Benoît XVI présente ses vœux aux
membres de la Curie Romaine |
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Le 22 décembre 2009 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI a aujourd'hui rencontré les dirigeants de la
Curie romaine pour la traditionnelle séance de
présentation de vœux de Noël et a dressé un
bilan de cette année 2009.
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Le pape Benoît XVI
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Benoît XVI présente ses vœux aux
membres de la Curie Romaine
Le 22 décembre 2009 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a rencontré les dirigeants de la Curie
romaine pour la traditionnelle séance de présentation de vœux de Noël et a
dressé un bilan de cette année 2009.
Discours du Saint-Père
Messieurs les cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat
et dans le sacerdoce,
chers frères et sœurs,
La solennité du saint Noël, comme vient de le souligner le cardinal-doyen,
Angelo Sodano, est pour tous les chrétiens une occasion tout à fait
particulière de rencontre et de communion. Cet Enfant que nous rencontrons à
Bethléem nous invite à faire l'expérience de l'amour immense de Dieu, ce
Dieu qui est descendu du ciel et s'est fait proche de chacun de nous pour
faire de nous ses fils, membres de sa famille. Ce rendez-vous traditionnel
de Noël du Successeur de Pierre avec ses plus proches collaborateurs
constitue également une rencontre de famille, qui renforce les liens
d'affection et de communion, pour former toujours plus ce « Cénacle
permanent » consacré à la diffusion du Royaume de Dieu, comme cela vient
d'être rappelé. Je remercie le cardinal-doyen pour les paroles cordiales à
travers lesquelles il s'est fait l'interprète des vœux du Collège
cardinalice, des membres de la Curie romaine et du gouvernorat, ainsi que de
tous les représentants pontificaux qui sont profondément unis à nous pour
apporter aux hommes de notre époque cette lumière qui est née dans la
mangeoire de Bethléem. En vous accueillant avec une grande joie, je désire
également exprimer ma gratitude à tous pour le service généreux et compétent
que vous apportez au Vicaire du Christ et à l'Eglise.
Une autre année riche d'événements importants pour l'Eglise et pour le monde
touche à son terme. Avec un regard rétrospectif empreint de gratitude, je
voudrais en cette heure faire mémoire de quelques points-clés pour la vie
ecclésiale. De l'Année de saint Paul, nous sommes passés à l'Année
sacerdotale. De la figure imposante de l'apôtre des nations qui, frappé par
la lumière du Christ ressuscité, et par son appel, a apporté l'Evangile aux
peuples du monde, nous sommes passés à la figure humble du curé d'Ars qui,
pendant toute sa vie, est resté dans le petit village qui lui avait été
confié et qui toutefois, précisément dans l'humilité de son service, a rendu
largement visible dans le monde la bonté réconciliatrice de Dieu. A partir
de ces deux figures se manifeste la vaste portée du ministère sacerdotal et
il devient évident que c'est précisément ce qui est petit qui est grand et
que, à travers le service apparemment petit d'un homme, Dieu peut accomplir
de grandes choses, purifier et renouveler le monde de l'intérieur.
Pour l'Eglise, et pour moi personnellement, l'année qui se conclut a été
placée en grande partie sous le signe de l'Afrique. Il y a eu avant tout le
voyage au
Cameroun et en Angola. Il a été émouvant pour moi de ressentir la
grande cordialité avec laquelle le Successeur de Pierre, le Vicarius
Christi, a été accueilli. La joie festive et l'affection cordiale de ceux
qui sont venus à ma rencontre sur toutes les routes ne s'adressaient pas,
justement, à un hôte quelconque. Dans la rencontre avec le Pape, on a pu
percevoir l'Eglise universelle, la communauté qui embrasse le monde et qui
est réunie par Dieu à travers le Christ - la communauté qui n'est pas fondée
sur des intérêts humains, mais qui nous est offerte par l'attention
bienveillante de Dieu pour nous. Tous ensemble, nous formons la famille de
Dieu, frères et sœurs en vertu d'un unique Père: telle a été l'expérience
vécue. Et on faisait l'expérience que l'attention pleine d'amour de Dieu
dans le Christ pour nous n'appartient pas au passé et ne relève pas non plus
de théories savantes, mais est une réalité tout à fait concrète ici et
maintenant. C'est précisément Lui qui est au milieu de nous: c'est ce que
nous avons perçu à travers le ministère du Successeur de Pierre. Ainsi, nous
avons été élevés au-dessus du simple quotidien. Le ciel s'est ouvert, et
c'est ce qui transforme un jour en une fête. Et c'est dans le même temps
quelque chose de durable. Cela continue à être vrai, également dans la vie
quotidienne, que le ciel n'est plus fermé; que Dieu est proche; que dans le
Christ, nous appartenons tous les uns aux autres.
Le souvenir des célébrations liturgiques reste gravé de façon
particulièrement profonde dans ma mémoire. Les célébrations de la Sainte
Eucharistie ont été de véritables fêtes de la foi. Je voudrais mentionner
deux éléments qui me semblent particulièrement importants. Il y avait avant
tout une joie partagée, qui s'exprimait également à travers le corps, mais
de façon disciplinée et guidée par la présence du Dieu vivant. Ceci indique
déjà le deuxième élément: le sens du sacré, du mystère présent du Dieu
vivant a façonné, pour ainsi dire, chaque geste. Le Seigneur est présent -
le Créateur, Celui auquel tout appartient, dont nous provenons et vers
lequel nous marchons. De façon spontanée me sont venues à l'esprit les
paroles de saint Cyprien qui, dans son commentaire au Notre Père, écrit :
« Rappelons-nous que nous sommes sous le regard de Dieu posé sur nous. Nous
devons plaire aux yeux de Dieu, tant par l'attitude de notre corps que par
l'usage de notre voix » (De dom. or. 4 CSEL III 1 , p. 269). Oui, cette
conscience était présente: nous étions en présence Dieu. De cela ne découle
ni peur, ni inhibition, pas davantage une obéissance extérieure aux
rubriques, et encore moins une façon de se mettre en évidence les uns devant
les autres ou d'élever la voix de façon désordonnée. Il régnait plutôt ce
que les Pères appellent « sobria ebrietas »: être remplis d'une joie qui
demeure toutefois sobre et ordonnée, qui unit les personnes de l'intérieur,
en les conduisant à la louange communautaire de Dieu, une louange qui
suscite dans le même temps l'amour du prochain, la responsabilité
réciproque.
Naturellement, la rencontre avec mes frères dans le ministère épiscopal et
l'inauguration du synode pour l'Afrique à travers la remise de l'Instrumentum
Laboris, ont fait bien sûr partie du voyage en Afrique. Cela a eu lieu dans
le cadre d'une rencontre le soir de la fête de saint Joseph, une rencontre
au cours de laquelle les représentants de chaque épiscopat ont présenté de
façon émouvante leurs espérances et leurs préoccupations. Je pense que le
bon maître de maison, saint Joseph, qui sait bien personnellement ce que
signifie réfléchir, dans une attitude de sollicitude et d'espérance, sur les
chemins futurs de la famille, nous a écoutés avec amour et nous a
accompagnés jusqu'au synode lui-même. Jetons un bref regard sur le synode. A
l'occasion de ma visite en Afrique, la force théologique et pastorale du
primat pontifical comme point de convergence pour l'unité de la famille de
Dieu a d'abord été rendu évidente. Au cours du synode, est apparue encore
plus fortement l'importance de la collégialité - de l'unité des évêques, qui
reçoivent leur ministère précisément du fait qu'ils entrent dans la
communauté des successeurs des Apôtres: chacun est évêque, successeur des
apôtres, uniquement dans la mesure où il appartient à la communauté de ceux
dans lesquels se poursuit le Collegium Apostolorum dans l'unité avec Pierre
et avec son successeur. Comme dans les liturgies en Afrique, puis de
nouveau, à Saint-Pierre de Rome, le renouveau liturgique de Vatican II a
pris forme de façon exemplaire, ainsi, dans la communion du synode
l'ecclésiologie du Concile a été vécue de façon très concrète. Les
témoignages que nous avons pu écouter de la part des fidèles d'Afrique - des
témoignages de souffrance et de réconciliation concrète dans les tragédies
de l'histoire récente du continent - ont été également émouvants.
Le
Synode s'était proposé comme thème: l'Eglise en Afrique au service de la
réconciliation, de la justice et de la paix. Il s'agit d'un thème
théologique et surtout pastoral d'une actualité brûlante, mais qui pouvait
également être pris à tort pour un thème politique. Le tâche des évêques
était de transformer la théologie en pastorale, c'est-à-dire en un ministère
pastoral très concret, dans lequel les grandes visions de l'Ecriture Sainte
et de la Tradition sont appliquées à l'œuvre des évêques et des prêtres à un
moment et en un lieu déterminés. Mais il ne fallait pas pour cela céder à la
tentation de prendre personnellement en main la politique et de pasteurs, se
transformer en guides politiques. En effet, la question très concrète devant
laquelle les pasteurs se trouvent continuellement, est précisément celle-ci:
comment pouvons-nous être réalistes et pratiques, sans nous arroger une
compétence politique qui ne nous revient pas? Nous pourrions également dire
: il s'agissait de la question d'une laïcité positive, pratiquée et
interprétée de façon juste. Il s'agit là également d'un thème fondamental de
l'encyclique, publiée le jour de la fête des saints Pierre et Paul, «
Caritas in Veritate », qui a de cette façon repris et développé plus avant la
question qui concerne la place théologique et concrète de la doctrine
sociale de l'Eglise.
Les pères synodaux ont-ils réussi à trouver la voie plutôt étroite entre une
simple théorie théologique et une action politique immédiate, la voie du
« pasteur »? Dans mon bref discours en conclusion du synode, j'ai répondu par
l'affirmative, de façon consciente et explicite, à cette question.
Naturellement, dans l'élaboration du document post-synodal, nous devrons
faire attention à maintenir cet équilibre et à offrir ainsi la contribution
pour l'Eglise et la société en Afrique qui a été confiée à l'Eglise en vertu
de sa mission. Je voudrais tenter d'expliquer cela brièvement à propos d'un
point précis. Comme je l'ai déjà dit, le thème du synode désigne trois
grandes paroles fondamentales de la responsabilité théologique et sociale:
réconciliation - justice - paix. On pourrait dire que réconciliation et
justice sont les deux présupposés essentiels de la paix et qu'ils
définissent également dans une certaine mesure sa nature. Limitons-nous à la
parole «réconciliation». Un regard sur les souffrances et les difficultés de
l'histoire récente de l'Afrique, mais également dans de nombreuses autres
régions de la terre, montre que les oppositions non résolues et profondément
enracinées peuvent conduire, dans certaines situations, à des explosions de
violence dans lesquelles tout sens d'humanité semble avoir disparu. La paix
ne peut se réaliser que si elle conduit à une réconciliation intérieure.
Nous pouvons considérer comme un exemple positif d'un processus de
réconciliation en voie de réussite l'histoire de l'Europe après la deuxième
guerre mondiale. Le fait que depuis 1945, en Europe occidentale et centrale,
il n'y a plus eu de guerre se fonde certainement de façon déterminante sur
des structures politiques et économiques intelligentes et éthiquement
encadrées, mais celles-ci n'ont pu se développer que parce qu'existaient des
processus intérieurs de réconciliation, qui ont rendu possible une nouvelle
coexistence. Chaque société a besoin de réconciliation, afin qu'il puisse y
avoir la paix. Les réconciliations sont nécessaires pour une bonne
politique, mais ne peuvent être réalisées uniquement par celle-ci. Il s'agit
de processus pré-politiques et ils doivent provenir d'autres sources.
Le synode a cherché à examiner en profondeur le concept de réconciliation
comme devoir pour l'Eglise d'aujourd'hui, en attirant l'attention sur ses
différentes dimensions. L'appel que saint Paul a adressé aux Corinthiens
possède véritablement aujourd'hui une nouvelle actualité. « Nous sommes
donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c'est Dieu lui-même qui, en
fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons,
laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20).
Si l'homme n'est pas réconcilié avec Dieu, il est également en opposition
avec la création. Il n'est pas réconcilié avec lui-même, il voudrait être un
autre que celui qu'il est et par conséquent il n'est pas non plus réconcilié
avec son prochain. En outre, la capacité de reconnaître sa faute et de
demander pardon - à Dieu et à l'autre - fait partie de la réconciliation. Et
enfin, la disponibilité à la pénitence, la disponibilité à souffrir jusqu'au
bout pour une faute et à se laisser transformer, appartient au processus de
réconciliation. Et la gratuité, dont l'encyclique
Caritas in Veritate parle à plusieurs reprises, en fait partie: la
disponibilité à aller au-delà du nécessaire, à ne pas faire de calculs, mais
à aller au-delà de ce que demandent les simples obligations juridiques.
Cette même générosité avec laquelle Dieu lui-même nous a donné l'exemple en
fait partie. Pensons aux paroles de Jésus: « Donc, lorsque tu vas présenter
ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère à quelque
chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te
réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5,
23sq). Dieu qui savait que nous ne sommes pas réconciliés, qui voyait que
nous avons quelque chose contre Lui, s'est levé et est venu à notre
rencontre, bien que Lui seul ait été du côté de la raison. Il est venu à
notre rencontre jusqu'à la Croix, pour nous réconcilier. Telle est la
gratuité: la disponibilité à faire le premier pas. Aller les premiers à la
rencontre de l'autre, lui offrir la réconciliation, assumer la souffrance
que comporte le renoncement à avoir raison. Ne pas céder dans la volonté de
réconciliation: c'est de cela que Dieu nous a donné l'exemple et c'est la
façon de devenir semblables à Lui, une attitude dont nous avons toujours à
nouveau besoin dans le monde. Nous devons aujourd'hui être en mesure
d'apprendre à nouveau à reconnaître la faute, nous devons nous ôter
l'illusion d'être innocents. Nous devons être en mesure d'apprendre à faire
pénitence, à nous laisser transformer; à aller à la rencontre de l'autre et
à nous faire donner par Dieu le courage et la force pour un tel
renouvellement. Dans notre monde d'aujourd'hui, nous devons redécouvrir le
sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Le fait que celui-ci ait
en grande partie disparu des habitudes existentielles des chrétiens est le
symptôme d'une perte de véracité à l'égard de nous-mêmes et de Dieu; une
perte, qui met en danger notre humanité et qui réduit notre volonté de paix.
Saint Bonaventure était de l'opinion que le sacrement de la pénitence était
un sacrement de l'humanité en tant que tel, un sacrement que Dieu avait déjà
institué dans son essence immédiatement après le péché originel avec la
pénitence imposée à Adam, même s'il n'a pu obtenir sa forme complète que
dans le Christ, qui est de manière personnelle la force réconciliatrice de
Dieu et qui a pris sur lui notre pénitence. En effet, l'unité entre faute,
pénitence et pardon est l'une des conditions fondamentales de la véritable
humanité, des conditions qui atteignent leur forme complète dans le
sacrement, mais qui, à partir de leur racine, font partie du fait d'être des
personnes humaines comme telles. Le synode des évêques pour l'Afrique a donc
à juste titre inclus dans ses réflexions également les rituels de
réconciliation de la tradition africaine comme lieux d'apprentissage et de
préparation pour la grande réconciliation que Dieu donne dans le sacrement
de la pénitence. Mais cette réconciliation requiert le vaste « espace » de la
reconnaissance de la faute et de l'humilité de la pénitence. La
réconciliation est un concept pré-politique et une réalité pré-politique,
qui précisément pour cette raison est de la plus grande importance pour la
tâche de la politique elle-même. Si l'on ne crée pas dans les cœurs la force
de la réconciliation, le présupposé intérieur manque à l'engagement
politique pour la paix. Lors du synode, les pasteurs de l'Eglise se sont
engagés en vue de cette purification intérieure de l'homme qui constitue la
condition préliminaire essentielle à l'édification de la justice et de la
paix. Mais cette purification et cette maturation intérieure vers une
véritable humanité ne peuvent pas exister sans Dieu.
Réconciliation - avec cette parole-clef me revient à l'esprit le deuxième
grand voyage de l'année qui s'achève : le pèlerinage en Jordanie et en
Terre Sainte. A cet égard, je voudrais tout d'abord remercier cordialement le roi
de Jordanie pour la grande hospitalité avec laquelle il m'a accueilli et
accompagné au cours de tout le déroulement de mon pèlerinage. Ma gratitude
concerne également la manière exemplaire avec laquelle il s'engage pour une
coexistence pacifique entre chrétiens et musulmans, pour le respect à
l'égard de la religion de l'autre et pour la collaboration dans la
responsabilité commune devant Dieu. Je remercie de tout cœur également le
gouvernement d'Israël pour tout ce qu'il a accompli afin que ma visite
puisse se dérouler pacifiquement et en toute sécurité. Je suis
particulièrement reconnaissant pour la possibilité qui m'a été donnée de
célébrer deux grandes liturgies publiques - à Jérusalem et à Nazareth -, où
les chrétiens ont pu se présenter publiquement comme communauté de foi en
Terre Sainte. Enfin, mes remerciements s'adressent à l'Autorité
palestinienne qui m'a accueilli elle aussi avec une grande cordialité; cette
dernière a également rendu possible une célébration liturgique publique à
Bethléem, et elle m'a permis de connaître les souffrances et les espérances
de son Territoire. Tout ce que l'on peut voir dans ces pays appelle la
réconciliation, la justice, la paix. La visite à
Yad Vashem a représenté une
rencontre bouleversante avec la cruauté de la faute humaine, avec la haine
d'une idéologie aveugle qui, sans aucune justification, a destiné des
millions de personnes humaines à la mort et à travers cela, en dernière
analyse, a voulu chasser du monde également Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac
et de Jacob et le Dieu de Jésus Christ. Il s'agit donc en premier lieu d'un
monument commémoratif contre la haine, d'un appel plein d'anxiété à la
purification et au pardon, à l'amour. C'est précisément ce monument à la
faute humaine qui a ensuite rendu d'autant plus importante la visite aux
lieux de la mémoire de la foi et qui a fait percevoir leur actualité
inaltérée. En Jordanie, nous avons vu le point le plus bas de la terre, près
du fleuve Jourdain. Comment pourrait-on ne pas se rappeler la parole de la
Lettre aux Ephésiens, selon laquelle le Christ est « descendu jusqu'en
bas sur la terre » (Ep 4, 9). Dans le
Christ, Dieu est descendu au plus profond de l'être humain, jusque dans la
nuit de la haine et de l'aveuglement, jusqu'à l'obscurité de l'éloignement
de l'homme vis-à-vis de Dieu, pour y allumer la lumière de son amour. Il est
présent même dans la nuit la plus profonde: même aux enfers, te voici -
cette parole du Psaume 139 [138], 8 est devenue une réalité dans la descente
de Jésus. Ainsi, la rencontre avec les lieux du salut dans l'église de
l'Annonciation à Nazareth, dans la grotte de la nativité à Bethléem, sur le
lieu de la crucifixion au Calvaire, devant le sépulcre vide, témoignage de
la résurrection, a été comme une manière de toucher l'histoire de Dieu avec
nous. La foi n'est pas un mythe. Elle est une histoire réelle, dont on peut
toucher les traces avec la main. Ce réalisme de la foi nous est
particulièrement bienfaisant dans la tourmente du présent. Dieu s'est
vraiment montré. En Jésus Christ, il s'est vraiment fait chair. Ressuscité,
Il demeure un Homme véritable, il ouvre sans cesse notre humanité à Dieu et
est toujours le garant du fait que Dieu est un Dieu proche. Oui, Dieu vit et
il est en relation avec nous. Dans toute sa grandeur, il est cependant le
Dieu proche, le Dieu-avec-nous, qui nous appelle sans cesse: Laissez-vous
réconcilier avec moi et entre vous! Il place toujours dans notre vie
personnelle et communautaire le devoir de la réconciliation.
Pour terminer, je voudrais encore exprimer ma reconnaissance et ma joie pour
mon voyage en
République
tchèque. Avant ce voyage, j'ai toujours eu
conscience qu'il s'agissait d'un pays avec une majorité d'agnostiques et
d'athées, où les chrétiens constituent désormais seulement une minorité. Ma
surprise a été d'autant plus joyeuse en constatant que j'étais partout
entouré d'une grande cordialité et amitié; que de grandes liturgies étaient
célébrées dans une atmosphère joyeuse de fête; que dans le monde des
universités et de la culture ma parole recevait une vive attention; que les
autorités de l'Etat ont fait preuve à mon égard d'une grande courtoisie et
ont accompli tout leur possible pour contribuer au succès de la visite. Je
serais à présent tenté de dire quelque chose sur la beauté du pays et sur
les magnifiques témoignages de la culture chrétienne, qui eux seuls rendent
cette beauté parfaite. Mais je considère surtout important le fait que les
personnes qui se considèrent agnostiques ou athées doivent également nous
tenir à cœur en tant que croyants. Lorsque nous parlons d'une nouvelle
évangélisation ces personnes sont peut-être effrayées. Elles ne veulent pas
se voir comme faisant l'objet d'une mission, ni renoncer à leur liberté de
pensée et de volonté. Mais la question de Dieu reste toutefois présente
également pour elles, même si elles ne peuvent pas croire au caractère
concret de son attention pour nous. A Paris, j'ai parlé de la recherche de
Dieu comme du motif fondamental de la naissance du monachisme occidental et,
avec celui-ci, de la culture occidentale. Comme premier pas de
l'évangélisation, nous devons chercher à garder cette recherche vivante;
nous devons nous soucier que l'homme ne mette pas de côté la question de
Dieu comme question essentielle de son existence. Nous devons nous soucier
qu'il accepte cette question et la nostalgie qui se cache en elle. Il me
vient à l'esprit une parole que Jésus reprend du prophète Isaïe,
c'est-à-dire que le temple devait être une maison de prière pour tous les
peuples (cf. Is 56, 7; Mc 11, 17). Il pensait à
ce que l'on appelle la maison de prière pour toutes les nations, qu'il
désencombra des activités extérieures pour qu'il y ait une place libre pour
les païens qui voulaient prier là le Dieu unique, même s'ils ne pouvaient
pas prendre part au mystère, auquel l'intérieur du temple était réservé. Un
espace de prière pour tous les peuples - on pensait avec cela à des
personnes qui ne connaissent Dieu, pour ainsi dire, que de loin; qui sont
insatisfaites de leurs dieux, de leurs rites et de leurs mythes; qui
désirent le Saint et le Grand, même si Dieu reste pour eux le « Dieu
inconnu » (cf. Ac 17, 23). Ils devaient
pouvoir prier le Dieu inconnu, mais cependant être ainsi en relation avec le
vrai Dieu, malgré des zones d'ombre de natures diverses. Je pense que
l'Eglise devrait aujourd'hui aussi ouvrir une sorte de « parvis des
Gentils », où les hommes puissent d'une certaine manière s'accrocher à
Dieu, sans le connaître et avant d'avoir trouvé l'accès à son mystère, au
service duquel se trouve la vie interne de l'Eglise. Au dialogue avec les
religions doit aujourd'hui surtout s'ajouter le dialogue avec ceux pour qui
la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui,
cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l'approcher
au moins comme Inconnu.
En conclusion, encore une fois, quelques mots sur l'Année
Sacerdotale. En
tant que prêtres, nous sommes à la disposition de tous: de ceux qui
connaissent Dieu de près et de ceux pour qui Il est l'Inconnu. Nous devons
tous le connaître toujours à nouveau et nous devons le chercher sans cesse
pour devenir de véritables amis de Dieu. Comment pourrions-nous, en
définitive, arriver à connaître Dieu, si ce n'est à travers les hommes qui
sont les amis de Dieu? Le noyau le plus profond de notre ministère
sacerdotal est d'être des amis du Christ (cf. Jn 15, 15),
des amis de Dieu, par l'intermédiaire desquels d'autres personnes également
peuvent trouver la proximité de Dieu. Ainsi, en même temps que mes profonds
remerciements pour toute l'aide que vous m'avez apportée tout au long de
l'année, voici mon vœu pour Noël: que nous devenions toujours plus des amis
du Christ et donc des amis de Dieu et que, de cette manière, nous puissions
être le sel de la terre et la lumière du monde. Un saint Noël et une bonne
année nouvelle!
Texte original du
discours du Saint Père ►
Italien
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
© Traduction L'Osservatore Romano - 22 décembre 2009
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.12.2008 -
T/Benoît XVI
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