Benoît XVI n’a pas besoin, à Rome, de « palais
» pour le dialogue |
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Vatican, le 22 février 2008 - Benoît XVI a rappelé que l’Occident, en
censurant Dieu, ne peut pas dialoguer avec les autres cultures du monde,
qui restent déconcertées par notre sécularisation, comprise comme un
refus de la raison, du sacré, de Dieu précisément.
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Le Vatican
Benoît XVI n’a pas besoin, à Rome, de « palais » pour le dialogue : celui de
l’ONU à New York suffit et est déjà de trop.
Attention aux partisans du nouveau panthéon
De nos jours, font fureur les déclarations et les initiatives qui mettent
sur leur propre pavois l’étendard du « dialogue entre
les religions », en trouvant des partisans même chez ceux qui ont un
sens plus ou moins vague de la religion, et à plus forte raison du dialogue,
si ce n’est « pro domo sua ». L’idée n’est pas nouvelle, proposée de
nouveau récemment, de construire un « palais des religions ». Quelqu’un y
avait déjà pensé à la veille du Jubilé de l’An 2000. En général, ces
partisans sont d’anciens marxistes ou des marxistes d’après qui, mis à part
la critique contre les religions de Marx et de Feuerbach, s’improvisent, un
jour sur deux, les nouveaux empereurs de la « pax religiosa » et de
laïcité de l’État. Ils se déclarent ouverts et tolérants,
mais, au fond, ils désirent redimensionner le rôle du Catholicisme.
Nous préférons être avec l’Empereur Constantin qui écrivait : « Chacun
pourra suivre la religion, la plus adaptée à sa propre conscience ».
C’est une formule du célèbre Édit de Milan en 313, qui est, en embryon, la
reconnaissance de la liberté de conscience. Et une autre formule déclare : «
Pour donner aux Chrétiens et à tous les autres la possibilité de suivre
la religion que chacun voudra ». Des signes de tolérance, après des
vagues de persécutions, il y en avait déjà eu auparavant ; la nouveauté,
ici, est totalement et exclusivement dans le concept de liberté religieuse :
le droit de la « divinitas » d’être adorée comme elle le veut, fonde
chez les individus la possibilité de suivre la religions que chacun aurait
voulue (f. M. Sordi, I cristiani e l’impero romano,
Milano, Jaca Book).
C’est là le fondement de la laïcité de l’État, comme dit aujourd’hui :
l’État reconnaît une instance qui est différente de
lui, dont il n’est ni la source ni le modérateur de ses droits, et à
laquelle, en conséquence, il ne doit pas faire de «
concessions », et avec
laquelle il peut et il doit entrer en relation.
C’est là, en germe, cette idée de liberté et de démocratie qui reconnaît que
l’État n’est pas la source absolue du pouvoir. En conséquence, la liberté
religieuse n’est pas une concession qui naît de l’État : elle est au
contraire le propre du « moi », un droit inaliénable de la personne, et l’État
doit la reconnaître. Si l’on reconnaît que la divinité a le droit d’être
adorée, il en découle la liberté de tous de pratiquer leur propre culte et
leur propre foi religieuse selon leur conscience. Constantin a posé les
bases pour la reconnaissance des droits de tout homme, qui ne sont pas
conditionnés et dont on ne peut disposer. Il reconnaît en outre la liberté
de culte non seulement comme droit de chaque personne, mais comme droit
d’association, d’un corps social original, comme l’est l’Église. On
reconnaît le droits des Chrétiens à être Église. Certes, il la considère
comme fonctionnelle, avec un réalisme politique, pour l’unité de l’Empire ;
mais, en convoquant Nicée, et en affirmant la Divinité du Christ, il pose le
fondement de la caractéristique chrétienne par rapport à toutes les
religions.
La reconnaissance de la liberté religieuse, comme liberté de la personne, et
la liberté de l’Église vis-à-vis de l’État, permettent que se développe,
avec une force irrésistible, la vérité du Christianisme dans le monde
antique des dieux, par rapport au culte antique, au polythéisme du Panthéon,
dans lequel étaient admis les dieux.
L’affirmation de Dieu, son seulement unique, mais UN,
a une force énorme pour détruire les mythes, est une victoire sur la
superstition, sur le formalisme, sur la double vérité du culte public et du
scepticisme privé : le Christianisme surgit comme réconciliation entre
raison et religion.
Et précisément parce que la vérité n’est pas un mythe ou une formule
rituelle, ou encore une idéologie d’État, mais est « vir qui adest »,
pour Augustin, c’est-à-dire un Homme Présent, nous avons là la racine de la
tolérance. Le Christianisme a un rôle spécial à jouer, parce qu’il est la
plus universelle des religions : il ne limite pas à un lieu, à une époque, à
une langue donnée, même si l’enracinement historique de l’Incarnation est
fondamental. L’expérience éducative de l’Église est vraie pour tout le
monde.
Quant au concept de dialogue, il n’est rien d’autre, du moins pour les
Chrétiens, que la poursuite du grand dialogue commencé dès le début par le «
Logos », par l’intermédiaire des prophètes, et, durant ces deux
derniers millénaires, par l’Incarnation (cf. Lettre aux
Hébreux, 1, 1) : l’Évangile n’est-il pas le « dialogue entre Dieu
et l’homme », pour chaque génération ? Non pas entre les religions, qui est
en réalité une abstraction, en raison du fait qu’elles sont des systèmes
fermés sur eux-mêmes, mais entre les cultures, et, mieux encore, entre les
philosophies des hommes.
A Regensburg précisément, le Pape Benoît XVI a rappelé que nous avions un
besoin urgent de ce dialogue, en élargissant le concept de raison et son
usage. Ce n’est pas ici le lieu pour un approfondissement systématique. Il
a rappelé en outre que l’Occident, en censurant Dieu, ne peut pas dialoguer
avec les autres cultures du monde, qui restent déconcertées par notre
sécularisation, comprise comme un refus de la raison, du sacré, de Dieu
précisément.
Le soi-disant dialogue interreligieux a donc besoin d’un changement de
méthode : le signe donné par le Pape en Bavière va encore dans cette
direction. La question foi-raison, concerne
aujourd’hui aussi bien les musulmans que les chrétiens et les laïcs non
croyants, en Europe, et ailleurs. Que ceux qui sont d’accord sur
cette analyse s’unissent ! C’est aussi une indication du Pape Benoît XVI,
tracée déjà quand il était le Cardinal Ratzinger.
Il n’y a pas besoin, à Rome, de « palais » pour le dialogue : celui de l’ONU
à New York suffit et est déjà de trop.
Sources: www.vatican.va,
par l’abbé Nicola Bux et l’Abbé Salvatore Vitiello
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.02.2008 -
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