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Jésus de Nazareth : Le regard nouveau de Benoît XVI

Le 23 mars 2011 - (E.S.M.) - L'Osservatore Romano d'aujourd'hui publie cette recension de Jésus de Nazareth par l'intellectuel français Alain Besançon.

Jésus de Nazareth : Le regard nouveau de Benoît XVI

Alain Besançon

Le 23 mars 2011 - E. S. M. - Le premier sentiment que j'ai éprouvé quand j'ai lu le livre a été d'admiration. J'ai de nombreuses raisons pour admirer ce livre, comme chrétien, comme catholique, et enfin comme professeur.
Je sais assez bien ce qu'est un bon livre.
Celui-ci, formellement, est excellent, digne non seulement d'un cardinal et d'un Pape (l'auteur signer avec ces deux titres), mais, et je le dis sans ironie, d'un grand maître. Un archevêque de Paris, Mgr Hyacinthe-Louis de Quélen, sous la Restauration, vers 1820, a dit que Jésus-Christ n'était pas seulement le fils de Dieu, mais aussi, par sa mère, d'excellente famille.
Un bon professeur connaît son sujet à fond, un grand professeur est capable de l'exposer avec simplicité et clarté. La question est purement et simplement la foi chrétienne et le Pape, qui en est le gardien, n'a pas l'intention d'offrir une interprétation personnelle. Vous ne trouverez pas ce livre une "théologie de l'auteur".
Il n'y a pas de nouveauté. Mais il y a du nouveau.
Ce Pape ne cesse pas de lire et d'étudier. Il considère également comme nécessaire d'indiquer une courte bibliographie de livres contemporains. Ce sont principalement des livres en allemand, parce que c'est sa langue et parce que les Allemands ont beaucoup écrit, mais il cite aussi des livres dans d'autres langues. En France, il n'oublie pas Lubac, un de ses maîtres, Feuillet, Louis Bouyer.
Benoît XVI a l'art de démêler les problèmes complexes.
Un exemple: la date de la dernière Cène. Le Pape soutient qu'il est préférable de suivre la chronologie de Jean plutôt que celle proposée par les synoptiques. Il en tire une conclusion théologique très importante: Jésus n'a pas vraiment célébré la Pâque juive, il a célébré une autre Pâques, la sienne, ce qui a une sens à la fois égal et différent.
L'explication est lumineuse au point de faire venir à l'esprit du lecteur le plaisir de la démonstration réussie d'un théorème de grande portée. Ce plaisir, je l'ai retrouvé tout au long du livre. Voltaire a écrit que tous les genres sont bons, sauf ceux qui sont ennuyeux. Ce livre est de ceux qu'une fois ouverts, on ne peut plus lâcher. Il est passionnant.

L'interprétation historico-critique a été ouverte à la pensée catholique depuis l'encyclique de Pie XII, Divino Afflante Spiritu (1943) (ndt: Sur La Façon La Plus Opportune De Promouvoir Les Etudes Bibliques), à partir de laquelle les exégètes catholiques ont rapidement regagné du terrain contre l'exégèse protestante, jusqu'aux hypothèses les plus aventureuses. Le Pape estime que cette interprétation, aujourd'hui décantée, a désormais "donné l'essentiel de ce qu'elle avait à donner". Eh bien, "cette exégèse doit reconnaître qu'une herméneutique de la foi, développée correctement, est conforme aux textes, et peut se conjuguer à une herméneutique historique consciente de ses limites, pour former un tout méthodologique".
Un tout méthodologique?
L'objectif est très ambitieux. Il s'agit finalement d'harmoniser les exigences de la foi, qui ne change pas, avec les exigences de la raison, qui sont en constante évolution, qui sont toujours à critiquer et à reconstruire, mais dans leur ordre légitime.

Le défi n'est pas nouveau. Il remonte au début de la religion chrétienne. A partir de Richard Simon, de Spinoza, des Lumières, de l'érudition allemande, il n'a fait que se radicaliser. Il est urgent de le relever. Et c'est ce que fait ce livre de manière calme, généreux, irénique. C'est la constante du style de Benoît XVI.

Les événements se déroulent en une semaine, du dimanche des Rameaux au dimanche de la Résurrection. La Semaine Sainte a pour les chrétiens une signification inépuisable. C'est moins une succession d'événements qu'une succession de mystères. Mais cela n'empêche pas l'historien d'enquêter sur ce qui s'est réellement passé.
La méthode de Ratzinger est de suivre le texte pas à pas et, ce faisant, de dissiper les interprétations inappropriées. Je n'en mentionnerai que deux.

- La première fait de Jésus-Christ un acteur politique, plus exactement un révolutionnaire. Au cours du XVIIIe et du XIXe siècle, nous avons rencontré le Christ sans-culotte en 1792, et le Christ socialiste en 1848. Au XXe siècle, le Christ de la "théologie de la libération." Il s'agissait d'une injection du marxisme-léninisme dans l'Evangile. Cela a bouleversé des continents entiers, et les pauvres et les fidèles ont souvent préféré ou bien passer directement au léninisme, ou bien trouver refuge dans les sectes, où, au moins, celles où on croyait sérieusement en Dieu et au salut par Jésus-Christ. Il ne reste rien de ces théologies si l'on suit de bonne foi le développement de ce livre.

- La seconde interprétation est le protestantisme libéral . Ratzinger a trouvé des alliés dans le protestantisme authentique, en particulier chez Joachim Ringleben, le saluant comme un "frère œcuménique". La cible principale est Rudolf Bultmann, et d'une manière générale, les interprétations symboliques des événements. Je parle de cible, même si dans ces expositions pacifiques il n'y a pas de trace d'agressivité. Quand Bultmann a raison, Ratzinger fait son éloge.

De cette analyse, on déduit que le Christ se maintient aussi proche que possible de la loi et des prophètes, qu'il ne manque jamais de mentionner et auxquels il se réfère constamment. Il suit la tradition pas à pas. Ce faisant, observant la Torah sans en changer une virgule, il la transforme.

Je suis très fier d'avoir mentionné, à propos de Mel Gibson "La Passion du Christ", un point que je retrouve ici développé à fond. Il concerne Caïphe et Pilate. Nul besoin de leur attribuer une malveillance particulière.
L'un voulait sauver son peuple, l'autre voulait sauver la Pax Romana. Le Christ a été mis à mort par tous les hommes, par les méchants, bien sûr, mais aussi par les bons, qui ne le sont pas à ce point, et qui ne savent pas qu'ils ont besoin d'être sauvés. Cela vaut pour nous tous. Le monde juif a réagi favorablement à cette déclaration, oubliant qu'elle avait déjà été faite dans le Concile de Trente et par Vatican II. Il est bon de le répéter.
La nouvelle relation avec le peuple juif, qui subsiste encore, est l'une des réalisations les plus importantes du Concile Vatican II. Cependant, il faut maintenir l'équilibre. On voit ici et là chez certains catholiques, toujours enclins à l'idolâtrie, une certaine idéalisation du peuple juif, que ce dernier ne demande pas. Il y a une continuité entre les deux Testaments. Mais il y a une coupure. Le Christ n'est pas un rabbin. Ce n'est pas une autre Hillel [ndt: Hillel Ha Zaken - Hillel l'Ancien, Ha Zaken étant un titre honorifique, décerné aux membres de l'assemblée des Anciens et du Sanhédrin, comme plus tard Rebbi - était un Sage et dirigeant religieux qui vécut à Jérusalem au temps d'Hérode et de l'empereur Auguste. D'un point de vue historique, il est la première personnalité distincte de la tradition talmudique].

Il se peut que le travail historico-critique sur le Nouveau Testament se soit tari, mais il continue sur l'Ancien Testament. Depuis un siècle, on fait avec passion des fouilles en terre d'Israël à la recherche de preuves. Eh bien, non seulement on n'en a pas retrouvé, mais les archéologues pensent en avoir trouvé qui montrent que des choses ne se sont pas passées comme le suggère le récit biblique. Il semble que se soit créé un large consensus entre les archéologues et les exégètes juifs, protestants et catholiques. J'ai lu, comme beaucoup de gens, les livres de Finkelstein et de Silberman [ndt: Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, sont les auteurs du best-seller "La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie"] , et celui de Mario Liverani. Il y a eu des réactions très critiques du côté juif.
Eh bien, nous, chrétiens, nous sommes sur la même barque. Notre religion est une histoire. Nous ne pouvons pas faire passer trop d'événements du côté de la légende.

Deux points semblent cruciaux.
- Le premier concerne le séjour du peuple élu en Egypte et sa libération par Moïse. C'est l'origine à la fois du judaïsme et du christianisme. Le Christ, nous explique Ratzinger, se présente comme le nouveau Moïse. Il serait difficile d'admettre que l'exode raconte une histoire légendaire.
- Le second concerne la datation et le statut de David et de Salomon, et de Jérusalem.

Je laisse mon jugement en suspens en attendant que de nouvelles théories se décantent. Dans son livre, le Pape semble renvoyer ces questions à plus tard. Questions qui se poseront inévitablement.

J'attends avec impatience la troisième partie de l'enquête que le Pape nous a promis. Elle concernera les Evangiles de l'enfance. J'aimerais être informé sur la question des "frères de Jésus", devenue brûlante aujourd'hui. Pour moi, il s'agit d'un Shiboleth (ndt: Un shibboleth ... est une phrase ou un mot qui ne peut être utilisé – ou prononcé – correctement que par les membres d'un groupe. Par extension, ce mot désigne parfois un jargon spécialisé. Dans tous les cas il révèle l'appartenance d'une personne à un groupe. Autrement dit, un shibboleth représente un signe de reconnaissance verbal).
Quand je vois un livre qui ose dire que la Vierge Marie a eu plusieurs enfants, je le rejette avec la même indignation qu'éprouvaient Luther et Calvin quand une thèse similaire était soutenue devant eux. C'est l'incarnation qui est en jeu. (*)

***

(*) Note: frères de Jésus?
Sur le thème des frères et sœurs de Jésus, le cardinal Ratzinger avait répondu aux questions de Peter Seewald, dans le livre "Entretiens sur la foi" (page 166)

Sur la question des frères et sœurs de Jésus, l'Église croit aujourd'hui encore que la Vierge Marie l'a mis au monde, lui et personne d'autre. Par lui, elle appartenait à Dieu et ne pouvait pas, pour ainsi dire, retourner à une vie familiale normale.

L'usage du terme « frères et sœurs de Jésus » s'explique simplement à partir des structures familiales de l'époque.
Et il y a assez d'indications montrant que ces enfants ne sont pas attribués à Marie. Il est aussi question ici d'une autre Marie et de bien d'autres choses. Il n'y a que des allusions sur les relations familiales spécifiques. On sait toutefois que plusieurs familles appartiennent ensemble et forment un tout. Quand Jésus confie Jean à sa mère au pied de la Croix, comme son fils, nous voyons bien qu'elle est une figure particulière et qu'elle est reliée à lui d'un lien particulier.
Du point de vue historique, la question reste insoluble.
On ne peut pas prouver que Marie n'était mère qu'une seule fois. Mais on ne peut pas plus prouver que les personnes citées étaient des frères et soeurs de Jésus au sens strict. Il y a assez d'indications qui montrent que ces frères et sœurs appartiennent à d'autres familles [...] et sont désignés ainsi dans le cadre du clan familial. Par ailleurs, la désignation de « frères et sœurs de Jésus » est utilisée dans l'Église primitive, ce qui provoque des tensions entre le clan familial de Jésus, qui avait une compréhension stricte du judéo-christianisme, et d'autres mouvances dans l'Église en devenir

 

Sources : Benoit-et-moi

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 23.03.2011 - T/Benoît XVI

 

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