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Homélie de
Benoît XVI : messe de la Cène du Seigneur
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Le 21 avril 2011 -
(E.S.M.)
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Benoît XVI a célébré ce soir la Messe de la Cène du Seigneur à
Saint Jean in Latran.
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Le pape Benoît XVI
Homélie de
Benoît XVI : messe de la Cène du Seigneur
Le 21 avril 2011 - E.
S. M. - Benoît XVI a célébré la Messe de la Cène du Seigneur à
Saint Jean in Latran. Le Saint-Père a dit que seulement grâce "à la prière
du Seigneur et l'Église, le pape peut accomplir sa tâche "d’affermir ses
frères – de paître le troupeau de Jésus et de se porter garant de cette
unité qui devient témoignage visible de la mission de Jésus de la part du
Père".
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Saint-Jean-de-Latran
Jeudi Saint, 21 avril 2011
Chers frères et sœurs,
«J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir!»
(Lc22, 15). Par ces mots, Jésus a ouvert la
célébration de son dernier banquet et de l’institution de la sainte
Eucharistie. Jésus est allé au devant de cette heure, en la désirant. Au
fond de lui-même, il a attendu ce moment où il se donnerait lui-même aux
siens sous les espèces du pain et du vin. Il a attendu ce moment qui aurait
dû être en quelque sorte les véritables noces messianiques: la
transformation des dons de cette terre et le fait de devenir un avec les
siens, pour les transformer et inaugurer ainsi la transformation du monde.
Dans le désir de Jésus, nous pouvons reconnaître le désir de Dieu lui-même –
son amour pour les hommes, pour sa création, un amour en attente. L’amour
qui attend le moment de l’union, l’amour qui veut attirer les hommes à soi,
pour ainsi réaliser entièrement le désir de la création elle-même: en effet,
celle-ci est tendue vers la manifestation des fils de Dieu
(cf. Rm 8, 19). Jésus nous désire, il nous attend. Et nous, le
désirons-nous vraiment? Nous sentons-nous poussés intérieurement à le
rencontrer? Désirons-nous ardemment sa proximité, devenir un avec lui, don
qu’il nous fait dans la sainte Eucharistie? Ou bien sommes-nous
indifférents, distraits, remplis d’autres choses? D’après les paraboles de
Jésus sur les banquets, nous savons qu’il connaît la réalité des places
restées vides, la réponse négative, le désintérêt pour lui et pour sa
proximité. Les places vides au banquet nuptial du Seigneur, avec ou sans
excuses, sont pour nous, depuis longtemps désormais, non pas une parabole,
mais une réalité présente, précisément dans ces pays auxquels il avait
manifesté sa proximité particulière. Jésus savait aussi que des invités
seraient venus, oui, mais sans être revêtus de l’habit nuptial – sans la
joie de sa proximité, suivant seulement une habitude, et avec une tout autre
orientation de leur vie. Saint Grégoire le Grand, dans une de ses homélies,
se demandait: quel genre de personnes sont celles qui viennent sans habit
nuptial? En quoi consiste cet habit et comment l’acquiert-on? Sa réponse
est: ceux qui ont été appelés et viennent ont en quelque sorte la foi. C’est
la foi qui leur ouvre la porte. Mais il leur manque l’habit nuptial de
l’amour. Celui qui ne vit pas la foi en tant qu’amour n’est pas préparé pour
les noces et il est jeté dehors. La communion eucharistique requiert la foi,
mais la foi requiert l’amour, autrement elle est morte aussi comme foi.
À travers les quatre Évangiles, nous savons que le dernier banquet de Jésus,
avant sa Passion, a été aussi un lieu d’annonce. Jésus a proposé encore une
fois avec insistance les éléments fondamentaux de son message. Parole et
Sacrement, message et don sont inséparablement unis. Cependant, durant son
dernier banquet, Jésus a surtout prié. Matthieu, Marc et Luc utilisent deux
mots pour décrire la prière de Jésus au moment central de la Cène: «eucharistesas»
et «eulogesas» - «remercier» et «bénir». Le mouvement
ascendant du remerciement et celui descendant de la bénédiction vont
ensemble. Les paroles de la transsubstantiation font partie de cette prière
de Jésus. Ce sont des paroles de prière. Jésus transforme sa Passion en
prière, en offrande au Père pour les hommes. Cette transformation de sa
souffrance en amour possède une force transformante pour les dons dans
lesquels, à présent, il se donne lui-même. Il nous les donne afin que
nous-mêmes et le monde soyons transformés. Le but véritable et dernier de la
transformation eucharistique c’est notre transformation elle-même dans la
communion avec le Christ. L’Eucharistie vise l’homme nouveau, le monde
nouveau tel qu’il peut naître uniquement à partir de Dieu à travers l’œuvre
du Serviteur de Dieu.
Grâce à Luc et surtout à Jean, nous savons que Jésus dans sa prière durant
la Dernière Cène a aussi adressé des suppliques au Père – suppliques qui, en
même temps, contiennent des appels à ses disciples d’alors et de tout temps.
En cette heure, je voudrais choisir uniquement une supplique que, selon
Jean, Jésus a répétée quatre fois au cours de sa Prière sacerdotale. Combien
a-t-elle dû le préoccuper en son for intérieur! Elle reste constamment sa
prière au Père pour nous: c’est la prière pour l’unité. Jésus dit
explicitement que cette supplique n’est pas valable seulement pour les
disciples présents à ce moment-là, mais qu’elle concerne tous ceux qui
croiront en lui (cf. Jn 17, 20). Elle demande
que tous soient un «comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, afin que
le monde croie» (Jn 17, 21). L’unité des
chrétiens ne peut se réaliser que si les chrétiens sont intimement unis à
lui, à Jésus. Foi et amour pour Jésus, foi dans son être un avec le Père et
ouverture à l’unité avec lui sont essentiels. Cette unité n’est donc pas
seulement quelque chose d’intérieur, de mystique. Elle doit devenir visible,
visible au point de constituer pour le monde la preuve que Jésus a été
envoyé en mission par le Père. C’est pour cela que cette supplique a un sens
eucharistique caché que Paul a clairement mis en évidence dans la Première
Lettre aux Corinthiens: «Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion
au corps du Christ? Puisqu’il y a un seul pain, à plusieurs nous ne sommes
qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique.»
(1 Co 10, 16s). Avec l’Eucharistie naît l’Église. Nous tous nous
mangeons le même pain, nous recevons le même corps du Seigneur, ce qui
signifie qu’Il ouvre chacun de nous, au-delà de lui-même. Il nous rend tous
un. L’Eucharistie est le mystère de la proximité et de la communion intimes
de chacun avec le Seigneur. Et, en même temps, elle est l’union visible de
tous. L’Eucharistie est Sacrement de l’unité. Elle parvient jusque dans le
mystère trinitaire, et elle crée ainsi, en même temps, l’unité visible.
Disons-le encore une fois: elle est la rencontre très personnelle avec le
Seigneur et, toutefois, elle n’est jamais seulement un acte individuel de
dévotion. Nous la célébrons nécessairement tous ensemble. Dans chaque
communauté, le Seigneur est présent de manière totale. Mais il est un
seul dans toutes les communautés. C’est pourquoi les paroles: «Una cum
Papa nostro et cum Episcopo nostro» font nécessairement partie de la prière
eucharistique de l’Église. Ce n’est pas un ajout extérieur à ce qui se
produit intérieurement, mais une expression nécessaire de la réalité
eucharistique elle-même. Et nous mentionnons le Pape et l’Évêque par leur
nom: l’unité est tout-à-fait concrète, elle porte des noms. Ainsi l’unité
devient visible, elle devient signe pour le monde et elle établit pour
nous-mêmes un critère concret.
Saint Luc a conservé pour nous un élément concret de la prière de Jésus pour
l’unité: «Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler
comme le froment; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille
pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères»
(Lc 22, 31s). Aujourd’hui nous constatons de nouveau avec douleur
qu’il a été concédé à Satan de cribler les disciples, de manière visible,
face au monde entier. Et nous savons que Jésus prie pour la foi de Pierre et
de ses successeurs. Nous savons que Pierre qui, à travers les eaux agitées
de l’histoire va à la rencontre du Seigneur et risque de couler, est
toujours à nouveau soutenu par la main du Seigneur et guidé sur les eaux.
Mais après suit une annonce et une tâche. «Toi donc, quand tu seras
revenu…»: Tous les êtres humains, excepté Marie, ont continuellement
besoin de conversion. Jésus prédit à Pierre sa chute et sa conversion. De
quoi Pierre a-t-il dû se convertir? Au début, lors de son appel, effrayé par
le pouvoir divin du Seigneur et par sa propre misère, Pierre avait dit: «Éloigne-toi
de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur!» (Lc
5, 8). À la lumière du Seigneur, il reconnaît son imperfection.
C’est précisément ainsi, dans l’humilité de celui qui se sait pécheur, qu’il
est appelé. Il doit toujours retrouver à nouveau cette humilité. Près de
Césarée de Philippe, Pierre n’avait pas voulu accepter que Jésus ait à
souffrir et à être crucifié. Cela n’était pas conciliable avec l’image qu’il
se faisait de Dieu et du Messie. Au Cénacle, il n’a pas voulu accepter que
Jésus lui lave les pieds: cela n’allait pas avec son idée de la dignité du
Maître. Au Jardin des Oliviers, il a frappé de son glaive. Il voulait
démontrer son courage. Cependant, devant la servante, il a affirmé ne pas
connaître Jésus. À ce moment-là, cela ne lui semblait qu’un petit mensonge,
pour pouvoir rester près de Jésus. Son héroïsme s’est effondré à cause d’un
jeu mesquin pour une place au centre des évènements. Nous tous nous devons
toujours à nouveau apprendre à accepter Dieu et Jésus Christ tel qu’il est,
et non tel que nous voudrions qu’il soit. Nous aussi nous avons du mal à
accepter qu’il se soit lié aux limites de son Église et de ses ministres.
Nous non plus nous ne voulons pas accepter qu’il soit sans pouvoir en ce
monde. Nous aussi nous nous cachons derrière des prétextes, lorsque notre
appartenance au Christ devient trop coûteuse et trop dangereuse. Nous tous
nous avons besoin de conversion pour accueillir Jésus dans son être-Dieu et
son être-Homme. Nous avons besoin de l’humilité du disciple qui observe la
volonté du Maître. En cette heure, nous voulons le prier de nous regarder
nous aussi comme il a regardé Pierre, au moment propice, avec ses yeux
bienveillants, et de nous convertir.
Pierre, le converti, est appelé à affermir ses frères. Ce n’est pas un fait
extérieur que cette tâche lui soit confiée au Cénacle. Le service de l’unité
a son lieu visible dans la célébration de la sainte Eucharistie. Chers amis,
pour le Pape c’est un grand réconfort que de savoir qu’au cours de chaque
Célébration eucharistique, tous prient pour lui; que notre prière s’unit à
la prière du Seigneur pour Pierre. C’est seulement grâce à la prière du
Seigneur et de l’Église que le Pape peut accomplir sa tâche d’affermir ses
frères – de paître le troupeau de Jésus et de se porter garant de cette
unité qui devient témoignage visible de la mission de Jésus de la part du
Père.
«J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous». Seigneur, tu nous
désires, tu me désires. Tu désires te donner toi-même à nous dans la sainte
Eucharistie, t’unir à nous. Seigneur, suscite aussi en nous le désir de toi.
Renforce-nous dans l’unité avec toi et entre nous. Donne à ton Église
l’unité, afin que le monde croie. Amen.
Regarder
la vidéo :
Messe de la Cène du Seigneur en direct de la basilique Saint-Jean-de-Latran
à Rome
Sources : www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright 2011 - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.04.2011 - T/Benoît XVI
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