Benoît XVI ouvre "la porte"
du Carême |
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ROME, le 23 février 2007 -
(E.S.M.) - Le Pape Benoît XVI a présidé la première station du
carême à Sainte Sabine. Voici le texte de l'homélie du Saint Père.
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Homélie du pape Benoît XVI
Benoît XVI ouvre "la porte" du Carême
Synthèse de l'homélie du Pape Benoît XVI ( texte
intégral en deuxième partie)
Le Pape Benoît XVI a présidé la première station du carême à Sainte Sabine :
“Les oeuvres de charité, la prière, le jeûne ainsi que tout autre effort
sincère de conversion trouvent leur plus haute signification et leur valeur
dans l’Eucharistie, centre et sommet de la vie de l’Eglise et de l’histoire
du salut”
“Le mercredi des Cendres est considéré comme la “porte” du carême. En effet,
la liturgie de ce jour et les gestes qui la marquent forment un ensemble qui
anticipe de façon synthétique la physionomie même de toute la période de
carême. Dans sa tradition, l’Eglise ne se limite pas à nous offrir la
thématique liturgique et spirituelle de l’itinéraire de carême, elle nous
indique aussi les instruments ascétiques et pratiques à utiliser pour le
parcourir fructueusement. C’est par ces paroles que le Saint-Père a commencé
son homélie dans l’après-midi du mercredi 21 février, mercredi des cendres,
pendant la messe, avec la bénédiction et l’imposition des cendres, dans la
basilique Sainte Sabine de l’Aventin. Sur le modèle des “stations” romaines,
la célébration a commencé dans l’église Saint Anselme, par un moment de
prière suivi de la procession pénitencielle vers la basilique Sainte Sabine.
Rappelant la première lecture, tirée du livre du prophète Joël
(2,12), le
Pape a dit : “L’invitation que Joël adresse à ses auditeurs - “Revenez à moi
de tout votre coeur, par le jeûne, par les pleurs et les lamentations” -
vaut pour nous aussi, chers frères et soeurs. N’hésitons pas à retrouver
l’amitié de Dieu perdue par le péché, en rencontrant le Seigneur
expérimentons la joie de son pardon. Seul le Christ peut transformer toute
situation de péché en nouveauté de grâce. Voilà pourquoi l’exhortation que
Paul adresse aux chrétiens de Corinthe a un fort impact spirituel: “Nous
vous en supplions, au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu”;
et encore “Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du
salut!” (5,20; 6,2). Tandis que Joël parlait du jour futur du Seigneur comme
d’un jour terrible de jugement, saint Paul, se référant à la parole du
prophète Isaïe, parle d’un “moment favorable”, de “jour du salut”. Le jour
futur du Seigneur est devenu “aujourd’hui”. Le jour terrible s’est
transformé en croix et résurrection du Christ, en jour du salut. Et ce jour
est maintenant, comme nous l’avons écouté dans le chant de l’Evangile :
“Aujourd’hui n’endurcissez pas votre coeur, mais écoutez la voix du
Seigneur”. L’appel à la conversion, à la pénitence, résonne ce jour de toute
sa force, pour que son écho nous accompagne à tout moment de notre vie”.
Puis le Saint-Père a expliqué le rite de l’imposition des cendres, “rite qui
revêt une double signification : la première relative au changement
intérieur, à la conversion et à la pénitence, tandis que la seconde rappelle
la précarité de la condition humaine, comme il est facile de le comprendre
en écoutant les deux formules différentes qui accompagnent le geste”. Les
instruments pour atteindre l’authentique renouvellement intérieur et
communautaire dans les quarante jours du carême sont indiqués par Jésus
lui-même, dans l’Evangile: “les oeuvres de charité (l’aumône), la prière et
la pénitence (le jeûne). Ce sont les trois pratiques fondamentales chères
aussi à la tradition juive, parce qu’elles contribuent à purifier l’homme
devant Dieu. Ces gestes ésotériques, qui sont accomplis pour plaire à Dieu
et non pour obtenir l’approbation et le consensus des hommes, sont agréés
par Lui s’ils expriment la détermination de notre coeur à le servir, avec
simplicité et générosité”. Renouvelant l’invitation déjà exprimée dans son
message pour le Carême, à vivre ces quarante jours de grâce spéciale comme
un temps “eucharistique”, le Pape Benoît XVI a conclu : “En puisant à cette
source inépuisable d’amour qu’est l’Eucharistie, dans laquelle le Christ
renouvelle son sacrifice rédempteur sur la Croix, tout chrétien peut
persévérer dans l’itinéraire qu’aujourd’hui nous entreprenons
solennellement. Les oeuvres de charité (l’aumône), la prière, le jeûne,
ainsi que tout autre sincère effort de conversion trouvent leur plus haute
signification et leur valeur dans l’Eucharistie, centre et sommet de la vie
de l’Eglise et de l’histoire du salut”. (Agence Fides)
Texte intégral de l'homélie du pape Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
Avec la procession pénitentielle, nous sommes entrés dans le climat austère
du Carême, et en nous introduisant dans la célébration eucharistique, nous
venons à peine de prier pour que le Seigneur aide le peuple chrétien à «
commencer un chemin de conversion véritable pour affronter victorieusement
avec les armes de la pénitence le combat contre l'esprit du mal » (Prière de
la Collecte). Au moment de recevoir les cendres sur le front, nous
réécouterons encore une claire invitation à la conversion qui peut
s'exprimer sous une double formule : « Convertissez-vous et croyez à l'Evangile
», ou bien : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la
poussière ». C'est précisément en raison de la richesse des symboles et des
textes bibliques et liturgiques que le mercredi des Cendres est considéré
comme la « porte » du Carême. En effet, la liturgie d'aujourd'hui et les
gestes qui la caractérisent forment un ensemble qui anticipe de manière
synthétique la physionomie même de toute la période quadragésimale. Dans sa
tradition, l'Eglise ne se limite pas à nous offrir la thématique liturgique
et spirituelle de l'itinéraire quadragésimal, mais elle nous indique
également les instruments ascétiques et pratiques pour le parcourir de façon
fructueuse.
« Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les pleurs et les cris de
deuil ». C'est par ces paroles que débute la Première Lecture, tirée du
livre du prophète Joël (2, 12). Les souffrances, les catastrophes qui
affligeaient à cette époque la terre de Judée poussent l'auteur sacré à
encourager le peuple élu à la conversion, c'est-à-dire à retourner avec une
confiance filiale au Seigneur en se lacérant le cœur et non les vêtements.
En effet Celui-ci, rappelle le prophète, « est tendresse et pitié, lent à la
colère, riche en grâce, et il a regret du mal »
(2, 13). L'invitation que
Joël adresse à ceux qui l'écoutent vaut également pour nous, chers frères et
sœurs. N'hésitons pas à retrouver l'amitié de Dieu perdue avec le péché ; en
rencontrant le Seigneur, faisons l'expérience de la joie de son pardon. Et
ainsi, presque en répondant aux paroles du prophète, nous avons fait nôtre
l'invocation du refrain du Psaume responsorial : « Pardonne-nous, Seigneur,
nous avons péché ». En proclamant le Psaume 50, le grand Psaume pénitentiel,
nous en avons appelé à la miséricorde divine ; nous avons demandé au
Seigneur que la puissance de son amour nous redonne la joie d'être sauvés.
Avec cet esprit, nous débutons le temps favorable du Carême, comme nous l'a
rappelé saint Paul dans la Seconde lecture, pour nous laisser réconcilier
avec Dieu dans le Christ Jésus. L'Apôtre se présente comme ambassadeur du
Christ et montre clairement combien c'est précisément en vertu de lui qu'est
offerte au pécheur, c'est-à-dire à chacun de nous, la possibilité d'une
réconciliation authentique. « Celui qui n'avait pas connu le péché - dit-il
- Il l'a fait péché pour nous afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu
» (2 Co 5, 21). Seul le Christ peut transformer chaque situation de péché en
nouveauté de grâce. Voilà pourquoi l'exhortation que Paul adresse aux
chrétiens de Corinthe a un profond impact spirituel : « Nous vous en
supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » ; et
encore : « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le
jour du salut » (5, 20; 6, 2). Alors que Joël parlait du futur jour du
Seigneur comme d'un jour de jugement terrible, saint Paul, en se référant à
la parole du prophète Isaïe, parle de « moment favorable », de « jour du
salut ». Le futur jour du Seigneur est devenu l'« aujourd'hui ». Le jour
terrible s'est transformé dans la Croix et dans la Résurrection du Christ,
en jour du salut. Et ce jour, c'est maintenant, comme nous l'avons entendu
dans le chant de l'Evangile : « Aujourd'hui, n’endurcissez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur ». L'appel à la conversion, à la pénitence
résonne aujourd'hui de toute sa force, pour que son écho nous accompagne à
tous les moments de notre vie.
La liturgie du mercredi des Cendres indique ainsi dans la conversion du cœur
à Dieu la dimension fondamentale du temps quadragésimal. Cela est le rappel
très suggestif qui nous vient du rite traditionnel de l'imposition des
cendres, que nous renouvellerons d'ici peu. Un rite qui revêt une double
signification : la première relative au changement intérieur, à la
conversion et à la pénitence, alors que la seconde renvoie à la précarité de
la condition humaine, comme on le perçoit facilement dans les deux formules
différentes qui accompagnent le geste. Ici à Rome, la procession
pénitentielle du mercredi des Cendres part de Saint-Anselme pour se conclure
dans cette Basilique Sainte-Sabine, où a eu lieu la première station
quadragésimale. A ce propos, il est intéressant de rappeler que l'antique
liturgie romaine, à travers les stations quadragésimales, avait élaboré une
géographie singulière de la foi, en partant de l'idée que, avec l'arrivée
des apôtres Pierre et Paul et avec la destruction du Temple, Jérusalem
s'était transférée à Rome. La Rome chrétienne était entendue comme une
reconstruction de la Jérusalem du temps de Jésus à l'intérieur des murs de
l'Urbs. Cette nouvelle géographie intérieure et spirituelle, inhérente à la
tradition des églises « stationnelles » du Carême, n'est pas un simple
souvenir du passé, ni une vaine anticipation de l'avenir; au contraire, elle
entend aider les fidèles à parcourir un chemin intérieur, le chemin de la
conversion et de la réconciliation, pour parvenir à la gloire de la
Jérusalem céleste où habite Dieu.
Chers frères et sœurs, nous avons quarante jours pour approfondir cette
extraordinaire expérience ascétique et spirituelle. Dans l'Evangile qui a
été proclamé, Jésus indique quels sont les instruments utiles pour accomplir
l'authentique renouvellement intérieur et communautaire : les œuvres de
charité (l'aumône), la prière et la pénitence (le jeûne). Ce sont trois
pratiques fondamentales chères également à la tradition hébraïque, parce
qu'elles contribuent à purifier l'homme devant Dieu
(cf. Mt 6, 1-6.16-18).
Ces gestes extérieurs, qui sont accomplis pour plaire à Dieu et non pour
obtenir l'approbation ou l'assentiment des hommes, sont acceptés de Lui
s'ils expriment la détermination du cœur à le servir, avec simplicité et
générosité. Cela nous est rappelé également par une des Préfaces
quadragésimales où, à propos du jeûne, nous lisons cette expression
singulière: « ieiunio... mentem eleva: par le jeûne, tu élèves ton esprit »
(Préface IV).
Le jeûne, auquel l'Eglise nous invite en ce temps fort, ne naît certes pas
de motivations d'ordre physique ou esthétique, mais provient de l'exigence
que l'homme a d'une purification intérieure qui le désintoxique de la
pollution du péché et du mal ; qui l'éduque à ces renonciations salutaires
qui affranchissent le croyant de l'esclavage de son moi ; qui le rende plus
attentif et disponible à l'écoute de Dieu et aux services de ses frères.
C'est pour cette raison que le jeûne et les autres pratiques quadragésimales
sont considérées par la tradition chrétienne comme des « armes »
spirituelles pour combattre le mal, les mauvaises passions et les vices. A
ce sujet, je suis heureux de réécouter avec vous un bref commentaire de
saint Jean Chrysostome. « Comme à la fin de l'hiver – écrit-il – revient la
saison estivale et le marin tire le bateau à la mer, le soldat nettoie ses
armes et entraîne son cheval pour la lutte, l'agriculteur affile sa faux, le
pèlerin revigoré se prépare à son long voyage et l'athlète dépose ses
vêtements et se prépare à la compétition ; ainsi, nous aussi, au début de ce
jeûne, comme une sorte de retour à un printemps spirituel, nous affûtons les
armes comme les soldats, nous affilons la faux comme les agriculteurs, et
comme les maîtres d'équipage nous remettons en ordre le navire de notre
esprit pour affronter les flots des absurdes passions, comme des pèlerins
nous reprenons le voyage vers le ciel et comme des athlètes nous nous
préparons à la lutte en nous dépouillant de tout »
(Homélies au peuple
antiochien, n. 3).
Dans le message pour le Carême, j'ai invité à vivre ces quarante jours de
grâce particulière comme un temps « eucharistique ». En puisant à la source
intarissable de l'amour qu'est l'Eucharistie, dans laquelle le Christ
renouvelle le sacrifice rédempteur de la Croix, chaque chrétien peut
persévérer sur l'itinéraire que nous entreprenons aujourd'hui
solennellement. Les œuvres de charité (l'aumône), la prière et le jeûne en
même temps que tout autre effort sincère de conversion trouvent leur plus
haute signification et valeur dans l'Eucharistie, centre et sommet de la vie
de l'Eglise et de l'histoire du salut. « Que ce sacrement que nous avons
reçu, ô Père - ainsi prierons-nous au terme de la messe -, nous soutienne
sur le chemin quadragésimal, qu'il sanctifie notre jeûne et le rende
efficace pour la guérison de notre esprit ». Nous demandons à Marie de nous
accompagner afin qu'au terme du Carême, nous puissions contempler le
Seigneur ressuscité, intérieurement renouvelés et réconciliés avec Dieu et
avec nos frères. Amen !
Sources: -
www.vatican.va
-
E.S.M.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.02.2007 - BENOÎT XVI |