail, de la formation,
de vos souhaits, de la souffrance des jeunes... Que chacun de vous ait le
courage de promettre à l’Esprit Saint d’amener un jeune à Jésus Christ,
selon le moyen qui lui semble le meilleur, en sachant «rendre compte de
l’espérance qui est en lui, avec douceur»
(cf. 1 P 3, 15).
Mais pour atteindre ce but, chers amis, soyez saints, soyez missionnaires,
parce qu’on ne peut jamais séparer la sainteté de la mission
(cf.
Redemptoris Missio, n. 90).
N’ayez pas peur de devenir des saints missionnaires comme saint
François-Xavier, qui a parcouru l’Extrême Orient en annonçant la Bonne
Nouvelle jusqu’à l’extrémité des ses forces, ou comme sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus, qui fut missionnaire sans avoir quitté son Carmel: l’un
comme l’autre sont «Patrons des Missions». Soyez prêts à mettre en jeu votre
vie pour illuminer le monde avec la vérité du Christ; pour répondre avec
amour à la haine et au mépris de la vie; pour proclamer l’espérance du
Christ ressuscité en tout point de la terre.
8. Invoquer une «nouvelle Pentecôte» sur le monde
Chers jeunes, je vous attends nombreux en juillet 2008 à Sydney. Ce sera une
occasion providentielle de faire pleinement l’expérience de la puissance de
l’Esprit Saint. Venez nombreux, pour être un signe d’espérance et un soutien
précieux pour les communautés de l’Église en Australie, qui se préparent à
vous accueillir. Pour les jeunes du pays qui nous accueillera, ce sera une
opportunité exceptionnelle d’annoncer la beauté et la joie de l’Évangile à
une société à bien des égards sécularisée. L’Australie, comme toute
l’Océanie, a besoin de redécouvrir ses racines chrétiennes. Dans
l’exhortation post-synodale
Ecclesia
in Oceania, Jean-Paul II écrivait: «Par la puissance du Saint-Esprit,
l'Église en Océanie se prépare à une nouvelle évangélisation des peuples qui
aujourd'hui ont soif du Christ... La première priorité pour l’Église en
Océanie, c'est de procéder à une nouvelle évangélisation»
(n. 18).
Je vous invite à consacrer du temps à la prière et à votre formation
spirituelle en cette dernière étape du chemin qui nous conduit à la XXIIIe
Journée mondiale de la Jeunesse, afin qu’à Sydney vous puissiez renouveler
les promesses de votre Baptême et de votre Confirmation. Ensemble, nous
invoquerons l’Esprit Saint, demandant avec confiance à Dieu le don d’une
Pentecôte renouvelée pour l’Église et pour l’humanité du troisième
millénaire.
Que Marie, réunie en prière au Cénacle avec les Apôtres, vous accompagne
durant ces mois et qu’elle obtienne pour tous les jeunes chrétiens une
nouvelle effusion de l’Esprit Saint qui embrase vos cœurs. Rappelez-vous que
l’Église a confiance en vous! Nous les Pasteurs, nous prions en particulier
pour que vous aimiez et fassiez aimer Jésus toujours plus et que vous
marchiez à sa suite fidèlement. Dans ces sentiments, je vous bénis tous avec
une grande affection.
De Lorenzago, le 20 juillet 2007.
BENEDICTUS PP. XVI
Benoît XVI
Texte original du message du pape Benoît XVI
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Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.07.2007 - BENOÎT XVI |