La foi, l’histoire et la science
avancent de concert |
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Le 22 juillet 2008 -
(E.S.M.) - Le président de l’Islamic Culture and Relation
Organization de Téhéran, Mahdi Mostafavi, parle après la rencontre
des représentants de l’islam chiite avec le Conseil pontifical pour le
Dialogue interreligieux
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Benoît
XVI avec Mahdi Mostafavi
La foi, l’histoire et la science avancent de concert
DIALOGUE ISLAM-CHRISTIANISME
Interview de Mahdi Mostafavi par
Giovanni Cubeddu
Mahdi Mostafavi est le président de l’“Islamic Culture and Relation
Organization”, l’organisme d’État iranien consacré au dialogue
interreligieux et culturel. Le Pape Benoît XVI l’a reçu en audience, lui et
la délégation qu’il dirige, au terme de la rencontre qui, en avril dernier a
confronté les experts iraniens et le Conseil pontifical pour le Dialogue
interreligieux, dirigé par le cardinal Jean-Louis Tauran.
Le thème de votre colloque
a été “Foi et raison dans le christianisme et dans l’islam”. Un hommage au
pape Benoît XVI ?
MAHDI MOSTAFAVI: Il est notoire que cela fait – heureusement – des années
que nous entretenons de bons rapports avec le Saint-Siège, et cette réunion
est la sixième qui a lieu au Vatican entre chiites et catholiques. En
réalité, le thème “foi et raison” – dont nous
saisissons nous aussi toute l’importance – n’a pas été choisi par volonté du
Pape Benoît XVI, mais parce qu’il est intéressant pour les deux
parties, comme nous avons déjà pu le constater. Il est très utile de
discuter de sujets qui nous satisfassent mutuellement, parce que cela nous
permet de connaître la mentalité de l’interlocuteur et aussi parce qu’en
écoutant on s’approche toujours plus de la vérité. Les thèmes que nous avons
examinés par le passé ont été la vision islamique et chrétienne de la
modernité, du pluralisme religieux et des principes qui gouvernent le paix.
Toutes rencontres très intéressantes et fructueuses qui ont montré qu’il
existe une vision commune dans différents domaines, particulièrement quand
on est disposé à s’entendre et à se comprendre réciproquement.
Quel est, en résumé, le
point de vue iranien ?
MOSTAFAVI: Dans le monde d’aujourd’hui, il faut
prendre soin de la raison, de la connaissance et de la spiritualité.
Le débat s’est concentré sur ce thème et les deux parties ont conclu que
l’on ne peut comprendre des phénomènes religieux aussi vastes sans une étude
approfondie: il faut avoir une bonne connaissance des contenus de la foi,
quand il s’agit de religions importantes…
Vous avez aussi analysé ce
problème de grande importance aujourd’hui: “Foi et raison face au phénomène
de la violence”.
MOSTAFAVI: Cela nous a permis d’avoir un discussion animée, au terme de
laquelle nous pouvons affirmer que l’usage de la seule raison nous rapproche
de la violence, mais que le contraire est aussi vrai;
à savoir que si nous suivons la foi sans raison, nous nous approchons aussi
de la violence. Foi et raison doivent marcher unies, sans se renier
réciproquement, parce qu’elles vivent dans le besoin l’une de l’autre. Dans
le christianisme comme dans l’islam, l’importance de cette complémentarité a
bien des fois été rappelée.
L’Iran ne retient que
rarement aujourd’hui l’attention des medias internationaux, sauf sur la
question nucléaire. Nous voudrions, nous, vous demander s’il existe un débat
théologique dans votre pays sur les thèmes qui font l’objet de ce dernier
colloque.
MOSTAFAVI: Oui, il y a certainement entre nous, croyants, des opinions et
points de vue différents. Mais aujourd’hui, en Iran, la majeure partie de
nos fidèles et des intellectuels pense de la façon que nous avons rapportée
à Rome. Il y a une même vision des choses, aussi bien dans nos universités
que dans les écoles religieuses de Qom. Vous trouverez des publications
nombreuses et variées sur ce thème.
Dans les points finaux sur
lesquels les deux délégations se sont mises d’accord est exprimée la
nécessité que chrétiens et musulmans aillent au-delà de la pure “tolérance”
et qu’il soit tenu compte de la “diversité des contextes historiques”. Bref,
on dialogue mieux si l’on respecte l’histoire.
MOSTAFAVI: Selon moi, si les religions discutent de la science et se parlent
de façon raisonnable et sincère, elles peuvent se rapprocher beaucoup plus.
Pour nous, Iraniens, si le judaïsme, le christianisme et l’islam se
rapprochent, il n’y aura jamais de problème. Des problèmes peuvent
éventuellement venir des adeptes de ces religions, s’ils exagèrent, ou s’ils
ont une foi incertaine, ou encore s’ils ne savent pas comment utiliser la
raison. Le problème du monde d’aujourd’hui est représenté par la
sécularisation qui a fait que Dieu et la religion ont été séparés de la
société; et là où il n’y a ni la foi ni de bons rapports entre foi et
raison, la société devient très rigide. L’inverse est aussi possible: des
problèmes naissent dès lors qu’il y a des religieux extrémistes qui mettent
de côté la raison et la foi. Mais ce n’est pas là le comportement des
prophètes: ceux-ci ont toujours soutenu que raison et foi doivent aller de
concert. Et si les fidèles suivaient les préceptes des prophètes, nous
n’aurions jamais ces problèmes. Les guerres n’ont jamais été engagées par
les intellectuels sincères.
Comment développer des
initiatives communes entre catholiques et chiites ?
MOSTAFAVI: Nous avons discuté au Vatican d’initiatives scientifiques,
culturelles et artistiques, en vue de la prochaine rencontre, et nous avons
repéré différents terrains fertiles sur lesquels travailler ensemble. Nous
cherchons à exploiter ces ententes possibles.
Sources : Giovanni Cubeddu - 30Jours
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