Motu Proprio de Benoît XVI : Une
liturgie pour tous |
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Le 22 septembre 2008 - (E.S.M.) -
Un rite liturgique n'est jamais figé. Pour que la forme extraordinaire
ne devienne pas un objet de musée, il est nécessaire qu'elle vive en
intégrant des choses nouvelles comme les nouveaux saints, par exemple.
Voici quelques propositions qui n'engagent que leur auteur.
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Motu Proprio de Benoît XVI : Une liturgie pour tous
Entre tradition et crispation
Le 22 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Les combats pour la « messe de toujours » - expression, avouons-le, peu
rigoureuse - ont inévitablement cristallisé les énergies et les sentiments
sur le point où elle en était restée : le missel de 1962, promulgué par Jean XXIII. La tentation se fait jour de faire de ce missel un absolu et un point
fixe intangible. Or, et c'est le cœur de mon propos, j'ai la conviction que
cette forme du rite peut rayonner, à condition de n'être pas figée. Pourquoi
?
Tout d'abord, rappelons-le, la liturgie s'est sans cesse enrichie, au cours
des siècles, de nouveaux apports qui donnent à la messe dite de saint Pie V
sa structure composite qui est le vivant et émouvant témoignage de
l'histoire du christianisme occidental. Rappelons que l'offertoire comme
nous le connaissons est daté du IXe siècle et l'élévation du Xe. La musique
liturgique a considérablement évolué ainsi que la manière de prononcer les
homélies tout comme les ornements liturgiques. C'est
d'ailleurs le propre d'une tradition que d'être vivante, comme le
rappelle le pape Benoît XVI.
Une première raison qui pourrait pousser à introduire des changements dans
l'état actuel de la forme extraordinaire du rite est la modification
nécessaire du calendrier. Je n'évoque pas ici la difficile question de la
différence des lectures entre les deux formes du rite. Je
pense plutôt aux nouveaux saints de l'Église dont il serait désolant que la
forme extraordinaire ne les célèbre pas : Edith Stein, Maximilien Kolbe,
Padre Pio n'ont-ils pas leur place dans la liturgie traditionnelle ? Je
suggère donc une mesure un peu audacieuse : que les moines ou prêtres
liturgistes, adeptes de la forme extraordinaire, composent de nouveaux
propres dans la grande tradition du rite romain. Cela donnera un coup
de jeune
à cette forme liturgique et prouvera à ceux qui en doutent
qu'elle est parfaitement adaptée à notre temps.
Une autre raison est de s'approprier le gros point positif de la réforme
liturgique, à savoir le souci de l'enseignement et de la participation des
fidèles qui rencontre le besoin profond d'une nouvelle génération de
catholiques, plus familiers de la lecture de la Parole de Dieu. Pourquoi
lire l'Évangile en latin avant de le lire en français
(et d'ailleurs on ne le fait pas pour l'épître!),
au risque d'en faire un temps mort qui ne favorise ni la prière silencieuse
ni la méditation de la Parole ? Dans l'ordre de la participation des
fidèles, confier la récitation du Pater au seul célébrant peut sembler
dommageable : cette prière que Jésus nous a enseignée est par définition
celle du peuple de Dieu rassemblé pour la liturgie. De même il ne serait pas
inutile d'introduire dans les messes de paroisse le baiser de paix qui a une
signification ecclésiologique considérable et qui pourrait être reçu et
donné liturgiquement
(notamment en descendant du célébrant aux fidèles).
Une liturgie pour tous ?
Cela m'amène à élargir la question : pense-t-on que la forme extraordinaire
est réservée à une élite ou ouverte à tout le monde ? Je suis quant à moi
persuadé qu'elle peut convenir à n'importe quel catholique
(de même que la forme ordinaire peut toucher un habitué de
la forme extraordinaire, quand elle est dite dans les conditions liturgiques
requises). Mais encore faut-il qu'elle puisse être
reçue par des catholiques qui ne sont pas des experts en liturgie, par des
familles qui peuvent trouver un enrichissement dans ce trésor à condition
qu'il soit à leur portée. Autant les moments de silence de l'offertoire et
du canon sont des points forts de la forme extraordinaire auxquels, me
semble-t-il, il faut éviter de toucher, autant certaines adaptations peuvent
être envisagées sans porter atteinte au cœur de cette liturgie.
Je vous livre ici un témoignage personnel : l'abbé Bénéfice, curé de
Malaucène, ami de Dom Gérard, célébrait, à la fin des années 70, la messe de
saint Pie V, malgré la pression de son évêque. Messe des Anges, canon en
silence, mais toutes les lectures en français, de l'Introït à la
postcommunion. Je garde un merveilleux souvenir d'enfant de ces messes à la
fois très traditionnelles et très adaptées à une assistance pleine de bonne
volonté mais peu concernée par le « combat liturgique ». Je ne veux surtout
pas ici faire de règles générales. Mais entre la liturgie d'un monastère,
celle des églises desservies par des prêtres Ecclesia Dei pour des
fidèles qui ont un souci liturgique particulièrement aigu et celle que, par
exemple, des prêtres diocésains pourraient proposer à leurs ouailles, il
peut y avoir des différences légitimes. D'ailleurs, des variantes ont
toujours existé : on ne chantait pas la même chose autrefois dans les
couvents et dans les paroisses. Ainsi, chanter la Passion en latin aux
Rameaux ou le Vendredi Saint, est sans doute adapté à un monastère,
peut-être à certaines paroisses, vraisemblablement pas à la
majorité des messes des familles. Je songe enfin à tout ce qui
parasite la célébration de la forme extraordinaire et donne à celui qui la
découvre un sentiment de désuet qui la dessert. Faut-il conserver comme un
dépôt de la foi le corpus de chants hérité du XIXe siècle et
s'interdire quelques chants contemporains souvent bien inspirés ? Certains le font
déjà, notamment à l'instigation des fidèles qui sont de plus en plus "décloisonnés".
Le pape
Benoît XVI l'a dit : la forme extraordinaire du rite a vocation à être un
étalon d'exigence liturgique; elle est un don pour l'Église qui ne doit en
aucun cas être galvaudée et traitée à la légère. Mais elle n'est pas un rite
séparé et nul ne peut mépriser l'existence de la forme ordinaire. Il faudra
donc être dans les évolutions à la fois prudent et généreux. Cette
générosité passe aussi sans doute par le fait que ceux qui aiment la forme
extraordinaire apprennent à connaître, à respecter, et peut-être à aimer, la
liturgie de la forme ordinaire. C'est ainsi que parallèlement, un certain
nombre de prêtres diocésains pourront découvrir en confiance la messe
traditionnelle et y apporter leur touche pastorale. C'est l'enjeu majeur à
court terme. La forme extraordinaire n'a pas vocation à être cantonnée à des
ghettos, mais à rayonner dans l'Église tout en apportant sa pierre à la
réforme de la réforme voulue par Benoît XVI. Par souci d'unité de l'Église,
tradition ne doit plus
rimer avec crispation.
par François Huguenin
François Huguenin (né en 1965), historien, politologue et
journaliste français. Diplômé de Sciences-Po.
Un bilan d'abord... psychologique - Quel bilan tirer un an après le Motu
Proprio Summorum Pontificum du pape Benoît XVI ?
Christian Marquant, président d'Oremus..
Christian Marquant - Le bilan n'est pas d'abord un bilan chiffré mais en
premier lieu un bilan psychologique. Les mentalités ont changé : ce que l'on
croyait explicitement ou implicitement interdit ne l'est plus, bien plus ne
l'a jamais été! Ce changement est significatif chez les clercs. Nous avons
toujours connu des séminaristes ou des prêtres qui, en secret, se
définissaient comme "proches" de la tradition... Aujourd'hui nous en
rencontrons au moins dix fois plus et ce n'est plus tabou d'aimer cette
vénérable liturgie.
Ce changement se retrouve chez les fidèles : avant seules quelques "Grandes
gueules" osaient dire à leurs curés leur attachement aux anciennes formes
liturgiques et la plupart se taisaient. Aujourd'hui un tsunami se prépare
car ce ne sont plus d'abord les "tradis" qui demandent l'application de
Summorum Pontificum mais bien plus les très nombreuses familles qui
jusqu'alors avaient suivi docilement leur curé mais qui, aujourd'hui,
veulent bénéficier de la forme extraordinaire du rite romain dans leurs
paroisses et pas ailleurs.
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Sources : LA NEF, n°196 Septembre 2008
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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22.09.2008 -
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