La fidélité de Saint Joseph |
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Le 22 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
La justice de Joseph ne consiste pas tant dans sa délicatesse à vouloir
répudier de manière secrète sa fiancée, que dans la fidélité à sa parole
et à son engagement vis à vis de Marie, jusqu’à accepter de porter
l’affront et l’injustice qu’il suppose de sa part.
(commentaire de l'évangile du jour)
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Georges
de La Tour. "L’Apparition de l’Ange à saint Joseph" appelé également :
"Le songe de saint Joseph" : "Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton
épouse". vers 1640.
Musée des Beaux-Arts de Nantes. France.
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La fidélité de Saint Joseph
Dimanche 23 décembre 2007 |
Matthieu
1,18-24 |
Voici quelle fut l'origine
de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage
à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par
l'action de l'Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer
publiquement ;
(...) |
Marie va mettre au monde un fils , Emmanuel, « Dieu avec nous ». Joseph, en
accueillant sur la parole de l’ange l’œuvre de l’Esprit Saint en Marie,
permet que cette présence divine soit rédemptrice pour l’humanité : « Tu lui
donneras le nom de Jésus : Le Seigneur Sauve ».
Si aujourd’hui la maternité divine s’actualise dans l’Église dont Marie
apparaît en quelque sorte comme l’icône, la paternité putative de Joseph
doit être l’œuvre de nos communautés chrétiennes. Pour permettre au monde de
découvrir le visage rédempteur du Christ, il faut inscrire la vie du Fils de
Dieu dans notre propre lignage humain tout comme Joseph, selon la loi
mosaïque, prérogative paternelle, l’inscrivit dans sa descendance davidique
en lui donnant son nom, Jésus. Ce nom, Joseph ne le choisit pas lui-même, il
le reçoit de l’ange, cela souligne que la réalisation du salut est toujours
une initiative divine , même si la collaboration humaine est sollicitée.
Le texte met aussi en valeur la justice de Joseph. A cette époque, les
fiançailles engageaient suffisamment l’un envers l’autre les futurs pour
qu’elles ne puissent être rompues que par un acte juridique public. La
justice de Joseph ne consiste pas tant dans sa délicatesse à vouloir
répudier de manière secrète sa fiancée, que dans la fidélité à sa parole et
à son engagement vis à vis de Marie, jusqu’à accepter de porter l’affront et
l’injustice qu’il suppose de sa part. La fidélité à ses engagements, telle
est, à l’image de la justice divine, la justice de Joseph. Elle le conduit à
connaître et à participer au projet de Dieu. Ainsi, Noël, mystère de paix et
de justice, nous interroge sur notre fidélité au Christ.
Combien de situations d’injustices supposées ou réelles peuvent conduire à
répudier publiquement l’Église ? Ce n’est pas tant l’infidélité des autres
qui importe que notre propre fidélité à nos engagements. S’il n’en était pas
ainsi, Jésus, dans la fidélité à son Père, ne serait pas mort sur la croix,
signe de notre réelle infidélité à son alliance, pour nous sauver. De même
sans cette justice divine, les fêtes de Noël seraient vidées de leurs sens :
le pardon et la vie.
L’histoire des hommes a malheureusement montré et montre encore combien la
dissociation voire l’exclusion de ces deux aspects de Noël l’un de l’autre,
exprimés par le double nom donné au Christ « Dieu avec nous » et « le Seigneur
sauve », peut être source de fanatisme et de mort.
En respecter l’unité fonde un authentique dialogue œcuménique et favorise
une véritable évangélisation.
Don Bruno Attuyt, curé
Eloge de St. Joseph (IVè dimanche de l'Avent)
Écrit par P. Michel Gitton
Toutes les années où revient l’évangile de Saint Matthieu qui nous raconte
comment Joseph s’est laissé convaincre de reprendre chez lui Marie son
épouse qui était enceinte, je redoute les interprétations malveillantes
souvent formulées à ce propos. Quand on ne fait pas de ce « juste » un gros
balourd à qui on peut raconter n’importe quoi et qui le croit, on
sous-entend pour le moins qu’il y a eu au moins un moment où il a douté de
la vertu de Marie, finissant par se laisser convaincre par l’ange de
l’origine divine de l’enfant. Comment cela serait-il possible ? Est-ce digne
de la Vierge Marie de laisser ignorer à l’homme qui avait accepté de
partager sa vie l’évènement qui avait tout bouleversé en elle ? Peut-on
croire sérieusement qu’il n’a pas été le premier informé et qu’il aurait dû
attendre que la grossesse ne puisse plus passer inaperçue pour que Marie, à
la fin, finisse par tout avouer ? Ne projetons pas sur la Sainte Famille les
péripéties qui malheureusement parsèment trop souvent nos existences, soyons
sérieux : l’amour de Marie et de Joseph était d’une autre trempe.
Et d’abord regardons le texte. La déclaration de l’ange comporte en premier
lieu un ordre : « ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ». Et
ceci est justifié par deux points : « ce qui a été engendré en elle vient de
l'Esprit Saint », et « elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de
Jésus ». En grec, le deuxième membre de phrase comporte une particule qui
permet de comprendre ces deux affirmations comme liées ensemble : « certes
(et tu le sais déjà)
l’enfant qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint
(et c’est pour cela que tu
veux te retirer, te sentant indigne de participer à une aventure qui te
dépasse), mais
(tu as une mission à remplir) elle enfantera un fils auquel tu
donneras le nom de Jésus ». La révélation du ciel porte au moins autant sur
le deuxième aspect que sur le premier, qui était certainement déjà connu de
Joseph. Mais le point important pour lui, c’est qu’il a, contre toute
attente, un rôle à jouer.
Ceci jette un jour singulier sur la vie de Marie et de Joseph. Je reste
persuadé (je sais que ce
n’est pas l’avis de tout le monde) que Marie avait fait,
antécédemment à ses « fiançailles » avec Joseph, un vœu de chasteté, ou
quelque chose d’équivalent. Sinon je ne vois pas comment on peut comprendre
son étonnement à l’annonce d’une naissance prochaine
(« je ne connais point d’homme
») : d’accord, aurait pu lui répondre Gabriel, tu n’en « connais
» pas pour l’instant (tu
n’as pas de relations conjugales), mais ça va bientôt venir
puisque vous allez habiter ensemble. Le sens qui me parait seul raisonnable
est de penser que Marie, inspirée sans doute par les courants « baptistes »
qui se répandaient en Galilée à l’époque et proposaient une existence
radicalement disponible pour la venue du Messie, avait formé ce projet dans
son cœur, trouvant en Joseph l’homme « juste » qui comprenait et partageait
cette intention, acceptant de la prendre chez lui pour lui assurer une
existence extérieurement normale. Sa question se comprend alors comme un
besoin d’éclaircissement : elle avait perçu la virginité comme son chemin
devant Dieu, fallait-il remettre en cause cette intention et mener une vie
intégralement conjugale ? La réponse de l’ange lui montre la voie paradoxale
qui unit pour elle ces deux vocations.
Joseph, en tout cela, n’en est que plus admirable. Sa confiance en Marie est
sans faille : il a accepté le projet de vivre dans la continence près d’elle
toute sa vie, et il accueille encore ce qu’elle lui dit de l’annonce de l’Ange
et de la future naissance. Son premier renoncement se double d’un deuxième :
non seulement il n’aura pas d’enfant, mais Marie en aura un sans lui ! Son
désir de la laisser aller, encore une fois, n’est pas inspiré par le
soupçon, mais par le respect : il y a là un mystère qui le dépasse. Il
admire tellement Marie qu’il ne veut pas lui nuire ou l’encombrer. Il faut
qu’il parte !
Et il faut que l’ange lui montre la situation sous un autre jour pour qu’il
accepte de revenir sur son projet et assume la situation, immensément
heureux, au fond de lui-même, de rester près de celle qu’il aime et de
pouvoir servir l’Enfant inespéré qui va naître.
Apprenons de lui la confiance en Dieu, qui est aussi
ici confiance en Marie.
Michel GITTON
(site Scola saint Maur)
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.12.2007 - BENOÎT XVI
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