Le Motu Proprio de Benoît XVI, Paix liturgique
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Le 21 décembre 2007 -
(E.S.M.) - La paisible
cohabitation des deux formes de l’unique rite romain souhaitée par le
Saint-Père Benoît XVI nécessite de l’amour et de la charité. C'est en ce
sens qu'il ne faut pas mésestimer les associations qui luttent
courageusement contre la dictature du relativisme.
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L'Eucharistie,
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Le Motu Proprio de Benoît XVI, Paix liturgique écrit
Nous avons reçu ce matin la Lettre mensuelle de Paix liturgique et la
publions en suivant. A propos du relativisme ambiant, nous invitons nos
lecteurs à lire et relire l'homélie du cardinal Joseph Ratzinger, Doyen du
Collège Cardinalice, le 18 avril 2005, à la veille de son élection comme
Souverain Pontife. (La
dictature du relativisme, Benoît XVI)
Voici cette lettre :
Est-il possible de dresser dès à présent un premier bilan des effets du
Motu Proprio Summorum Pontificum
Est-il possible de dresser dès à présent un premier bilan des effets du Motu
Proprio Summorum Pontificum Un vrai bilan, pas encore, mais un recoupement
d’informations qui montrent de manière patente que la marée monte, lentement
c’est vrai, mais irrépressiblement.
Le 14 septembre dernier, jour de l’entrée en vigueur du Motu Proprio du pape
Benoît XVI, la « grande presse » affirmait tel un scoop – et étonnamment
d’une seule voix de La Croix au Figaro – que le raz-de-marée des demandes de
célébrations de la messe traditionnelle annoncé par certains et redouté par
d’autres n’avait pas eu lieu.
« Le Motu Proprio ne fait pas recette »
écrivait ainsi La Croix le jour même de l’entrée en vigueur du texte,
probablement pour démontrer le peu d’attente qu’il suscitait dans l’Église.
Ainsi, telle une baudruche, la réalité des demandes de célébrations selon la
forme extraordinaire du rite latin émanant des fidèles mais aussi des
prêtres était retombée à son réel niveau… faute de demandes ! A quoi ces
organes de presse ajoutaient le décompte d’une quinzaine de messes
traditionnelles de plus qui seraient désormais célébrées en France : il
s’agissait, en réalité, des messes supplémentaires que concédaient dans
l’urgence les évêques, en vertu du Motu Proprio de 1988, pour inciter leurs
curés à ne pas répondre favorablement aux demandes faites en vertu du Motu
Proprio de 2007. Bref, La Croix et la plupart des évêques de France avaient
un Motu Proprio de retard.
Rien de très nouveau ni de très original dans le discours officiel
finalement. Simple actualisation de l’axiome épiscopal français selon lequel
« il n’y a pas de problème liturgique en France, il n’y a pas de demande de
célébrations de messes traditionnelles »…
Comment ne pas voir dans ces déclarations incantatoires, un grand
soulagement chez ceux qui avaient tant fait pour se faire peur et pour faire
peur
Qui dira à ce propos le ridicule de certaines déclarations entendues, vues
ou lues ci et là cet été expliquant que désormais les fidèles n’auraient
plus le choix et que toutes les célébrations seraient célébrées comme avant
le Concile… Comme si cela avait été un jour l’intention du Pape ou la
demande des fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain.
Évidement, tous ceux qui s’étaient sérieusement penchés depuis des années
sur ce dossier savaient ce qu’il fallait penser de ces désinformations sans
fondements prononcées par des adversaires de la liturgie traditionnelle ou
des journalistes ignorants des réalités de ce dossier. Ils savaient ce qu’il
fallait penser de l’agitation de ces épouvantails visant à faire passer
Benoît XVI pour un vieillard sénile s’étant senti obligé de prendre, dans
des conditions difficiles, des décisions qui n’auraient pas été nécessaires
pour le bien de l’Église…
Près de trois mois plus tard, quelques jours après la visite en France du
Cardinal Castrillon Hoyos, Président de la Commission Pontificale Ecclesia
Dei, dont on dit qu’il ne cesse de fulminer contre le « gallicanisme » des
évêques de France, à l’usage desquels, entre autres, il serait sur le point
publier une espèce de « mode d’emploi » du Motu Proprio, pouvons-nous tenter
de dresser un véritable premier bilan des conséquences de
la décision prophétique du Souverain Pontife
Sans parler du fait que les évêques, hier les plus hostiles au Motu Proprio,
semblent aujourd’hui chercher la voie du « réalisme », quatre observations
nous font pencher en faveur de la réponse suivante qui n'est pas encore un
bilan, mais de très intéressantes indications de tendances, au total tout à
fait positives.
1- Le champ d’application du Motu Proprio
Il nous faut tout d’abord prendre en compte le fait que le Motu Proprio ne
se limite heureusement pas aux frontières de notre nombril hexagonal mais
s’applique dans tout l’univers catholique latin…
A si courte vue, il est donc impossible de mesurer précisément les
conséquences qu’aura l’application de cette décision dans chaque diocèse du
monde.
Pour illustrer cette remarque, qui peut dire aujourd’hui quelles seront les
conséquences, dans le paysage ecclésial de demain, de la décision de ces
évêques américains qui ont d’ores et déjà
intégré dans leurs séminaires les facultés qu’offre le Motu Proprio en y
faisant apprendre aux futurs prêtres diocésains, la célébration de la messe
de Saint Pie V Oui, qui dira les conséquences du Motu Proprio dans ce pays
qui compte actuellement déjà plus de 500 chapelles et églises accueillant
des célébrations selon la forme extraordinaire du rite romain
Comment mesurer les conséquences de cette information qui affirme que plus
de 600 prêtres italiens désirent organiser des
célébrations de la forme extraordinaire du rite romain dans leur paroisse
Sans parler du nombre relativement important de
prêtres allemands qui veulent apprendre à dire la messe selon le rite
traditionnel, des célébrations qui s’organisent en
Belgique, en Grande-Bretagne, comment
mesurer les conséquences de ces informations qui circulent au sujet d’un
engouement saisissant en faveur de la forme extraordinaire du rite latin en
Europe de l’Est et en Asie
A notre modeste niveau, nous recevons chaque semaine des témoignages de
toute l’Europe mais aussi d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique qui nous montre
que des mutations étonnantes sont en mouvement.
2 – L’organisation nécessaire
Contrairement à ce qu’affirment les journalistes de La Croix, nous savons
que les catholiques français qui souhaitent vivre leur vie chrétienne au
rythme de la liturgie traditionnelle sont près de 15 %
(Sondage CSA 2006).
Cette partie non négligeable de l’Église de France ne signifie pour autant
pas que ces catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite romain
forment une troupe organisée et structurée. Exclus et rejetés de leurs
propres paroisses pendant plus de quarante ans, ces catholiques doivent
petit à petit savoir qu’ils peuvent – en principe – revenir sans être à
nouveau rejetés.
Il semble donc évident qu’il faudra du temps, beaucoup de temps et des
circonstances favorables pour que ces fidèles se réveillent enfin et se
mettent à demander d’assister aux célébrations dont ils ont besoin.
Comment ne pas comprendre que les affirmations erronées du 14 septembre
avaient – entre autre but – celui de démoraliser ceux qui avaient cru qu’aux
lendemains du 7 juillet 2007, le mur honteux de l’apartheid liturgique était
tombé comme si quarante années de leur vie n’avaient pas existé
Là aussi notre modeste expérience nous éclaire chaque jour. Chaque jour, des
catholiques décident de se lancer dans le terrible parcours du combattant
qu’est celui du fidèle ordinaire qui doit lutter contre l’inertie ou
l’opposition pour tenter, malgré des épreuves parfois incroyables, d’obtenir
ce que simplement l’Eglise lui accorde…
Aussi, si aujourd’hui les demandes « enregistrées » sont encore « peu
nombreuses » (relativement
peu nombreuses : près de vingt dans le diocèse de Versailles, et une bonne
quinzaine dans celui de Paris), nous savons que c’est aujourd’hui
plus d’une centaine de groupes qui sont en cours de constitution et notre
conviction qui se fonde sur une vraie expérience de terrain nous fait dire
qu’avant un an il y aura en France plus de 800 demandes collectives,
officielles et déterminées.
3 – le long réapprentissage du dialogue et de la
charité
La paisible cohabitation des deux formes de l’unique
rite romain souhaitée par le Saint-Père Benoît XVI nécessite de l’amour et
de la charité.
Hélas, ce n’est pas toujours le cas. Comment ne pas être choqué par ce curé
qui avant même qu’une demande lui soit formulée officiellement affirme qu’il
ne l’acceptera pas. Comment justifier l’étrange attitude de cet autre
ecclésiastique d’Issy les Moulineaux qui, dès le mois de septembre, écrivait
à ses premiers interlocuteurs que « comme les demandes n’étaient pas assez
nombreuses et significatives, il ne donnerait pas suite » à leur demande,
sans chercher connaître ces fidèles ni à mesurer leur motivation profonde Et
que dire de ce prêtre de Rueil-Malmaison
(Hauts-de-Seine)
qui écrit à une famille que pour respecter les termes du Motu Proprio, il
compte leur faire passer un examen de latin avant d’étudier le sérieux de
leur demande Et cet autre prêtre encore qui recevant plus de cinquante
familles leur répondait qu’il allait en référer à l’évêque sans donner suite
à cette héroïque démarche.
Il est juste de parler de « démarches héroïques » car en se faisant
identifier comme étant intéressées par l’application du Motu Proprio dans
leurs paroisses, ces familles se font la plupart du temps injustement
cataloguer et suspecter. L’on nous signale par exemple le cas d’un fidèle,
organiste de sa paroisse du nord, à qui l’on a retiré brutalement sa charge
juste après qu’il ait fait savoir à son curé son souhait d’assister dans sa
paroisse à une messe selon la forme extraordinaire du rite latin…
Oui, c’est une démarche héroïque pour ces familles qui ont le courage
d’aller voir leur curé pour lui demander une célébration que ce même curé a
souvent déclaré – injustement – interdite depuis plus de 30 ans.
Le dialogue et la charité seront nécessaires pour casser la chape de plomb
qui fait que des prêtres ne peuvent aujourd’hui, en pratique, pas user de la
liberté que leur donne le Motu Proprio de 2007 et continuent d’attendre
l’accord – qui ne vient que rarement – de leurs évêques qui restent plantés
sur la situation de 1988. A cause de cela, les prêtres – relativement
nombreux – qui ont adopté la célébration extraordinaire pour leur messe «
privée » quotidienne et ceux qui ont annoncé d’eux-mêmes une célébration «
publique » hebdomadaire en semaine ou le dimanche sont restés extrêmement
discrets. Il est notoire que plusieurs centaines d’entre eux en France
désirent réellement célébrer la forme extraordinaire du rite romain au moins
de temps en temps. Cette autocensure est parfaitement compréhensible pour
qui connaît la réalité de l'ostracisme dont continuent de faire l’objet les
prêtres de sensibilité traditionnelle, de la part d’un certain nombre de
leurs confrères et des responsables diocésains. Quarante années de culture
du mépris ne s’effacent pas d’un coup de baguette magique.
Tant qu’un dialogue simple et normal ne sera pas « naturel » il ne sera pas
possible de mesurer la réalité de ce qu’a pressenti Benoît XVI.
Il faudra beaucoup de temps pour que ceux qui ont refusé de voir la réalité
telle qu’elle est et se sont réfugiés dans leurs certitudes confortables,
acceptent enfin qu’il existe de nombreux fidèles qui préfèrent la liturgie
traditionnelle de l’Église.
Cela n’est pas chose aisée. Ainsi à Reims, après avoir affirmé d’une manière
assurée que la demande locale ne concernait qu’une seule famille, il faut
bien reconnaître l’existence des 200 fidèles qui assistent à la messe
traditionnelle mensuelle qu’a autorisée magnanimement Monseigneur Thierry
Jordan.
Non, il n’est pas aisé d’accepter ce que les sondages, les enquêtes de
terrain et les suppliques affirment depuis de nombreuses années mais que des
idéologues refusent (encore) de voir.
4 – L’Impossible bilan des célébrations accordées
dans l’esprit du Motu Proprio
Parler des premières applications du Motu Proprio pourrait peut-être
permettre d’esquisser un début de bilan de sa réception.
Il ne faut en effet pas nier que dès le mois de juillet 2007, des décisions
ont été prises. Toutefois, là encore, il est bien difficile d’en tirer un
bilan exhaustif.
Qui sait par exemple ce que tel curé diocésain fait discrètement dans sa
paroisse. Qui sait ce que tel évêque a accordé à tel endroit et tel autre à
tel autre endroit. Qui sait ce que ces mêmes personnes feront demain, dans
un mois, dans un an face à la demande qui ne peut être qu’exponentielle.
La réalité du besoin spirituel est telle que le
mouvement de demande est désormais irréversible. Ce ne sont pas les
notes officielles de sabotage du Motu Proprio qui circulent dans certains
diocèses, les vexations ou les intimidations qui le feront reculer.
Tout homme de bon sens comprendra que dans sa grande sagesse le Pape Benoît
XVI avait anticipé cette situation en reportant à
trois ans – et pas à trois mois – le moment
d’un bilan.
Pour notre part il nous faudra attendre au moins le printemps pour proposer
une première esquisse de bilan.
En attendant ce moment, plusieurs pistes nous semblent incontournables pour
appréhender chrétiennement la question liturgique dans nos paroisses :
- Nécessité pour les pasteurs bienveillants
d’anticiper et de mesurer honnêtement les demandes ;
- Mise en place par chaque évêque d’un véritable audit dans son diocèse ;
- Ne pas traiter d’abord les fidèles en ennemis ;
- Garder l’espérance.
C’est cette Espérance qui nous anime et détermine notre action en faveur de
la réconciliation et la Paix.
Christian Marquant
Membre du bureau de l’association en faveur de la Paix
liturgique
Pour entrer en contact avec Paix liturgique :
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Le texte officiel et tous les commentaires
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |