Le Pape Benoît XVI célèbre les vêpres
pour les étudiants des universités de Rome |
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Le 22 décembre 2009 -
(E.S.M.)
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Dans l'après-midi du jeudi 17 décembre 2009, le Pape Benoît XVI a rencontré
les étudiants des universités de Rome, à l'occasion du traditionnel
rendez-vous à l'approche de Noël, lors des vêpres célébrées dans la
basilique Saint-Pierre. Au cours de la célébration, le Saint-Père a prononcé
l'homélie suivante:
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Le pape Benoît XVI
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Le Pape Benoît XVI célèbre les vêpres
pour les étudiants des universités de Rome
La charité intellectuelle au service de l'homme et de la société
Le 22 décembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Dans l'après-midi du jeudi 17 décembre 2009, le Pape Benoît XVI a rencontré
les étudiants des universités de Rome, à l'occasion du traditionnel
rendez-vous à l'approche de Noël, lors des vêpres célébrées dans la
basilique Saint-Pierre. Au cours de la célébration, le Saint-Père a prononcé
l'homélie suivante:
Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat,
Mesdames et Messieurs,
chers frères et sœurs!
Quelle sagesse naît à Bethléem? C'est cette question que je voudrais vous
poser, ainsi qu'à moi-même, à l'occasion de cette traditionnelle rencontre
avant Noël avec le monde universitaire romain. Aujourd'hui, au lieu de la
Messe, nous célébrons les vêpres, et l'heureuse coïncidence avec le début de
la neuvaine de Noël nous fera chanter dans quelques instants la première des
antiennes dites grandes antiennes:
"O Sagesse, sortie de la bouche
du Très Haut,
qui enveloppez toutes choses
d'un pôle à l'autre
et les disposez avec force
et douceur,
venez nous enseigner
le chemin de la prudence" (Liturgie des Heures, Vêpres
du 17 décembre).
Cette merveilleuse invocation s'adresse à la "Sagesse", figure centrale dans
les livres des Proverbes, de la Sagesse et du Siracide, qui sont appelés
précisément d'après elle "sapientiels" et dans lesquels la tradition
chrétienne perçoit une préfiguration du Christ. Cette invocation devient
véritablement stimulante et même provocante lorsque nous nous trouvons
devant à la crèche, c'est-à-dire au paradoxe d'une Sagesse qui, "sortie de
la bouche du Très Haut", est couchée enveloppée de langes dans une mangeoire
(cf. Lc 2, 7.12.16).
Nous pouvons déjà anticiper la réponse à la question initiale: ce qui naît à
Bethléem est la Sagesse de Dieu. Saint Paul, en écrivant aux Corinthiens,
utilise cette expression: "une sagesse de Dieu, mystérieuse"
(1 Co 2, 7), c'est-à-dire qui est dans un dessein divin, qui est
demeurée longtemps cachée et que Dieu lui-même a révélée dans l'histoire du
salut. Dans la plénitude des temps, cette Sagesse a pris un visage humain,
le visage de Jésus qui - comme le récite le Symbole des apôtres - "a été
conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce
Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux Cieux, est assis à
la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants
et les morts". Le paradoxe chrétien consiste précisément dans
l'identification de la Sagesse divine, c'est-à-dire le Logos éternel, avec
l'homme Jésus de Nazareth et avec son histoire. Il n'y a pas de solutions à
ce paradoxe sinon dans la parole "Amour", qui dans ce cas doit être
écrite naturellement avec un "A" majuscule, s'agissant d'un Amour qui
dépasse infiniment les dimensions humaines et historiques. La Sagesse que
nous invoquons ce soir est donc le Fils de Dieu, la deuxième personne de la
Très Sainte Trinité; c'est le Verbe qui, comme nous le lisons dans le
Prologue de Jean, "était au commencement avec Dieu", et même, "était
Dieu", qui avec le Père et l'Esprit Saint a créé toutes choses et "s'est
fait chair" pour nous révéler le Dieu que personne ne peut voir
(cf. Jn 1, 2-3.14.18).
Chers amis, un professeur chrétien, ou un jeune étudiant chrétien, porte en
lui l'amour passionné pour cette Sagesse! Il lit tout à sa lumière; il en
perçoit les traces dans les particules élémentaires et dans les vers des
poètes; dans les codes juridiques et dans les événements de l'histoire; dans
les œuvres artistiques et dans les formules mathématiques. Sans Elle, rien
n'a été fait de tout ce qui existe (cf. Jn 1, 3)
et on peut donc en apercevoir un reflet dans toute chose créée, bien
évidemment selon des degrés et des modalités différentes. Tout ce qui est
perçu par l'intelligence humaine peut l'être car, d'une certaine façon et
dans une certaine mesure, elle participe de la Sagesse créatrice. C'est ici,
en dernière analyse, que réside également la possibilité même de l'étude, de
la recherche, du dialogue scientifique dans tous les domaines du savoir.
A ce point, je ne peux éviter une réflexion sans doute un peu dérangeante
mais utile pour nous qui sommes ici, et qui appartenons pour la plupart au
monde académique. Demandons-nous: qui était présent - la nuit de Noël - dans
la grotte de Bethléem? Qui a accueilli la Sagesse lorsqu'elle est née? Qui
est accouru pour la voir, l'a reconnue et adorée? Pas les docteurs de la
loi, des scribes ou des sages. Il y avait Marie et Joseph, puis les
pasteurs. Qu'est-ce que cela signifie? Jésus dira un jour: "Oui Père car
tel a été ton bon plaisir" (Mt 11, 26): tu
as révélé ton mystère aux petits (cf. Mt 11, 25).
Mais alors, il ne sert à rien d'étudier? Ou bien est-il nuisible, et même
contre-productif de connaître la vérité? L'histoire de deux mille ans de
christianisme exclut cette hypothèse, et nous suggère celle qui est
correcte: il s'agit d'étudier, d'approfondir les connaissances en conservant
une âme de "petits", un esprit humble et simple, comme celui de Marie,
"Siège de la Sagesse". Combien de fois avons-nous eu peur de nous approcher
de la Grotte de Bethléem car nous étions préoccupés que cela soit un
obstacle à notre sens critique et à notre "modernité"! Au contraire, dans
cette Grotte, chacun de nous peut découvrir la vérité sur Dieu et celle sur
l'homme. Toutes deux se sont rencontrées en cet Enfant, né de la Vierge: le
désir de vie éternelle de l'homme a attendri le coeur de Dieu, qui n'a pas
eu honte d'assumer la condition humaine.
Chers amis, aider les autres à découvrir le véritable visage de Dieu est la
première forme de charité, qui prend pour vous la forme de la charité
intellectuelle. J'ai appris avec plaisir que cette année, le chemin de la
pastorale universitaire diocésaine aura pour thème: "Eucharistie et
charité intellectuelle". Un choix difficile, mais approprié. En effet,
dans chaque célébration eucharistique, Dieu vient dans l'histoire en Jésus
Christ, dans sa Parole et dans son Corps, en nous donnant cette charité qui
nous permet de servir l'homme dans son existence concrète. Le projet "Une
culture pour la ville" offre également une proposition prometteuse de
présence chrétienne dans le domaine culturel. Tandis que je souhaite que
votre itinéraire soit fructueux, je ne peux manquer d'inviter toutes les
universités à être des lieux de formation d'authentiques artisans de la
charité intellectuelle. C'est d'eux que dépend largement l'avenir de la
société, surtout dans l'élaboration d'une nouvelle synthèse humaniste et
d'une nouvelle capacité d'élaborer des projets (Encyclique
Caritas in Veritate, n. 21). J'encourage tous les
responsables des institutions académiques à aller de l'avant ensemble, en
collaborant à la construction de communautés dans lesquelles tous les jeunes
puissent se former à être des hommes mûrs et responsables pour réaliser la "civilisation
de l'amour".
Au terme de cette célébration, la délégation universitaire australienne
remettra à la délégation africaine l'icône de Marie Sedes Sapientiae. Nous
confions à la Très Sainte Vierge tous les universitaires du continent
africain, ainsi que l'engagement à la coopération qui, au cours de ces mois,
après le synode spécial pour l'Afrique, se développe entre les universités
de Rome et les universités africaines. Je renouvelle mon encouragement pour
cette nouvelle perspective de coopération et je souhaite que de celle-ci
puissent naître et croître des projets culturels capables de promouvoir un
véritable développement intégral de l'homme. Chers amis, puisse Noël tout
proche vous apporter joie et espérance, ainsi qu'à vos familles et à tout le
milieu universitaire, à Rome et dans le monde entier.
Texte original du
discours du Saint Père
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Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 22/29 décembre 2009)
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.12.2009 -
T/Benoît XVI
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