Le Motu proprio de Benoît XVI sans fard |
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Le 21 octobre 2007 -
(E.S.M.)
- Il y a un contraste saisissant entre la portée symbolique
considérable du Motu Proprio Summorum Pontificum et le peu d'impact réel
que l'on peut en attendre. Ce contraste, Benoît XVI n'est pas sans
l'avoir lui-même mesuré.
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Après
les confusions, la clarté -
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Le Motu proprio de Benoît XVI sans fard
Il y a un contraste saisissant entre la portée symbolique considérable du
Motu Proprio Summorum Pontificum et le peu d'impact réel que l'on peut en
attendre. Ce contraste, Benoît XVI n'est pas sans l'avoir lui-même mesuré.
Il avoue en effet dans la
lettre d'accompagnement destinée aux évêques qu'il
ne s'attend pas à des changements considérables dans la manière de célébrer
au quotidien. Ce constat anticipé ne doit pas nous cacher la portée
symbolique considérable que revêt une décision aussi solennelle et
inconditionnelle en faveur de la forme traditionnelle du rite romain.
Depuis quarante ans, au-delà même de la question du rite, c'est une
véritable révolution culturelle qui a sévi dans certains pays, parmi les
plus représentatifs de l'enthousiasme conciliaire. Était considéré comme
mauvais tout ce qui pouvait se recommander du passé de l'Église, comme bon
tout ce qui, se présentant sous forme expérimentale, manifestait comme une
nouvelle manière d'être au monde pour les chrétiens perplexes. Vatican II
était devenu la ligne symbolique qui séparait l'ombre de la lumière. Du
point de vue liturgique, la « créativité » apparaissait comme la valeur
absolue dominant et jugeant toutes les autres : « Le nouveau Missel, note
Benoît XVI à l'attention des évêques, finissait par être interprété comme
une autorisation, voire même une obligation de créativité; cette créativité
a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du
supportable. Je parle d'expérience parce que j'ai moi aussi vécu cette
période avec toutes ses attentes et ses confusions ». Eh bien ! Cette
période est terminée. La révolution culturelle qui a marqué les années 70
d'une empreinte si lourde s'est officiellement achevée avec ce Motu proprio,
qui présente, à ce sujet, avec l'humble aveu où notre Pontife s'implique
personnellement, une véritable - mais sobre - mise au point pontificale.
Après les confusions, la clarté.
Le désordre liturgique s'explique par la volonté de rupture avec le passé,
entretenue par certains comme une dialectique mortelle au sein de l'Église.
Comment guérir de cette tentation dialectique ? « Il faut dire avant tout,
répond Benoît XVI, reprenant une considération qu'il avait déjà proposée au
paragraphe 3 de
Sacramentum Caritatis, qu'il n'est pas convenable de parler
des deux versions du Missel romain comme s'il s'agissait de deux rites. Il
s'agit plutôt d'un double usage de l'unique et même Rite ». Ceux qui ont vu
dans le nouveau Missel une manière de s'affranchir des contraintes du rite
millénaire, une façon insidieuse d'imposer, à travers la loi de la prière,
une nouvelle loi de la foi, plus adaptée au monde contemporain et aux
impératifs de l'œcuménisme, doivent désormais intégrer l'idée que le rite
romain est profondément un et qu'il est
injuste, qu'il est faux d'opposer autel contre autel. Le Sacrifice du Christ
scelle une alliance « nouvelle et éternelle », célébrée et manifestée par
l'unique Église à travers l'espace-temps, sans que l'on puisse considérer
comme licite aucune rupture: « L'histoire de la liturgie est faite de
croissance et de progrès, jamais de rupture ». Et pour illustrer cet
impératif de continuité, Benoît XVI souligne que « les deux formes du rite
romain peuvent s'enrichir réciproquement ». Dans l'ancien Missel, devront
être ajoutées de nouvelles fêtes de saints : peut-on ne pas célébrer
liturgiquement saint Padre Pio, par exemple ? Dans le nouveau Missel, «
pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l'a été jusqu'à
présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite
ancien ». C'est une véritable réforme de la réforme qui se profile ici, dont
le Motu proprio aura été comme le premier acte, concernant donc non
seulement les traditionalistes à réconcilier, mais tous les chrétiens
fidèles à Rome.
Encore faut-il que les traditionalistes veuillent bien reconnaître, à
travers cette unité de la liturgie romaine, « la valeur et la sainteté » du
nouveau Missel. Lorsqu'on y réfléchit, il en va des principes les plus
hauts : l'indéfectibilité de l'Église (qui ne peut imposer à ses fidèles un
acte intrinsèquement mauvais sans se nier elle-même), le droit divin du pape
sur la liturgie et donc ce que Mgr Lefebvre lui-même appelait la validité
essentielle du rite nouveau. Il ne s'agit pas pour nous d'abandonner le
droit à une critique constructive du rite rénové. Au contraire, puisqu'une
réforme de la réforme est en route. Mais il s'agit de tourner le dos
résolument à la guerre civile qui a sévi depuis les années 70, en
reconnaissant la légitimité du nouveau missel, en même temps que nous en
soulignons les carences.
Abbé Guillaume de Tanouarn
* Membre fondateur de l'Institut du Bon Pasteur et directeur du Centre
Saint-Paul à Paris.
Sources:
Institut du Bon
Pasteur à Paris
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.10.2007 - BENOÎT XVI
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