Billet de Mgr Ulrich commentant l'encyclique du pape Benoît XVI |
 |
Le 22 décembre 2007 -
(E.S.M.) -
L’espérance chrétienne se contente-t-elle d’affirmer des vérités ? On peut
dire au contraire qu’elle propose des comportements pratiques et concrets.
Commentaires de Mgr Ulrich.
|
La
cathédrale de Chambéry -
Pour agrandir l'image:
►
C'est ici
Billet de Mgr Ulrich commentant l'encyclique du pape Benoît XVI
"Sauvés dans l'espérance"
Lundi 24 décembre 2007
Billet de Mgr Ulrich
L’acte du Pape Benoît XVI qui nous donne une deuxième encyclique est
solennel et il nous dit les pensées qui animent le pasteur dans sa
responsabilité à l’égard de l’Église. Il n’est pas dans mon intention de
résumer ou de commenter ses propos. Tout au plus me revient-il de suggérer
quelques clés pour y introduire.
Pourquoi parler de l’espérance chrétienne ? Non seulement le Saint Père
poursuit l’objectif de nous rappeler nos fondamentaux, et de traiter de
l’espérance après avoir parlé de la charité dans sa première encyclique,
mais en outre nous saisissons que le propos chrétien sur l’espérance est
difficile à accueillir aujourd’hui. Nous comprenons que nos contemporains
sont à la recherche d’un bonheur pour eux-mêmes, et pour le temps de cette
vie terrestre ; mais il est clair que le bonheur d’une vie éternelle pour
tous les hommes du passé, du présent et du futur n’entre pas dans les
conceptions largement partagées. D’ailleurs, l’espérance chrétienne est
souvent comprise comme une idée sans effet sur la vie concrète.
Que peut-on dire de cette espérance chrétienne ? Il faut d’abord qu’elle
propose un but qui rende le chemin désirable, y compris s’il doit comporter
des épreuves, et des douleurs. C’est dire qu’elle ne se contente pas d’être
un exposé abstrait, mais qu’elle correspond à une expérience personnelle,
une expérience vécue et bonne : ce que l’on espère, on commence dès
maintenant à le vérifier, à le vivre, à le posséder en quelque sorte. Le
Pape Benoît XVI ici introduit quelques exemples, de saint Augustin à sainte Joséphine Bakhita, pour montrer comment l’espérance qu’ils ont trouvée a transformé,
pacifié la vie de ces chrétiens, et en a fait des vies rayonnantes. Et c’est
la découverte même de Dieu qui aime, du Maître qui fait vivre, du Sauveur
qui ne domine pas, qui est la source de l’espérance. La foi est une
espérance, elles se confondent en quelque sorte.
Mais si cette expérience est personnelle, est-elle pour autant subjective ?
Une impression, voire une illusion ? C’est bien sûr une objection très
actuelle : chacun a son expérience et sa vérité. La raison permet de voir
comment l’espérance chrétienne a été à l’origine de transformations du monde
qui sont réelles et de progrès qui n’ont pas annulé la liberté de chaque
homme de construire sa vie dans l’amour. Au contraire, les idéologies des
siècles récents ont voulu poursuivre des projets qui n’auraient trouvé leur
réalisation que dans les générations futures – excluant ainsi ceux qui
peinent aujourd’hui. On peut dire autrement : elles se présentaient comme
des constructions purement structurelles qui ne sollicitaient point
l’adhésion du cœur ou de l’amour.
Cette expérience est-elle seulement individuelle ? On veut dire par là :
l’espérance que les chrétiens ont découverte dans la présence active du
Sauveur ne s’applique-t-elle qu’à chacun, n’est-elle valable que pour les
personnes qui en ont reçu la grâce ? Autrement dit : chacun n’a que la
préoccupation de s’en sortir soi-même. Non ! l’espérance chrétienne a
toujours visé à inclure les autres dans le bienfait qu’elle procure.
L’Église qui se constitue en réponse à l’appel du Rédempteur se présente
toujours comme une préfiguration de l’humanité tout entière appelée au
salut.
L’espérance chrétienne se contente-t-elle d’affirmer des vérités ? On peut
dire au contraire qu’elle propose des comportements pratiques et concrets.
En premier lieu, une prière qui la maintient vive : on espère que les hommes
ne seront pas conduits à des impasses, à des malheurs insensés, à des façons
de vivre perpétuellement injustes. Et au contraire qu’ils trouveront en Dieu
la source d’un bonheur de vivre et d’être ouverts les uns aux autres.
Ensuite, on croit que la compassion naît de l’espérance ; si l’autre compte
pour moi, je peux espérer pour lui une vie qui le comble, et porter avec
lui, par compassion, la souffrance qu’il éprouve : c’est s’introduire
ensemble dans une espérance vivante.
Enfin, l’espérance donne sens aux combats que l’on mène pour l’établissement
de la justice, en collaboration avec tous ceux qui luttent pour
l’amélioration de ce monde même. Ce que l’on espère, c’est de n’avoir pas
agi en vain, même si les apparences sont contraires, même si tant
d’événements, de douleurs et d’injustices donnent le sentiment de
l’inutilité.
Certes, ce texte de Benoît XVI ne semble pas avoir jusqu’à présent touché
les esprits, et d’abord les médias, comme l’a fait sa première encyclique «
Dieu est amour » ; elle n’en aborde pas moins un thème essentiel de notre
témoignage, pour lequel notre catéchèse mérite d’être renouvelée, et notre
méditation approfondie.
+ Laurent Ulrich
Archevêque de Savoie
L'Encyclique
►
"Spe Salvi" du pape Benoît XVI
Sources:
http://catholique-savoie.cef.fr/
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/Sp.S. |