Congrès sur le Moyen-Orient au
Capitole |
 |
Le 21 octobre 2010
-
(E.S.M.)
- Une délégation de l’Assemblée Spéciale pour le
Moyen-Orient du
Synode des
Évêques a
participé au
Congrès
intitulé: “Moyen-Orient. Le témoignage
chrétien au service de la paix” qui s’est tenu mardi 19 octobre 2010 au
Capitole.
|
Congrès sur le Moyen-Orient au
Capitole
Le 21 octobre 2010 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
-
Une délégation de l’Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des
Évêques a participé au Congrès intitulé: “Moyen-Orient. Le témoignage
chrétien au service de la paix” qui s’est tenu mardi 19 octobre 2010 au
Capitole. La rencontre a été promue par la Ville de Rome, la Secrétairerie
générale du Synode des Évêques, le Ministère des Affaires Étrangères
italien, Radio Vatican et le Centre international de Communion et
Libération. La paix au Moyen-Orient est la grande espérance pour tous les
peuples du monde. Tel a été, de manière synthétique, le “fil rouge” qui a
relié toutes les interventions prononcées au Capitole, ainsi que le relate
Radio Vatican. La paix a été le mot invoqué à plusieurs voix, tout comme
l’importance de la présence chrétienne dans la région moyen-orientale. “Les
valeurs du christianisme - a déclaré le Maire de Rome, Gianni Alemanno -
peuvent constituer inévitablement le meilleur remède pour faire en sorte
qu’en résolvant le conflit, en créant la paix et la justice, ne pèsent pas
les tensions, les colères, les rancoeurs, les inimitiés qui naissent de la
haine accumulée en tant d’années”.
Lui a fait écho le Secrétaire général du Synode des Évêques, S. Exc. Mgr
Nikola Eterović, qui a rappelé que la paix est un don de Dieu et que tout
membre de l’Église est appelé à suivre sa propre vocation, c’est-à-dire à
être constructeur de paix. “Cette vocation - a expliqué le Secrétaire
Général - a par ailleurs une importante dimension sociale qui pourrait
rompre le cercle vicieux de la violence, de la vengeance et de la haine et
préparer le coeur à la recherche d’une paix authentique dans la
réconciliation et dans la justice”.
Le Rapporteur général, S.B. Antonios Naguib, a revendiqué le rôle des
chrétiens dans les partis politiques et souhaité “le courage de prendre des
décisions difficiles” dans le cadre du conflit israélo-palestinien qui,
a-t-il dit, “a des conséquences désastreuses sur la vie religieuse et
politique de toute la région”.
De Rome pour le Moyen-Orient et à Rome depuis le Moyen-Orient, continuait le
Rév. P. Federico Lombardi, s.i., Directeur du Bureau de Presse du
Saint-Siège, de Radio Vatican et du CTV, expliquant le fort lien existant
entre la capitale italienne et la région moyen-orientale. Le Rév. P.
Lombardi a ensuite rappelé le rôle fondamental des moyens de communication
de masse pour faire en sorte que les chrétiens du Moyen-Orient perçoivent la
solidarité de la communauté internationale, tant au niveau social que
politique. Ensuite, le Rév. P. Lombardi a souligné la forte exigence avertie
par le Synode: “Être solidaire en affrontant, de manière prometteuse pour
l’avenir, la réflexion relative à la véritable signification, à la véritable
place de l’exercice plénier, aujourd’hui, au Moyen-Orient et dans tous les
autres pays du monde, de la liberté religieuse, de la liberté de conscience
et de la pleine citoyenneté afin de construire les communautés sociales et
politiques dans lesquelles on vit. Approfondir ces thèmes justement pour
pouvoir les diffuser et en rendre tous conscients pour le bien des chrétiens
du Moyen-Orient”.
Dramatique a été, en revanche, la présentation faite par le Ministre des
Affaires Étrangères italien, M. Franco Frattini sur les cent morts causés
par l’intolérance religieuse de par le monde: 75 sont chrétiens et la
situation est alarmante. “La christianophobie aujourd’hui - a-t-il continué
- est un risque croissant et beaucoup plus concret que nous devons craindre
jour après jour. Dans de nombreux contextes, les communautés chrétiennes
vivent dans une condition d’isolement et d’extranéité bien qu’elles aient
été au cours de l’histoire des centres propulseurs de l’irradiation du
christianisme, bien avant l’arrivée de l’islam”. Le Ministre Frattini a
également rappelé la proposition de présenter une résolution à l’ONU
concernant la protection des minorités et de la liberté religieuse. Il a
également rappelé que le dialogue est essentiel pour chercher à résoudre les
conflits. Dans ce contexte, le vrai défi du christianisme est dès lors de
démontrer son importance anthropologique.
Nous publions, ci-dessous, le texte intégral du discours du
Ministre Frattini.
“Au Moyen-Orient martyrisé, à la faiblesse constitutive de tout homme,
viennent s’ajouter également des situations objectives de souffrance, de
menace contre les droits fondamentaux, de marginalisation, d’étouffement de
la liberté. C’est là que le christianisme doit montrer sa vérité, sa
capacité à réveiller la personne et à sauver l’être humain”, a ainsi
expliqué Don Julian Carrón, Président de la Fraternité Communion et
Libération.
Le Moyen-Orient semble un paradoxe, a conclu Père Pierbattista Pizzaballa,
O.F.M, Custode de Terre Sainte: justement là où ils sont nés, les chrétiens
sont numériquement peu nombreux. Et pourtant, ils constituent une réalité
enracinée et très active. “On ne peut pas dire qu’il n’existe pas de
témoignage chrétien - a expliqué le Custode de Terre Sainte, en soulignant
qu’“il y a les oeuvres, les activités des chrétiens: les Églises chrétiennes
ne sont pas repliées sur elles-mêmes; il y a une vitalité énorme et la
présence chrétienne - les œuvres, les activités de l’Église - au travers
des écoles, des hôpitaux, des universités, qui atteignent beaucoup plus que
2,5% de la population”.
DISCOURS DU MINISTRE ITALIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, FRANCO FRATTINI, À
L’OCCASION DU CONGRÈS AU CAPITOLE
Nous publions ci-dessous le discours du Ministre italien des Affaires
Étrangères, Franco Frattini à l’occasion du Congrès au Capitole sur le thème
“Moyen-Orient. Le témoignage chrétien au service de la paix” du 19 octobre
2010.
Je voudrais vous remercier avant tout pour cette ultérieure occasion de
réflexion. J’ai déjà eu l’honneur d’avoir des colloques avec les Patriarches
et avec S. Exc. le Secrétaire général du Synode. Continuons donc ces
réflexions en public sur un thème que les organisateurs, à bien regarder,
ont bien fait de proposer ce matin à une assise aussi qualifiée. Je crois
qu’il s’agit là d’un thème qui doit tous nous trouver conscients, un thème
qui est crucial pour l’avenir de notre monde.
Le Père Lombardi vient de dire que c’est justement au Moyen-Orient que
l’Hébraïsme, le Christianisme et l’Islam ont vu non seulement leur
naissance, mais se sont développés pendant de nombreux siècles avec un
parcours de mûrissement spirituel qui a certainement favorisé un profond
développement des idées, des expériences, des vies individuelles et
collectives. Malheureusement, à partir surtout de la tragédie qui a changé
notre passé récent (le 11 Septembre), s’est affirmée dans le monde une
tendance à définir d’une manière exclusive, ou pire exclusiviste, les
identités d’appartenance. Certains ont parlé, et parlent encore, de conflit
entre les religions et les civilisations, de conflit entre le Christianisme
et l’Islam, entre l’Islam et l’Occident. Je suis convaincu que, s’il y a un
affrontement dans notre monde, c’est entre la tolérance et le dialogue d’un
côté et entre l’intolérance et l’extrémisme de l’autre. Personnellement, je
refuse la thèse selon laquelle est en cours aujourd’hui un affrontement
insoluble entre les cultures, les religions et les civilisations, mais il
est indéniable que le conflit entre la tolérance et l’extrémisme a eu une
incidence particulière sur les chrétiens. Souvent, se dessine une situation
qui est emblématiquement décrite en citant le titre d’une récente
publication sur le sujet: Les chrétiens et le Moyen-Orient. La grande fuite
(de Fulvio Scaglione, 2008, 235 pp., Éditions San Paolo, ndr). Le titre du
volume donne une dramatique impression de quelque chose qui peut et qui
pourrait advenir. Le Secrétaire général, S. Exc. Mgr Eterović a rappelé que
le nombre de chrétiens au Moyen-Orient avait déjà diminué au siècle dernier.
Aujourd’hui, il baisse de façon dramatique. Plus en général, les communautés
chrétiennes risquent de réduire leur présence et leur diffusion
territoriale.
Les épisodes de violence contre les minorités chrétiennes augmentent, et
ceci représente un phénomène que nous devons regarder avec beaucoup de
préoccupation. J’ai lu le récent rapport sur les restrictions religieuses,
rapport publié par The Pew Forum on religion and public life, une
institution américaine fiable. Cette enquête indique comme élément général
que sur 100 morts causés par la haine et l’intolérance religieuse dans le
monde, 75 sont des chrétiens. Un pourcentage qui nous terrorise. Chaque
année, des dizaines de milliers de chrétiens font l’objet de persécutions,
de violences personnelles, de confiscations patrimoniales, d’intimidations.
Leur désir de vivre en paix et certainement en cohabitation avec les autres
religions est nié, voir souvent puni pour le simple fait d’être chrétien.
Des interventions de ce congrès, émerge un cadre général concernant la
situation moyen-orientale de grande souffrance des communautés chrétiennes
durement touchées en Iraq, divisées au Liban, sujettes aux répercussions de
l’islamisation dans de nombreux pays arabes, obligées ailleurs à résister
aux abus des régimes autoritaires, de véritables dictatures qui poursuivent
et frappent les chrétiens. Je crois que cela n’est pas trop fort si
j’emploie l’expression de “christianophobie” pour dire qu’aujourd’hui il y a
un risque croissant et toujours plus concret, risque que nous avons en
quelque sorte appréhendé au cours des dernières années, mais que nous devons
craindre aujourd’hui jour après jour. Les communautés chrétiennes se
trouvent aujourd’hui face à un grand défi, dérivant du fait de vivre dans
des pays où il y a des fractures politiques internes et des crises
internationales, mais aussi dû à la présence parfois fanatique de mouvements
fondamentalistes et intégristes qui tendent souvent à confondre les
chrétiens, les porteurs de la foi chrétienne, comme une caractérisation
culturelle de l’Occident à frapper et à contraster. Il s’agit là d’un
phénomène particulièrement dangereux.
Dans de nombreux contextes, les communautés chrétiennes vivent d’une façon
vraiment absurde une condition d’isolement également caractérisée par un
sentiment d’extranéité, même si historiquement ce sont les Églises
orientales qui ont été les centres de propulsion et d’irradiation du
Christianisme. Ceci advient malgré le fait que les communautés chrétiennes
soient présentes sur le territoire bien avant l’arrivée de l’Islam. Il
s’agit là de phénomènes que nous devons regarder avec une certaine
préoccupation. Dans certains cas, la participation majeure des populations à
la vie politique a conduit à exaspérer aussi bien les oppositions entre les
différentes communautés que l’inspiration identitaire religieuse, en
confondant la religion avec l’État et en comprimant ainsi le respect de la
liberté et de l’égalité des droits personnels, sociaux, civils et religieux
de toutes les minorités. Et non seulement donc de la minorité chrétienne. Je
crois que ce respect devrait être un indicateur de la maturité , du degré
d’une démocratie.
Je suis convaincu qu’une analyse politique de la présence chrétienne au
Moyen-Orient doit se diviser en trois dimensions: politico-internationale
(les conflits ouverts et latents), symbolico-identitaire (les
caractéristiques surtout religieuses de certains mouvements qui naissent et
qui s’alimentent malheureusement dans l’extrémisme) et démocratique (celles
des droits, c’est-à-dire le thème crucial de la liberté religieuse). Le
grand objectif de la paix, qui est l’objectif des Patriarches, de l’Église,
et qui devrait, je crois, être également celui de toutes les démocraties,
doit être poursuivi en promouvant une synergie entre toutes ces dimensions.
Nous devons avoir une vision d’ensemble aussi bien des défis qui nous font
face que de la contribution que nous pouvons apporter. Nous devons
recomposer un tissu de rapports entre les États, à l’intérieur des
communautés et entre les communautés, de façon à éviter les lacérations,
qu’elles soient d’origine ancienne ou récente. Tous ces nœuds sont
affrontés avec une grande clairvoyance dans le Document de travail. Le
document de participation et de préparation du Synode pour le Moyen-Orient
touche des questions de première importance telles que la connaissance
réciproque entre les trois religions monothéistes, la nécessité d’un
engagement commun en faveur de la paix, de la concorde, de la promotion des
valeurs spirituelles et de ce concept qui m’est tout particulièrement cher
de laïcité positive comme apport des chrétiens à la promotion d’une
démocratie saine, positivement laïque, qui reconnaisse cependant, et
justement pour cette raison, le rôle de la religion même dans la vie
publique.
J’ai été particulièrement touché par l’appel des chrétiens à ne pas se
replier sur eux-mêmes, à ne pas faire marche arrière sous les coups des
adversités, mais à continuer à avoir un comportement actif afin de répandre
un esprit de réconciliation. J’ai été particulièrement touché par cette très
belle phrase que votre document appelle “pédagogie de la paix”. Cela
signifie dénoncer la violence, d’où qu’elle provienne, au nom de cette
valeur que vous nous enseignez et qui est fondamentale pour notre foi de
chrétiens: le pardon. Il s’agit là d’une tâche évidemment très difficile,
qui demande du courage, mais qui est indispensable pour récupérer ce sens du
dialogue entre les fois qui est indispensable pour obtenir la paix.
Les chrétiens devront être certainement toujours plus conscients de la
valeur essentielle de leur présence au Moyen-Orient, une valeur amplement
reconnue. Les chrétiens devront même être conscients qu’il leur faut
rechercher avec les musulmans une entente sur comment contraster ces aspects
qui, tout comme l’extrémisme, menacent la société. Je me réfère à
l’athéisme, au matérialisme et au relativisme. Les chrétiens, les musulmans
et les juifs peuvent travailler afin de rejoindre cet objectif commun.
Je crois qu’il faudrait un nouvel humanisme pour contraster ces phénomènes
pervers, parce que seule la centralité de la personne humaine est un
antidote qui prévient le fanatisme et l’intolérance. Voilà pourquoi la
politique étrangère italienne voit dans la promotion de la liberté
religieuse un point fondamental, s’agissant là d’un droit fondamental de
chaque personne humaine. Ce n’est pas une question collective, c’est une
question de la personne.
Le gouvernement italien a beaucoup œuvré. Nous nous sommes engagés dans
l’Union européenne. J’ai promu une action globale qui puisse apporter un
soutien européen à la liberté religieuse, en promouvant les droits des
personnes qui appartiennent aux minorités religieuses, en pensant évidemment
à la minorité chrétienne qui souffre dans de nombreux pays du monde. Je
considère que chaque État doit surveiller cette question afin d’éviter
l’intolérance.
Au mois de septembre dernier, j’ai également agi auprès des Nations Unies.
En prenant la parole au nom de l’Italie, j’ai promu une résolution à
l’Assemblée générale sur la liberté religieuse et sur les droits de toutes
les minorités à exprimer leur religion. J’espère que puisse arriver un ample
soutien à cette hypothèse de résolution (nous sommes près de 30 pays à avoir
donné notre disponibilité), et je lance donc un appel. Tous les pays de
l’Union européenne n’ont pas encore fait ce pas. Je le dis avec un peu de
tristesse, mais j’espère qu’à ces trente pays puissent s’en ajouter de
nombreux autres et que cette résolution puisse être approuvée lors la
session à l’Assemblée générale qui vient de s’ouvrir.
Nous avons également retenu important d’agir en tant que Gouvernement
italien contre une sentence, que vous tous vous connaissez bien, selon
laquelle la Cour de Strasbourg a interdit la présence du Crucifix dans les
lieux publics. Je suis convaincu - mais c’est aussi la conviction du
Gouvernement italien - que le Crucifix représente le droit à exprimer son
propre credo et qu’il n’y a aucune contradiction entre ce symbole, qui est
un symbole de paix et de réconciliation, et l’État laïc qui protège toutes
les religions. Un État qui, par contre, protège même ma religion, et j’ai
donc le droit de la professer même publiquement.
L’action de l’Italie (la première en ce genre auprès de la Cours de
Strasbourg) a été soutenue par dix pays, aussi bien de petits pays comme
Chypre, que de grands comme la Russie. Avec une grande douleur, je souligne
que seule l’Italie, parmi les pays fondateurs de l’Union européenne, a
souscrit ce recours, parce que ces mêmes nations qui ont fondé l’Europe,
n’ont pas partagé avec nous cette action de liberté, qui est en plus un
pilastre de la Charte des Droits que l’Union européenne a voulu
construire. Nous prêtons attention à la condition des chrétiens au
Moyen-Orient et nous suivons, à travers la politique étrangère italienne, la
présence chrétienne au Moyen-Orient qui représente encore aujourd’hui,
malgré une baisse générale en termes numériques, un élément fondamental pour
ces pays. Vous connaissez parfaitement les données statistiques concernant
la réduction de la présence des chrétiens, mais nous sommes préoccupés parce
qu’une telle réduction est souvent générée par l’instabilité politique dans
ces pays, par le manque de perspectives économiques et par la radicalisation
qui se diffuse dans certains pays. La présence chrétienne est une grande
richesse pour cette région et c’est pourquoi elle doit toujours être
protégée. Voici donc que l’Italie concorde fortement avec l’action
poursuivie par le Synode pour le Moyen-Orient pour la protection de la
présence chrétienne dans les terres sur lesquelles est né le Christianisme.
Nous avons beaucoup à cœur ce témoignage que portent les chrétiens, avant
tout en Terre Sainte, ainsi que les institutions catholiques actives en ce
lieu. Nous retenons, par exemple, que le règlement désiré, et
malheureusement tardif, de la paix dans le conflit israélo-palestinien sera
certainement un élément, lorsque la paix se fera, qui améliorera fortement
la condition des chrétiens en Terre Sainte, en contribuant à préserver ce
caractère multi-confessionnel et multi-culturel de la ville sainte de
Jérusalem. Il s’agit là d’un thème fondamental que nous avons à cœur, nous
chrétiens, ainsi que les fidèles des autres religions.
Je pense certainement à l’engagement de l’Italie au Liban, un engagement qui
continuera et qui ne peut faire abstraction de la spécificité, même sous cet
aspect, de ce pays. Je rappelle ici la définition du Saint-Père Benoît XVI, qui a
appelé le Liban “pays message” justement en raison de son exemple de
coexistence pacifique entre les religions, et je crois que l’Italie doit
certainement continuer à s’engager pour aider le Liban non seulement dans
les zones majoritairement chrétiennes, mais là où se trouvent tous ceux qui
vivent dans ce pays (les chiites, les sunnites, les druzes et évidemment les
chrétiens), justement afin que soit sauvegardé le caractère multi-confessionnel du Liban.
Je pense aux chrétiens en Iraq. J’ai visité de nombreuses fois le pays et, à
chaque fois, j’ai demandé de mettre un terme aux violences et aux
persécutions (je me souviens, en particulier, des massacres de Mossoul). Et
toujours en ce qui concerne l’engagement du gouvernement italien, je
voudrais rappeler mes récentes rencontres avec le Président du Kurdistan
irakien et la mission que j’effectuerai à Bagdad dès que se sera établi un
nouveau gouvernement irakien. À cette occasion, je mettrai l’accent sur le
fait que la minorité chrétienne en Iraq est une composante essentielle pour
l’histoire et pour la société de ce pays.
Je pense à l’Égypte, pays que nous aimons et qui a, avec l’Italie, une
histoire importante, je dirais séculaire et millénaire. Nous encourageons de
façon constante le gouvernement local à valoriser la communauté copte qui
vit en Égypte, dans le cadre d’une égalité entre les religions que nos amis
égyptiens ont toujours réaffirmée, sur la base de la Constitution. Je
rappelle qu’au lendemain d’un événement tragique qui a porté à la mort
violente de chrétiens en Égypte, je me suis rendu sur place et j’ai été reçu
par le président Moubarak qui m’a exprimé encore une fois un message
politique fort en me disant et en me répétant publiquement les mots
suivants: “Nous vivons tous, musulmans et coptes, sous un même drapeau d’une
même patrie fondée sur le principe de la citoyenneté”. Cette pensée est
celle qui devrait être, je le crois, toujours répétée et confirmée en terre
égyptienne.
Pensons à présent à la Turquie, pays dont l’Italie soutient avec force le
parcours de rapprochement à l’Union européenne. Nous le soutenons parce que
nous encourageons un processus de modernisation et de réformes dans ce pays.
Nous pensons évidemment à la communauté chrétienne en Turquie, une
communauté qui s’est grandement réduite, qui a souffert pour la mort
violente de certains de ses pasteurs d’une extraordinaire valeur
spirituelle. Notre pensée va évidemment à Mgr Padovese. Nous encourageons
Ankara à accomplir des pas ultérieurs pour la protection des minorités
religieuses et, en particulier, de la minorité chrétienne. Nous espérons que
ce référendum constitutionnel qui a certainement fait accomplir un pas en
avant à la Turquie vers l’Europe puisse apporter des bénéfices.
Mais nous pensons aussi à l’Iran, un pays avec lequel le monde essaye avec
force d’ouvrir à nouveau un dialogue sur des questions délicates, mais où la
communauté chrétienne représente une importante composante sociale. Dans le
respect de l’autonomie et de l’indépendance de tous les pays et donc
évidemment de l’Iran même, nous considérons avec une forte attention les
besoins des chrétiens iraniens et la volonté de toutes les minorités qui
veulent avoir un rôle dans la société.
Je conclue mes réflexions en souhaitant que les travaux du Synode pour le
Moyen-Orient, l’engagement des communautés chrétiennes dans le monde et
celui des gouvernements qui, comme l’Italie, sont sensibles à ces thèmes,
puissent œuvrer afin de promouvoir la coexistence. Certains pays
représentent un exemple positif au Moyen-Orient. Parmi ceux-ci, la Syrie et
le Royaume de Jordanie. Des pays que nous considérons avec sympathie,
notamment en raison de cet élément qui les caractérise, mais n’oublions pas
que, au niveau des réalités locales, aux niveaux des communautés, des jeunes
et des très jeunes, les chrétiens et les musulmans ont appris depuis
longtemps à vivre et à coexister en paix entre eux.
Nous nous devons d’éviter que les gouvernements et les conflits politiques
divisent ce qui est souvent uni au sein des communautés, au niveau de la vie
quotidienne. Merci.
►
Synode des évêques du Moyen-Orient : 12e Congrégation générale

Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.10.2010 -
T/Synode
|