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19 Avril 2005
 

Le pape Benoît XVI, le sage mésopotamien et le judaïsme

 

Le 22 novembre 2007 - (E.S.M.) - Benoît XVI a évoqué les 23 discours ou Démonstrations d'Aphraate et nous précise, sans s'y attarder, qu'il a traité "du rapport entre judaïsme et christianisme". Nous avons cherché ce que ce sage mésopotamien avait pu écrire à ce sujet et voici ce que nous avons trouvé.

Début du siège de Jérusalem - Pour agrandir l'image: C'est ici

Le pape Benoît XVI, le sage mésopotamien et le judaïsme

Aphraate n’a écrit qu’un seul livre : les Démonstrations, composé de 23 discours dans lesquels il traite de divers thèmes de vie chrétienne dont un important traité sur le rapport entre judaïsme et christianisme. Aphraate n'a qu'une seule source d’inspiration : l’Écriture (l’ancien et le nouveau Testaments).

Hier, lors de sa catéchèse le pape Benoît XVI nous a entretenu de l'œuvre de ce Père de l'Église, bien peu connu du commun des mortels, qui constitue l'œuvre la plus ancienne de la littérature ascétique, qui suivit de près l'établissement du monachisme dans la Mésopotamie, celle d'Aphraate, surnommé le Sage persan. (4ème s.)

Aphraate possédait à fond les écritures et était au courant de l'exégèse juive et chrétienne de l'Ancien Testament, comme on le voit par ses dernières homélies dirigées contre les juifs. Il vivait au milieu de la persécution de Sapor II, et il nous a transmis des dates certaines pour l'histoire de ces temps.

Benoît XVI évoque ses 23 discours ou Démonstrations et nous précise, sans s'y attarder, qu'il a traité "du rapport entre judaïsme et christianisme". Nous avons cherché ce que ce sage mésopotamien avait pu écrire à ce sujet et voici ce que nous avons trouvé.

Il vécut en disciple des Écritures selon sa propre définition et transmis par écrit ses enseignements sur la vie spirituelle et sur le rapport entre christianisme et judaïsme.

Israël rejeté ou Israël délaissé ? Les deux termes ne sont pas synonymes. Le premier veut exclure, le second évoque la douloureuse expérience de l'amoureux bafoué qui, dans sa déception, délaisse l'infidèle, avec le secret espoir qu'elle reviendra à ses premières amours. Aphraate connaît trop bien les prophètes, en particulier Osée, Isaïe et Jérémie, pour ne pas adopter d'emblée ce vocabulaire de la passion.

« Et pour que tu saches que Dieu les a vraiment délaissés, Isaïe dit encore à leur sujet : J'ai délaissé mon peuple, la maison de Jacob [Is 2, 6] En effet, il en est deux qu'Isaïe appelle Jacob : l'un qui marche à la lumière du Seigneur, l'autre qui est délaissé ».

« De ce qu'il les a délaissés, Jérémie dit : J'ai délaissé ma maison, j'ai délaissé mon héritage [Jr 12, 7], et il dit encore : J'ai donné à la fille de mon peuple un libelle de répudiation » [Jr 3, 8].

Dans la très belle traduction des Exposés, faite par M.-J. Pierre et publiée par Sources Chrétiennes, ces paragraphes sont sous-titrés improprement : Preuves scripturaires du rejet, ce qui ne correspond pas au contenu du texte. Pourquoi ne pas s'en tenir au vocabulaire amoureux si cher aux prophètes ? Dans ce monde de la passion rien n'est définitif, tout peut recommencer.

Pourtant Aphraate emploie aussi quelquefois le verbe rejeter, par exemple il écrit : « Les juifs avaient été choisis, et ils furent rejetés ». Il cite également cette redoutable invective de Jérémie parlant de ses compatriotes : « Argent de rebut, voilà comme on les nomme » [Jr 6, 30]. Dans l'Antiquité on avait le sens de la métaphore, ici une métaphore à double face : Israël est un métal précieux, de l'argent, ce qui est une façon de reconnaître son excellence, mais le fondeur n'a pas réussi à purifier cet argent de ses scories, il a été déçu et l'a mis au rebut. L'époux, lui aussi, avait été déçu, c'est pourquoi il a délaissé ; d'ailleurs les deux expressions sont explicitement rapprochées. Évidemment Aphraate applique la métaphore aux juifs de son temps, car l'Écriture doit toujours être lue au présent.

Mais, bien sûr, ces questions de vocabulaire ne sont pas fondamentales. Pourquoi donc Israël serait-il, sinon rejeté, du moins délaissé ? Telle est bien la véritable question. Aphraate se donne beaucoup de mal pour montrer que Dieu a racheté son peuple deux fois, en le ramenant d'Égypte puis de Babylone, mais qu'il ne le fera pas une troisième fois. Les catastrophes nationales des années 70 et 135 sont interprétées par lui et par bien d'autres comme un immense séisme religieux qui change la face du monde. C'est la main de Dieu qui punit les juifs et donne raison aux chrétiens. Le fait qu'au temps d'Aphraate, après plus de deux siècles, les juifs soient toujours en exil, montre de façon évidente qu'Israël est délaissé par Dieu comme une épouse infidèle. A contrario, l'insolente santé du christianisme lancé à la conquête du monde est la preuve que Dieu a changé de camp, qu'il est passé du peuple aux peuples, d'Israël aux Nations. Cette théologie providentialiste est au cœur de toutes les apologétiques chrétiennes de ce temps. L'exposé 19 est entièrement consacré à ce sujet qui devait être au centre des vives controverses entre juifs et chrétiens.

D'ailleurs, ce que Dieu rejette, d'après Aphraate, ce n'est pas Israël, ce sont les sacrifices et les fêtes juives. Il faut dire que, sur ce thème, les prophètes lui facilitent la tâche ! Le Sage persan qui est également le disciple des Saintes Écritures, constitue une impressionnante collection de citations, à commencer par Isaïe et Amos :

« Que m'importent vos innombrables sacrifices ?
Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux.
Le sang des taureaux et des boucs me répugne.
Cessez de m'apporter des offrandes inutiles leur fumée m'est en horreur.
Nouvelles lunes, sabbats, assemblées, je ne supporte plus fête et solennité
» [Is 1, 11-13].

« Je hais, je méprise vos fêtes, pour vos solennités j'ai du dégoût.
Vos oblations je n'en veux pas, vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde pas
». [Am 5, 21-22].

Il cite également : Is 66, 3 ; Jr 3, 16 ; Jr 6, 20 ; Os 2, 13 ; Os 12, 12 ; Mi 6, 6-8 ; Za 7-6 ; Ps 50, 13-15 ; Ps 51, 18-19 ; Lam 2, 6 ; Prov 15, 8 ; 1 Sam 3, 14 ; 1 Sam 15, 22.

Et de conclure :
"Vois, mon ami, les sacrifices et les offrandes ont été rejetés, et à leur place, a été choisie la prière"
(Exposés, n°13, 1-2.13 - trad. cf SC 359, p. 589s)

C'est pour cela que, hier, Benoît XVI a rappelé qu'un aspect majeur de l'œuvre d'Aphraate est son enseignement sur la prière, et en particulier sur le Christ comme maître de prière. (Catéchèse de Benoît XVI, mercredi 21 novembre 2007 )
 

Sources: Pour une large part, les passages ont été empruntés à Rubens Duval

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie, sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 22.11.2007 - BENOÎT XVI - T/BRÈVES

 

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