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Benoît XVI à ses séminaristes: être avec Lui
et être envoyés
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ROME, le 21 septembre 2006 -
(E.S.M.) - Le Vatican a publié aujourd'hui le texte intégral de
l'homélie du pape Benoît XVI lors des vêpres mariales avec les
séminaristes et les religieux de Bavière. Vous trouverez tous les
textes du Saint-Père dans la table:
►Voyage
apostolique de Benoît XVI
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Benoît XVI lors des vêpres mariales avec les séminaristes et les religieux
de Bavière.
Benoît XVI à
ses séminaristes: être avec Lui et être envoyés
HOMÉLIE DU PAPE
BENOÎT XVI
Basilique Sainte-Anne, Altötting Lundi 11 septembre 2006
Chers
amis!
Dans ce lieu de grâce, Altötting, nous sommes réunis -
séminaristes en chemin vers le sacerdoce, prêtres, religieuses et religieux
et membres de l'OEuvre pontificale pour les Vocations de consécration
spéciale - dans la Basilique Sainte-Anne devant le sanctuaire de sa fille,
la Mère du Seigneur. Nous nous sommes réunis pour nous interroger sur notre
vocation au service de Jésus Christ et pour comprendre notre vocation sous
le regard de sainte Anne, dans la maison de laquelle a mûri la vocation la
plus grande de l'histoire du salut. Marie reçut sa vocation de la bouche de
l'Ange. L'Ange n'entre pas chez nous de façon visible, mais le Seigneur a un
projet pour chacun de nous, Il appelle chacun par son nom. Notre devoir est
donc de devenir des personnes à l'écoute, capables de percevoir son appel,
courageuses et fidèles, pour le suivre et, à la fin, devenir des serviteurs
fiables qui ont accompli de bonnes oeuvres avec le don qui leur a été
confié.
Nous savons que le Seigneur cherche des ouvriers pour sa
moisson, souligne Benoît XVI. Lui-même l'a dit: "La moisson est abondante,
mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer
des ouvriers à sa moisson" (Mt 9, 37sq). C'est pour cela que nous sommes
réunis ici: pour lancer cette requête au Maître de la moisson. Oui, la
moisson de Dieu est grande et attend des ouvriers: dans ce que l'on appelle
le Tiers-Monde - en Amérique latine, en Afrique, en Asie - les personnes
attendent des messagers qui apportent l'Evangile de la paix, le message du
Dieu fait homme. Mais également dans ce que l'on appelle l'Occident, chez
nous, en Allemagne, ainsi que dans le vaste territoire de Russie, où il est
vrai que la moisson pourrait être très abondante. Mais il manque d'hommes
disposés à devenir des ouvriers pour la moisson de Dieu. La situation est la
même aujourd'hui qu'alors, lorsque le Seigneur fut pris de compassion pour
les foules qui lui apparaissaient comme des brebis sans pasteur - des
personnes qui, probablement, savaient beaucoup de choses, mais qui n'étaient
pas en mesure de comprendre comment orienter correctement leur vie.
Seigneur, vois les difficultés de notre époque, qui a besoin de messagers de
l'Evangile, de témoins pour Toi, de personnes qui indiquent le chemin vers
la "vie en abondance"! Vois le monde et laisse-toi gagner encore aujourd'hui
par la compassion! Regarde le monde et envoie des ouvriers! Avec cette
requête, nous frappons à la porte de Dieu; mais c'est avec cette requête que
le Seigneur frappe également à notre propre coeur. Seigneur, me veux-tu?
N'est-ce pas une trop grande tâche pour moi? Ne suis-je pas trop petit pour
cela? "N'aie pas peur" a dit l'Ange à Marie. "Ne crains pas, je t'ai appelé
par ton nom" nous dit-il à travers le prophète Isaïe (43, 1) - dit-il à
chacun de nous.
Où allons-nous, demande Benoît XVI, si nous disons
"oui" à l'appel du Seigneur? La description la plus concise de la mission
sacerdotale - qui vaut également pour les religieux et les religieuses -
nous est donnée par l'évangéliste Marc qui, dans le récit de l'appel des
Douze, dit: "Il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les
envoyer" (Mc 3, 14). Etre avec Lui et, en tant qu'envoyés, être en chemin
vers les personnes - ces deux choses vont ensemble et, ensemble, constituent
l'essence de la vocation spirituelle, du sacerdoce.
Etre avec Lui et être envoyés - deux choses indissociables l'une
de l'autre. Seul celui qui est "avec Lui" apprend à le connaître et peut
l'annoncer vraiment. Et celui qui est avec Lui ne garde pas pour lui-même ce
qu'il a trouvé, mais doit le transmettre. Il en est de même pour André, qui
dit à son frère Simon: "Nous avons trouvé le Messie!" (Jn 1, 41). Et "il
l'amena à Jésus", ajoute l'évangéliste (Jn 1, 42). Le Pape Grégoire le
Grand, dans l'une de ses homélies, dit un jour que les anges de Dieu, quelle
que soit la distance qu'ils parcourent pour leurs missions, sont toujours en
chemin en Dieu. Ils sont toujours avec Lui. Et, en parlant des Anges, saint
Grégoire pensait également aux Evêques et aux prêtres: où qu'ils aillent,
ils devraient toujours "être avec Lui". La pratique le montre: là où les
prêtres, en raison de leurs devoirs importants, permettent que leur présence
aux côtés du Seigneur se réduise toujours davantage, ils perdent alors, en
dépit de leur activité assurément héroïque, la force intérieure qui les
soutient. Ce qu'ils font devient à la fin un activisme vain. Etre avec Lui -
comment cela peut-il se réaliser demande Benoît XVI? Eh bien, la première
chose et la plus importante pour le prêtre est la
Messe quotidienne, célébrée toujours avec une profonde participation
intérieure. Si nous la célébrons véritablement comme des hommes de prière,
si nous unissons notre parole et notre action à la parole qui nous précède
et au rite de la célébration eucharistique, si dans la communion, nous nous
laissons véritablement embrasser par Lui et que nous l'accueillons - alors
nous sommes avec Lui.
Une façon fondamentale d'être avec Lui,
rappelle également le pape Benoît XVI, est la Liturgie
des Heures: au cours de celle-ci, nous prions en tant qu'hommes qui
avons besoin du dialogue avec Dieu, touchant toutefois également toutes les
autres personnes qui n'ont ni le temps, ni la possibilité pour une telle
prière. Afin que notre Célébration eucharistique et que notre Liturgie des
Heures demeurent emplies de sens, nous devons nous consacrer toujours à
nouveau à la lecture spirituelle de l'Ecriture Sainte;
non seulement déchiffrer et expliquer les paroles du passé, mais rechercher
la parole de réconfort que le Seigneur m'adresse à présent, le Seigneur qui
aujourd'hui m'interpelle au moyen de cette parole. Ce n'est qu'ainsi que
nous serons en mesure d'apporter la Parole sacrée aux hommes de notre temps
comme Parole présente et vivante de Dieu.
Une façon essentielle
d'être avec le Seigneur est l'Adoration eucharistique.
Altötting, grâce à Monseigneur Schraml, a obtenu une nouvelle "salle du
trésor". Là où jadis, étaient conservés les trésors du passé, des objets
précieux de l'histoire et de la piété, se trouve à présent le lieu du
véritable trésor de l'Eglise: la présence permanente du Seigneur dans son
Sacrement. Le Seigneur, dans l'une de ses paraboles, nous parle du trésor
caché dans le champ. Celui qui l'a trouvé, nous raconte-t-il, vend tous ses
biens pour pouvoir acheter le champ car le trésor caché dépasse tout autre
valeur. Le trésor caché, le bien au-dessus de tous les autres biens, est le
Royaume de Dieu - c'est Jésus lui-même, le Royaume en personne. Dans
l'Hostie sacrée, il est présent, le véritable trésor, que nous pouvons
toujours atteindre. Ce n'est que dans l'adoration de cette présence que nous
apprenons à le recevoir de façon juste - nous apprenons à dialoguer, nous
apprenons de l'intérieur la célébration de l'Eucharistie. Je voudrais citer
à ce propos une belle parole d'Edith Stein, la sainte co-patronne de
l'Europe, qui écrit dans l'une de ses lettres: "Le Seigneur est présent dans
le tabernacle avec divinité et humanité. Il est là, non pas pour lui-même,
mais pour nous: car sa joie est d'être avec les hommes. Et parce qu'il sait
que nous, tel que nous sommes, avons besoin de sa proximité personnelle. La
conséquence pour tous ceux qui ont des pensées et des sentiments normaux est
de se sentir attirés et de s'arrêter là à chaque fois et aussi longtemps que
cela leur est permis" (Gesammelte Werke, VII, 136f). Nous aimons être avec
le Seigneur! Là, nous pouvons parler avec Lui de tout. Nous pouvons lui
soumettre nos questions, nos préoccupations, nos angoisses. Nos joies. Notre
gratitude, nos déceptions, nos requêtes et nos espérances. Là, nous pouvons
également lui répéter toujours à nouveau: "Seigneur, envoie des ouvriers à
ta moisson! Aide-moi à être un bon ouvrier dans ta vigne!".
Ici,
dans cette basilique, a conclu le pape Benoît XVI, notre pensée se tourne
vers Marie, qui a vécu sa vie totalement "en étant avec Jésus" et qui était
donc, et qui est toujours, également totalement à disposition des hommes:
les ex-voto le démontrent de façon concrète. Et nous pensons à sa sainte
Mère, Anne, et avec elle, à l'importance des mères et des pères, des
grands-mères et des grands-pères, nous pensons à l'importance de la famille
comme milieu de vie et de prière, où l'on apprend à prier et où peuvent
croître les vocations.
Ici, à Altötting, nous pensons naturellement
de façon particulière au bon frère Conrad. Il a renoncé à un grand héritage,
car il voulait suivre Jésus Christ sans réserve et être totalement avec Lui.
Comme le Seigneur l'a proposé dans sa parabole, il a choisi pour lui
véritablement la dernière place, celle de l'humble frère tourier. A la
porterie, il a réalisé précisément ce que saint Marc nous dit des Apôtres:
"être avec Lui" et "être envoyé" vers les hommes. De sa cellule, il pouvait
toujours regarder vers le tabernacle; toujours "être avec Lui". De ce
regard, il a appris la bonté inépuisable, avec laquelle il traitait les
personnes qui frappaient de façon presque ininterrompue à sa porte - parfois
même de façon assez agressive pour le provoquer, et parfois même avec
impatience et vacarme. A travers sa bonté et son humanité, il a donné à
tous, sans grandes paroles, un message qui valait plus que de simples mots.
Nous prions le frère Conrad afin qu'il nous aide à maintenir le regard fixé
sur le Seigneur et que, de cette façon, il nous aide à apporter l'amour de
Dieu aux hommes. Amen!
Sources: Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.09.2006 - BENOÎT XVI |