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Benoît XVI affirme que dans son noyau, la
foi est très simple
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ROME, Jeudi 21 septembre 2006. (E.S.M.)
Texte intégral de l'homélie de Benoît XVI lors de la Concélébration
Eucharistique sur l’esplanade de l’Islinger Feld. Au début de son
homélie, le Saint-Père a rappelé le motif de sa visite pastorale - «
Celui qui croit n’est jamais seul ».
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Le pape Benoît XVI lors de la Concélébration
Eucharistique sur l’esplanade de l’Islinger Feld
Benoît XVI affirme que dans son noyau, la foi est très
simple
Texte intégral
(1)
Synthèse:
“Celui qui croit
n’est jamais seul. Dieu vient à notre rencontre. Marchons nous aussi vers
Dieu, alors nous nous rapprocherons les uns des autres ! Ne laissons seul,
autant que possible, aucun des enfants de Dieu ! »
Le 12 septembre,
le Pape a présidé la Concélébration Eucharistique sur l’esplanade de l’Islinger
Feld de Ratisbonne. Au début de son homélie, le Saint-Père a rappelé le
motif de sa visite pastorale - « Celui qui croit n’est jamais seul » -
exprimant sa joie parce que « la foi nous réunit et nous donne une fête ».
Elle nous donne la joie en Dieu, la joie pour la création et la joie d’être
ensemble ». Puis il a remercié les nombreuses personnes qui ont travaillé
pour cette fête : « Je ne pouvais pas imaginer que tout ce travail dans les
moindres détails soit nécessaire pour que nous puissions maintenant nous
retrouver tous ensemble de cette façon. Pour tout cela je ne peux que dire
simplement « Merci de tout cœur ! ». Que le Seigneur vous récompense pour
tout, et que la joie que nous pouvons expérimenter grâce à votre
préparation, vous soit rendue au centuple à chacun de vous ! »
Le Saint-Père s’est ensuite arrêté sur la question « Que
signifie : croire ? ». On peut décourager quelqu’un et penser qu’il est trop
compliqué de donner une réponse à cette demande, puisqu’en effet « la vision
de la foi englobe le ciel et la terre ; le passé, le présent, l’avenir,
l’éternité, et par conséquent est inépuisable. Et cependant, dans son noyau
elle est très simple. Le Seigneur lui-même, en effet, en parle avec le Père
en disant : « Tu as voulu le révéler aux simples - à ceux qui sont capable
de voir avec le cœur » (cf Mt 11,25). L’Eglise, de son côté, nous offre une
toute petite « Somme », dans laquelle l’essentiel est exprimé : « le Credo
des Apôtres ». Cette profession de foi, composée de trois parties
principales, n’est rien d’autre qu’une amplification de la formule
baptismale, transmise par le Seigneur ressuscité aux disciples, valable pour
tous les temps.
« Dans cette vision - poursuit le Pape - apparaissent
deux choses : la foi est simple. Nous croyons en Dieu qui est notre origine
et notre avenir. Ainsi la foi est toujours espérance, elle est la certitude
que nous avons un avenir et que nous ne tomberons pas dans le vide. Et la
foi est amour, parce que l’amour de Dieu veut « nous contaminer ». D’autre
part nous pouvons constater : le Credo n’est pas un ensemble de sentences,
n’est pas une théorie. Il est ancré à l’événement du Baptême Jésus-Christ,
pour ainsi dire, nous adopte comme ses frères et sœurs, nous accueillant
comme enfants dans la famille de Dieu. De cette façon il fait donc de nous
tous une grande famille dans la communauté universelle de l’Eglise. Non,
celui qui croit n’est jamais seul. »
Puis le Saint-Père a posé une nouvelle question: est-il
possible encore aujourd’hui de croire? Est-ce raisonnable ? Depuis les
Lumières une partie de la science s’engage à chercher une explication du
monde dans lequel Dieu devient superflu. « Mais à chaque fois qu’on croit y
arriver, une chose apparaît toujours évidente : les comptes ne tombent pas
justes ! Les comptes à propose de l’homme, sans Dieu, ne tombent pas justes,
et les comptes sur le monde, sur tout l’univers, sans Lui ne tombent pas
justes. A la fin des comptes, reste l’alternative : qu’est-ce qui existe à
l’origine ?... Nous croyons qu’à l’origine il y a le Verbe éternel, la
Raison et non l’Irrationalité. Avec cette foi nous n’avons pas besoin de
nous cacher, nous ne devons pas craindre de nous retrouver dans une ruelle
aveugle ».
Nous croyons « en ce Dieu qui est Esprit Créateur, Raison
créative, de qui tout provient et de qui nous venons nous aussi. Dieu ne
nous laisse pas tâtonner dans l’obscurité. Il s’est montré comme homme. Il
est très grand pour pouvoir se permettre de devenir tout petit. Il nous aime
jusqu’au point de se laisser clouer sur la Croix pour nous ». Puis le Pape
Benoît XVI a souligné : « Aujourd’hui que nous
connaissons les pathologies et les maladies mortelles de la religion et de
la raison, les destructions de l’image de Dieu à cause de la haine et du
fanatisme, il est important de dire avec clarté en quel Dieu nous croyons et
de professer, convaincus, de visage humain de Dieu ».
Poursuivant son homélie, le Pape a rappelé que la seconde
partie du Credo se conclut par la perspective du Jugement dernier et la
troisième par celle de la résurrection des morts. Le Jugement du monde ne
veut pourtant pas générer en nous la peur, « la foi ne doit pas nous faire
peur ; elle veut cependant nous appeler à la responsabilité ! Nous ne devons
pas gaspiller notre vie, ni en abuser ; et nous ne devons pas la garder pour
nous-mêmes ; devant l’injustice nous ne devons pas rester indifférents, en
devenant complices ou en étant vraiment complices. Nous devons percevoir
notre mission dans l’histoire et chercher à y correspondre ».
Enfin le Saint-Père a rappelé la récurrence de la fête du
« Nom de Marie », exprimant ses vœux à tous ceux qui portent ce nom, comme
sa maman et sa sœur : « Nous accueillons nous aussi Marie comme l’étoile de
notre vie, qui nous introduit dans la grande famille de Dieu ! Non, celui
qui croit n’est jamais seul. Amen !”
Texte
intégral de l'homélie du Saint Père Benoît XVI
Esplanade de l'"Islinger Feld",
Ratisbonne Mardi 12 septembre 2006
Chers frères dans le ministère épiscopal et sacerdotal!
Chers frères et soeurs!
"Celui qui croit n'est jamais seul". Permettez-moi
de reprendre une fois de plus la devise de ces jours-ci et d'exprimer ma
joie car nous pouvons voir cette devise réalisée ici: la foi nous
réunit et nous offre une fête. Elle nous donne la joie en Dieu, la joie pour
la création et la joie d'être ensemble. Je sais qu'auparavant, cette fête a
exigé de grands efforts et beaucoup de travail. A travers les comptes-rendus
des journaux, j'ai pu me rendre un peu compte du nombre de personnes qui ont
consacré leur temps et leurs forces pour préparer cette esplanade de façon
si digne; grâce à elles, la Croix se trouve ici, sur la colline, comme signe
de Dieu pour la paix dans le monde; les voies d'accès et de sortie sont
libres; la sécurité et l'ordre sont garantis; des logements ont été
préparés, etc. Je ne pouvais pas imaginer, et même maintenant, je ne le sais
que sommairement - combien de travail jusque dans les moindres détails a été
nécessaire pour que nous puissions nous trouver à présent tous ensemble de
cette façon. Pour tout cela, je ne peux dire simplement que: "Merci de
tout coeur!". Que le Seigneur vous récompense pour tout, et que la joie que
nous pouvons à présent ressentir grâce à votre préparation soit rendue au
centuple à chacun de vous! J'ai été ému d'apprendre que certaines personnes,
en particulier dans les écoles professionnelles de Weiden et Amberg, ainsi
que des entreprises et des particuliers, hommes et femmes, ont collaboré
pour décorer aussi ma petite maison et mon jardin. Un peu confus devant tant
de bonté, je ne peux dire qu'un humble "merci!" pour de tels efforts. Vous
n'avez pas fait tout cela pour une seule personne, pour ma pauvre personne;
en définitive, vous l'avez fait dans la solidarité de la foi, en vous
laissant guider par l'amour du Christ et de l'Eglise. Tout cela est un signe
de véritable humanité, qui naît du fait d'avoir été touchés par Jésus
Christ.
Nous nous sommes réunis pour une fête de la foi. Mais à
présent, surgit la question: mais que croyons-nous en réalité? Que
signifie: croire? Une telle chose peut-elle réellement exister à notre
époque moderne? En voyant les grandes "Sommes" de théologie rédigées au
Moyen-Age ou en pensant à la quantité de livres écrits chaque jour en faveur
ou contre la foi, nous sommes tentés de nous décourager et de penser que
tout cela est trop compliqué. En voyant chaque arbre, on finit par ne plus
voir la forêt. Et cela est vrai: la vision de la foi comprend le
ciel et la terre; le passé, le présent, l'avenir, l'éternité - c'est
pourquoi cela est inépuisable. Et toutefois, dans
son noyau, cela est très simple. En effet, le Seigneur lui-même
en a parlé avec le Père en disant: "Tu as voulu le révéler aux
tout-petits - à ceux qui sont capables de voir avec le coeur" (cf. Mt
11, 25). L'Eglise, pour sa part, nous offre une toute petite "Somme", dans
laquelle tout l'essentiel est exprimé: c'est ce que l'on appelle le
"Credo des Apôtres". Il est en général divisé en douze articles - selon le
nombre des Douze Apôtres - et parle de Dieu, Créateur et Principe de toutes
choses, du Christ et de son oeuvre de salut, jusqu'à la résurrection des
morts et la vie éternelle. Mais dans sa conception de fond, le Credo n'est
composé que de trois parties principales, et selon son histoire, n'est rien
d'autre qu'une extension de la formule baptismale que le Seigneur ressuscité
lui-même remit aux disciples de tous les temps lorsqu'il leur dit:
"Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au
nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" (Mt 28, 19).
Dans cette vision se révèlent deux choses: la foi
est simple. Nous croyons en Dieu - en Dieu, principe et fin de la vie
humaine. Dans ce Dieu qui entre en relation avec nous, êtres humains, qui
est notre origine et notre avenir. Ainsi, dans le même temps, la foi est
également toujours espérance, elle est la certitude que nous avons un avenir
et que nous ne tomberons pas dans le vide. Et la foi est amour, car l'amour
de Dieu veut nous "contaminer". Telle est la première chose: nous
croyons simplement en Dieu, et cela comporte également l'espérance et
l'amour.
Comme second point, que pouvons-nous constater? Le Credo
n'est pas un ensemble de sentences, ce n'est pas une théorie. Il est,
précisément, ancré dans l'événement du Baptême, - dans l'événement de
rencontre entre Dieu et l'homme. Dieu, dans le mystère du Baptême, se penche
sur l'homme; il vient à notre rencontre et de cette façon, nous rapproche
les uns des autres. Car le Baptême signifie que Jésus Christ, pour ainsi
dire, nous adopte comme ses frères et soeurs, nous accueillant par cela
comme des fils dans la famille de Dieu. De cette façon, il fait donc de nous
tous une grande famille dans la communauté universelle de l'Eglise. Oui,
celui qui croit n'est jamais seul. Dieu vient à notre rencontre. Marchons
nous aussi vers Dieu, et c'est alors que nous nous rapprochons les uns des
autres! Ne laissons seul, pour autant que nos forces nous le permettent,
aucun des fils de Dieu!
Nous croyons en Dieu. Telle est notre décision de fond.
Mais à présent se pose à nouveau la question: cela est-il possible
aujourd'hui encore? Est-ce une chose raisonnable? Depuis le siècle des
Lumières, au moins une partie de la science s'applique à chercher une
explication du monde, dans laquelle Dieu devient superflu. Et il devrait
ainsi devenir inutile également pour notre vie. Mais à chaque fois qu'il
pouvait sembler que l'on y était presque parvenu, il apparaissait toujours à
nouveau avec évidence que: non, le compte n'y est pas! Sans Dieu, les
comptes sur l'homme ne sont pas justes, de même que les comptes sur le
monde, sur tout l'univers ne sont pas justes. En fin de compte, il reste
une alternative: qu'existe-t-il à l'origine? La Raison créatrice,
l'esprit créateur qui opère tout et suscite le développement, ou
l'Irrationalité qui, privée de toute raison, produit étrangement un univers
ordonné de façon mathématique et également l'homme, sa raison. Mais cela ne
serait alors qu'un résultat fortuit de l'évolution et donc, au fond,
également une chose irrationnelle. Nous, chrétiens, disons: "Je crois
en Dieu le Père, Créateur du ciel et de la terre" - Je crois dans l'Esprit
Créateur. Nous croyons qu'à l'origine, il y a le Verbe éternel, la Raison
et non l'Irrationalité. Avec cette foi, nous n'avons pas besoin de nous
cacher, nous ne devons pas avoir peur de nous trouver avec elle dans une
impasse. Nous sommes heureux de pouvoir connaître Dieu! Et nous nous
efforçons de rendre accessible également aux autres la raison de la foi,
comme saint Pierre y a exhorté de façon explicite les chrétiens de son
époque et avec eux, nous aussi dans sa Première Lettre (cf. 3, 15)!
Nous croyons en Dieu. C'est ce qu'affirment les parties
principales du Credo et ce que souligne en particulier la première partie.
Mais à présent surgit immédiatement la deuxième question: dans quel
Dieu? Eh bien, nous croyons précisément dans le Dieu qui est l'Esprit
Créateur, la Raison créatrice, dont tout provient et dont nous provenons
nous aussi. La seconde partie du Credo nous en dit davantage. Cette Raison
créatrice est Bonté. Elle est Amour. Elle possède un visage. Dieu ne nous
laisse pas avancer à tâtons. Il s'est révélé en tant qu'homme. Il est si
grand qu'il peut se permettre de devenir tout petit. "Celui qui m'a vu a vu
le Père" dit Jésus (Jn 14, 9). Dieu a revêtu un visage humain. Il
nous aime au point de se laisser clouer sur la Croix pour nous, pour
apporter les souffrances de l'homme jusqu'au coeur de Dieu. Aujourd'hui,
alors que nous connaissons les pathologies et les maladies mortelles de la
religion et de la raison, les destructions de l'image de Dieu à cause de la
haine et du fanatisme, il est important de dire avec clarté dans quel Dieu
nous croyons et de professer de façon convaincue ce visage humain de Dieu.
Seul cela nous libère de la peur de Dieu - un sentiment dont, en définitive,
naît l'athéisme moderne. Seul ce Dieu peut nous sauver de la peur du monde
et de l'inquiétude face au vide de notre existence. Ce n'est qu'en regardant
Jésus Christ que notre joie en Dieu atteint sa plénitude, devient joie
rachetée. Au cours de la célébration solennelle de l'Eucharistie, tournons
notre regard vers le Seigneur qui ici, devant nous, est élevé sur la Croix
et demandons-Lui la grande joie qu'à l'heure de son départ, Il a promis aux
disciples (cf. Jn 16, 24)!
La seconde partie du Credo se conclut par la perspective
du Jugement dernier et la troisième par celle de la résurrection d'entre les
morts. Jugement - est-ce que cela ne va pas nous inspirer à nouveau la peur?
Mais, ne désirons-nous pas tous qu'un jour, justice soit faite pour tous les
condamnés injustement, pour tous ceux qui ont souffert tout au long de leur
vie et qui, après une vie pleine de douleur, ont été engloutis par la mort?
Ne voulons-nous pas que l'excès d'injustice et de souffrance que nous
constatons dans l'histoire disparaisse à la fin; que tous, en définitive,
puissent devenir heureux et que tout prenne un sens? Cette affirmation du
droit, cet assemblage de tant de fragments d'histoire qui semblent privés de
sens, de façon à tous les intégrer dans un tout, dans lequel dominent la
vérité et l'amour: c'est ce que l'on entend par le concept de Jugement
du monde. La foi ne veut pas nous faire peur; mais
elle veut nous appeler à la responsabilité! Nous ne devons pas
gâcher notre vie, ni en abuser; nous ne devons pas non plus la garder
simplement pour nous; face à l'injustice, nous ne pouvons pas demeurer
indifférents, en devenant d'accord ou même complices. Nous devons trouver
notre mission dans l'histoire et tenter d'y répondre. Non pas la peur, mais
la responsabilité - responsabilité et préoccupation pour notre salut, et
pour le salut du monde entier sont nécessaires. Chacun doit apporter sa
propre contribution à cela. Mais lorsque responsabilité et préoccupation
tendent à devenir peur, alors rappelons-nous des paroles de saint Jean:
"Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si
quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus
Christ, le Juste" (1 Jn 2, 1). "Si notre coeur venait à nous
condamner, [...] Dieu est plus grand que notre coeur et il connaît tout" (1
Jn 3, 20).
Nous célébrons aujourd'hui la fête du "Nom de Marie". A
toutes celles qui portent ce nom - ma mère et ma soeur en faisaient partie,
comme l'Evêque l'a rappelé - je voudrais donc exprimer mes voeux les plus
cordiaux pour leur fête. Marie, la Mère du Seigneur, a reçu du peuple fidèle
le titre d'Advocata: elle est notre Avocate auprès de Dieu.
C'est ainsi que nous la connaissons depuis les noces de Cana: comme la
femme bienveillante, pleine de sollicitude maternelle et d'amour, la femme
qui comprend les nécessités d'autrui et qui, pour y venir en aide, les
apporte devant le Seigneur. Aujourd'hui, nous avons entendu dans l'Evangile
que le Seigneur la donne comme mère au disciple bien-aimé et, en lui, à nous
tous. A chaque époque, les chrétiens ont entendu avec gratitude ce testament
de Jésus et, auprès de la Mère, ont toujours trouvé à nouveau cette sécurité
et cette espérance réconfortante, qui nous rend heureux en Dieu et joyeux
dans notre foi en Lui. Nous accueillons nous aussi Marie comme l'étoile de
notre vie qui nous introduit dans la grande famille de Dieu! Oui, celui qui
croit n'est jamais seul. Amen!
Sources: © Copyright 2006 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.09.2006 - BENOÎT XVI |