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Une vie avec Ratzinger
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Le 22 décembre 2014 -
(E.S.M.)
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Cadeau de Noël!! Une longue et belle interview du Père Horn un
religieux salvatorien, ex-doctorant et ex-assistant du Professeur
Ratzinger à Ratisbonne, et aujourd'hui, entre autre, président du
Schülerkreis.
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27 février 1977, au
monastère de Weltenburg (Bavière) - le prof. Ratzinger avec Karl Rahner,
l'abbé et les doctorants de Ratisbonne (archive Institut Papst Benedikt,
Ratisbonne)
PÈRE HORN, UNE VIE AVEC RATZINGER
Le 22 décembre 2014 - E.
S. M. -
Il y a des rencontres qui changent la vie. Ce fut le cas pour le Père
Stephan Otto Horn, religieux salvatorien, quand en 1970, il fit la
connaissance du prof. Joseph Ratzinger, devenu très vite «père d'une famille
théologique et même spirituelle».
Le Père Horn, qui a été étudiant et assistant universitaire de Ratzinger à
Ratisbonne et qui est maintenant chargé de protéger le travail et la pensée
du pape émérite à travers l'engagement dans les diverses institutions qui
portent son nom, définit cette rencontre et l'entrée dans le Cercle des
étudiants comme «une des plus grandes grâces que j'ai reçues dans ma vie»
Dans cette interview - que nous offrons à nos lecteurs dans l'imminence de
Noël - le Père Horn, professeur émérite de théologie fondamentale, fait
revivre les souvenirs des années universitaires, la naissance du
Schülerkreis, et s'arrête sur l'héritage théologique de Benoît XVI.
* * *
- Père Horn, comment avez-vous rencontré le prof. Ratzinger?
« J'ai effectué mes études à Passau, une belle ville sur la frontière [de
l'Allemagne] avec l'Autriche, où étudiaient les salvatoriens, la
congrégation à laquelle j'appartiens. Mon professeur de théologie dogmatique
pensait que je pourrais être son successeur ... Quand je suis allé à
Ratisbonne rencontrer pour la première fois le prof. Ratzinger, il ne savait
pas qu'à Munich, j'avais été doctorant chez Michael Schmaus, celui qui avait
fait d'énormes difficultés, pour l'empêcher d'obtenir son habilitation de
professeur d'université. Cela a été une des grandes crises dans la vie du
jeune Ratzinger, qui désirait depuis toujours être professeur. Mais ensuite,
il a réussi et il a même rétabli une bonne relation avec Schmaus. Quand je
suis allé chez Ratzinger, je n'étais pas au courant de toutes ces choses, je
me suis présenté et nous avons parlé de ma thèse.
- En quelle année était-ce?
« C'était au début de 1970. Il était arrivé à Ratisbonne à l'automne 1969.
Il m'a accepté sans problème, avec beaucoup de bienveillance, bien que je
vienne d'une théologie différente. Et c'était pareil pour les 25 étudiants
qui avaient l'intention de faire leur thèse avec lui. Nous nous rencontrions
toutes les deux à trois semaines, pas à l'université, mais au séminaire et
nous avions l'impression qu'en lui, la théologie et la spiritualité étaient
unies. La rencontre commençait par une messe, au cours de laquelle notre
professeur, ou l'un d'entre nous, prononçait l'homélie. Après quoi, nous
discutions tous ensemble. Il craignait qu'il pût s'avérer problématique pour
nous de ne pas être guidés personnellement, mais à travers ces réunions, où
chacun présentait son étude, puis discutait avec une grande liberté, mais
également intensément. Lorsque nous avancions quelque propositions,
Ratzinger ne donnait pas une réponse immédiate, mais ensuite, il pouvait
résumer nos discours mieux que nous n'aurions pu le faire nous-mêmes, en
ajoutant ses réflexions. Lui, pourtant, ne s'imposait pas: il avait une
pensée extrêmement claire, mais on discutait toujours librement. Il voulait
juste s'assurer de la vérité et tout se passait avec une grande simplicité.
Il a toujours été un peu timide, mais avec nous cette timidité ne se
ressentait pas.
- Quel était le sujet de votre thèse?
« Ma thèse pour l'habilitation comme professeur d'université portait sur
Léon le Grand et le Concile de Chalcédoine, d'un point de vue
ecclésiologique, traitant donc de la relation entre le successeur de Pierre
et un Concile. J'enquêtais sur un fait historique, mais aussi sur la
relation entre Rome et Constantinople, entre Rome et l'Eglise d'Orient, et
donc un thème œcuménique. Le Concile de Chalcédoine montre comment ce que le
successeur de Pierre dit s'accorde avec ce que les autres évêques présents à
un Concile peuvent faire. Un thème historique, donc, mais en même temps
utile, en particulier pour le dialogue entre l'Eglise catholique et
l'Orthodoxie.
- Et après votre habilitation?
« Deux ans après notre première rencontre, le prof. Ratzinger m'a appelé
pour être son assistant, un rôle que j'ai rempli de 1972 à 1977, quand il
alla à Münich comme archevêque. Je suis resté là, même après, pour une
courte période, et lui, comme archevêque, venait de temps en temps pour
suivre ses derniers doctorants. Plus tard ont commencé les réunions
annuelles du Schülerkreis, le Cercle des étudiants.
- C'est à ce moment-là qu'est né le Schülerkreis?
« Non, il est né plus tard, en 81, vers la fin de son ministère de cardinal
archevêque de Münich. En réalité, il est difficile de donner une date
précise: d'abord il y avait eu des réunions et des discussions avec les
étudiants. Au début de 1978, quelques mois après son ordination épiscopale
et la nomination comme cardinal, nous avons rassemblé tout le monde, pas
seulement les doctorants de Ratisbonne, mais aussi ceux de Bonn, Münster et
Tübingen, puisque dans chaque université où il avait enseigné, il avait son
groupe. Ça, c'était la première fois, puis quelques années plus tard, nous
avons commencé à le faire régulièrement. Déjà à Tübingen, puis à Ratisbonne,
Ratzinger organisait une réunion de ses étudiants, avec un autre professeur,
impliquant de grands théologiens comme Hans Urs von Balthasar et Karl Barth
et d'autres. À la fin de chaque année universitaire, une rencontre se tenait
dans un endroit différent, à laquelle il invitait un autre grand théologien
à tenir des conférences, afin que nous puissions discuter avec des
professeurs protestants, des philosophes, ... De cette expérience sont nés
les colloques avec lui, auxquels il invitait toujours un professeur, et au
cours desquels on priait, étudiait et discutait, à chaque fois sur un thème
différent.
- Combien étiez-vous, tous les doctorants, en 1978?
« A Ratisbonne, nous étions environ 25 entre doctorants et habilitants. À la
naissance du Schülerkreis au total, nous étions plus que 50.
- Quels sont les points fondamentaux de la théologie de Ratzinger?
« Nous avons toujours eu l'impression que Ratzinger était un théologien
dogmatique et un professeur de théologie fondamentale, mais en même temps un
exégète, qui a étudié et beaucoup médité la Parole de Dieu, l'Ancien et le
Nouveau Testament. Pour nous, c'était l'exemple d'un théologien dans la
ligne du Concile Vatican II, selon laquelle l'Ecriture Sainte est le
fondement et l'âme de toute la théologie, en particulier à la lumière des
premiers Pères de l'Église: la Parole de Dieu et l'Eglise ont été
étroitement liés dans sa pensée. La théologie est fondée sur la Sainte
Écriture, mais l'Écriture est aussi interprétée depuis le centre de la foi
de l'Eglise. Ce n'est pas une exégèse isolée de l'Église, mais qui vit dans
l'Église et qui est interprétée en elle. En outre, selon Ratzinger, les
premiers théologiens sont les saints, qui n'étudient pas la parole de Dieu,
mais l'assument avec tout leur cœur et toute leur vie. Ils sont les premiers
exégètes et les théologiens doivent donc se fonder sur la science des
saints. C'est sa ferme conviction. La théologie, par conséquent, doit
toujours être liée à une vraie spiritualité.
- Il y a des penseurs qui ont influencé le développement de la théologie de
Ratzinger?
« Certaines grandes pensées, il les avait prises de saint Augustin, sur
lequel il avait fait sa première thèse, développant également une théologie
de l'Eucharistie: le centre de l'Église est l'Eucharistie, c'est le Christ
qui nous attire à Lui quand Il se donne à nous, nous sommes tous attirés par
Lui, et nous sommes unis en Lui. Et donc l'Église n'est pas seulement le
peuple de Dieu, mais c'est le peuple de Dieu comme corps du Christ, parce
que nous sommes unis dans le Christ. Le Christ est le centre de l'Eglise et
nous transforme en Lui-même et ainsi, l'Eglise grandit dans l'Eucharistie.
Donc, l'Eucharistie est le centre de l'Eglise - ceci est une conviction
fondamentale - et ainsi entre en dialogue avec les théologiens orthodoxes
qui ont une ecclésiologie eucharistique. Mais pour eux, chaque Eglise est
complète en elle-même, alors que pour Ratzinger l'Eucharistie célébrée dans
l'Église locale rend l'Église pleinement présente lorsque l'Eglise locale
est unie à l'Eglise universelle. C'est une différence notable et nous
essayons de développer les relations entre l'Eglise catholique et
l'Orthodoxie à travers une théologie eucharistique approfondie.
Une autre grande pensée dérive de Bonaventure: la révélation n'est pas
seulement une somme de vérités qui se transmettent au fil du temps, mais
c'est l'autorévélation de Dieu à nous, et donc une histoire entre Dieu et
l'homme. Dieu nous parle et nous recevons la révélation et celle-ci s'achève
seulement dans la foi: la révélation est dans le cœur qui s'ouvre à Dieu qui
se révèle à l'homme. Donc, c'est un dialogue, peut-on dire. Schmaus pensait
que c'était du subjectivisme: quand Dieu se révèle à l'homme, chacun le
reçoit à sa manière et c'est une grande difficulté. Selon Ratzinger,
pourtant, cette révélation n'est pas destinée seulement à une personne, mais
au peuple de Dieu, à l'Eglise, qui est le sujet de la révélation et le
subjectivisme est donc exclu.
- Dans votre vie, Père Horn, y a-t-il un avant et un après Ratzinger?
« Comme jeune étudiant, je nourrissais le désir de comprendre la théologie
et j'ai eu un grand professeur, Alois Winkllhofer, qui, avant le Concile,
nous a ouvert la voie pour le Concile. Vatican II, pour moi, n'a pas été une
rupture, mais une évolution. Et puis avec Ratzinger est venu pour moi un
nouveau développement. Avec lui, tout a été très intense, nourrissant amour
pour l'Eglise et amitié entre nous tous. Une expérience de vie, sans
laquelle je n'aurais jamais pu être professeur: là est venue la vraie joie
d'être un théologien. En 77, je suis rentré à la maison, chez les
salvatoriens, et pendant un semestre, j'ai été professeur à Passau. Puis, je
suis allé à Augusta (ndt: Augsbourg?), en 81, comme professeur de théologie
dogmatique et en 86 à nouveau à Passau, comme professeur de théologie
fondamentale.
- Et aujourd'hui, vous êtes émérite de Théologie fondamentale ...
« Oui, depuis 99, je suis vieux ...
- Mais ainsi, vous avez pu mieux vous acquitter de votre implication dans
les différentes réalités de la diffusion de l'œuvre et de la pensée du
théologien Ratzinger ... Pouvez-vous nous l'illustrer, ainsi que les
diverses initiatives que vous réalisez?
« Je voudrais d'abord dire un mot sur les réunions du Schülerkreis. Moi et
le professeur Siegfried Wiedenhofer, derniers assistants de Ratzinger, nous
avons préparé les premières réunions du Schülerkreis, chaque année dans un
endroit différent, en particulier en Bavière, mais aussi dans d'autres
parties de l'Allemagne. Mais devenant progressivement un engagement trop
lourd pour le cardinal Ratzinger, nous avons commencé à nous rencontrer près
de Ratisbonne, durant la période de ses vacances, fin Août ou début
Septembre, et lui venait au colloque depuis son domicile de Pentling. Quand
il a été élu pape, il nous a invités une fois à Castel Gandolfo. Nous lui
avons un peu forcé la main, et nous lui avons demandé de le faire chaque
année, comme avant ...
- Et cela continue?
« Dans un sens, oui, parce que nous nous trouvons à Castel Gandolfo, puis
nous le rencontrons au Vatican, non seulement pour la messe, mais aussi pour
un moment personnel: tout le monde peut le saluer et il parle à tout le
monde. C'est une grande joie pour nous, mais aussi pour lui, car il se sent
comme le père d'une famille théologique et même spirituelle.
- Combien êtes-vous aujourd'hui, dans le Cercle?
« Certains sont morts, d'autres sont malades ou trop vieux et ne peuvent pas
intervenir. Ceux qui ont la possibilité de participer sont environ 30-35,
mais le plus souvent il manque quelqu'un.
- Revenons aux différentes institutions qui diffusent la théologie et la
spiritualité du théologien Ratzinger.
« Déjà avant son élection comme pape, nous voulions faire en sorte que sa
théologie reste vivante et nous avons décidé de créer une Fondation. Cela
s'est produit en 2007, avec la Joseph Ratzinger Papst Benedikt XVI -Stiftung,
à Münich. En réponse à la nécessité de chercher de jeunes théologiens qui
étudient la théologie de Ratzinger, en 2008, nous avons ensuite fondé un
autre Cercle d'étudiants, auquel nous avons donné le nom de Nouveau
Schülerkreis. Ils ont un nom similaire, et donc ils se voient pris dans
cette famille, même s'ils ne sont pas des ex-élèves, mais des élèves d'une
autre manière. Ils se réunissaient également à Castel Gandolfo, mais quand
Papa Ratzinger nous rejoignait pour discuter de théologie, il préférait que
sa famille théologique reste seule avec lui, et ils discutaient séparément.
Mais aujourd'hui, après la renonciation du Saint-Père, nous nous sommes
réunis pour les discussions théologiques, même s'ils ont un jour pour
eux-mêmes, tout comme nous en avons un. Nous faisons un échange
d'expériences théologiques, spirituelles, pastorales et donc pas seulement
de théologie, mais aussi de vie. Enfin le dimanche, nous rencontrons le
Saint-Père pour l'Eucharistie.
- Quel est le thème de cette année (ndt: pour la rencontre de 2015)?
« Normalement, le Schülerkreis, lors de la réunion à Castel Gandolfo,
propose trois arguments et les noms de plusieurs personnalités pour l'année
suivante. Après la rencontre, je vais voir le Saint-Père pour les lui
présenter. Cette fois, après une réflexion ultérieure, fin Novembre, le Pape
émérite Benoît a choisi le thème «Comment parler aujourd'hui de Dieu», en
invitant le professeur
Tomás Halík, un prêtre tchèque, un homme spécial, avec différentes
expériences du monde moderne.
- Comment opèrent les divers instituts que vous avez évoqués?
« Le cardinal Ratzinger a toujours voulu que tous ces instituts qui
travaillent pour sa théologie et sa spiritualité n'agissent pas isolément et
pas non plus l'un contre l'autre, parce que d'une certaine manière ils sont
unis. Par conséquent, nous - la Fondation de Münich - sommes en relation
avec l'Institut Papst Benedikt XVI de Ratisbonne, qui s'occupe de la
publication de ses œuvres complètes et organise chaque année un colloque sur
le livre qui est publié. Nous travaillons avec eux, certains d'entre nous
sont insérés dans cet institut et le nouvel évêque de Ratisbonne, d'une
certaine façon fait partie de notre Fondation. Ainsi, les deux instituts
sont liés. Ils voulaient aussi que l'un de nous fasse partie du conseil
d'administration de la Fondation du Vatican et j'ai été élu, parce que je
parle italien et que je représente la Stiftung, avec un autre collègue. Nous
sommes également en relation avec la fondation de la ville où est né le
Saint-Père, Marktl am Inn, dénommée Stiftung Geburtshaus Joseph Ratzinger,
qui chaque année promeut un symposium auquel nous participons.
- Quelle est la relation avec la Fondation vaticane Joseph Ratzinger -
Benoît XVI?
« Nous sommes reconnaissants à la Fondation vaticane, en particulier parce
qu'elle nous a beaucoup aidé dans l'organisation de deux colloques en
Afrique, les deux sur le "Jésus de Nazareth". Ces deux rencontres ont obtenu
d'excellents résultats. La première a eu lieu au Bénin, en Septembre 2013,
en français. Ce fut un grand événement, au cours de l'Année de la Foi. Cette
année, nous sommes allés à
Morogoro (Tanzanie), en mars, dans une université fondée par ma
Congrégation pour les religieux qui ne pouvaient pas étudier dans les
séminaires, car ils étaient pleins. Un colloque en anglais avec près de 500
participants et parmi eux cinq évêques et beaucoup de religieux et de sœurs.
Au Bénin, le cadre était plus scientifique, plus pastoral en Tanzanie, avec
un niveau accessible à tous. En Afrique, normalement, il n'y a pas la
possibilité de lire beaucoup de Ratzinger, les livres sont chers ... Nous
avons offert une introduction à sa théologie en vue de la grande œuvre
qu'est le "Jésus de Nazareth" et ils l'ont accueilli avec une immense joie.
L'enthousiasme était vraiment remarquable, parce qu'ils ne connaissaient pas
encore la théologie de Ratzinger, avec sa grande richesse, également
spirituelle et cela a ouvert les cœurs. Nous ressentons donc le devoir et
l'engagement de travailler davantage dans cette ligne. Nous voulons à
présent préparer, si possible, un colloque à Berlin, sur les grandes
questions sociales et politiques, les discours importants du Saint-Père à
Ratisbonne, Berlin, Paris, Londres et d'autres ... Ceci est un grand défi,
qui aura peut-être lieu l'année prochaine.
- Vous venez de fêter vos 80 ans ...
« Cela fut une grande surprise pour moi quand à la fin de la Rencontre de
cette année, après l'Eucharistie avec le Saint-Père, on m'a donné un livre,
je ne savait pas ... Un livre réalisé par le Nouveau Schülerkreis avec
d'autres, parmi lesquels le cardinal Koch et le cardinal Schönborn, qui a
écrit l'introduction. Il s'intitule "Dienst und Einheit" (Unité et Service),
et recueille des études sur la primauté de Pierre, sous l'aspect œcuménique.
Le fil rouge de l'ouvrage - qui a été édité par Michaela C. Hastetter et
Christoph Ohly, porte-parole du Nouveau Schülerkreis - est l'étude de la
théologie de l'office pétrinien développée par Joseph Ratzinger.
- Après une existence consacrée à la théologie et à la prière, que
comprend-on de la vie et de la foi? Qu'avez-vous envie de dire aux jeunes,
et plus généralement aux hommes ordinaires?
« Ce que je voudrais dire? Jeune théologien, j'ai considéré comme très
utile, voire nécessaire, d'avoir trouvé un professeur qui a été pour moi un
guide personnel. Un jeune théologien a peut-être beaucoup de questions et
aussi beaucoup d'obscurités, et pouvoir parler à des hommes qui sont un
exemple sacerdotal et de vrai théologien a été pour moi un grand bénéfice.
Pour nous, élèves de Ratzinger, en outre, avoir trouvé des amis qui vivent
dans une certaine fraternité a été une vraie, une très grande grâce, et je
pense que pour les jeunes d'aujourd'hui, il est encore plus nécessaire
d'avoir des amis qui d'un côté discutent de théologie, mais de l'autre ont
une expérience de vie commune, de vie spirituelle. Aujourd'hui, en Allemagne
aussi il y a des jeunes qui cherchent une relation étroite avec
l'Eucharistie et qui désirent des moments de silence et d'adoration, et
ensuite une relation personnelle avec Jésus. Il me semble opportun qu'il
existe de telles possibilités d'entrer dans la foi, c'est-à-dire des
rencontres au cours desquelles on illustre le centre de la foi, on peut
poser des questions et parler de la foi et des difficultés qui s'y
rattachent, et avec l'Église. Nous devons offrir ces possibilités aux
jeunes, afin qu'ils puissent grandir. Mais aussi des moments de silence
devant le Christ eucharistique, suivis d'un échange d'opinions. Ces
expériences sont très utiles, peut-être plus que dans notre temps.
Naturellement la théologie peut présenter des difficultés pour la foi: il y
a tellement de théologiens et de diversité de pensées. Mais trouver un grand
théologien qui est à la fois un homme d'église et un homme de spiritualité
et étudier une théologie comme celle du Pape Benoît ou de théologiens
semblables à lui, peut vraiment être d'une grande aide pour un jeune.
Théologie et spiritualité, théologie et Eglise: quand tout cela va ensemble,
c'est une grande aide.
Comme jeune théologien, j'ai peu faire partie de ce Cercle d'étudiants qui
ont accompli des recherches théologiques; mais là sont également nées des
amitiés et moi qui suis un religieux, j'ai aussi ma famille religieuse. Mais
ces deux éléments de ma vie n'ont jamais été opposés, l'un a soutenu
l'autre, et cela m'a beaucoup aidé dans mon existence. Bien sûr, l'une des
plus grandes grâces que j'ai reçues dans ma vie est d'avoir rencontré
Ratzinger d'une manière si forte.
- Concluons justement avec un souvenir de votre relation avec le prof.
Ratzinger ...
« Nous avons entretenu des discours amicaux, il s'est toujours intéressé à
mon activité et à celle du Schülerkreis ... Mais je me souviens que lorsque
j'étais son assistant, je m'occupais aussi des étudiants étrangers,
provenant peut-être d'un autre continent. Il voulait que je noue des
relations avec eux, que je connaisse leurs difficultés. Il s'intéressait
également aux moyens financiers de les soutenir. Une fois, un étudiant ne
voulait pas accepter d'aide et Ratzinger lui a dit: «Celui qui ne veut pas
accepter, ne devrait pas donner». Celui qui n'est pas assez humble pour
accepter quelque chose d'un autre, ne peut pas donner quelque chose aux
autres. Si je suis prêt à recevoir un don de l'autre, alors, dans cette
humilité du 'recevoir', je peux aussi donner. L'étudiant qui m'a raconté
cette histoire n'a jamais oublié la leçon.
Luca Caruso
Sources : www.fondazioneratzinger.va Traduction
benoit-et-moi
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.22.2014
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